Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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des blouses. Blouser son adversaire, Mettre la bille de son adversaire dans une des blouses; et, avec le pronom personnel, Se blouser soi-même, se blouser, Y mettre sa propre bille.

BLOUSER signifie aussi, figurément et familièrement, Tromper, faire tomber dans quelque méprise, décevoir. Il m'a blousé. C'est ce qui m'a blousé. On l'emploie également, dans ce sens, avec le pronom personnel. Il craint de se blouser. Il s'est blousé.

BLOUSÉ, ÉE. participe

BLUET. s. m. Espèce de centaurée qui croît dans les blés, et qu'on nomme ainsi parce que la variété la plus commune a les fleurs bleues. On l'appelle aussi Barbeau.

BLUETTE. s. f. Étincelle. Une bluette de feu. Des bluettes de feu.

Fig., Il y a quelques bluettes d'esprit dans cet ouvrage, On y trouve quelques petits traits d'esprit. On le disait homme d'esprit, mais il n'a que des bluettes, Ses saillies ont quelque brillant, mais elles manquent de justesse.

BLUETTE se dit aussi, figurément, d'Un petit ouvrage, d'un ouvrage sans prétention, qui n'est qu'un badinage d'esprit. Il a fait imprimer, l'an passé, je ne sais quelle bluette assez agréable. Cette petite comédie n'est qu'une bluette.

BLUTEAU. s. m. Voyez BLUTOIR.

BLUTER. v. a. Passer la farine par le blutoir. Bluter de la farine.

BLUTÉ, ÉE. participe

BLUTERIE. s. f. Lieu où les boulangers blutent la farine. Une bluterie fort propre.

BLUTOIR ou BLUTEAU. s. m. Espèce de sas ou de tamis qui sert à passer la farine, pour la séparer du son. Autrefois les blutoirs étaient faits d'étamine ou de crin, et avaient la forme d'un cône tronqué; aujourd'hui ils sont ordinairement cylindriques et faits avec une toile de fil de fer. Ce blutoir n'est pas assez fin, il ne rend pas la farine assez blanche.

BOA. s. m. Genre de serpents qui sont les plus forts et les plus grands que l'on connaisse. Les boas ont quelquefois jusqu'à trente pieds de longueur.

BOA se dit aussi d'Une sorte de fourrure étroite et longue que les dames portent autour du cou, dans les temps froids. Acheter un boa. Prendre son boa.

BOBÈCHE. s. f. Petite pièce cylindrique et à rebord, qu'on adapte aux chandeliers, aux lustres, aux girandoles, etc., et dans laquelle on met la bougie ou la chandelle. Bobèche d'argent. Bobèche de cuivre. Bobèche de cristal. La bobèche d'un chandelier. Un chandelier à deux bobèches, à trois bobèches. Ôter la bobèche d'un chandelier. La bobèche est trop large, trop étroite, trop courte. Bobèche ronde, Celle qui a des bords ronds. Bobèche carrée, Celle qui a des bords carrés.

Il se dit également de La partie supérieure d'un chandelier, lorsqu'elle a un rebord comme celui des bobèches mobiles.

BOBINE. s. f. Petit cylindre de bois, qui est garni d'un rebord à ses deux extrémités, et qui sert à filer au rouet, à dévider du fil, de la soie, de l'or, etc. La bobine n'est pas assez pleine. Charger une bobine. Bobine de rouet. De la soie en bobine.

BOBINER. v. a. Dévider du fil, de la soie, etc., sur la bobine.

BOBINÉ, ÉE. participe

BOBO. s. m. Mot du langage des enfants. Petit mal, mal léger. On lui a fait bobo, du bobo. Avoir un petit bobo.

BOCAGE. s. m. Petit bois, lieu ombragé et pittoresque. À l'ombre d'un bocage. Dans le bocage. Vert bocage. Bocage frais, agréable, délicieux.

BOCAGER, ÈRE. adj. Qui appartient aux bois, qui hante les bois, les bocages. Il n'est guère usité qu'en poésie. Les dieux bocagers. Nymphe bocagère.

BOCAL. s. m. Bouteille de verre ou de grès, dont le col est court et l'ouverture large, et qui sert à différents usages. Un bocal de fruits à l'eau-de-vie. Un bocal de tabac. Des bocaux d'huile. Mettre des poissons rouges dans un bocal.

Il se dit aussi d'Un globe de cristal ou de verre rempli d'eau, dont plusieurs artisans se servent comme d'une loupe, pour rassembler sur leur ouvrage la lumière d'une bougie, d'une chandelle ou d'une lampe placée derrière.

BOCAL se dit encore de La petite pièce de métal ou d'autre matière, qu'on adapte aux cors, aux trompettes, aux serpents, etc., pour mieux les emboucher, et qui est évasée en forme de godet.

BOCARD. s. m. T. de Métallurgie. Machine au moyen de laquelle on écrase la mine avant de la fondre. Passer la mine au bocard.

BOCARDER. v. a. T. de Métallurgie. Passer au bocard. Bocarder la mine.

BOCARDÉ, ÉE. participe

BODRUCHE. s. f. Voyez BAUDRUCHE.

BOEUF. s. m. (Au pluriel, on ne prononce pas l'F.) Taureau châtré. Boeuf qui tire à la charrue. Boeuf de labour. Troupeau de boeufs. Une couple de boeufs. Une paire de boeufs. Un attelage de boeufs. Un joug de boeufs. Accoupler les boeufs. Découpler les boeufs. Des pas de boeufs. Le pied, la tête, les cornes, les flancs, la queue d'un boeuf. Engraisser des boeufs. Mettre des boeufs à l'engrais. Une étable à boeufs. Le meuglement, le beuglement d'un boeuf. Des boeufs qui mugissent. Tuer un boeuf. Du cuir de boeuf. Un nerf de boeuf.

Prov. et fig., Mettre la charrue ou la charrette devant les boeufs, Commencer par où l'on devrait finir, faire avant ce qui devrait être fait après.

Absol., Le boeuf gras (on ne prononce pas l'F), Boeuf très-gras que les bouchers promènent en pompe par la ville, pendant les derniers jours du carnaval. Le cortége du boeuf gras.

BOEUF se dit particulièrement de La chair de boeuf, destinée à servir d'aliment. Un morceau de boeuf. Une pièce de boeuf tremblante. Un palais de boeuf. Une langue de boeuf. Un trumeau de boeuf. Une tranche de boeuf. Un filet de boeuf. Une culotte de boeuf. La livre de boeuf coûte tant. Boeuf bouilli. Boeuf rôti. Boeuf fumé. Boeuf salé. Boeuf entrelardé. Persillade, miroton de boeuf.

Il se dit absolument d'Une pièce de boeuf bouilli. Servir le boeuf. Le boeuf se mange après le potage. Le boeuf était excellent.

Boeuf à la mode, Boeuf assaisonné et cuit dans son jus.

Fig. et fam., C'est la pièce de boeuf, se dit De ce qui est habituel et de tous les jours, comme la pièce de boeuf dans les repas ordinaires; ou bien encore De ce qui, entre plusieurs objets de même genre et présentés ensemble, tient une place importante, considérable.

BOEUF se dit aussi pour Taureau, dans certains cas. Des boeufs sauvages. Le boeuf Apis.

BOEUF se dit, figurément et familièrement, d'Un homme très-corpulent. C'est un boeuf. Quel gros boeuf! On dit quelquefois dans le même sens, Être gros comme un boeuf.

Fig. et fam., C'est un boeuf pour le travail, ou simplement, C'est un boeuf, se dit D'un homme qui travaille longtemps sans en éprouver trop de fatigue.

Fig. et fam., Il est lourd comme un boeuf, se dit D'un homme dont l'esprit est pesant.

Fig., en Archit., OEil-de-boeuf, Petite fenêtre ronde ou ovale, qu'on pratique assez ordinairement à la couverture d'un bâtiment. Des oeils-de-boeufs.

Absol., L'OEil-de-boeuf, se disait autrefois, à Versailles, de L'antichambre du grand appartement, qui était éclairée par un oeil-de-boeuf, et où les courtisans se rassemblaient avant d'entrer chez le roi. Ce courtisan ne quittait point l'OEil-de-boeuf.

Pied de boeuf, Sorte de jeu d'enfants. Voyez PIED.

BOGHEI. s. m. (On prononce Boguè.) Sorte de voiture légère, de petit cabriolet découvert.

BOHÈME ou BOHÉMIEN, IENNE. s. (Le premier mot est des deux genres.) Il se disait autrefois d'Une sorte de vagabonds que l'on croyait originaires de la Bohême, et qui couraient le pays, disant la bonne aventure, et dérobant avec adresse. Une troupe de bohémiens. On les nommait aussi Égyptiens.

Fig. et fam., C'est une bohémienne, une vraie bohémienne, se dit D'une femme adroite qui sait employer la ruse et les cajoleries pour arriver à ses fins; ou D'une femme dont les manières sont trop libres, d'une femme dévergondée. Méfiez-vous de cette marchande, c'est une bohémienne. Cette fille

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