Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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Prov. et fig., En tout pays, il y a une lieue de mauvais chemin, Il n'y a point d'entreprise où il ne se rencontre quelque difficulté.

Prov., Tous chemins vont à Rome,Tout chemin mène à Rome, Divers chemins mènent au même endroit; et, figurément, Divers moyens conduisent à la même fin.

Prov. et fig., Il ne faut pas aller par quatre chemins, Il faut s'expliquer franchement, il ne faut pas chercher tant de détours.

Fig. et fam., Je le mènerai par un chemin où il n'y aura pas de pierres, Je le poursuivrai vivement, je ne lui ferai point de quartier. On dit aussi, dans le même sens, Je lui ferai voir bien du chemin.

Prov. et fig., Trouver une pierre en son chemin, des pierres dans son chemin, Trouver quelque obstacle à ce qu'on a dessein de faire.

Prov., Bien dépenser et peu gagner, c'est le chemin de l'hôpital.

Prov. et fig., Prendre le chemin de l'école, le chemin des écoliers, Prendre le chemin le plus long.

Fig., Montrer le chemin aux autres, Faire quelque chose que les autres font ensuite; ou Faire quelque chose à dessein que d'autres le fassent.

Prov. et fig., S'arrêter en beau chemin, à mi-chemin, Abandonner une entreprise dont la réussite paraissait assurée.

Fig. et fam., Faire son chemin, Parvenir, obtenir de l'avancement, s'enrichir, etc. Il a su faire son chemin, Il a bien fait son chemin. On dit de même, Il a bien fait du chemin en peu de temps.

Fig. et fam., Aller le droit chemin, Procéder avec sincérité, avec loyauté, sans nul artifice.

Fig. et fam., Aller son petit bonhomme de chemin, Vaquer à ses affaires, poursuivre ses entreprises tout doucement et sans éclat.

Fig. et fam., Aller son grand chemin, N'entendre point de finesse à ce qu'on fait, à ce qu'on dit. Aller son chemin, aller toujours son chemin, Poursuivre son entreprise, ne se pas détourner de la conduite qu'on a commencé à tenir. Quelque chose qu'on lui dise, il va toujours son chemin.

Fig., Chemin faisant, En même temps, par occasion. En examinant le système exposé dans ce livre, j'ai remarqué, chemin faisant, plusieurs fautes de langue.

Fig. et par menace, Je le trouverai en mon chemin, Je trouverai occasion de lui nuire. Il me trouvera en son chemin, Je le traverserai dans ses desseins.

Fig., Couper chemin à quelque chose, En arrêter, en empêcher le cours, le progrès. On a voulu couper chemin aux chicanes par la nouvelle loi. Il fallut abattre une maison pour couper chemin à l'embrasement. Couper chemin à la fièvre, à une maladie, à la gangrène.

CHEMINÉE. s. f. L'endroit où l'on fait le feu dans les maisons, et où il y a un tuyau pour donner issue à la fumée. Cheminée étroite, large. L'âtre, le foyer d'une cheminée. Tuyau de cheminée. Le coin de la cheminée. Noir comme la cheminée. Cheminée qui fume. Ramoneur de cheminée. Le feu prit à la cheminée.

Il désigne aussi, La partie de la cheminée qui avance dans la chambre. Cheminée de pierre, de marbre. Manteau de cheminée. Chambranle de cheminée. Mettre une pendule et des vases sur une cheminée.

Il signifie encore, Cette partie du tuyau qui s'élève au-dessus du toit. Il fit un grand vent qui abattit plusieurs cheminées.

Fig. et fam., Faire un acte, un arrangement, une affaire sous la cheminée, Faire quelque chose en cachette, et sans observer les formes. Se marier sous la cheminée. Ce mariage a été fait sous la cheminée. Donner une assignation, un exploit sous la cheminée. Des arrangements faits sous la cheminée.

Prov. et pop., Il faut faire la croix à la cheminée, se dit Quand on voit une personne entrer dans une maison où il y avait long-temps qu'elle n'était venue.

CHEMINER. v. n. Marcher, aller, faire du chemin pour arriver quelque part. Il y a tant d'heures que nous cheminons. Ils cheminèrent longtemps ensemble. Cheminer lentement.

Fig. et fam., Cheminer droit, Ne point tomber en faute. Il fera bien de cheminer droit.

Fig. et fam., Cet homme sait cheminer, Il sait aller à ses fins, il fait ce qu'il faut pour s'avancer. On dit dans le même sens, Cet homme chemine, il cheminera.

Fig., en parlant D'un poëme, d'un discours, Cela chemine bien, L'ouvrage est bien suivi, les parties en sont bien disposées, bien enchaînées.

CHEMISE. s. f. Vêtement de linge qu'on porte sur la chair, et qui prend depuis le cou et les épaules jusqu'au genou. Chemise de nuit. Chemise de jour. Grosse chemise. Chemise fine. Chemise d'homme. Chemise de femme. Chemise de bain. Chemise froncée. Mettre sa chemise. Passer sa chemise. Prendre une chemise blanche. Changer de chemise. Ôter sa chemise. Chauffer une chemise. Chemise de toile. Chemise de coton. Chemise sale. Manche de chemise. Collet ou col de chemise. Donner la chemise au roi. Donner la chemise au marié, à la mariée. Certains religieux portent des chemises de serge par mortification.

Être en chemise, N'avoir que sa chemise sur soi. Il se sauva en chemise. Il était en chemise.

Fig. et fam., N'avoir pas de chemise, Être fort pauvre. Mettre quelqu'un en chemise, Le ruiner entièrement.

Fam., Vendre, engager, jouer, manger jusqu'à sa chemise, Vendre, engager, jouer, manger tout ce qu'on a.

Fig. et fam., Je cacherais, je voudrais cacher cet homme entre ma peau et ma chemise; je le mettrais dans ma chemise, Il n'est point de moyen dont je ne fusse disposé à me servir pour mettre cet homme en sûreté.

Prov. et fig., La peau est plus proche que la chemise, Les intérêts personnels sont plus forts que les autres.

Prov. et fig., Entre la chair et la chemise il faut cacher le bien qu'on fait, Il faut faire le bien sans ostentation.

Chemise de mailles, Corps de chemise qui était fait de petits annelets d'acier, et dont on se servait pour se couvrir comme d'une arme défensive.

CHEMISE se dit aussi d'Un morceau de toile qui sert d'enveloppe à certaines marchandises, telles que la soie, le drap, etc.

Il se dit encore d'Une feuille de papier qui renferme et qui couvre d'autres papiers. Mettez une chemise à cette liasse, à ce dossier.

CHEMISE se dit également, en termes de Maçon, d'Un crépi, d'un revêtement de maçonnerie, d'une enveloppe de mortier, etc.

En termes de Fortification, La chemise d'un bastion ou d'un autre ouvrage, La muraille de maçonnerie dont un ouvrage est revêtu.

CHEMISETTE. s. f. Diminutif Sorte de vêtement qui se met sur la chemise, et qui prend d'ordinaire depuis les épaules jusqu'aux hanches. Chemisette de toile de coton. Chemisette de ratine, de flanelle.

CHÊNAIE. s. f. Lieu planté de chênes. Une belle chênaie.

CHENAL. s. m. Courant d'eau bordé de terres, par lequel les navires peuvent passer, et qui sert à les faire entrer dans un port.

Il se dit aussi d'Un courant d'eau pratiqué pour l'usage d'un moulin ou d'une forge.

Il se dit encore de L'espèce de canal pratiqué le long d'un toit pour l'écoulement et la décharge des eaux de pluie. Dans ce sens, Chéneau est plus usité: voyez ce mot.

CHENAPAN. s. m. Mot tiré de l'allemand, où il désigne Un brigand des montagnes Noires. En français, il signifie, Un vaurien, un bandit. C'est un vrai chenapan. Il est populaire.

CHÊNE. s. m. Arbre qui porte le gland, et dont certaines espèces, très-communes dans nos forêts, acquièrent une grosseur et une hauteur considérables. Un grand chêne. Un vieux chêne. Les rameaux d'un chêne. Un bois de chênes. Du bois de chêne. Feuille de chêne. Du gui de chêne. Une pomme de chêne. Un ais, une poutre de chêne.

Chêne vert, Espèce de chêne qui conserve ses feuilles vertes en toute saison, et qu'on nomme autrement Yeuse.

Prov. et fig., Payer en feuilles de chêne, se dit D'un payement en effets de nulle valeur.

CHÊNEAU. s. m. Jeune chêne. Des cotrets de chêneau.

CHÉNEAU. s. m. Conduit de plomb ou de bois, qui recueille les eaux du toit, et les porte dans la gouttière ou dans le tuyau de descente.

CHENET. s. m. Ustensile de cuisine et de chambre qu'on place par paire dans les cheminées, pour élever le bois et le faire brûler plus facilement. Chenet de fer. Une paire de chenets. La pomme d'un chenet. Chenets à pommes de cuivre. Chenets de cuivre, d'argent, de bronze, etc., Chenets dont le devant est de cuivre, d'argent, etc.

CHÈNEVIÈRE. s. f. Champ semé de chènevis, champ où croît le chanvre. Une chènevière. Cette terre est trop sèche pour y faire une chènevière.

Épouvantail à chènevière, Vieux morceau de linge ou d'autre chose semblable qu'on place sur un bâton, dans une chènevière, pour faire peur aux oiseaux.

Prov. et fig., C'est un épouvantail à chènevière, de chènevière, se dit D'une personne

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