Nicot, Thresor de la langue francoyse

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Page 255

dont iceluy Vegece fait mention audit lieu, ne se peut accommoder à cet instrument cy, et spathéilê ne se trouve és autheurs Grecs, Ligula, Rudicula, Spatha, Spathula.

espave

Espave, Adespoton.

Espaves, Biens vacans, Bona adespota. B.

S'en aller de l'espave et effreinte des chiens.

espaule

Espaule, f. penacut. Est le haut emplatement du bras, où est le portefaix, Humerus, Armus, Scapula, duquel mot il est tiré. L'Espagnol dit Espalda, et l'Italien Spalla.

Porter sur ses espaules, Attollere humeris, Baiulare, Efferre in humeros. Et par metaphore, s'ennuyer et se sentir grevé de quelqu'un, comme, Il me semble que je l'ay ou le porte sur mes espaules, Tam mihi taedio est, vt me humeris illum gestare putem. La raison de telle metaphore est, parce que le faix ennuye à la longue, ennuye et greve celuy qui le porte sur ses espaules.

Qui a les espaules basses, Demissis humeris homo.

Faire espaule à quelqu'un, est phrase militaire, pour estre au secours d'iceluy, In subsidiis esse, Alicui subsidio praesto adesse.

Tenir espaule, et prester l'espaule, est le mesme que faire espaule, c. seconder aucun et le fortifier d'appuy. La metaphore est de ce qu'au poulser et heurter en avant, la principale force git aux espaules, pour laquelle és perfections d'un bon homme d'armes, on met les espaules, et és oyseaux de proye, les maheutres, grosses, larges et eslevées.

espaulées

Espaulées, f. penac. plur. num. Sont reprinses et boutées d'oeuvre à faire, comme, Faire quelque chose par espaulées, ou par espauletées, c'est faire par boutées et par reposées, Nisu intermisso aliquid agere, Interrupta opera. Dont la phrase opposite est faire sans discontinuer, ou sans discontinuation, et tout d'une haleine, et comme les practiciens disent sans se divertir à autres actes.

espauletées

Espauletées, f. penac. plur. num. Sont boutées et reprinses en faisant quelque chose par intervalles et discontinuation, voyez Espaulées. Mais en fait de massonnerie, on dit reprendre ou refaire un mur par espauletées, c. le refaire et reprendre par parcelles sans l'abbatre. Ce que l'on fait és murs qui bouclent, Murum qui ventrem facit, Particulatim in integrum restituere. La raison de ceste phrase est parce qu'en le refaisant ainsi, il semble que le masson soustient le faiste avec ses espaules, à ce qu'il ne vienne à bas, quand il en redresse le milieu. Aussi en ce cas est il usé du verbe Reprendre, qui est specificatif, et non du verbe Bastir, qui est du genre et universel.

espauliere

Espauliere, f. penac. Est imité du mot Italien Spalliera, et signifie cette façon de tapisserie d'une ou deux aulnes de haut au plus, qu'on tend communément en Italie aux sales et chambres és endroits où l'on s'assied, à ce que les habillemens ne se souïllent quand on s'y addosse. Aussi ce mot vient de Espaule, n'estant ceste maniere de tapisserie tendue qu'a la hauteur des espaules pour l'effect que nous venons de dire. Philippe Venuti le rend par Stragulum, vocable du genre. Mais Espauliere est nom specificatif, et au livre Rituum et cerimon. S. Rom. Eccl. est rendu par Postergale. au plus pres dudit mot Espauliere, s'il estoit bien Latin. Qui le diroit Stragulum humerale, ne seroit sans raison.

espauler

Espauler, Humerum luxare vel frangere.

Espaulé, Cui luxatus est humerus, vel loco motus vel fractus, Qui fregit humerum.

espaulu

Espaulu, m. acut. Qui a hautes et grosses espaules, qui est l'une des marques d'un bon chevalier. Humerosus. l'Italien dit aussi Spalluto.

espaulure

Espaulure, ou Espaulement, quand on se desboette, ou rompt l'espaule, Humeri luxatio, vel fractura, Humerus luxatus, vel loco motus, vel fractus.

espeaultre

Espeaultre, Une espece de blé qu'on appelle ainsi, Zea, Semen. Les Italiens le nomment Spelta, et les Languedocs Speute.

espece

Espece, Il vient de Species.

Une espece de maladie, Genus morbi.

especial

Par especial, Peculiariter, Speciatim, Specialiter.

espée

Espée, Ensis, Spatha, en Grec spathê, dont il procede. L'Espagnol et l'Italien le retiennent plus en son entier, disans Spada, usans de la consone moyenne, ou moitoyenne (s'il se peut dire) qui est d, au lieu de la consone aspirée, qui est th. Duquel changement chascune desdites nations use souvent, quand elle use de quelque mot extrait ou du Grec ou du Latin.

Espée aussi en cas d'equippage de pressoir, est un baston rond du diametre de la mer, qui sert à mettre sur le marc pour soustenir les ais, et y en a deux, l'un devant et l'autre derriere.

Espée faée, Fatifer ensis.

Une sorte de longue espée, Romphaea, Qui en aucuns contrées de France est appelée Verdun, en autres Estoc. Aussi plus propre est telle façon d'espée à estoquer qu'à frapper de taille. Et és lieux ou elle est appelée Estoc, si elle est plus courte et pour en combatre à cheval, est appelée par adjonction Estoc d'armes. Telles espées sont forgées roides de pointe et de fort estoc. Dont estoit usé mesmes aux guerres, par ce que l'estoc est plus meurtrier que le coup de taille, comme dit Vegece au livre 1. chap. 12.

Desgainer une espée, Distringere, vel educere e vagina.

Joüeur d'espée, Gladiator, Bustuarius.

Mettre l'espée au poing, Distringere gladium.

Se batre à espées rabatues, Rudibus pugnare. B. ex Cic.

Lors qu'un chacun mette l'espée au poing, qu'on les voye en l'air, Tum micent gladij.

Ceindre une espée à son costé comme il appartient, Ensem lateri vel ad latus accomodare.

Qui porte une espée, Machaerophorus.

Il a son espée au costé, Latus succinctum gladio habet. Liuius. lib. 23.

Combatre à espée et dague, Certare spatha ac semispatha, ex Vegetio, lib. 2. c. 15.

Mettre à sac et à l'espée, c'est butiner et mettre à mort tout ce que le conquerant trouve en la ville par luy conquise, Conuasare ac ad Internecionem delere. Des Essars en sa traduction de Josephe de la guerre des Juifs, livr. 2. chap. 17. prindrent d'Emblée Massade, mettans à sac et à l'espée tous les Romains qu'ils trouverent dedans.

Espée de chevalier, est une façon d'espée bien acerée, de moyenne longueur, large et trenchant, dont les chevaliers recevans l'Ordre de chevalerie, estoient ceints par ceux qui la leur donnoient, et qu'ils portoient de là en avant és combats à tout un bauldrier pendu en escharpe, dont la poignée n'estoit gardée que d'une croisée sans plus, servant le gantelet pour armeure à la main. Gaguin au couronnement de Montjoye premier Roy d'armes du Roy. Apres ces officiers d'armes, si l'esleu n'est chevalier, suyvra un chevalier tout seul, qui portera une espée de chevalier en son fourreau, la croix contremont, de laquelle il sera fait chevalier. On l'appelle aussi Espée d'armes, et Estoc d'armes.

Espée hunisque, est comme un badelaire, en façon de Cimeterre Turcois, une telle fut envoyée par Charlemaigne à Offlas Roy Merciorum, comme dit la lettre dudit Charlemaigne escrite audit Roy Offlas, rapportée par Mathieu de Westmonstier en son Flores historiarum, en ces mots, Vestraeque dilectioni vnum baltheum, et vnum gladium huniscum, Et duo pallia duximus destinanda. S'il ne doibt toutesfois dire, Hunniscum, ab Hunnis, ou Thuniscum.

Ceindre l'espée à un nouveau chevalier, Latus nouitij Equitis gladio succingere. Ex Liu. lib. 23.

espeller

Espeller, act. acut. Tantost est composé de Es prepos. privative, et Peller, qui vient de Pellis, et non de Pilus Latin, et signifie escorcher, oster ou arracher la peau ou l'escorce, Corticem seu pellem detrahere, Cortice seu pelle nudare. Tantost est un verbe corrompu de la mignardise de la prononciation du vulgaire, pour Appeller, et le conviendroit escrire Eppeller, car les Latins dient Appellare literas, (qui est le terme du precepteur qui monstre à lire aux enfants) c'est à dire, nommer chasque lettre par son nom pour en faire une syllabe. Et ainsi en use Quintilien.

Espeller, Ordinare syllabarum literas, Coagmentare syllabas, voyez Appeller.

espellement

Espellement des syllabes, Coagmentum syllabarum.

esperdu

Esperdu, Homo abiecto animo, Confusus, Attonitus, Consternatus.

Devenir esperdu et defaillir de peur, Obtorpere.

Esperdu de peur, Exanimatum esse, Obstupere, Consternatum esse, vel Consternari animo.

esperdument

Esperdument, Adverb. Pasquier, Attonite.

esperer

Esperer, Adduci in spem, Confidere, Sperare, In spe esse, Spe niti.

Esperer quelque chose, Habere aliquid in spe.

Esperer fort bien de quelque chose, In optima spe sibi ponere aliquid.

Esperer et s'attendre d'avoir la guerre, Praesumere spe bellum.

N'esperer que tout bien de quelque chose, Bene sperare de re aliqua.

N'esperer plus, Desperare, Spem relinquere, vel abiicere, Missam facere.

Chose qu'on ne pourroit esperer, Insperabilis.

Commencer à esperer, Ingredi in spem.

Il est fort esperé et attendu, Est in magna spe.

J'espere que, etc. Inducor in spem vt, etc.

J'espere que tu viendras de brief, In spem adducor te mox affore.

Il fera mieux qu'on n'espere, Officio vincet omnes spes.

De qui on esperoit et avoit on grande attente qu'il parviendroit à grande dignité, Ad summam dignitatem expectatus.

Qu'on n'esperoit point, Insperatus, Inopinatus.

Sans qu'on esperast ainsi, Contra spem.

esperance

Esperance de bien, Spes.

Certaine esperance, Spes quae in manibus habetur, Spes non dubia.

Faulse esperance, Fallax spes.

Plus grande esperance, Huberior spes.

Ils nous annonçoyent qu'il y avoit grande esperance que Antoine quitteroit, Summam spem nuntiabant fore vt Antonius cederet.

Hautaine esperance, Audax spes.

Petite esperance, Exigua spes, Spes tenuis, Specula.

Fort petite esperance, Pertenuis spes.

Pure et vraye esperance, Mera spes.

L'esperance s'escoule et se passe, Fluit spes.

En esperance d'avoir tout le pillage et la despoüille ils passent outre le fleuve, In spem vniuersae praedae traiiciunt flumen.

L'esperance que les juges donnans leurs opinions par ballotes, et non de

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