Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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Page 420

COUPE. s.f. Tasse, sorte de vase ordinairement plus large que profond. Coupe d'argent. Coupe d'or, de vermeil doré. Coupe de cristal. Boire dans une coupe.

Il signifie dans le Dogmatique, La [alt p. 293] Communion sous l'espèce du vin. Les Laïques avoient autrefois l'usage de la coupe. On accorde la coupe aux Rois le jour de leur sacre. Le retranchement de la coupe.

COUPE en Astronomie, est le nom d'une constellation de l'hémisphère méridional.

COUPEAU. s.m. Sommet, cime d'une montagne. Il étoit sur le coupeau d'une montagne.

On dit en Poësie, La montagne au double coupeau, pour dire, Le Parnasse. Il vieillit.

COUPE-CU. s.m. Il se dit au Lansquenet, quand celui qui donne ne fait pas une seule carte, & amène la sienne la première. Il vieillit. On dit présentement Coupe-gorge.

On dit, Jouer à coupe-cu, pour dire, Ne jouer qu'un coup, qu'une partie sans donner revanche. Jouons deux pistoles à coupe-cu.

COUPE-GORGE. s.m. Lieu où il est dangereux de passer à cause des voleurs. Ne passez pas dans ce bois, c'est un coupe-gorge, un vrai coupe-gorge.

On appelle figurément Coupe-gorge, Une Académie de jeu où l'on trompe. N'allez pas jouer en cet endroit, c'est un franc coupe-gorge.

Il se dit aussi De toutes sortes d'endroits où il se commet ordinairement quelque injustice ou quelque friponnerie. Cette Juridiction est un vrai coupe-gorge. Ce cabaret est un vrai coupe-gorge.

COUPE-GORGE se dit aussi au jeu du Lansquenet, quand celui qui tient les cartes amène sa carte la première, ce qui lui fait perdre tout ce qu'il peut perdre de cette main-là. Un tel a coupé, il lui a donné un vilain coupe-gorge. J'ai fait un vilain coupe-gorge.

COUPE-JARRET. s.m. Brigand, assassin, qui ne porte l'épée qu'à dessein de battre, de maltraiter, ou de faire insulte à ceux qu'il rencontre. Il a l'air d'un coupe-jarret. Il est toujours accompagné de coupe-jarrets.

COUPELLE. s.f. Petit vaisseau en forme de tasse fait avec des cendres lavées, ou des os calcinés. On s'en sert pour purifier, par l'action du feu, l'or & l'argent des autres métaux avec lesquels ils sont alliés. La grande Coupelle sert à faire en grand ce qui se fait en petit dans la petite Coupelle. Le fourneau qui sert à ces opérations s'appelle Fourneau de Coupelle. On dit, Coupeller & passer à la coupelle. La grande Coupelle s'appelle Casse, & n'a de commun avec la petite que les matières dont elle est faite; sa couverture & son fourneau ne ressemblent point à ceux de la petite. Mettre de l'or à la coupelle. Cet or a passé par la coupelle. Cet argent a été mis à la coupelle.

On dit figurément, Mettre à la coupelle, passer à la coupelle, pour dire, Mettre à une rigoureuse épreuve, passer par un examen sévère.

COUPER. v.a. Trancher, séparer, diviser un corps continu, avec quelque chose de tranchant. Couper en deux. Couper en morceaux. Couper par pièces. Couper du pain. Couper de la viande. Il s'est coupé jusqu'à l'os. On lui a coupé un bras, une jambe. Couper le cou. Couper la tête à quelqu'un. Couper le nez, les oreilles. Couper le poing. Couper les blés. Couper les bois. On coupe ce bois de neuf ans en neuf ans. Couper les cheveux, les ailes. Cette étoffe a été coupée à la pièce.

Il est aussi neutre. Voilà un couteau, un rasoir qui coupe bien.

COUPER signifie quelquefois, Tailler suivant les règles de l'art. Il entend bien à couper les pierres. Couper un habit, un manteau. Couper une robe.

On dit, Couper la bourse à quelqu'un, pour dire, Lui voler adroitement sa bourse, ou les autres choses qu'il avoit sur lui.

On dit figurément, Couper la bourse à quelqu'un, pour dire, Tirer de l'argent d'une personne qui n'a pas beaucoup d'envie d'en donner. Il s'est laissé couper la bourse pour avoir la paix. Il s'est laissé couper la bourse pour se délivrer des importunités de cette personne. Il est familier.

On dit, Couper la gorge, pour dire, Tuer, massacrer. Les voleurs lui coupèrent la gorge. Ce Valet coupa la gorge à son Maître dans son lit. Il coupoit la gorge aux passans, à ses Hôtes. Ces Troupes entrèrent dans la Ville, & coupèrent la gorge à toute la garnison.

On dit dans le même sens, mais familièrement, Couper le sifflet.

On dit que Des personnes se coupent la gorge l'une à l'autre, pour dire, qu'Ils s'entretuent. Si vous n'allez appaiser la querelle, ils se couperont la gorge.

On dit aussi, Se couper la gorge avec quelqu'un, pour dire, Se battre en duel avec lui. Je me veux couper la gorge avec mon ennemi.

On dit figurément, Couper la gorge à quelqu'un, pour dire, Faire quelque chose qui le perd. Si vous ne payez ce pauvre homme, si vous le mettez en prison, vous lui coupez la gorge. Ce procès, cette mauvaise affaire lui a coupé la gorge à lui & à ses enfans.

On dit figurément & familièrement d'Une raison, d'une pièce qui détruit les prétentions de quelqu'un, qu'Elle lui coupe la gorge. On dit dans le même sens, Vous vous coupez la gorge par cette pièce, par cette raison.

On dit en manaçant quelqu'un, qu'On lui coupera bras & jambes, qu'on lui coupera les jarrets, les oreilles, le nez.

On dit figurément, qu'On a coupé bras & jambes à quelqu'un, pour dire, qu'On lui a fait une injustice énorme, criante, &c.

On dit aussi, Il fait un vent de bise qui coupe le visage. Ses lèvres sont toutes coupées du froid.

COUPER signifie quelquefois Traverser, diviser. Une chaîne de montagnes coupe toute cette Province. Il y a quantité de canaux, de haies qui coupent ce pays-là.

On dit, Couper l'eau, pour dire, Fendre l'eau en nageant.

COUPER dans le vif, Se dit des Chirurgiens, qui en faisant leurs opérations, coupent jusques dans la chair vive. Il faut couper dans le vif.

COUPER dans le vif, Se dit aussi au figuré, pour dire, Toucher à ce qui est le plus sensible. Il a coupé dans le vif.

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