Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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ou l'étoffe ne se déchire. On a oublié de faire
un arrêt à l'ouverture de cette chemise.

ARRÊTÉ. n. m. Décision de quelque autorité
administrative. Un arrêté du Préfet de
Police.

En termes de Finance, Arrêté de compte,
Règlement de compte.

ARRÊTE-BOEUF. n. m. T. de Botanique.
Nom donné souvent à la bugrane, parce que
ses racines traçantes font obstacle à la
charrue.

ARRÊTER. v. tr. Empêcher quelqu'un ou
quelque chose de continuer sa marche en avant.
Arrêter un passant, un cheval. S'arrêter quelques
jours dans une ville. S'arrêter quelques
instants. S'arrêter au milieu d'un récit. Arrêter
une pendule. L'horloge s'est arrêtée. Arrêter la
marche des affaires. Quelle difficulté vous arrête?
Aucune considération, aucun scrupule ne peut
l'arrêter.

Fig., S'arrêter en bon chemin, Arrêter la
marche d'une entreprise dont la réussite était
assurée.

Dans cette acception, S'ARRÊTER ou ARRÊTER,
intransitif, signifie Cesser d'avancer.
Arrêtez-vous. Arrêtez, je vous prie. Dites au
cocher d'arrêter.

Il signifie encore Tarder, s'amuser, rester
quelque temps dans un lieu sans en sortir.
Nous nous sommes arrêtés une heure chez lui.
Il s'arrête à tous les cabarets.

Il se dit particulièrement en termes de
chasse. Ce chien arrête bien les perdrix, les
cailles.
Absolument, Ce chien arrête bien.

Il se dit aussi absolument en termes de
Manège. Arrêter et rendre, Prendre des demi-
temps d'arrêt successifs.

Il signifie aussi Empêcher de bouger, fixer.
Arrêter un volet. Arrêter son esprit sur quelque
chose.

Arrêter un point (en cousant), Faire un
noeud pour que le fil ne s'échappe pas.

Fig., S'arrêter aux apparences, à des bagatelles,
Ne pas aller au fond des choses, des
idées.

Par analogie, il signifie S'assurer le service
de quelqu'un ou l'usage de quelque chose.
Arrêter un valet de chambre, L'engager. Arrêter
un appartement,
Promettre qu'on le prendra
à location.

Il signifie également Prendre et retenir
prisonnier. Ses créanciers le firent arrêter. Il
fut arrêté pour dettes. Être arrêté pour vol. Au
nom de la loi, je vous arrête.

Fig., il signifie aussi Résoudre une chose
individuellement ou de concert avec d'autres.
Arrêter un projet, un plan de campagne. Il
a été arrêté qu'on ne passerait plus par cette
rue.

Arrêter un compte, Le régler.

Dans cette acception, il a souvent la
forme pronominale et a son complément construit
avec la préposition à. Après avoir
écoulé différentes propositions, il s'arrêta à la
première. Après avoir vu toutes ces étoffes,
mon choix s'arrêta, j'arrêtai mon choix,
ou
je m'arrêtai à celle-là.

Son participe passé ARRÊTÉ, ÉE, s'emploie
souvent comme adjectif. Cet homme n'a pas
un caractère bien arrêté,
Il a une volonté hésitante,
flottante. Avoir des idées arrêtées, des
principes arrêtés, une opinion arrêtée sur
quelque chose,
Avoir sur une chose des idées,
des principes fixes, une opinion bien établie.
C'est une affaire arrêtée, C'est une chose
décidée, convenue.

En termes de Peinture, Dessin arrêté,
esquisse arrêtée, composition arrêtée,
Dessin
terminé, esquisse, composition où l'on n'a
plus rien à changer, à retoucher. Dessin arrêté,
se dit aussi d'un Dessin tracé avec justesse
et fermeté.

ARRÊTISTE. n. m. Compilateur ou commentateur
d'arrêts des Cours souveraines, etc.

ARRHES. n. f. pl. Argent qu'un acquéreur
ou un locataire donne pour garantir l'exécution
d'un marché verbal et qu'il perd s'il
rompt le marché. Le marché est-il conclus?
donnez des arrhes. Il s'est engagé, puisqu'il a
pris des arrhes. Donner des arrhes à un tailleur.

Il se disait autrefois figurément dans le
sens d'Assurance et de gage. Les bonnes
OEuvres sont les vraies arrhes du salut. Les
présents sont des arrhes d'amitié.

ARRIÈRE. adv. de lieu. Loin, bien loin. Il
n'est guère usité en ce sens que dans certaines
phrases elliptiques par lesquelles on
enjoint de se retirer, de s'éloigner, et qui
marquent l'horreur ou le mépris. Arrière
Satan. Arrière les médisants.

En termes de Marine, Vent arrière, Vent
qui souffle de la poupe. Aller vent arrière.
Avoir vent arrière.

Il s'emploie aussi comme nom masculin,
pour désigner la Partie postérieure d'une
chose. L'arrière d'une voiture. L'arrière d'un
navire,
La moitié de la longueur d'un bâtiment,
depuis le grand mât jusqu'à la poupe.
Les gens de l'arrière, Tous ceux, tant militaires
que civils, qui, dans une guerre, ne
prennent point part aux opérations.

ARRIÈRE se joint à certains noms comme
adverbe ou comme préposition. Arrière-
boutique. Arrière-grand-père.

EN ARRIÈRE, loc. adv. Vers le lieu ou vers
le côté qui est derrière. Aller en arrière.
Retourner en arrière. Faire un pas en arrière.
Se porter en arrière. Votre coiffure est trop en
arrière. Penchez-vous un peu en arrière. Il est
resté bien loin en arrière.

Fig. et fam., Cette affaire ne va ni en avant
ni en arrière,
Elle est toujours dans le même
état.

Fam., Il me loue en face et me déchire en
arrière,
Il me déchire quand je suis absent.

Figurément, il signifie En retard. Vous êtes
bien en arrière, et je crains que votre tâche ne
soit pas achevée à temps. Ce fermier est toujours
en arrière pour ses paiements. Il est en arrière
de trois termes pour son loyer.

EN ARRIÈRE DE, loc. prép. Un corps placé
en arrière d'un autre. En arrière de la ligne
de bataille. Être en arrière de son temps. Cet
écolier est très en arrière de ses camarades.

ARRIÈRE-BAN. n. m. Voyez BAN.

ARRIÈRE-BEC. n. m. T. d'Architecture.
Angle, éperon de chaque pile d'un pont, en
aval. Des arrière-becs.

ARRIÈRE-BOUCHE. n. f. T. d'Anatomie.
Synonyme de PHARYNX.

ARRIÈRE-BOUTIQUE. n. f. Pièce placée
immédiatement et de plain-pied derrière la
boutique. Il a ses marchandises les plus précieuses
dans son arrière-boutique. Ce marchand
couche dans son arrière-boutique. Des arrière-
boutiques.

ARRIÈRE-CORPS. n. m. T. d'Architecture.
Partie renfoncée de la façade d'un bâtiment,
par opposition à AVANT-CORPS qui en
désigne la partie saillante.

ARRIÈRE-COUR. n. f. Petite cour qui,
dans un corps de bâtiment, sert à dégager
et à éclairer les appartements. Cette maison
a une arrière-cour fort commode. Des arrière-
cours.

ARRIÈRE-FAIX. n. m. Ce qui reste dans
la matrice après la sortie du foetus, c'est-
à-dire le placenta, le cordon ombilical et les
membranes qui enveloppaient le foetus.

ARRIÈRE-FIEF. n. m. Fief mouvant d'un
autre fief. Des arrière-fiefs.

ARRIÈRE-GARANT. n. m. T. de Jurisprudence.
Garant du garant. Il est peu usité.
Des arrière-garants.

ARRIÈRE-GARDE. n. f. Partie d'une
armée, d'un corps de troupes qui marche la
dernière. Les ennemis donnèrent, tombèrent
sur l'arrière-garde. Ils harcelaient perpétuellement
l'arrière-garde. On mit notre bataillon à
l'arrière-garde. Notre marche était protégée
par l'arrière-garde. L'arrière-garde d'une armée
navale. Les vaisseaux qui forment l'arrière-
garde. Des arrière-gardes.

ARRIÈRE-GOÛT. n. m. Goût que laissent
dans la bouche certains aliments ou certaines
liqueurs, différent de celui qu'on avait éprouvé
d'abord. Il se prend le plus souvent en mauvaise
part. Ce vin laisse un arrière-goût. Des
arrière-goûts.

ARRIÈRE-GRAND-MÈRE. n. f. et

ARRIÈRE-GRAND-PÈRE. n. m. La mère,
le père de la grand-mère, du grand-père.
Des arrière-grand-mères, des arrière-grands-
pères.

ARRIÈRE-MAIN. n. f. Coup du revers
de la main. Dans ce sens, il n'est guère usité
qu'au jeu de Paume. J'ai gagné la partie par
un beau coup d'arrière-main,
elliptiquement,
par un bel arrière-main.

Par extension, Avoir l'arrière-main belle,
Jouer bien du revers de la raquette ou du
battoir.

En termes de Manège et d'Art vétérinaire,
il signifie Partie postérieure du cheval, par
opposition au corps et à l'avant-main. Les
défectuosités de l'arrière-main. Des arrière-
mains.

ARRIÈRE-NEVEU. n. m. Fils du neveu
ou de la nièce, par rapport à l'oncle ou à la
tante.

Dans le style soutenu, Nos arrière-neveux,
La postérité la plus reculée.

ARRIÈRE-PENSÉE. n. f. Pensée que l'on
tient secrète, intention que l'on cache, tandis
qu'on en manifeste une autre. Il y a dans cette
proposition quelque arrière-pensée dont je me
défie. Il y a dans cette démarche une arrière-
pensée qui se démêlera avec le temps. Des
arrière-pensées.
Il se prend le plus souvent
en mauvaise part.

ARRIÈRE-PETITS-ENFANTS. n. m. pl.

ARRIÈRE-PETIT-FILS. n. m. et ARRIÈRE-
PETITE-FILLE.
n. f. Les enfants, le fils ou
la fille du petit-fils ou de la petite-fille, par
rapport au bisaïeul ou à la bisaïeule. Louis XV
était arrière-petit-fils de Louis XIV. Ce vieillard
a vu ses arrière-petits-fils, ses arrière-
petites-filles.

ARRIÈRE-PLAN. n. m. Plan en arrière
d'un autre. Les ouvertures dans cette chaîne
de collines laissent voir un arrière-plan de
rochers. Des arrière-plans.

Il se dit figurément de Quelqu'un qu'on
laisse ou qui reste volontairement à l'écart,
dans une position peu en vue. Sa modestie
le retient à l'arrière-plan.

ARRIÈRE-POINT. n. m. Point d'aiguille
qui empiète sur celui qu'on vient de faire.
Des arrière-points. On dit plutôt Point-
arrière.

ARRRIÉRER. v. tr. Retarder. On ne le dit
guère que dans Arriérer un paiement, Le
différer, ne pas le faire à son échéance.

S'ARRIÉRER signifie Demeurer en arrière.
L'infanterie s'arriéra.

Il signifie plus ordinairement Ne pas payer
aux échéances convenues. Un fermier qui s'est
arriéré.

Le participe passé ARRIÉRÉ, ÉE, est souvent
adjectif et signifie Qui est en retard.
Paiement arriéré. Réclamer un traitement
arriéré.

Des affaires arriérées, Des affaires qui n'ont
pu être examinées ou expédiées à temps.

En termes de Médecine, il se dit spécialement
des Enfants dont le développement

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