LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
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Page 172
On dit proverbialement et figurém.
qu'Un homme en a jusqu'aux bretelles,
par--dessus les bretelles, pour dire, qu'Il
est fort engagé dans de mauvaises affaires.
BRETESSÉ, ÉE
BRETESSÉ, ÉE. adjec. Terme de
Blason. Il se dit Des pièces crénelées
haut et bas en alternative. Une bande
bretessée.
BRETTE
BRETTE. subs. fém. Épée. On ne
l'emploie guère qu'en plaisanterie et
familièrement. C'est un batteur de pavé,
qui porte toujours une brette.
BRETTELER
BRETTELER. v. a. Terme d'Architecture.
Tailler une pierre, ou gratter
un mur avec des instrumens à dents.
Brettelé, ée
Brettelé, ée. participe.
BRETTEUR
BRETTEUR. s. m. Qui aime à se
battre, à ferrailler, et qui porte ordinairement
une épée.
BREVET
BREVET. s. m. Sorte d'expédition
non scellée, par laquelle le Roi accorde
quelque grâce, ou quelque titre
de dignité. Brevet de Duc, de Conseiller
d'État, de Maréchal de Camp. Le
brevet d'une Abbaye, d'un Évêché. Le
brevet d'une pension. Faire enregistrer un
brevet.
On appelle aussi du nom de Brevet,
Certaines expéditions, par lesquelles
les Princes, les grands Seigneurs, et
même les Seigneurs particuliers, accordent
quelque grâce à quelqu'un.
On appelle Ducs à brevet, Ceux
qui n'ont que des brevets de Duc, et
à vie.
On appelle Brevet de retenue, Un
brevet par lequel le Roi assure certaine
somme sur le prix d'une Charge,
d'un Gouvernement, à la femme, aux
héritiers, ou aux créanciers du Titulaire.
On appelle Justaucorps à brevet, Une
sorte de justaucorps bleu, à paremens
rouges, brodé d'or, que quelques Courtisans
ont droit de porter par brevet
du Roi.
On appelle Obligation par brevet,
Une obligation dont il n'est point resté
de minute chez le Notaire.
On appelle Brevet d'apprentissage,
Un acte passé pardevant Notaire, par
lequel un Apprenti et un Maître s'engagent
réciproquement; l'Apprenti à
apprendre un art ou un métier; et le
Maître à le lui montrer pendant un
certain temps, et à certaines conditions.
On dit familièrement, Donner à
quelqu'un brevet, son brevet d'étourdi,
d'extravagant, pour dire, Le déclarer
tel. Il y a long--temps qu'il a son brevet
de radoteur.
BREVETAIRE
BREVETAIRE. s. masc. Terme de
Pratique, qui n'est d'usage qu'en parlant
Du porteur d'un brevet du Roi,
en matière Bénéficiale.
BREVETER
BREVETER. v. a. Donner à quelqu'un le brevet d'un Office, d'un Emploi
ou d'une Pension.
Breveté, ée
Breveté, ée. participe. Qui a un
brevet. Breveté du Roi.
BREVIAIRE
BREVIAIRE. s. mas. Livre contenant
l'Office que ceux qui sont dans les
Ordres sacrés, ou qui jouissent de
quelque Bénefice, sont obligés de dire
tous les jours. Bréviaire Romain. Bréviaire
de Paris. Acheter un Bréviaire.
Il se prend plus particulièrement
pour l'Office même que doivent dire
chaque jour ceux qui y sont obligés.
Dire son Bréviaire.
BREUIL
BREUIL. s. mas. Terme d'Eaux et
Forêts. Bois taillis ou buisson enfermé
de haies, où les bêtes se retirent.
BREUILLER
BREUILLER. v. n. En termes de
Mer, Carguer les voiles.
BREUILS
BREUILS. s. mas. plur. Terme de
Marine. Petites cordes qui servent à
carguer les voiles. Voyez Cargue.
BREUVAGE
BREUVAGE. subst. masc. Boisson,
liqueur à boire. Breuvage agreable, délicieux.
Breuvage mixtionné. Les Poëtes
ont dit, que Le Nectar étoit le breuvage
des Dieux: et de--la vient qu'en parlant
d'Une liqueur agréable à boire,
on dit, que C'est le breuvage des Dieux.
Breuvage
Breuvage, dans une signification
plus particulière, se dit De certaines
médecines qu'on donne à des chevaux,
des boeufs, des vaches, etc. Faire donner
un breuvage à un cheval.
BRI
BRIBE
BRIBE. s. f. Gros morceau de pain.
Une bribe de pain. Il a mangé une bribe
de pain bis. Il est populaire.
Bribes
Bribes, au pluriel, se dit par extension
et familièrement, Des morceaux
de viande que les valets serrent,
ou que l'on donne à ceux qui demandent
l'aumône. Ce gueux avoit de bonnes
bribes dans son sac. Ils mirent toutes
leurs bribes ensemble.
On dit figurément et toujours en
mauvaise part, Des bribes d'un livre,
d'un ouvrage, pour dire, Des citations
et des phrases prises de--çà et de--là
sans choix.
BRICOLE
BRICOLE. s. f. Cette partie du harnois
d'un cheval de carrosse, qui passe
sous les coussinets, et qui s'attache de
côté et d'autre aux boucles du poitrail.
Des bricoles neuves.
On appelle aussi Bricoles, Certaines
longes de cuir dont se servent les porteurs
de chaise, pour porter la chaise.
Bricole
Bricole, au jeu de la Paume, C'est
le retour de la balle quand elle a frappé
une des murailles des côtés. Jouer de
bricole. Un coup de bricole. Mettre de
bricole dans le de dans.
On se sert de ce terme au jeu de
Billard, pour signifier, Le chemin
qu'une des billes fait pour rencontrer
l'autre, après avoir frappé une des
bandes. Faire une bille de bricole.
On dit figurément et proverbialement
De quelqu'un qui use de voies
trompeuses et détournées: Il joue de
bricole. Il ne va que par bricoles. Je me
défie de ses bricoles. Il a voulu me donner
une bricole. C'est un terme emprunté
du jeu de Paume.
On dit figurément et adverbialement,
De bricole, par bricole, pour
dire, Indirectement. S'il ne peut parvenir
là directement, il y viendra de bricole,
par bricole.
Bricoles
Bricoles, au pluriel, est aussi Une
espèce de rets ou de filet pour prendre
des cerfs, des daims, etc. Tendre les
bricoles. Le cerf a donné dans lesbricoles.
BRICOLER
BRICOLER. v. n. Jouer de bricole
à la Paume ou au Billard. Il est adroit
à bricoler.
Lorsqu'un homme ne va pas droit en
besogne dans une affaire, mais qu'au
contraire il biaise, on dit familièrement,
qu'Il bricole.
BRIDE
BRIDE. s. f. La partie du harnois
d'un cheval, qui sert à le conduire,
et qui est composée de la têtière, des
rênes et du mors. Mettre la bride à un
cheval. Lui tenir la bride haute. Lui tenir
la bride courte. Rendre la bride. Lâcher
la bride à un cheval. Lui mettre la
bride sur le cou. Courir à toute bride, à
bride abattue. Tourner bride.
Bride
Bride, se prend quelquefois pour
Les rênes seules; et dans ce sens on
dit, qu'Un cheval a rompu sa bride,
Lorsqu'il a rompu ses rênes; et on dit,
Mener un cheval par la bride, Lorsqu'on
le mêne en tenant les rênes.
On dit figurément, Tenir quelqu'un
en bride, pour dire, L'empêcher de
faire ce qu'il veut; Lui tenir la bride
haute, lui tenir la bride courte, pour
dire, Le traiter avec quelque sorte de
sévérité, de peur qu'il ne s'échappe;
et Aller bride en main dans une affaire,
pour dire, Y procéder avec beaucoup
de retenue et de circonspection.
On dit aussi figurêment, Lâcher la
bride à quelqu'un, lui mettre la bride sur
le cou, pour dire, Ne le plus retenir
comme on faisoit, l'abandonner à sa
propre volonté, à sa propre conduite;
et on dit, Lâcher la bride à ses passions,
pour dire, S'abandonner entièrement
à ses passions.
On dit figurément, Courir à bride
abattue après les plaisirs, pour dire,
S'y porter sans aucune retenue; et
qu'Un homme court à bride abattue à sa
ruine, à sa perte, pour dire, qu'Il se
porte ardemment et inconsidérément
à quelque chose, sans voir que ce
qu'il recherche est capable de le
perdre.
On appelle figurément et dans le
style familier, Brides à veaux, De
sottes raisons, de sots raisonnemens,
qui ne sont capables de persuader que
des gens simples. Tout ce que vous
dites--là sont brides à veaux.
Bride
Bride, se dit aussi De diverses
autres choses qui servent à l'habillement.
Ainsi, en parlant d'Un béguin
d'enfant, on appelle Bride, Le petit
cordon de fil qui passe sous le menton
de l'enfant, et qui sert à tenir le
beguin en état sur sa tête. On appelle
aussi Bride, en parlant d'Une boutonnière
et d'une chemise, Les points
en travers qu'on met, aux deux extrémités
de la boutonnière et à chaque
ouverture de la chemise, pour empêcher
qu'elle ne se déchire. Et en parlant
Des points de France, de Venise,
de Malines, on appelle Brides, Les
petits tissus de fil qui servent à joindre
les fleurs les unes avec les autres.
On appelle Tourne--bride, Certaines
auberges construites dans le voisinage
des Châteaux, Maisons de campagne,
et destinées à loger et nourrir, en
payant, les gens et chevaux étrangers
qu'on ne reçoit pas dans ces Châteaux,
etc.
BRIDER
BRIDER. v. a. Mettre la bride à un
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