Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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maison, un logement. Arrêter une voiture. Arrêter des chevaux à la poste, une place à la diligence.

ARRÊTER signifie aussi, Résoudre et déterminer quelque chose, demeurer d'accord de faire quelque chose, en convenir. Après avoir bien examiné l'affaire, on arrêta telle chose, on arrêta que l'on ferait telle chose, de faire telle chose. Qu'a-t-on arrêté dans cette conférence? Il avait arrêté dans son esprit de donner sa démission. J'ai arrêté en moi-même de... Nous avons arrêté cela ensemble. Arrêter une marche, un plan de conduite. On ne peut encore rien arrêter sur cette affaire.

Arrêter un compte, arrêter des parties, Régler un compte, régler des parties.

ARRÊTER s'emploie souvent avec le pronom personnel, et signifie, Cesser d'aller, d'agir, de parler, etc. Il marchait à grands pas, mais il s'arrêta tout d'un coup. Il s'arrêta tout court. Une montre qui s'arrête. Il a travaillé, parlé deux heures sans s'arrêter. Il s'arrêta tout court au milieu de sa harangue. S'arrêter au milieu d'un récit, d'une lecture. L'orateur, le prédicateur fut obligé de s'arrêter. Pourquoi vous arrêter? Quand une fois il est en train de jouer, il ne sait pas s'arrêter. Vos enfants jettent des pierres, dites-leur de s'arrêter.

Prov. et fig., S'arrêter en beau chemin, Abandonner une entreprise dont la réussite paraît assurée.

ARRÊTER avec le pronom personnel, signifie particulièrement, Tarder, s'amuser, rester quelque temps dans un lieu sans en sortir. Où vous êtes-vous arrêté? Nous nous sommes arrêtés une heure chez lui. Allez vite et revenez sans vous arrêter. Il s'arrête à tous les coins, à toutes les bornes. Il s'arrête à tous les cabarets.

Il signifie aussi, Interrompre un voyage pour séjourner quelque temps dans un lieu. Nous nous arrêtâmes plusieurs jours à Bordeaux.

Il se dit figurément, et signifie, Se déterminer, se fixer. Après avoir écouté différentes propositions, il s'arrêta à la première. Après avoir vu toutes les étoffes qui étaient à vendre, je m'arrêtai à celle-là.

Il signifie aussi, Avoir égard, faire attention. S'arrêter aux apparences. Il ne faut pas s'arrêter à des bagatelles. Il ne faut pas s'arrêter à ce qu'il dit.

ARRÊTER est quelquefois neutre, et signifie, Cesser de marcher, de cheminer, pour faire une station en quelque endroit. Dans cette acception, il se dit surtout De ceux qui voyagent à cheval ou en voiture. Nous arrêtâmes à tel endroit, dans tel village, pour faire boire nos chevaux.

Il signifie aussi, en général, Cesser d'aller, d'agir, de parler. Dans cette acception, il s'emploie surtout à l'impératif. Dites au cocher d'arrêter. Arrête, pourquoi me fuir? Arrêtons un moment. Arrêtez, qu'allez-vous faire? Arrêtez, toutes vos paroles sont autant d'injures.

ARRÊTÉ, ÉE. participe Cet homme n'a pas la vue arrêtée, Il n'a pas la vue assurée. Il n'a pas l'esprit bien arrêté, Il n'est pas bien sensé.

Avoir des idées arrêtées, des principes arrêtés, une opinion arrêtée sur quelque chose, Avoir sur une chose des idées, des principes fixes, une opinion bien établie. C'est une affaire arrêtée, C'est une chose décidée, convenue.

En termes de Peinture, Dessin arrêté, esquisse arrêtée, composition arrêtée, Dessin terminé, esquisse, composition où l'on n'a plus rien à changer, à retoucher. Dessin arrêté, se dit aussi d'Un dessin tracé avec justesse et fermeté.

ARRÊTISTE. s. m. Compilateur ou commentateur d'arrêts, de déclarations, etc.

ARRHEMENT. s. m. Action d'arrher. Il a vieilli. On le disait particulièrement, autrefois, de L'achat de grains en vert et sur pied.

ARRHER. v. a. S'assurer d'un achat ou d'une location en donnant des arrhes. Arrher des marchandises.

ARRHÉ, ÉE. participe

ARRHES. s. f. pl. L'argent qu'un acquéreur ou un locataire donne pour assurance de l'exécution d'un marché verbal, et qu'il perd s'il rompt le marché. Le marché est-il conclu? donnez des arrhes. Il s'est engagé, puisqu'il a pris des arrhes. Donner des arrhes pour une place à la diligence.

Il se disait autrefois figurément, dans le sens d'Assurance et de gage. Les bonnes oeuvres sont les vraies arrhes du salut. Les présents sont des arrhes d'amitié.

ARRIÈRE. préposition et adverbe Loin. Il n'est guère usité que dans certaines phrases par lesquelles on enjoint de se retirer, de s'éloigner, et qui marquent l'horreur ou le mépris. Arrière de moi, Satan. Arrière les médisants.

En termes de Marine, Vent arrière, Vent qui souffle de la poupe. Aller vent arrière. Avoir vent arrière.

ARRIÈRE s'emploie comme substantif masculin, en termes de Marine, et signifie, La moitié de la longueur d'un bâtiment, depuis le grand mât jusqu'à la poupe. Il était à l'arrière du navire. Le gaillard d'arrière. Aller de l'avant à l'arrière. Les voiles, les canons de l'arrière.

ARRIÈRE est aussi préposition inséparable, et se joint à certains substantifs, pour marquer, en général, que la chose ou la personne dont il s'agit est placée derrière une autre, est postérieure à une autre. L'arrière-corps, l'avant-corps d'un bâtiment. Arrière-neveu. Arrière-nièce. Des arrière-neveux. Des arrière-nièces. Etc.

ARRIÈRE (EN). Locution adverbiale qui indique Mouvement, direction, position vers le lieu ou le côté qui est derrière. Aller en arrière. Retourner en arrière. Faire un pas en arrière. Se porter en arrière. Votre coiffure est trop en arrière. Penchez-vous un peu en arrière.

Fig. et fam., Cette affaire ne va ni en avant ni en arrière, Elle est toujours dans le même état.

Fam., Il me loue en présence, et me déchire en arrière, Et me déchire quand je suis absent.

EN ARRIÈRE signifie particulièrement, Derrière et à une certaine distance. Il est resté bien loin en arrière.

Il s'emploie également comme locution prépositive. Un corps, un objet placé en arrière d'un autre. En arrière de la ligne de bataille.

EN ARRIÈRE s'emploie figurément, pour marquer Un retard. Vous êtes bien en arrière, et je crains que votre tâche ne soit pas achevée à temps. Ce fermier est toujours en arrière pour ses payements. Il est en arrière de trois quartiers. Cet écolier ne fait aucun progrès, il est fort en arrière de ses camarades. Être en arrière de son siècle.

ARRIÈRE-BAN. s. m. Convocation qu'un souverain faisait autrefois de tous les nobles de ses États, pour les conduire à la guerre. Publier l'arrière-ban.

Il se disait, par extension et plus ordinairement, Du corps même de la noblesse. Convoquer, appeler, assembler l'arrière-ban. Dès que l'arrière-ban fut en marche. Voyez, au mot BAN, d'autres emplois de cette expression.

ARRIÈRE-BEC. s. m. T. d'Archit. Angle, éperon de chaque pile d'un pont, du côté d'aval.

ARRIÈRE-BOUCHE. s. f. T. d'Anat., synonyme de Pharynx.

ARRIÈRE-BOUTIQUE. s. f. Pièce placée immédiatement et dé plain-pied derrière la boutique. Il a ses marchandises les plus précieuses dans son arrière-boutique. Ce marchand couche dans son arrière-boutique.

ARRIÈRE-CORPS. s. m. T. d'Archit. Partie verticale d'un bâtiment ou d'une façade, qui est en retraite d'une autre.

ARRIÈRE-COUR. s. f. Petite cour qui, dans un corps de bâtiment, sert à dégager et à éclairer les appartements. Cette maison a une arrière-cour fort commode.

ARRIÈRE-FAIX. s. m. Ce qui reste dans la matrice après la sortie du foetus; c'est-à-dire, le placenta, le cordon ombilical, et les membranes qui enveloppaient le foetus.

ARRIÈRE-FIEF. s. m. Fief mouvant d'un autre fief. Cette terre avait plusieurs arrière-fiefs.

ARRIÈRE-GARANT. s. m. T. de Jurispr. Garant du garant. Il est peu usité.

ARRIÈRE-GARDE. s. f. La partie d'une armée qui marche la dernière. Les ennemis donnèrent, tombèrent sur l'arrière-garde. Ils harcelaient perpétuellement l'arrière garde. On mit notre bataillon à l'arrière-garde. Notre marche était protégée par l'arrière garde L'arrière garde d'une armée navale. Les vaisseaux qui forment l'arrière-garde.

ARRIÈRE-GOÛT. s. m. Goût que laissent dans la bouche certains aliments ou certaines liqueurs, différent de celui qu'on avait éprouvé d'abord. Il se prend le plus souvent en mauvaise part. Ce vin laisse un arrière-goût.

ARRIÈRE-MAIN. s. m. Coup du revers de la main. Dans ce sens, il n'est guère usité qu'au Jeu de paume. J'ai gagné la partie par un bel arrière-main.

Il s'emploie comme féminin dans cette phrase, Avoir l'arrière-main belle, Jouer bien du revers de la raquette ou du battoir.

ARRIÈRE-MAIN en termes de Manége et d'Art vétérinaire, La partie postérieure du cheval, par opposition au corps et à l'avant-main. Les défectuosités de l'arrière-main.

ARRIÈRE-NEVEU. s. m. Le fils du neveu, par rapport à l'oncle. C'est son arrière-neveu.

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