Nicot, Thresor de la langue francoyse
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De la vistesse du Courrier desquels à porter pacquets et messages on fait
en Turquie si grand cas, que les chevaux de poste ne sont rien au prix,
ayant autrefois l'un d'iceux fait le chemin de Constantinople à Andrinopoli
en Thrace, et le retour en deux jours, ce qu'un cheval ne pourroit
faire en trois.
court
On court, Impersonaliter, Curritur.
cours
Cours, m. Ores est l'action de celuy qui court,
Cursus, Cursura, Plaut.
Bacchid. Varro lib. 2. de re rust. c. 7. In cursu aut currendo
cita agitatio. l'Italien, Corso. Ores est le lieu où l'on fait
course à
jeux de prix, soit hommes, femmes ou chevaux, et autres bestes.
Curriculum.
Horat. lib. 1. Carm. od. 1. L'Italien, Il
Corso. L'Espagnol,
La Carrera, y el lugar donde corren. Et ores est le train et
la tire et passage de quelque chose, ou de continuelle et perpetuelle
suite, comme le cours du soleil et de la lune, des astres, des cieux, des
ans, du temps. Cursus solis, etc. ou de brief temps, comme le cours
de la vie de l'homme, vitae aetatisque. Plaut. Sticho. et Mercatore.
Cicero de Senectute. Et ores pour traffique, transport, et debite
de la marchandise, comme la marchandise n'a plus de cours. Repressum
ac interclusum est commercium emendorum ac vendendorum
mercimoniorum facultas oppressa est. Ce qu'on dit aussi Entrecours
qui signifie le mutuel apport de marchandises d'une province à autre.
Vltrocitroque mercium comportatio, commercium.
Mot familier et usité és traites de pays, confederations, et trefves
marchandes d'entre deux princes souverains. Il se prend aussi pour le
progrez depuis les premiers elements jusques au sommet d'une science.
Selon ce on dit, Le cours de Theologie, des Loix, de Medecine, de
Philosophie.
Et semble que cette signification soit prinse de la course de ceux qui
partants de la barriere, courent sans soy reposer jusques au lieu où est le
prix auquel ils pretendent. En outre il se prend pour le nombre et
assortissement
des livres reglez et ordonnez à faire tel cours de science et discipline.
Ainsi le Legiste dit avoir achepté un Cours civil, quand il a achepté
les Institutes, Pandectes, Code, Authentiques et Feudes, et un
Cours canon au semblable. Il se prend en apres pour l'expedition de
particuliers
ou plus generale, qui se fait par mer avec vaisseaux de guerre,
pour courre et faire butin sur les infideles et autres ennemis. Selon ce on
dit, Il est allé en cours avec trois ou quatre galeres, ou fustes, ou
galeotes,
ou brigantins, fregates ou roberges armées. Car les vaisseaux de rame sont
proprement dits Courir, d'autant que sans mercy de vent ils ne laissent
pas d'aller, ce que ceux qui ne sont que voiliers sans plus, ne font pas, et
si bien on dit aussi, des vaisseaux ronds, qu'ils ont couru fortune, cette
signification
ne tend pas à la dessusdite, comme aussi ne prejudicie pas à ladite
proprieté du mot, ce que les pillards et escumeurs de mer en ces mers
de Ponant, vont en cours (dont ils ont le nom de Coursaires) avec vaisseaux
seulement voiliers. Selon cette signification doibt estre entendu le
tiltre du livre de Consolat, quand il dit, De tots los cas que avenghem
en cosa de mar, Sean obligacions maritimes de vexels de mar,
Asseguraments, Naufragis, De git, o altres qualquers fets maritins,
mercantivols, o fets de armada per anar en cors. Et de
toda armada que s'faça par mar, etc. Cours en cette signification
peut estre dit de ce, que comme ceux qui veulent courir s'allegissent du plus
qu'ils peuvent, pour plus isnellement courir: ainsi les Coursaires allans en
cours, ne chargent que de vitailles et artillerie leurs navires, pour estre
plus lestes. Dequoy est yssu le Proverbe, De Corsaire à Corsaire n'y pend
que barriques rompuës, ou bien de ce qu'en vogant à outrance d'avirons,
et ainsi courans sur l'eau ils sursaillent ceux qu'ils veulent destrousser,
voyez Assault.
Cours aussi se prend pour trait de temps, comme, Sa maladie aura long
cours,
Illius morbus diu vigebit. Cours en-outre est piratage et escumerie
sur mer, c. Volerie et larcin, dont procede le mot si odieux de
Corsaire,
Piratica, comme, Les Fustes ont desanchré et desmaré pour aller en
cours,
Biremes ad piraticam soluerunt.
Le cours, ou le tour du ciel du soleil, Circuitus solis orbium.
Le cours et mouvement des estoilles, Meatus syderum.
Le cours de Nilus, Flumen Nili.
Le cours du proces principal est arresté par les incidens, Aqua
principis
controuersiae haesit obiter in obicibus. B.
Arrester son cours, Cursum reprimere.
Le cours de la riviere, Fluminis decursus.
La riviere a prins ou fait nouveau cours, Flumen alueum mutauit.
Destourner le cours ou le reu de la fontaine, Auertere fontem vel
flumen.
Euphrates fait son cours vers Occident, Euphrates cursum ad occasum
solis agit. vel, Decurrit ad occasum solis.
Le cours et espace de la vie, Curriculum siue cursus vitae.
Le cours de la vie qu'on a parachevé, Decursum spatium aetatis.
¶ Le poisson dont se prenoit la teinture de pourpre avoit le
cours, Purpura
vigebat eo tempore.
Arrester le cours de sa liberalité, Cursum beneuolentiae sustinere.
Le cours où nous avons employé nostre labeur, Curriculum industriae
nostrae.
Entre-tenir tousjours le cours commencé, Cursum tenere.
Changeant son cours et chemin, Mutata velificatione.
Achever le cours, Cursum conficere.
¶ Il sçait le cours du marché, Scit vti foro. B.
course
Course, f. penac. Est tant l'acte hastif du
Courier, Cursus. comme, Il est
venu à grande course de cheval, AEqui cursu agitato aduolauit, que
pour l'espace et longitude du lieu où il a esté couru, comme, La course est
longue et grande, Curriculum admodum protensum est. Il se prend
aussi pour une saillie à main armée faite sur le païs de l'ennemy, pour y
faire gast. Nicole Gilles en la vie de Philippe de Valois: Semblablement
Nicolas Buchet Thresorier de France assembla plusieurs navires, et fit une
course en Angleterre, et brusla un port et plusieurs bourgs à l'environ,
et en s'en retournant, ses gents pillerent et bruslerent les Isles de
Jarré.
Grande course, Effusus cursus.
Course soubdaine et legere, Transcursus, huius transcursus.
Une course continuée sans soy reposer, Continens cursus.
Course de gens de guerre contre les ennemis, Excursio, Incursio
militum.
Quand ceux de dehors et ennemis font une course et saillie sur ceux de
dedans,
Irruptionem facere.
Courses que les gens d'armes et chevaux legiers font sur les ennemis,
Decursiones
equitum.
Certaine façon de course que les gens de guerre faisoient anciennement, ou
pour l'honneur de quelque grand prince à ses funerailles, ou pour autre
certaine cause, Decursio.
Quand on s'advance de courir, comme les courses des gens de guerre sur
leurs
ennemis, Procursus.
Courses qu'on fait envers les uns et les autres, quand on brigue quelque
office,
Occursatio.
Tout d'une course, sans s'arrester, Contento cursu.
A course de cheval, Incitato equo.
Dresser sa course à quelque lieu, Cursum contendere.
Commencer sa course, Cursum inire, vel instituere.
Bailler la course à un cheval, bailler les ellées, Equum admittere.
Prendre sa course droit à aucun, Capessere cursum ad aliquem.
Courir une longue course en un jour, Cursu emetiri vno die ingens
spatium.
Qui s'exerce à la course au lieu public destiné à ce, Stadiodromus.
Lieu public destiné à s'exercer à la course, Stadium.
Faire une course, Curriculum vnum facere, In loca incurrere.
Faire des courses les uns sur les autres, Excursionem inuicem facere,
Incursionem facere, Excurrere.
Faire des courses sur les ennemis, et piller ce qu'on trouve és champs,
Incursare
agros hostium.
On tourne sa course droit à celle, In eam cursus inflectitur.
coursaire
Coursaire, m. penac. Est celuy qui exerce
la depredation sur la mer,
Pirata, qui vient de ce mot Grec péiratês. On l'appelle
aussi Escumeur
de mer. Il se fait du mot Cours prins pour expedition piratique, et se
prend tousjours en mauvaise part, pour un larron de mer. L'Espagnol et
l'Italien disants l'un Cossario, l'autre Corsario, et en usent
ainsi.
coursie
Coursie, f. penac. Est l'allée du large de
deux ou trois ais, en une galere
qui va de prouë à pouppe entre deux les rengs des bancs des forçaires, tant
pour le promener du Comite quand ils voguent, et foueter à coups de nerf
de boeuf, ceux qui ne tirent à l'aviron comme ils doivent, que pour faire le
guet par nuit sur iceux forçaires, qu'ils ne se desenchainent ou facent
quelque
conspiration, que pour l'aller ordinaire de tous ceux qui sont en la galere,
passans d'un bout d'icelle à l'autre.
coursier
Un Coursier, ou Corsaire, c'est à
dire un cheval de lance, sur lequel on
court la lance, Equus volucer, Equus ad cursuram idoneus. Varro
2. de re rust.
coursiere
Coursiere, ou pont de Coursiere en fait de
navires, s'entend ainsi, Depuis
le gaillart jusques au grand mast y a un pont de bois au milieu duquel est
le Cabestam, un pied et demy au dessus de ce pont y a un autre pont de
barreaux assis au long des Turpots sur deux serres, et devant ledit mast
y a un traversin qui porte deux aileures allans le long du navire jusques
au chasteau devant, entre lesquelles la largeur de trois pieds et demy
y a une couverture à panneaux chascun d'iceux ayant trois barreaux:
Tout cecy ainsi clos, couvert et equippé est appelé Coursiere, ou
pont de coursiere: et ce pont est levis, et pont de guerre qu'on peut lever
quand on veut.
Mule coursiere, est une mule laquelle en hauteur et esquarteleure de
membres
tient du coursier dont pour sa taille non commune elle tient le nom.
couronne
Couronne, Alij scribunt Corone.
Couronne d'or pesant une livre, Corona aurea librae pondo.
Couronne embellie et enrichie de pierres precieuses, Corona gemmis
insignis.
Couronnes plaines ou ouvrées, Coronae purae, aut caelatae. Bud.
La couronne qui estoit donnée à celuy qui premier avoit entré au rempart
des ennemis, Corona vallaris.
Couronne qu'on donnoit à celuy qui premier avoit forcé le fort des
ennemis,
Castrensis corona.
Couronne ou chapeau de fleurs, Corona, Stemma, stemmatis, Corolla.
Couronnes entre-lassées de fleurs, Sexta sextilia.
De quoy on fait couronnes, Coronarius.
Mettre à quelqu'un une couronne sur la teste, Alicui coronam imponere.
Couronne de clerc, Tonsure clericale, Vertex forfice delibatus, Insigne
clericale. B.
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