Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 1:136

Fam., C'est tout un ou tout autre, Il n'y a point de milieu, il n'y a point à choisir entre les deux propositions qui sont faites.

L'un dans l'autre, l'un portant l'autre, En compensant l'un avec l'autre. Ces objets coûtent tant, l'un dans l'autre, l'un portant l'autre.

Fam., Il n'en fait pas d'autres, se dit D'un homme qui fait quelque sottise ou commet quelque étourderie, et signifie, qu'Il lui arrive souvent d'en faire de pareilles.

Fam., Il en sait bien d'autres, Il est capable de bien d'autres tours.

Fam., J'en ai vu bien d'autres, J'ai vu des choses bien plus extraordinaires que celle-là.

Fam., En voici bien d'un autre ou d'une autre, Voici une chose encore plus surprenante; Voici une chose à laquelle on ne s'attendait pas.

AUTRE signifie aussi, Supérieur en mérite, plus important, de plus grande conséquence. L'homme que vous me citez est habile, mais celui dont je vous parle est bien un autre homme. Le vin de Mâcon est bon, mais celui de Beaune est bien d'autre vin, est tout un autre vin. Vous loger, passe; mais vous nourrir, c'est une autre affaire. Il avait été mis en prison pour dettes, mais on l'accuse maintenant d'avoir volé: c'est bien une autre affaire.

Prov. et fig., C'est une autre paire de manches, voici bien une autre paire de manches, C'est une autre affaire, voici bien une autre affaire.

AUTRE se dit aussi dans le sens de Second, pour exprimer la ressemblance, l'égalité, la conformité qu'il y a entre deux personnes ou entre deux choses. C'est un autre Alexandre, un autre César. Il le regarde comme un autre lui-même. Cette ville est un autre Paris.

Il s'emploie quelquefois absolument, pour dire Une autre personne, en général, sans en désigner aucune en particulier. J'aime mieux que vous l'appreniez d'un autre que de moi. Quelque autre vous le dira mieux que moi. Quel autre s'en serait avisé? À votre place, un autre se serait empressé de venir. Tout autre que lui ne s'en serait pas si bien tiré. C'est à lui que je veux avoir affaire, et non à d'autres. D'autres sauraient vous flatter; moi, je vous dis la vérité.

Les autres, Les autres personnes en général, autrui. Il est plus aisé d'être sage pour soi que pour les autres. Vous rejetez toujours la faute sur les autres. Il se méfie toujours des autres.

Fam., Être toujours chez l'un ou chez l'autre, Être souvent en visite chez les diverses personnes que l'on connaît.

Pop., Comme dit l'autre, comme dit cet autre, Comme on dit. Il faut, comme dit l'autre, souffrir ce qu'on ne peut éviter.

Pop., Ah! cet autre! Écoutez ce que nous dit cet autre! s'emploient Pour faire entendre que l'on ne croit pas aux paroles de quelqu'un, et pour lui témoigner une sorte de mépris.

Fam., À d'autres! Allez conter ces histoires, ces sornettes à d'autres, je n'y crois point.

Fam., Je ne connais autre, C'est une personne que je connais beaucoup.

AUTREFOIS. adv. Anciennement, jadis, au temps passé. On croyait autrefois que... On voyait autrefois... C'était autrefois la coutume. Vous prétendiez autrefois que... Les hommes d'autrefois étaient, dit-on, plus robustes que ceux d'aujourd'hui.

AUTREMENT. adv. D'une autre façon. Faisons autrement. Il faut vivre autrement. Je ne le veux pas comme cela, je le veux autrement. Il est fait tout autrement que vous ne croyez. Il agit autrement qu'il ne parle. Il n'agit pas autrement qu'il parle. Cet historien rapporte le fait bien autrement, tout autrement. Ceci est tout autrement important, Est bien plus important.

Il signifie quelquefois, Sinon, sans quoi. Dites-lui qu'il soit plus sage, qu'autrement on le châtiera, qu'autrement il s'en trouvera mal. Il vous a vendu sa propriété à telle condition, autrement il n'eût pas voulu s'en défaire.

AUTREMENT précédé de la négative pas, signifie, Guère. C'est un homme qui n'est pas autrement riche. Il n'est pas autrement disposé à faire ce que vous lui demandez. Est-il malade? Pas autrement, mais il est chagrin. Ce sens est familier.

AUTRUCHE. s. f. Grand oiseau, fort haut sur jambes et à cou très-long, dont les ailes, ainsi que la queue, sont garnies de plumes molles et flexibles, qui ne peuvent servir au vol. Les autruches viennent d'Afrique. Des oeufs d'autruche. Les plumes d'autruche servent à faire des panaches. Il n'est pas vrai, comme on l'a prétendu, que l'autruche digère le fer.

Prov. et fig., Il a un estomac d'autruche, c'est un estomac d'autruche, il digérerait le fer, se dit D'un grand mangeur.

AUTRUI. s. m. qui n'a point de pluriel. Les autres personnes, le prochain. Il ne faut pas désirer le bien d'autrui, la femme d'autrui. Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qui te fût fait à toi-même. Juger d'autrui par soi-même. Être logé chez autrui. Parler par la bouche d'autrui. Vivre, s'amuser aux dépens d'autrui.

Prov. et pop., Prendre son coeur par autrui, Se mettre en la place de quelqu'un, agir à son égard comme en pareil cas nous voudrions qu'on agît au nôtre. Cette phrase a vieilli.

Prov., Mal d'autrui n'est que songe, Le mal d'autrui ne nous touche guère.

Prov. et fig., Qui s'attend à l'écuelle d'autrui a souvent mal dîné, Quand on compte sur autrui, on est souvent trompé dans ses espérances.

En termes d'ancienne Chancellerie, Sauf en autres choses notre droit, et l'autrui en toutes, Et le droit d'autrui en toutes.

AUVENT. s. m. Petit toit en saillie, attaché ordinairement au-dessus des boutiques, pour garantir de la pluie. Se mettre à couvert de la pluie sous un auvent.

AUVERNAT. s. m. Nom qu'on donne à certain vin d'Orléans.

AUXILIAIRE. adj. des deux genres Qui aide, dont on tire du secours. Il est principalement usité en parlant Des troupes qu'un prince, qu'un État envoie au secours d'un autre prince, d'un autre État. Armée auxiliaire. Troupes auxiliaires.

Il s'emploie aussi substantivement. Un corps d'auxiliaires. Ce général fut trahi par ses auxiliaires. Quel homme il a été prendre pour auxiliaire! Ce parti n'avait pour auxiliaires que la fourbe et la violence. Un puissant auxiliaire.

AUXILIAIRE en termes de Grammaire, se dit Des verbes qui servent à former plusieurs temps des autres verbes. Verbe auxiliaire. Avoir et Être sont les verbes auxiliaires de la langue française. On dit substantivement, dans le même sens, L'auxiliaire Être, l'auxiliaire Avoir.

AVACHIR (S'). v. pron. Devenir lâche, mou, sans vigueur. Il est populaire et se dit surtout Des femmes auxquelles un excès d'embonpoint fait perdre la fraîcheur et la vivacité de la jeunesse.

Il se dit aussi Des étoffes, du cuir, d'un habit, lorsqu'ils se déforment et s'affaissent par l'usage. Cet habit commence à s'avachir.

AVACHI, IE. participe Des bottes avachies.

AVAL. s. m. T. de Négoce. Souscription qu'on met au bas d'un effet de commerce, et par laquelle on s'oblige d'en payer le montant, s'il n'est pas acquitté par celui qui a souscrit ou accepté l'effet. Mettre son aval au bas d'une lettre de change. L'aval peut être fourni par acte séparé. Donneur d'aval.

AVAL. s. m. T. de la Navigation des rivières. Il est l'opposé d'Amont, et signifie, Le côté vers lequel descend la rivière. On l'emploie surtout avec la préposition De, et toujours sans l'article. Pays d'aval. Patache d'aval. Le vent vient d'aval.

En aval du pont, de la ville, etc., se dit pour désigner Le côté de la rivière qui est au-dessous du pont, de la ville, etc., dont on parle.

Vent d'aval, se dit, sur les côtes, de Tout vent qui souffle de l'un des points compris entre le nord-ouest et le sud-ouest, passant par l'ouest, surtout lorsque la terre est au levant. Le vent d'aval amène presque toujours de la pluie.

Un des bateaux allait amont, l'autre aval, L'un montait, l'autre descendait. Dans cette phrase, qui a vieilli, Amont et Aval sont employés dans leur signification primitive, c'est-à-dire, comme adverbes.

À VAU-L'EAU. loc. adv. Suivant le courant de l'eau. La barque allait à vau-l'eau. Personne ne ramait, nous nous laissions aller à vau-l'eau.

Prov. et fig., L'affaire, l'entreprise est allée à vau-l'eau, Elle n'a pas réussi, on n'en espère plus rien.

AVALAISON ou AVALASSE. s. f. Chute d'eau impétueuse qui vient des grosses pluies formées en torrents. Ces deux mots sont peu usités.

AVALAISON en termes de Marine, se dit d'Un vent d'aval qui dure depuis huit jours et plus sans varier.

AVALANCHE. s. f. (Quelques-uns disent, Avalange.) Masse considérable de neige durcie qui se détache du sommet glacé des

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.