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Chaque aimant a deux poles dans lesquels réside
la plus grande partie de sa vertu: on les reconnoît
en roulant une pierre d'aimant quelconque dans de la
limaille de fer; toutes les parties de cette limaille qui
s'attachent à la pierre se dirigent vers l'un ou l'autre
de ces poles, & celles qui sont immédiatement dessus
sont en ces points perpendiculairement hérissées sur
la pierre: enfin la limaille est attirée avec plus de
force & en plus grande abondance sur les poles que
par - tout ailleurs. Voici une autre maniere de connoître
les poles; on place un aimant sur un morceau
de glace polie, sous laquelle on a mis une feuille de
papier blanc: on répand de la limaille peu à peu sur
cette glace autour de l'aimant, & on frappe doucement
sur les bords de la glace pour diminuer le frottement
qui empêcheroit les molécules de limaille
d'obéir aux écoulemens magnétiques: aussi - tôt on
apperçoit la limaille prendre un arrangement régulier,
tel qu'on l'observe dans la figure, dans lequel la
limaille se dirige en lignes courbes AEB, AEB,
(
Maintenant on appelle axe de l'aimant, la ligne droite qui le traverse d'un pole à l'autre; & l'équateur de l'aimant est le plan perpendiculaire qui le partage par le milieu de son axe. Or cette propriété de l'aimant d'avoir des poles est comme essentielle à tous les aimants; car on aura beau casser un aimant en tant de morceaux que l'on voudra, les deux poles se trouveront toujours dans chaque morceau. Cette polerité de l'aimant ne vient point, comme on l'a cru, de ce que les mines de l'aimant sont dirigées nord & sud; car il est très - certain que ces mines affectent comme les autres toute sorte de direction, & nommément il y a dans le Devo ishire une mine d'aimant, dont les veines sont dirigées de l'est à l'ouest, & dont les poles se trouvent aussi dans cette direction: mais les poles de l'aimant ne doivent point être regardés comme deux points si invariables qu'ils ne puissent changer de place: car M. Boyle dit, qu on peut changer les poles d'un petit morceau d'aimant en les appliquant contre les poles plus vigoureux d'une autre pierre; ce qui a été confirmé de nos jours par M. Gwarin Knight, qui peut changer à volonté les poles d'un aimant naturel, par le moyen des barreaux de fer aimantés.
On a donné aux poles de l'aimant les mêmes noms qu'aux poles du monde, parce que l'aimant mis en liberté, a la propriété de diriger toùjours ses poles vers ceux de notre globe; c'est - à - dire, qu'un aimant qui flotte librement sur une eau dormante, ou qui est mobile sur son centre de gravité, ayant son axe parallele à l'horison, s'arrêtera constamment dans une situation telle, qu'un de ses poles regarde toûjours le nord, & l'autre le midi: & si on le dérange de cette situation, même en lui en donnant une directement contraire, il ne cessera de se mouvoir & d'osciller jusqu'à ce qu'il ait retrouvé sa premiere direction. On est convenu d'appeller pole austral de l'aimant, celui qui se tourne vers le nord, & pole boréal celui qui se dirige vers le sud. Le méridien magnétique est le plan perpendiculaire à l'aimant suivant la longueur de son axe, qui passe par conséquent par les poles.
Lorsqu'après avoir bien reconnu les poles & l'axe
d'un aimant, on le laisse flotter librement sur un liége,
le vaisseau dans lequel il flotte étant posé sur une
méridienne exactement tracée, on s'appercevra que
les poles de l'aimant ne regardent pas précisément
ceux du monde, mais qu'ils en déclinent plus ou moins
à l'est ou à l'ouest, suivant les différens lieux de la terre
où se fait cette observation. Cette déclinaison de l'aimant
varie aussi chaque année, chaque mois, chaque
jour, & même à chaque heure dans le même lieu. V.
l'article
Pareillement, fi l'on fait nager sur du mercure un
aimant sphérique, après en avoir bien reconnu l'axe
& les poles, il se dirigera d'abord à peu près nord
& sud: mais on remarquera aussi que son axe s'inclinera
d'une maniere constante; ensorte que dans nos
climats le pole austral s'incline, & le pole boréal
s'éleve, & au contraire dans l'autre hémisphere.
Cette inclinaison varie aussi dans tous les lieux de la
terre & dans tous les tems de l'année, comme on
peut le voir à l'article
Les poles de l'aimant sont, comme nous l'avons
dit précédemment, des points variables que nous
sommes quelquefois les maîtres de produire à volonté,
& sans le secours d'aucun aimant; comme
nous verrons qu'il est facile de le faire par les moyens
que nous exposerons dans la suite: car lorsqu'on coupe
doucen ent & sans effort un aimant par le milieu
de son axe, chacume de ses parties a constamment
deux poles, & devient un aimant complet: les parties
qui étoient contiguës sous l'équateur avant la
section, & qui n'étoient rien moins que des poles,
le sont devenues, & même poles de différens noms;
ensorte que chacune de ces parties pouvoit devenir
égaiement pole boréal ou pole austral, suivant que
la section se seroit faite plus près du pole austral ou
du pole boréal du grand aimant. & la même chose
arriveroit à chacune de ces moitiés, si on les coupoit
par le milieu de la même maniere. Voyez Pl.
physiq.
Mais si au lieu de couper l'aimant par le milieu
de son axe AB, on le coupe suivant sa longueur,
(
Le phénomene de l'attraction réciproque de deux
aimans, d'un aimant & d'un morceau de fer, ou bien
de deux fers aimantés, est celui de tous qui a le plus
excité l'admiration des anciens Philosophes, & qui a
fait dire à quelques - uns que l'aimant etoit animé. En
effet qu'y a - t - il de - plus singulier que de voir deux aimansse
porter l'un versl'autre comme par sympathie;
s'approcher avec vitesse comme par empressement;
s'unir par un côté déterminé au point de ne se laisser
séparer que par une force considérable; témoigner
ensuite dans une autre situation, une haine réciproque
qui les agite tant qu'ils sont en présence; se fuir
avoc autant de vitesse qu'ils s'étoient recherchés,
& n'être tranquilles que lorsqu'ils sont fort éloignés
l'un de l'autre? Ce sont cependant les circonstances
du phénomene de l'attraction & de la répulsion de
l'aimant, comme il est facile de s'en convaincre par
l'expérience sinvante.
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