Nicot, Thresor de la langue francoyse
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Page 158
¶ Courage, Age.
Ayes tousjours bon courage, Ne contrahas aut dimittas animum,
Bono animo esto.
courageux
Courageux et hardy, Animosus, Ferox, Praeferox,
Fortis.
courageusement
Courageusement, Ferociter, Fortiter, Animose.
couramment
Couramment, Vistement, Promptement, Sans
faillir, Memoriter.
Lire couramment, id est, sans s'arrester ne restiver.
courbaston
Courbaston, ou Courtbaston, Se declare assez par sa composition
de court et baston. Mais en matiere de navires, courbaston est une courbe
qui est appliquée à chasque bout de bau pour renforcer le vaisseau. Et
sont les courbastons en grand nombre, selon qu'on veut rendre fort le
navire.
courbe
Courbe, a Curuus, u in b. Curuus, Incuruus.
Et en fait de vaisseaux
de mer Courbes sont certaines pieces de bois quatre ou cinq de chaque
bord entées en l'encoigneure ou jointure de la poupe longues chacune
de xii. ou xv. pieds, selon la longueur dudit navire le renforceants par le
derriere, voyez Four.
Courbé de toutes pars, Conuexus.
¶ Courbe, Maladie qui vient aux chevaux et les fait clocher. Cette
maladie
vient en la jambe de derriere, et est une enflure dure pres le jarret,
et aucunefois vient sur la jointure. Son commencement vient de heurtures
ou de coups de bastons.
courber
Courber, Plier, Affaisser, Flectere, Conflectere,
Curuare, Incuruare,
Pandare.
Se courber, Incuruescere, Curuari.
Se voulter et courber contre-mont, In diuersum curuari, Fornicari.
Facile à courber, Flexibilis, Flexilis.
Courbé, Recuruus, Curuatus.
Fort courbé, Procuruus.
Courbé contre bas, Pandus, Repandus.
Ciel courbé comme un arc, Arquatum caelum.
courbement
Courbement, ou Courbure, Conuexitas, Curuatio,
Flexio, Pandatio,
Curuatura, Curuamen.
Courbement et voulture, Fornicatio.
courée
Courée de mouton, id est, la
fressure.
courge
Courge, Cucurbita.
Courge sauvage, Colocynthis, colocynthidis.
¶ Courge nourrie et croissant en pendant és toicts des maisons, et és
perches,
Cameraria cucurbita.
Courge à porter les seaux à la riviere. Je me doute qu'on veut dire une
courbe,
a curuitate. Pertica situlis ferendis idonea, Pertica sitularia.
courir
Courir, act. acut. Qu'on dit aussi Courre, Tantost est simplement aller
de course, Currere. Il a couru grand'erre, Longum iter cursu per
egit. Tantost aller sur une beste courant. Ainsi l'on dit, Courir la Poste.
Tantost poursuyvre à course de cheval quelque homme ou beste, Aliquem
equi cursu persequi. Il l'a couru longuement, Diu illum citato equo
insequutus est. Courir le Cerf, Ceruum equi cursu agitare, Venationi
Cerui dare operam. Et se prend pour chasser, parce qu'à la chasse
y a ordinairement des picqueurs pour accompagner la meute des chiens
courants. Courir aussi est gaster un païs par courses hostiles. Nicole Gilles
en la vie de Philippe de Valois; Ils coururent, et prindrent les Isles de
Gazé, et autres ports d'Angleterre, Excursionibus vastarunt, voyez
Coureurs. L'Espagnol dit aussi Correr la Herra de Moros, en cette
signification.
Courir aussi se prend pour estre usité et en usage commun des hommes,
Assolere,
comme, Cette façon d'habit ne court, Haec vestis forma in vsu
esse desiit, Exsoleuit. Corn. Tac. lib. 14. Amictus Graeci, quos
per eos dies plerique incesserant, tum exsoleuerant.
Sçavoir bien courir, Cursu valere.
Se prendre à courir, Pedes in curriculum coniicere.
Courir et tracasser par cy par là, Hac illac circumcursare, Peruagari.
Courir bien avant, Excurrere.
Courir devant, Praecurrere, Procurrere.
Courir à grand rendon dedans les ennemis, Impetum in hostes facere,
Incurrere.
Courir au devant de quelqu'un, Occurrere alicui. Ouid. lib. 2. de Ar.
aman.
Courir de tous costez, Circumcursare, Discurrere.
Courir haut et bas, Decurrere sursum deorsum.
Courir en diligence, Transcurrere, Curriculo celeri ire.
La rente, ou arrerages, ou usure, ne courent plus, c. n'ont plus de
trait. La
raison en cette signification est, que les arrerages croissent avec le temps,
duquel est le propre courir, Consistit vsura. Bud. ex Cic.
La rente court depuis tel jour, Ducitur vsura ab eo die, etc. Bud. ex
Cicer.
La rente court tousjours, Procedit vsura. B.
Courir les ruës, c'est estre furieux ou enragé, insensé, ou transporté de
rage
de mal; Car telles gents n'arrestent en nul lieu, Mente captum, Furore
percitum esse, Vi morbi agi. Plaut. Pen. Haud quisquam
hodie nostrum curret per vias, Neque nos populus procerritis
insectabit lapidibus.
Courir aussi fort qu'un homme à cheval, Equitem cursu aequare.
Courir aux armes, est par chascun, qui çà, qui là, aller hastivement
prendre
les armes. Ce qui se fait en une soudaine alarme ou tumulte et necessité
impourveuë, Aduolare, accurrere, concurrere ad arma.
Courir sus à quelqu'un, proprement prins est de cours et d'eslans,
nuire et
endommager aucun, Infestare, comme font les voleurs et brigands,
Incursare, Impetere aliquem. Mais par catachrese il se prend pour
entre-prendre sur les desseings et profits d'autruy, Alterius commodis,
consiliis ac rationibus officere. Suyvant cela on dit, Courir sur
le marché d'autruy, Alterius negotij gestionem interuertere,
Laedere, Emptionem alterius interturbare, Difficiliorae ac magis
dispendiosam concurrendo efficere, reddere.
Nos gens-d'armes, et ceux des ennemis courent les uns sur les autres,
Concurrunt
inter se milites aduersis hastis.
Courir fortune, est quand la tourmente et fortunal est sur la mer, et le
navire
va à grand peril et hazard où il plaist au vent et à la fortune,
Iactari tempestate. Virgil. lib. 1. AEneid. Tempestatem marinam
obire, Vlpian. l. 2. $. si non. ff. Siquis cautionib. Maris
procellosi periculum obire. Liu. lib. 1. ab vrb. cond. Plin.
lib. 18.
c. 28. Car fortune et fortunal en mer, c'est tempeste de mer. La raison
de cette maniere de parler est, parce qu'en tels fortunaulx le navire est
contraint courir à outrance et de singlée de vent et de heurtis de oules,
ainsi que Virgile au 1. de l'Eneide descrit, la fortune
que courut l'armée
navale d'Enée; Estant icy le mot de fortune prins pour peril et danger
abusement, à cause de l'incertitude de l'issuë que le navire aura de telle
tourmente. Aussi le mot de fortune est à deux envers, et en fait de
tourmente de mer se prend mal. Virgil. 1. AEneid. Nunc eadem
fortuna
viros tot casibus actos insequitur. Et peu apres, Diuersa
per aequora vectos, Forte sua Lybici tempestas appulit oris,
où Servius expose, Forte sua, par Casu suo, conformément à ce
que
Virgile dit peu apres: Quis te, nate Dea, per tanta pericula casus
insequitur?
Courir danger par tourmente de mer. Aussi dit-on, courir danger, en tout
essay et emprinse de hazard, pour estre en bransle et le bon et le mauvais
succez, Adire discrimen. Plin. in epist. Periculum. Cic. li. 1.
de fin. et crebro alibi. Terent. Andr. Fortunam. Liu. lib. 5. belli
Pun. Et courir la fortune d'aucun, ou Courir fortune avec luy, pour se
livrer à participer au bien et au mal qui luy peut arriver de quelque
entre-prinse,
Omnem fortunam adire. Liu. ibid. L'Italien dit Fortuna
de mare, ainsi que Ulpian en la susdite Loy 2. Tempestas marina.
Et Plin. Epist. 2. lib. 5. Turbida maris tempestas.
Courir quelque escrit, est le lire couramment, et sans se beaucoup
arrester à peser la diction, ne la matiere, Raptim perlegere, Percurrere
legendo, Cursim legere. Plin. epist. 15. lib. 5.
couramment
Couramment, acut. adverbe, ce qu'on dit aussi en
courant, c'est legerement,
isnellement et sans arrest, Cursim, comme, J'ay leu ce livre
couramment,
Raptim, et cursim legi, dont l'opposite est, tout bellement
et posément, Sensim.
Va couramment, ou d'une course, Curriculo abi. Plaut. Mostell. Scena
11.
courant
En courant, est dit par adverbe, Cursim, et par
gerundif, Currendo.
Courant, m. acut. Qui court, Currens.
coureur
Coureur, m. acut. Est celuy qui court, Cursor.
Mais le François en use en
blasme, disant d'un qui ne s'arreste où il doibt et à son mesnage et
besongne,
C'est un coureur, et coureuse, d'une femme qui le fait ainsi, Cursitator,
Cursitatrix, qui vont çà et là errer et vaucrer perdants le
temps. Mais au plur. Coureurs sont les gents de cheval armez à la legere,
qui se partent d'une armée pour faire courses, pilleries et degasts au païs
de l'ennemy, Excursores. Nicole Gilles en la vie du Roy Philippe de
Valois: Tandis que le Roy d'Angleterre estoit à Poissy, et son fils à saint
Germain en Laye, où ils furent par six jours, leurs coureurs gasterent et
bruslerent tout le païs du Vaudegalie, etc. Et ne sont pas les mesmes
que Avant-coureurs: Car ceux-cy devancent l'armée qui marche, là où
les coureurs courent aussi quand l'armée est arrestée, voyez
Avantcoureur.
On dit aussi coureur de Poste, celuy qu'on nomme communément
Courrier, Qui equorum dispositorum cursu iter facit. Et
celuy qui est addonné à ce mestier la, ainsi qu'on dit pareillement, Coureur
de benefices, Qui Ecclesiastica beneficia Romam equis dispositis
aduolando persequitur, ce qu'on fait sonner en mauvaise
part.
courement
Courement ou course, Decursio.
Courement hastif et soudain, Percursatio.
Courement çà et là, Concursatio.
Courement d'eau, quand elle s'escoule par ruisseaux en un lieu,
Corriuatio.
courre
Courre, Currere, voyez Courir.
courrier
Courrier, m. acut. Vient de Courre, qui
signifie le mesme que Coureur,
et est celuy qui court la Poste. Aussi disoit-on jadis, le Coureur du Pape,
pour le Courrier ordinaire de Rome, Cursor, Sueton. in Neron.
c. 49. Lamprid. in Heliogab. Plaut. Poen. Mais ces Cursores
n'estoient
Courriers de cheval, ains de pied, tels que sont les Peicler du grand
Turc, qui sont cent Persiens qui vont sans chausses et sans souliers, mais
ont la plante des pieds ferrée, et sont esratez. Lesquels ayants receu le
pacquet dudit Seigneur, courent comme cerfs et trop plus que les chevaux
sans reposer jour et nuit, tant qu'ils soient arrivez où ils sont
acheminez.
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