Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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Voilà un raisonnement qui fait compassion. Ce que vous dites là fait compassion.

COMPATIBILITÉ. s. f. Il se dit en parlant Des qualités qui peuvent se concilier, s'accorder ensemble, et surtout en parlant Des caractères et de l'esprit. Il y a une grande compatibilité d'humeur entre ces deux personnes. Il n'y a guère de compatibilité d'esprit entre eux. Il s'emploie le plus souvent avec la négation.

COMPATIBILITÉ se dit aussi en parlant De deux charges, de deux fonctions qui peuvent être exercées en même temps par la même personne. On jugea la compatibilité de ces deux emplois. La compatibilité des fonctions de ministre avec celles de député.

Lettres de compatibilité, Lettres patentes par lesquelles le prince permettait de posséder en même temps deux charges qui ne pouvaient, suivant la règle commune, être exercées par une même personne. Obtenir des lettres de compatibilité.

COMPATIBLE. adj. des deux genres Qui peut exister, s'accorder, compatir avec un autre. Cette substance a des propriétés qui ne sembleraient pas compatibles dans un même sujet. Ces deux caractères, ces deux esprits-là ne sont pas compatibles. Ces maximes ne sont pas compatibles avec celles de l'Évangile. Cette loi n'est pas compatible avec nos moeurs.

Il se dit aussi en parlant D'une charge, d'une fonction qui peut être exercée en même temps qu'une autre. Ces deux emplois ne sont pas compatibles. Les fonctions d'avoué sont compatibles avec celles de juge suppléant.

COMPATIR. v. n. Être touché de compassion pour les maux d'autrui. Je compatis à votre douleur, à votre affliction.

Il signifie aussi, Souffrir les fautes, les faiblesses de son prochain avec indulgence. Il faut compatir aux infirmités de son prochain. Compatir à la faiblesse humaine.

COMPATIR signifie en outre, S'accorder, se concilier, en parlant Des personnes et des choses. Dans ce sens, il se met le plus ordinairement avec la négation. Ils ne sont pas d'humeur, d'une humeur à compatir aisément ensemble. Il est si bizarre et d'une si méchante humeur, que personne ne peut compatir avec lui, qu'il ne saurait compatir avec personne. Pensez-vous qu'ils puissent compatir ensemble? L'esprit de Dieu ne peut compatir avec celui du monde. Ces deux projets ne peuvent compatir l'un avec l'autre.

COMPATISSANT, ANTE. adj. Qui compatit, qui prend part aux maux d'autrui. Coeur compatissant. Âme compatissante. Il est fort compatissant.

Il se dit aussi De ce qui exprime la compassion. Jeter un regard compatissant. Soins compatissants.

COMPATRIOTE. s. des deux genres Celui ou celle qui est de même patrie, de même pays qu'une autre personne. C'est mon compatriote. Nous sommes compatriotes. Rendre des services à ses compatriotes. Aimer, secourir ses compatriotes.

COMPENDIUM. s. m. (On prononce Compéndiome.) Mot emprunté du latin, qui signifie, Abrégé. Il s'employait surtout autrefois dans les Écoles. Un compendium de logique, de philosophie.

COMPENSATION. s. f. Action de compenser. Faire compensation d'une chose avec une autre. Juste compensation. Compensation équitable. Compensation de dépens.

Il se dit particulièrement, en Jurisprudence, de La libération réciproque entre deux personnes qui se trouvent être à la fois créancières et débitrices l'une de l'autre. La compensation s'opère de plein droit. La compensation n'a lieu que de liquide à liquide.

COMPENSATION signifie aussi, Dédommagement d'un mal par un bien, d'une perte par un profit, d'un inconvénient par un avantage, d'une valeur moindre par un supplément. Cela fait compensation. Il y a compensation. Il eut tant par compensation. Cela doit entrer en compensation de la perte qu'il a faite. Cela mérite, cela demande une compensation. Il n'y a pas lieu à compensation. Il lui céda cela en compensation. Des philosophes prétendent qu'il y a compensation de bien et de mal dans toutes les conditions de la vie.

COMPENSER. v. a. Reconnaître, déclarer qu'une chose tient lieu d'une autre, quant au prix ou à la valeur. On a compensé la dette qu'il réclamait de son domestique, avec les services que ce dernier lui a rendus. Il a compensé ce que je lui devais avec ce qu'il me doit. On dit de même quelquefois, Cette dette compense telle autre dette.

En termes de Procédure, Compenser les dépens, Ordonner, dans un jugement, que chaque partie restera chargée des frais qu'elle a faits pour la poursuite du procès.

COMPENSER se dit aussi Des choses ou des personnes dont, le bien et le mal étant mis en balance, le mal se trouve réparé par le bien. Ce fermier a eu de bonnes et de mauvaises années, les unes compensent les autres. Le gain de cette année compense la perte de la précédente. Rien ne compense la perte de l'honneur. Cet homme a des défauts, mais il les compense par ses bonnes qualités. Il a un défaut que rien en lui ne compense.

Il s'emploie, dans ses deux acceptions, avec le pronom personnel. Ces deux dettes se compensent. Cela se compense. Les biens et les maux se compensent.

COMPENSÉ, ÉE. participe Dépens compensés.

COMPÉRAGE. s. m. La relation, l'affinité qui existe entre deux personnes qui ont tenu ensemble un enfant sur les fonts de baptême. Ils se voyaient tous les jours, sous prétexte de compérage.

Il se dit aussi de La relation qu'il y a entre le parrain ou la marraine d'un enfant, et le père ou la mère de l'enfant; et alors cette relation est regardée comme une alliance spirituelle qui empêche que le parrain ne puisse, sans dispense, se marier devant l'Église avec la mère de l'enfant, ni la marraine avec le père. Ils ne peuvent se marier à cause du compérage.

COMPÈRE. s. m. Nom qui se donne par un homme et par une femme à celui qui a tenu sur les fonts quelqu'un de leurs enfants, et réciproquement par le parrain et par la marraine à celui dont ils ont tenu un des enfants; comme aussi par la marraine à celui avec lequel elle a tenu un enfant. C'est mon compère, il a tenu un de mes enfants. C'est mon compère, j'ai tenu un de ses enfants. Il est mon compère, j'ai tenu un enfant avec lui.

Prov. et fig., Tout se fait, tout va par compère et par commère, Tout se fait par faveur et par recommandation.

Fig. et fam., C'est un compère, un rusé compère, C'est un homme adroit, subtil et artificieux.

Fig. et fam., C'est un bon compère, C'est un bon compagnon, un homme agréable et de bonne humeur. On dit de même, Un gros compère, etc.

Fig. et fam., C'est un vigoureux compère, C'est un homme plein de vigueur et très-courageux.

COMPÈRE se dit encore de Celui qui est secrètement d'intelligence avec un escamoteur, avec un charlatan, pour l'aider à faire ses tours, à abuser le public; et, en général, de Toute personne qui en seconde une autre pour quelque supercherie. Cet escamoteur, ce charlatan a des compères, est bien secondé par ses compères. Un tel prépare ses bons mots, et il a un compère qui l'aide à les amener dans la conversation.

COMPÉTEMMENT. adv. (On prononce Compétament.) D'une manière compétente, suffisamment, convenablement. Il est peu usité.

COMPÉTENCE. s. f. T. de Jurispr. Le droit qu'un tribunal, qu'un juge a de connaître de telle ou telle matière, de telle ou telle cause. On lui dispute la compétence. Faire juger la compétence. Cela n'est pas de sa compétence. Cette question, cette affaire est de la compétence de tel tribunal. Décliner la compétence d'un tribunal. Régler la compétence. Question de compétence. Traité de la compétence.

Il se dit par extension, dans le langage ordinaire, en parlant D'une personne qui est capable de juger d'un ouvrage, de parler savamment sur une matière, etc. Cela n'est pas de votre compétence. Cette question est tout à fait hors de sa compétence.

COMPÉTENCE signifie aussi, Concurrence à la même chose, ou prétention d'égalité. Mettre en compétence. Entrer en compétence. Je ne veux pas qu'on me mette en compétence avec un tel. Je n'entre point en compétence avec lui. Ce sens a vieilli.

COMPÉTENT, ENTE. adj. T. de Jurispr. Qui appartient, qui est dû. Il ne se dit, en ce sens, que D'une portion de quelque bien, de quelque héritage; encore est-il peu usité. Le père a donné à chacun de ses enfants leur portion compétente.

Il signifie aussi, Suffisant, convenable, requis. Âge compétent. Temps compétent pour délibérer.

COMPÉTENT se dit encore D'un tribunal. d'un juge qui a droit de connaître de telle ou telle affaire, de la juger. Il est juge compétent. Il n'est pas juge compétent de cette matière. Il a été déclaré compétent. Tribunal compétent. On dit dans un sens analogue, Autorité compétente.

Il signifie, par extension, dans le discours ordinaire, Qui peut donner son avis sur une chose, sur une matière, qui est capable d'en bien juger. Il n'est pas juge compétent de cela. Vous n'êtes pas compétent pour cela.

Partie compétente, Celui qui a qualité

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