Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 1:257

Ennemi capital, Ennemi juré, ennemi mortel.

En Matière criminelle, Crime capital, Crime qui mérite le dernier supplice. Peine capitale, Toute peine qui entraîne la mort naturelle ou la mort civile. Condamner quelqu'un à la peine capitale, Le condamner à mort.

Ville capitale, ou substantivement, Capitale, La ville principale d'un État, d'une province. La ville capitale d'un royaume. Rouen était la capitale de la Normandie. Il a visité toutes les capitales de l'Europe. Le roi est rentré dans sa capitale. Nous irons passer quelques mois dans la capitale.

Lettre capitale, ou substantivement, Capitale, Grande lettre, lettre majuscule. Les capitales se mettent au commencement des chapitres, des phrases, des noms propres, etc. En termes d'Imprimerie, Petites capitales, grandes capitales.

CAPITAL employé substantivement, signifie, Le principal d'une dette, d'une rente. Il a payé les intérêts, mais il doit encore le capital. Le capital d'une rente perpétuelle devient exigible en cas de faillite du débiteur.

Il se dit aussi d'Un fonds commercial, des sommes que l'on fait valoir dans quelque entreprise. Augmenter, doubler son capital, ses capitaux. Le capital de la société s'élève à tant.

CAPITAUX au pluriel, se dit quelquefois, en termes de Finances, Des sommes en circulation, des quantités considérables d'argent, des valeurs disponibles. Les capitaux sont rares. Il possède d'immenses capitaux.

CAPITAL se dit encore, au figuré, de Ce qu'il y a de principal, de plus important. Le capital est de travailler sérieusement à son salut.

Faire son capital de quelque chose, En faire sa principale occupation, son principal objet. Il fait son capital de l'étude. Je fais mon capital de cette affaire. Ce sens a vieilli.

CAPITALISTE. s. des deux genres Celui ou celle qui a des capitaux, des sommes d'argent considérables, et qui les fait valoir dans les entreprises de commerce, d'agriculture, de manufacture ou de finance. Riche capitaliste. Ce capitaliste a des fonds dans de grandes entreprises.

CAPITAN. s. m. T. de mépris. Rodomont, fanfaron qui se vante d'une bravoure qu'il n'a point.

CAPITANE. s. et adj. f. Nom qu'on donnait autrefois à la première galère d'une armée navale. La capitane. La galère capitane.

CAPITAN-PACHA. s. m. Amiral turc, chef des forces navales de l'empire ottoman.

CAPITATION. s. f. Taxe par tête. Payer la capitation.

CAPITEUX, EUSE. adj. Qui porte à la tête. Il ne se dit que Des liqueurs fermentées. Le vin nouveau est capiteux. Liqueur capiteuse.

CAPITOLE. s. m. Nom d'un ancien édifice ou temple de Rome, consacré à Jupiter, qui fut surnommé, par cette raison, Jupiter Capitolin. Dans la plupart des colonies romaines, le principal temple s'appelait Capitole.

CAPITOLIN. adj. m. Du Capitole. Jupiter Capitolin. Jeux Capitolins.

Fastes capitolins, Tables de marbre qui furent trouvées à Rome en 1547, et qui contenaient la suite des consuls, depuis l'an 250 de Rome jusqu'à l'an 765.

CAPITON. s. m. Soie grossière dont on se sert pour divers ouvrages. Ce n'est pas de la fine soie, ce n'est que du capiton.

CAPITOUL. s. m. Nom que l'on donnait autrefois aux échevins ou officiers municipaux de Toulouse. L'office de capitoul anoblissait.

CAPITOULAT. s. m. Dignité de capitoul.

CAPITULAIRE. adj. des deux genres Appartenant au chapitre, à une assemblée de chanoines ou de religieux. Acte capitulaire. Résolution capitulaire. Assemblée capitulaire.

CAPITULAIRE. s. m. Ordonnance, règlement sur les matières civiles, criminelles et ecclésiastiques, rédigé par chapitres. Il n'est guère usité qu'au pluriel, et dans ces phrases, Les Capitulaires de Charlemagne, les Capitulaires de Charles le Chauve, etc., Les constitutions faites par Charlemagne, par Charles le Chauve et par les autres rois de la seconde race, sur ces sortes de matières.

CAPITULAIREMENT. adv. En chapitre. Les chanoines, les religieux capitulairement assemblés.

CAPITULANT. adj. m. Qui a voix dans un chapitre. Chanoine capitulant. Religieux capitulant.

Il est aussi substantif. Les capitulants assemblés pour l'élection.

CAPITULATION. s. f. T. de Guerre. Composition, le traité qu'on fait pour la reddition d'une place, d'un poste, ou pour mettre bas les armes. La capitulation d'une ville. Les articles de la capitulation. Ce qui est porté par la capitulation. Une capitulation honorable, avantageuse. Faire sa capitulation. Tenir la capitulation. Violer la capitulation. Dresser, signer la capitulation. Recevoir à capitulation. La capitulation en rase campagne est regardée comme déshonorante.

Il se disait particulièrement en Allemagne Des conditions que les électeurs, dans la vacance de l'Empire, proposaient à celui qui avait été élu empereur, et qu'il signait avant que d'être reconnu. La capitulation impériale.

Il se dit aussi d'Une convention en vertu de laquelle les sujets d'une puissance jouissent de certains priviléges dans les États d'une autre. Les droits et les devoirs des troupes suisses au service de France étaient réglés par une capitulation, par des capitulations. Annuler une capitulation, des capitulations.

CAPITULATION se dit encore, familièrement, Des moyens de rapprochement et de conciliation qu'on propose dans une affaire. On en vint à bout par capitulation. Cet homme n'entend à aucune capitulation en fait d'intérêt. On finit par l'amener à une capitulation.

Fig., Capitulation de conscience, se dit en parlant D'une personne qui compose avec sa conscience, qui cherche à dissiper ses scrupules par des motifs tirés de la nécessité, de la bienséance, etc.

CAPITULE. s. m. T. de Liturgie. Espèce de petite leçon qui se dit à la fin de certains offices.

CAPITULER. v. n. Parlementer, traiter de la reddition d'une place, d'un poste. Battre la chamade pour capituler. La ville capitula après huit jours de tranchée ouverte. On ne put les forcer dans le poste où ils s'étaient retranchés, et ils obtinrent de capituler honorablement. On capitule quelquefois en rase campagne.

Prov. et fig., Ville qui capitule est à demi rendue, Quand on écoute des propositions, on est près de les accepter.

CAPITULER signifie aussi, familièrement, Entrer en traité sur quelque affaire, sur quelque démêlé, venir à accommodement. Il commence à se défier de son droit, il demande à capituler.

Capituler avec sa conscience, Prendre une résolution peu délicate, en s'efforçant de se persuader qu'on est dans un cas d'exception, ou que des circonstances impérieuses ne permettent pas d'agir autrement.

CAPLAN. s. m. Poisson. Voyez CAPELAN.

CAPON. s. m. Hypocrite, qui cherche à tromper, qui dissimule pour arriver à ses fins. Faire le capon. Il est familier et peu usité.

Il se dit aussi d'Un joueur rusé, fin, et appliqué à prendre toute sorte d'avantages aux jeux d'adresse. C'est un vrai capon, un franc capon. Il est capon à ce jeu-là.

Il signifie encore, Poltron, lâche. Il s'est montré bien capon. Dans ces deux derniers sens, il est populaire.

CAPON. s. m. T. de Marine. Palan muni d'un crochet de fer qui sert à hisser l'ancre au bossoir.

CAPONNER. v. n. User de finesse au jeu, et être attentif à y prendre toute sorte d'avantages. Caponner au jeu.

Il signifie aussi, Montrer de la poltronnerie. Il caponne et n'ose pas avancer. Dans les deux sens, il est populaire.

CAPONNER. v. a. Terme de Marine. Il ne s'emploie que dans cette phrase, Caponner l'ancre, La retirer de l'eau, et la hisser au bossoir, à l'aide du capon.

CAPONNÉ, ÉE. participe

CAPONNIÈRE. s. f. T. de Fortification. Logement creusé en terre, qu'on fait ordinairement dans des fossés secs, et où il peut tenir quinze ou vingt fusiliers qui tirent presque à rez-de-chaussée sans être vus. On fit un feu continuel des caponnières de cette place.

CAPORAL. s. m. Sous-officier de la moindre classe, dans l'infanterie: il est immédiatement au-dessous du sergent, et commande une escouade. C'est ordinairement le caporal qui pose et lève les sentinelles. Caporal de consigne. Caporal de pose. Le caporal du poste. Les caporaux d'une compagnie. Il fut fait caporal.

CAPOT. adj. des deux genres et des deux nombres T. du Jeu de piquet. Il se dit D'un joueur qui ne fait aucune levée. Être capot.

Fig. et fam., Être capot, demeurer capot, Demeurer confus et interdit auprès de quelqu'un, ou Se voir frustré de son espérance. Il a été bien capot de se voir reconnu. Elle est demeurée capot.

Faire capot, Faire toutes les levées, toutes les mains.

En termes de Marine, Faire capot, se dit D'un petit bâtiment qui chavire, qui sombre.

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.