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Quand on sait une fois que les bêtes parlent & s'entendent, la curiosité n'en est que plus avide de connoître quels sont les entretiens qu'elles peuvent avoir entre elles. Quelque difficile qu'il soit d'expliquer leur langage & d'en donner le dictionnaire, le Pere Bougeant a osé le tenter. Ce qu'on peut assurer, c'est que leur langage doit être fort borné, puisqu'il ne s'étend pas au - delà des besoins de la vie; car la nature n'a donné aux bêtes la faculté de parler, que pour exprimer entre elles leurs desirs & leurs sentimens, afin de pouvoir satisfaire par ce moyen à leurs besoins & à tout ce qui est nécessaire pour leur conservation: or tout ce qu'elles pensent, tout ce qu'elles sentent, se réduit à la vie animale. Point d'idées abstraites par conséquent, point de raisonnemens métaphysiques, point de recherches curieuses sur tous les objets qui les environnent, point d'autre science que celle de se bien porter, de se bien conserver, d'éviter tout ce qui leur nuit, & de se procurer du bien. Ce principe une fois établi, que les connoissances, les desirs, les besoins des bêtes, & par conséquent leurs expressions sont bornées à ce qui est utile ou nécessaire pour leur conservation ou la multiplication de leur espece, il n'y a rien de plus aisé que d'entendre ce qu'elles veulent se dire. Placez - vous dans les diverses circonstances >ùpeut être quelqu'un qui ne connoit & qui ne sair exprimer que ses besoins, & vous trouverez dans vos propres discours l'interprétation de ce qu'elles se disent. Comme la chose qui les touche le plus est le desir de multiplier leur espece, ou du moins d'en prendre les moyens, toute leur conversation roule ordinairement sur ce point. On peut dire que le Pere Bougeant a décrit avec beaucoup de vivacité leurs amours, & que le dictionnaire qu'il donne de leurs phrases tendres & voluptueuses, vaut bien ceh> de l'Opéra. Voilà ce qui a révolté dans un Jésuite condamné par état à ne jamais abandonner son pinceau aux mains de l'amour. La galanterie n'est pardonnable dans un ouvrage philosophique, que lorsque l'Auteur de l'ouvrage est homme du monde; encore bien des personnes l'y trouvent - elles déplacée. En prétendant ne donner aux raisonnemens qu'un tour léger & propre à intéresser par une sorte de badinage, souvent on tombe dans le ridicule; & toûjours on cause du scandale, si l'on est d'un état qui ne permet pas à l'imagination de se livrer à ses saillies. Il paroît qu'on a censuré trop durement notre Jesuite sur ce qu'il dit, que les bêtes sont animées par des diables. Il est aise de voir qu'il n'a jamais regardé ce système que comme une imagination bisarre & presque folle. Le titre d'amusement qu'il donne à son livre, & les plaisanteries dont il l'égaye, font assez voir qu'il ne le croyoit pas appuyé sur des fondemens assez solides pour opérer une vraie persuasion. Ce n'est pas que ce systême
La Quintinie veut qu'elle consiste dans le milieu
des arbres qui est le siége de la vie, & dans des racines
saines qu'une chaleur convenable & l'humidité
de la seve font agir. Malpighi veut que les principaux
organes des plantes soient les fibres ligneuses,
les trachées, les utricules placées dans la tige des
arbres. D'autres disent que l'ame des plantes n'est autre
chose que les parties subtiles de la terre, lesquelles
poussées par la chaleur, passent à travers
les pores des plantes, où étant ramassées, elles forment
la substance qui les nourrit. Voyez
Aujourd'hui en faisant revivre le sentiment de
Théophraste, de Pline, & de Columelle, on soûtient
que l'ame des végétaux réside dans la moelle
qui s'étend dans toutes les branches & les bourgeons.
Cette moelle qui est une espece d'ame, &
qui se trouve dans le centre du tronc & des branches
d'un arbre, se remarque plus aisément dans les
plantes ligneuses, telles que le sureau, le figuier, &
la vigne, que dans les herbacées; cependant par
analogie, ces dernieres n'en doivent pas être dépourvûes.
Voyez
Cette ame n'est regardée dans les plantes que comme vegetative; & quoiqué Redi la croye sensitive, on ne l'admet qu'à l'égard des animaux: on restraint à l'homme, comme à l'être le plus parfait, les trois qualités de l'ame, savoir de végétative, de sensitive, & de raisonnable. (K)
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