LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798

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Page 259

COIFFER

COIFFER ou COEFFER. v. a. Couvrir la tête. Les Turcs se coiffent d'un turban, les François d'un chapeau. Les Moines se coiffent d'un froc, d'un capuchon. Il a coiffé ses soldats d'un casque.

Coiffer

Coiffer, signifie aussi Orner, parer sa tête de ce qui sert à la couvrir, ou de ses propres cheveux. Se coiffer avec un bonnet. Se coiffer avec ses cheveux. Se coiffer en cheveux. Coiffer de fleurs, coiffer en plumes.

On dit, qu'Une femme se coiffe bien, pour dire, qu'Elle entend bien l'ajustement de sa tête; et d'Une Coiffeuse, qu'Elle coiffe bien, qu'elle coiffe à merveilles, pour dire, qu'Elle donne un bon air à toutes les coiffures des femmes dont elle se mêle.

On dit aussi, qu'Un Perruquier coiffe bien, pour dire, que Les perruques qu'il fait ont de la grâee; et qu'Une perruque coiffe bien, qu'un chapeau coiffe bien, pour dire, qu'Ils viennent bien à l'air du visage.

On dit, Coiffer une bouteille, pour dire, Mettre une enveloppe par--dessus le bouchon, pour empêcher que le vin ne s'évente.

On dit en termes de Chasse, que Les chiens ont coiffé un sanglier, pour dire, qu'Ils l'ont pris aux oreilles.

On dit figur. et famil. Se coiffer de quelqu'un, d'une opinion, pour dire, Se préoccuper, s'entêter de quelqu'un, d'une opinion. Quand il s'est une fois coiffé d'une opinion, on ne le peut jamais ramener. Il s'est allé coiffer de cette femme. Elle s'est coiffée de lui.

Il s'emploie à l'actif dans le même sens. Je ne sais qui l'a coiffé d'une opinion si extravagante, pour dire, Je ne sais qui l'en a entêté.

On dit encore figur. Et famil. qu'Un homme se coiffe, qu'il est aisé à coiffer, qu'on l'a coiffé, pour dire, qu'Il boit trop, qu'on l'à fait trop boire, et qu'il y paroît. Cet homme se coiffe souvent. Il ne faut que trois verres de vin pour le coiffer.

On dit aussi, Coiffer une liqueur, pour dire, La mêler avec une autre. Coiffer du vin, de la bière, etc.

Coiffé, ée

Coiffé, ée. participe. Une femme coiffée en Paysane.

On dit, qu'Un enfant est né coiffé, Quand il vient au mondeavec une sorte de membrane qu'on appelle Coiffe, que le peuple regarde comme un présage de bonheur. C'est pourquoi on dit proverbialement d'Un homme qui est fort heureux, qu'Il est né coiffé.

On dit proverbialement d'Un homme qui est amoureux de toutes les femmes, quelque laides qu'elles soient, qu'Il aimeroit une chèvre coiffée.

On dit encore, qu'Un homme est bien coiffé, Quand il a les cheveux bien plantés, ou qu'il a une perruque ou un chapeau qui lui sied bien.

On dit d'Un chien, qu'Il est bien coiffé, Quand il a les oreilles longues et pendantes.

On appelle Du vin coiffé, de la bière coiffée, Du vin, de la bière où l'on a mêlé quelque autre liqueur.

COIFFEUR

COIFFEUR ou COEFFEUR, EUSE, sabst. Celui, celle qui fait métier de coiffer les femmes. Habile coiffeur. C'est la coiffeuse à la mode.

COIFFURE

COIFFURE ou COEFFURE. s. f. Couverture et ornement de tête. Le turban est la coiffure des Turcs.

Il se prend ordinairement pour La manière dont les femmes se coiffent selon le pays et la mode. Coiffure à la mode. Coiffure à boucles.

COIN

COIN. s. m. Angle, l'endroit où se fait la rencon tre de deux lignes ou de deux surfaces, soit en dedans, soit en dehors. Le coin d'une rue. Le coin d'une maison. Le coin d'un jardin. Le coin d'une chambre. Le coin d'un cabinet. Le coin d'une cheminée. Le coin d'un champ. Le coin d'un bois. Le coin d'un blé. Se cacher dans le coin d'une maison. Serrer quelque chose dans un coin. Un petit coin.

On dit, Les quatre coins de la terre, les quatre coins du monde, les quatre coins de la France, les quatre coins de la ville, pour dire, Les extrémités de la terre, de la France, de la ville, les plus éloignées entr'elles.

On dit, Les quatre coins et le milieu d'un pays, d'un bois, etc. pour dire, Tout ce qui est contenu dans l'espace d'un pays, d'un bois. Il lui a fait courir les quatre coins et le milieu du Royaume. Je l'ai cherché dans tous les quatre coins et le milieu du bois.

On dit d'Un homme, qu'Il est mort au coin d'un bois, d'une haie, pour dire, qu'Il est mort sans secours et sans assistance.

On dit proverbialement, qu'Un homme ne bouge du coin du feu, du coin de son feu, pour dire, qu'Il garde presque toujours la maison.

On dit aussi en style familier, à Un homme qui dit quelque chose de méprisant ou d'offensant d'un autre, Allez lui dire cela au coin de son feu, ou allez lui dire cela, et vous chauffer au coin de son feu, pour dire, qu'On ne seroit pas bien venu à lui tenir ce langage -- là en un lieu où il seroit le maître.

Proverbialement, en parlant d'Un homme de mauvàis air et de mauvaise physionomie, qui demande l'aumône, on dit, qu'Il a la mine de demander l'aumône au coin d'un bois.

En termes de jeu de Paume, on dit, Tenir son coin, Lorsque deux hommes qui jouent partie contre deux autres, défendent chacun leur côté.

On dit, Jouer aux quatre coins, en parlant d'Un certain jeu d'enfans.

On dit figurément d'Un homme, qu'Il tient bien son coin dans une compagnie, pour dire, qu'Il s'y fait estimer, qu'il s'y fait distinguer. Il est du style familier.

On dit, Regarder du coin de l'oeil, pour dire, Regarder à la dérobée et sans faire semblant de rien. On dit aussi à peu près dans le même sens, Faire signe du coin de l'oeil.

Coin

Coin, se prend quelquefois pour Une petite partie ou portion d'un logis. Donnez--moi quelque coin où je me puisse accommoder. Il est logé dans un petit coin.

Il se dit aussi d'Un endroit qui n'est pas exposé à la vue, Jetez cela dans un coin. Il s'en alla chercher dans un coin. On a cherché par tous les coins du logis.

Coin

Coin, se dit aussi d'Une tresse de faux cheveux dont on se sert pour garnir les côtés de la tête, lorsqu'on a les cheveux trop clairs ou trop courts. En ce sens il ne se dit qu'au pluriel. Il porte des coins. Elle a des coins.

Coin

Coin. s. m. Pièce de fer ou de bois tranchante et terminée en angle aigu, et qui est propre à fendre du bois, des pierres. Gros coin. Petit coin. Coins de fer. Coins de bois. Mettre, piquer, planter le coin. Faire entrer le coin, les coins dans une pièce de bois pour la fendre. Lorsque le coin est engagé, on le dégage avec un plus gros. Dans la mécanique, le coin est une des forces mouvantes.

Chez les Anciens, on appeloit Coin Un corps d'Infanterie formé en pointe.

On appelle en Artillerie, Coin de mire, Un coin de bois qu'on met sous la culasse du canon pour le pointer.

On dit proverbialement, Faire coin de même bois, Lorsque pour mettre une chose en oeuvre, on se sert d'une partie de la même chose.

On appelle Coin, La partie du bas dessinée en pointe, et dont l'extrémité inférieure répond à la cheville du pied. Un bas à coin d'or; à coin d'argent.

Coin

Coin, est aussi un terme de Monnoie; et il se dit d'Un morceau de fer trempé et gravé, dont on se sert pour marquer de la monnoie, des médailles. Le coin du Roi. Le coin d'Espagne--Faux coin. Cette monnoie est à un tel coin, marquée au coin de....

Il se dit aussi Du poinçon qui sert à marquer de la vaisselle. De la vaisselle marquée au coin de Paris.

On dit d'Une médaille parfaitement conservée, qu'Elle est à fleur de coin.

On dit figurément, qu'Une chose est marquée au bon coin, pour dire, qu'Elle est des meilleures de son espèce. On dit d'Un ouvrage, qu'Il est frappé au coin de l'antiquité.

COIN

COIN. s. m. (Il s'écrit aussi Coing, mais on ne prononce pas le G.) Gros fruit à pepin, qui a l'odeur forte, et la peau couverte d'un léger duvet. Gros coin. Coin bien jaune. Confiture de coins. Pâte de coins. Sirop de coins. Gelée de coins.

On dit proverbialement d'Une personne qui a le teint jaune, qu'Elle est jaune comme un coin.

COÏNCIDENCE

COÏNCIDENCE. s. f. État de deux choses qui coïncident. La coïncidence de deux lignes, de deux surfaces.

COÏNCIDENT, ENTE

COÏNCIDENT, ENTE. adj. Qui coïncide. En termes d'Optique, Qui tombe en un même point.

COÏNCIDER

COÏNCIDER. v. n. Terme de Géométrie. S'ajuster l'un sur l'autre. Ces deux lignes, ces deux surfaces coïncident.

Il se dit au figuré, en parlant Des événemens. Ces deux circonstances ont coïncidé, c'est -- à -- dire, Sont arrivées ensemble.

COÏON

COÏON. s. m. Poltron, lâche, qui a le coeur bas, l'âme servile, et capable de souffrir lâchement des indignités. Grand coïon. C'est un coïon. Il est si coïon, que ... Il est du style familier et libre.

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