Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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Chef de division, Celui qui est à la tête de tous les employés d'une division, dans un ministère, dans une administration. On dit, dans un sens analogue, Chef, sous-chef de bureau.

Chef d'atelier, Celui qui dirige les travaux d'un atelier, dans une manufacture.

Chef d'orchestre, Celui qui dirige un orchestre.

Chef d'emploi, se dit au Théâtre, par opposition à Double, et signifie, Le plus ancien des acteurs qui remplissent les rôles d'un même emploi.

Chef de cuisine, d'office, Le principal officier de cuisine, d'office.

Dans quelques Cours, Chef de gobelet, chef de fruiterie, de paneterie, etc., Le principal officier du gobelet, de la fruiterie, etc.

Commander une armée en chef, Y avoir le principal commandement en qualité de général. On dit dans un sens analogue, Général en chef, commandant en chef.

Être en chef, travailler en chef dans une affaire, En avoir la principale direction. Être en chef dans une entreprise, dans une négociation. On dit en des sens analogues, Ordonnateur en chef, ingénieur en chef, etc.

Greffier en chef, Le premier greffier dans une cour de justice, dans un tribunal.

En parlant De biens, d'héritages, de successions, De son chef, De son côté, par soi-même. Il a tant de bien de son chef. Succéder de son chef ou par représentation. On dit aussi, Du chef de quelqu'un, Comme exerçant les droits de quelqu'un. Il a eu cette terre du chef de sa femme. Ils vinrent à la succession du chef de leur père.

De son chef, signifie aussi, De sa tête, de son propre mouvement, de son autorité privée. Il a fait cela de son chef, sans en avoir reçu l'ordre. Je n'avance point cela de mon chef. Cet auteur ne dit rien de son chef.

CHEF signifie encore, Article, point principal. Chef d'accusation. Les chefs d'une accusation. Les divers chefs d'une loi. Les principaux chefs d'une demande. Sa doctrine se réduisait à trois chefs.

En termes d'ancienne Jurispr. criminelle, Crime de lèse-majesté au premier chef, Attentat, conspiration contre la personne du prince. Crime de lèse-majesté au second chef, Attentat contre l'autorité du prince ou contre l'intérêt de l'État. La fausse monnaie, l'intelligence avec les ennemis est un crime de lèse-majesté au second chef.

Mettre une entreprise à chef, venir à chef, Achever une entreprise, la mettre à fin. Ces phrases ont vieilli.

CHEF en termes de Blason, Pièce qui est au haut de l'écu, et qui en occupe le tiers.

CHEF dans les Manufactures de toile, de drap, etc., Le bout par lequel on a commencé à fabriquer une étoffe.

En Chirur., Les chefs d'un bandage, Ses bouts, ses extrémités. Un bandage à plusieurs chefs.

CHEF-D'OEUVRE. s. m. (On prononce Chè-d'oeuvre.) Ouvrage difficile que faisaient autrefois les ouvriers pour prouver leur capacité dans le métier où ils voulaient se faire passer maîtres. Présenter son chef-d'oeuvre.

Il signifie figurément, Ouvrage parfait ou très-beau, en quelque genre que ce puisse être. Ce palais est un chef-d'oeuvre d'architecture, un chef-d'oeuvre de l'art. Cette beauté est un chef-d'oeuvre de la nature. Presque tous les tableaux de ce peintre sont des chefs-d'oeuvre. Les chefs-d'oeuvre de Corneille.

Par extension, C'est un chef-d'oeuvre d'habileté, de malice, d'impertinence, etc., Ce qu'un tel a fait, a dit, annonce beaucoup d'habileté, de malice, d'impertinence, etc.

Prov. et en plaisantant, Il a fait là un beau chef-d'oeuvre, voilà de ses chefs-d'oeuvre, se dit D'un homme qui a causé quelque désordre, qui a fait quelque chose de mal par inadvertance, par emportement.

CHEFECIER. s. m. Voyez CHEVECIER.

CHEF-LIEU. s. m. (On prononce l'F.) Lieu principal. Il se disait autrefois Du principal manoir d'un seigneur, d'un chef d'ordre. L'hommage se rendait au chef-lieu. Cluny était le chef-lieu de tout l'ordre.

Il se dit maintenant Des villes principales de certaines divisions administratives du territoire français. Chef-lieu de département ou de préfecture. Chef-lieu d'arrondissement ou de sous-préfecture. Chef-lieu de canton. Dans tous les chefs-lieux. Aller au chef-lieu. Cette ville est le chef-lieu du département.

CHEIK. s. m. Chef de tribu chez les Arabes.

CHÉLIDOINE. s. f. (On prononce Ké.) T. de Botan. Genre de plantes dont l'espèce commune, appelée Grande chélidoine ou Éclaire, contient un suc jaune et caustique propre à détruire les verrues.

CHÊMER (SE). v. pron. Maigrir beaucoup, tomber en chartre. Voilà un enfant qui se chême. Il est peu usité.

CHEMIN. s. m. Voie, route pratiquée pour communiquer, pour aller d'un lieu à un autre. Chemin battu, frayé. Beau chemin. Bon chemin. Vilain, mauvais chemin. Chemin uni. Chemin pierreux, raboteux, fangeux. Chemin rompu. Chemin creux. Chemin ferré. Chemin passant, fréquenté. Chemin détourné. Chemin de traverse. Le chemin du charroi. Petit chemin, ou Sentier. Chemin des gens de pied. Grand chemin. Chemin vicinal. Chemin pavé. Chemin bordé d'arbres, de fossés. Chemin d'Orléans, de Lyon, etc. Le chemin des rouliers, des messageries. Sa maison est sur le bord du chemin. Tracer un chemin. Couper, fermer, embarrasser le chemin. Ouvrir le chemin. Rendre les chemins libres. Traverser le chemin. Ce chemin va, mène, conduit en tel endroit. Le chemin projeté passera par ici. Ne quittez pas ce chemin-là. Prenez le chemin à main droite, à main gauche. Le chemin fourche en cet endroit-là. Ce chemin est malaisé à tenir. Il ne tient, il ne suit point de chemin, il va à travers champs. Il se plaint qu'on a fait un chemin dans son champ. Vous êtes mal monté, vous demeurerez par les chemins. Suivez ce chemin-là. Poursuivez votre chemin. Cet homme ne fait qu'aller et venir, il est toujours par voie et par chemin. Réparer les chemins. Les chemins ne sont pas sûrs. Assurer les chemins. Les pluies, le dégel, les charrois ont gâté, ont rompu les chemins. Chemin praticable. Chemin impraticable.

Chemin de fer, Chemin dont la voie est formée par deux lignes parallèles de barres de fer ou de fonte scellées dans des soubassements de pierre, et sur lesquelles des chariots garnis de roues de fonte roulent avec très-peu de frottement, de manière à économiser la force motrice.

Chemin de halage, Chemin sur le bord d'une rivière ou d'un canal, servant au passage des chevaux ou des hommes qui halent les bateaux.

En termes de Fortification, Chemin des rondes ou de ronde, Chemin entre le rempart et la muraille du corps de la place, par où passent les officiers qui font la ronde. Chemin couvert, Chemin sur le bord extérieur du fossé, et où le soldat est à couvert du feu des assiégeants. Emporter le chemin couvert. Se loger sur le chemin couvert.

Chemin de Saint-Jacques. Nom que l'on donne vulgairement à la voie lactée.

CHEMIN se dit, par extension, de Toute ligne ou voie qu'on parcourt, ou qu'on peut parcourir, pour aller d'un lieu à un autre. Il a fait plusieurs fois le chemin d'ici à Lyon. Montrer, enseigner le chemin. Savoir le chemin. Il a repris le chemin de son village. Nous fîmes le chemin à pied, à cheval, en voiture. Il me vint couper le chemin. Ce n'est pas là le chemin. Vous ne prenez pas le bon chemin. Il se détourna de son chemin. Prendre le chemin le plus long. Être en chemin. Passer son chemin. À mi-chemin. Allez par là, c'est le droit chemin. Poursuivez votre chemin. Avancer chemin. Faire bien du chemin. Il y a bien du chemin d'ici là. Deux heures de chemin. Une journée de chemin. Rebrousser chemin. Rester en chemin. Accourcir le chemin. Chemin faisant. Le chemin est plus long par eau que par terre. Se frayer un chemin dans les airs. On le dit aussi en parlant Des animaux et des choses. Ce cheval connaît le chemin de la ville. Les pigeons font beaucoup de chemin en peu de temps. Ce torrent s'est ouvert un chemin à travers la forêt.

Il signifie, figurément, Moyen, conduite qui mène à quelque fin. Il veut faire fortune, mais il n'en prend pas le chemin. Il aspire aux dignités, mais on n'y arrive pas par ce chemin. Ce jeune homme n'est pas dans le bon chemin. Le chemin de la vertu, de la perfection. C'est le chemin de la gloire. Le chemin de la perdition est large.

Il a su trouver le chemin de son coeur, Il a su toucher cette personne, il a su s'en faire aimer.

CHEMIN s'emploie aussi dans diverses phrases proverbiales, familières, etc.

Prov., Bonne terre, mauvais chemin, Dans les terres grasses, les chemins sont mauvais.

Fig., Chemin de velours, Chemin sur une pelouse. Il se dit familièrement, dans une acception plus figurée, d'Une voie facile, agréable pour parvenir à quelque chose. Il est arrivé à la fortune par un chemin de velours.

Fam., Vieux comme les chemins, Fort vieux.

Prov. et fig., À chemin battu il ne croît point d'herbe, Il n'y a point de profit à faire dans un négoce dont trop de gens se mêlent.

Fig., Suivre le chemin battu, S'attacher aux usages établis. Il n'y a rien de si sûr que de suivre le chemin battu.

Prov. et fig., Le grand chemin des vaches, L'usage commun et ordinaire.

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