Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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Page 348

COMPATIBILITÉ. s.f. Se dit Des qualités qui peuvent se concilier, s'accorder ensemble. Il y a de la compatibilité entre le chaud & le sec. Il se dit encore en Morale, Des humeurs & de l'esprit. Il y a une grande compatibilité d'humeur entre ces deux personnes. Il n'y a guère de compatibilité d'esprit entr'eux. Il s'emploie le plus souvent avec la négative.

COMPATIBILITÉ Se dit aussi en parlant de Charges & de Bénéfices; & il se dit pour marquer que deux Charges, deux Bénéfices sont d'une nature à pouvoir être possédés en même temps par la même personne. On a jugé la compatibilité de ces deux Charges. Il n'y a pas de compatibilité dans ces deux Bénéfices-là.

On appelle Lettres de compatibilité, Des Lettres Patentes, par lesquelles le Prince permet à un homme de posséder en même temps deux Charges qui ne peuvent pas être exercées par une même personne. Obtenir des Lettres de compatibilité.

COMPATIBLE. adj. de t. g. Qui peut compatir avec une autre. Ces deux humeurs-là ne sont pas compatibles.

Il se dit aussi d'Un Bénéfice qui peut être possédé avec un autre, & d'une Charge qui peut être exercée avec une autre. Ces deux Bénéfices sont compatibles. Une Cure & un Canonicat ne sont pas deux Bénéfices compatibles. Une Charge de Comptable & une Charge de la Chambre des Comptes ne sont pas compatibles.

COMPATIR. v.n. Être touché de compassion pour les maux d'autrui. Je compatis à votre douleur, à votre affiction.

Il signifie aussi, Souffrir les fautes, les foiblesses de son prochain avec indulgence, au lieu de s'en fâcher. Il faut compatir aux infirmités de son prochain. Compatir à la foiblesse humaine.

COMPATIR Se dit aussi Des personnes & des choses qui conviennent l'une avec l'autre. Ils sont tous deux d'une humeur à compatir aisément ensemble. Il est si bizarre & d'une si méchante humeur, que personne ne peut compatir avec lui, qu'il ne sauroit compatir avec personne. Pensez-vous qu'ils puissent compatir ensemble? L'esprit de Dieu ne peut compatir avec celui du monde. Ces deux projets ne peuvent compatir l'un avec l'autre. En ce sens il se met plus ordinairement avec la négative.

COMPATISSANT, ANTE. adj. Coeur compatissant, ame compatissante. Jeter un regard compatissant.

COMPATRIOTE. s. de t. g. Celui ou celle qui est de même patrie, de même pays. C'est mon compatriote. Faire du bien à ses compatriotes. Aimer ses compatriotes.

COMPENDIUM. s.m. Mot emprunté du Latin, qui signifie Abrégé. Le compendium de la Philosophie.

COMPENSATION. s.f. Estimation par laquelle on compense une chose avec une autre. Juste compensation. Compensation équitable. Faire compensation. Compensation de dépens. Il eut tant par compensation. C'est une maxime de Droit, que compensation n'a lieu que de liquide à liquide. Cela doit entrer en compensation de la perte qu'il a faite. Cela mérite, cela demande une compensation. Il lui céda cela en compensation.

COMPENSER. v.a. Faire une estimation par laquelle une chose tienne lieu du prix d'une autre. Il a compensé ce que je lui devois avec ce qu'il me doit. Il faut compenser les dépens du procès.

Il se dit aussi De l'estimation des choses, dont le bien & le mal étant mis en balance, le désavantage se trouve réparé par l'avantage. Ce Fermier a eu de bonnes & de mauvaises années dans sa recette, les unes compensent les autres. Le [alt p. 242] gain de cette année compense la perte de la précédente.

COMPENSÉ, ÉE, participe L'Arrêt porte dépens compensés.

COMPÉRAGE. s.m. Terme qui se dit de la relation, de l'affinité qu'il y a entre deux personnes qui ont tenu ensemble un enfant sur les fonts de baptême. Ils se voient tous les jours, sous prétexte de compérage.

Il se dit aussi De la relation qu'il y a entre le parrain & la marraine d'un enfant, & entre le père ou la mère de l'enfant; & alors cette relation est regardée comme une alliance spitituelle, qui empêche que le parrain ne puisse se marier, sans dispenses, avec la mère de l'enfant, ni la marraine avec le père. Ils ne se peuvent marier à cause du compérage.

COMPÈRE. s.m. Nom qui se donne par un homme & par une femme à celui qui a tenu sur les fonts quelqu'un de leurs enfans, & réciproquement par le parrain ou par la marraine à celui dont ils ont tenu un des enfans; comme aussi par la marraine à celui avec lequel elle a tenu un enfant. C'est mon compère, il a tenu un de mes enfans. C'est mon compère, j'ai tenu un de ses enfans. Il est mon compère, j'ai tenu un enfant avec lui.

On dit proverbialement, Tout se fait par compère & par commère, pour dire, que Tout se fait par faveur & par rapport aux liaisons qu'on a.

On dit familièrement d'Un homme, que C'est un compère, pour dire, que C'est un homme adroit, fin, qui va à ses intérêts, & dont on doit se défier.

On dit aussi, que C'est un bon compère, pour dire, que C'est un bon compagnon, un homme de bonne humeur & agréable.

COMPÉTANT, ANTE. adj. Qui appartient, qui est dû. En ce sens c'est un terme de Pratique, & qui n'a guère d'usage qu'en cette phrase, Portion compétante. Le père a donné à chacun de ses enfans leur portion compétante.

Il signifie aussi Suffisant. Age compétant. Temps compétant pour délibérer.

On appelle Juge compétant, Un Juge qui a droit de juger, de connoître d'une telle affaire. Il est Juge compétant. Il n'est pas Juge compétant de cette matière. Il a été déclaré compétant.

On dit figurément, qu'Un homme est Juge compétant de quelque chose, pour dire, qu'Il a toute la connoissance qu'il faut pour en bien juger.

On appelle aussi Partie compétante, Une partie capable de contester en Justice. Il est partie compétante en cette affaire. Vous n'êtes pas partie compétante.

COMPÉTEMMENT. adv. D'une manière compétante, suffisamment, convenablement. Il est de peu d'usage.

COMPÉTENCE. s.f. Le droit qui rend un Juge compétant. On lui dispute la compétence. Faire

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