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Les Arabes & les Portugais se servent de la même
périphrase, que Sextus Empiricus a exprimée en
un sel mot
Aristote a fait plus d'honneur que personne à l'aimant,
en ne lui donnant point de nom; il l'appelle
Pline, sur un passage mal entendu de ce Philosophe, a crû que la pierre de touche, coticula, qui entre
ses autres noms a celui de
Pour ce qui est de l'origine de cette dénomination de l'aimant, elle vient manifestement du lieu où l'aimant a d'abord été découvert. Il y avoit dans l'Asie mineure deux villes appellées Magnetie: l'une auprès du Méandre; l'autre, sous le mont Sypile: cette derniere qui appartenoit particulierement à la Lydie, & qu'on appelloit aussi Héraclée, selon le témoignage d'AElius Dionysius dans Eustathe, étoit la vraie patrie de l'aimant. Le mont Sypile étoit sans doute fécond en métaux, & en aimant par conséquent; ainsi l'aimant appellé magnes du premier lieu de sa découverte, a conservé son ancien nom, comme il est arrivé à l'acier & au cuivre, qui portent le nom des lieux où ils ont été découyerts: ce qu'il y a de singulier, c'est que le plus mauvais aimant des cinq especes que rapporte Pline, étoit celui de la Magnésie d'Asie mineure, premiere patrie de l'aimant, comme le meilleur de tous étoit celui d'AEthiopie.
Marbodaeus dit, que l'aimant a été trouvé chez les Troglodytes, & que cette pierre vient aussi des Indes. Isidore de Seville dit, que les Indiens l'ont connu les premiers; & après lui, la plûpart des auteurs du moyen & bas âge appellent l'aimant lapis Indicus, donnant la patrie de l'espece à tout le genre.
Les anciens n'ont guere connu de l'aimant que sa propriété d'attirer le fer; c'étoit le sujet principal de leur admiration, comme l'on peut voir par ce beau passage de Pline: Quid lapidis rigore pigrius? Ecce sensus manusque tribuit illi natura. Quid ferri duritie pugnacius? Sed cedit & patitur mores: Trahitur namque à magnete lapide, domitrixque illa, rerum omnium materia ad inane nescio quid currit, atque ut propiùs venit, assistit teneturque, & complexu hoeret. Plin. Liv. XXXVI. cap. xvj.
Cependant, il paroît qu'ils ont connu quelque chose de sa vertu communicative; Platon en donne un exemple dans l'Ion, où il décrit cette fameuse chaîne d'anneaux de fer suspendus les uns aux autres, & dont le premier tient à l'aimant. Lucrece, Philon, Pline, Calien, Némesus, rapportent le même phénomene; & Lucrece fait de plus mention de la propagation de la vertu magnétique au - travers des corps les plus durs, comme il paroît dans ces vers:
Exultare etiam Samothracia ferrea vidi, Et ramenta simul ferri furere intus ahenis In scaphiis, lapis hic magnes cum subditus esset.
Mais on ne voit par aucun passage de leurs écrits qu'ils aient rien connu de la vertu directive de l'aimant: on ignore absolument dans quel tems on a fait cette découverte, & on ne sait pas même au juste quand est - ce qu'on l'a appliquée aux usages de la navigation.
Il y a toute apparence que le hasard a fait découvrir
à quelqu'un que l'aimant mis sur l'eau dans un
petit bateau se dirigeoit constamment Nord & Sud,
& qu'un morceau de fer aimanté avoit la même
proprieté: qu'on mit ce fer aimanté sur un pivot afin
qu'il pût se mouvoir plus librement: qu'ensuite on
imagina que cette découverte pourroit bien être utile
aux navigateurs pour connoître le midi & le septentrion
lorsque le tems seroit couvert, & qu'on ne verroit
aucun astre; enfin qu'on substitua la boussole
ordinaire à l'aiguille aimantée pour remédier aux
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