Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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TROMPERIE. s. f. Fraude, artifice employé pour tromper. Tromperie insigne, manifeste, visible, Je reconnus la tromperie. Il y a de la tromperie, prenez-y garde. Vous aurez de la peine à vous garantir de ses tromperies.

TROMPETER. v. a. Publier, crier à son de trompe. Il ne se dit guère qu'en parlant Des personnes que l'on assignait autrefois de cette manière à comparaître au ban de trois jours, ou, en termes de Pratique, à trois briefs jours. Trompeter un homme. On lui fait son procès, il a été trompeté par les carrefours.

Il s'emploie figurément, et signifie, Divulguer une chose qu'on devait tenir cachée. On lui avait recommandé le secret sur cette affaire, il a été la trompeter partout. Ce sens est familier.

TROMPETÉ, ÉE. participe

TROMPETER. v. n. Il se dit Du cri de l'aigle. Le corbeau croasse, l'aigle trompète.

TROMPETEUR. s. m. T. d'Anat. Muscle de la bouche. Voyez BUCCINATEUR.

TROMPETTE. s. f. Instrument à vent, tuyau d'airain ou d'autre métal, qui a un son très-éclatant, et dont on sonne principalement à la guerre, et dans les réjouissances publiques. Sonner de la trompette pour assembler la cavalerie, pour la faire marcher, pour l'animer au combat. Les fanfares des trompettes. Grand bruit de trompettes. Au son de la trompette. La trompette sonnait la marche, la charge, la retraite, etc. Emboucher la trompette. Il y a avait un concert de timbales, de tambours et de trompettes. Les peintres et les poëtes représentent ordinairement la Renommée embouchant la trompette. Il y a dans l'orgue un jeu qu'on appelle Le jeu de trompettes.

Fig., Emboucher la trompette, Prendre le ton élevé, sublime. Cela ne se dit guère que Des poëtes.

Prov. et fig., Déloger sans trompette, sans tambour ni trompette, Déloger, se retirer secrètement, sans faire de bruit. Cela se dit surtout D'un homme qui part ainsi pour ne pas payer ce qu'il doit ou pour fuir un danger.

Prov. et fig., À gens de village, trompette de bois, Il ne faut aux ignorants, aux gens grossiers, que des choses proportionnées à leur état, à leur goût, à leur intelligence.

TROMPETTE se dit figurément et familièrement d'Une personne qui a coutume de publier tout ce qu'elle sait. Cet homme est une vraie trompette. C'est la trompette de la ville, du quartier, etc.

Trompette parlante, Espèce de grande trompette, ordinairement de fer-blanc, dont on se sert pour faire entendre la voix de fort loin. Les trompettes parlantes sont d'usage sur mer, pour se faire entendre d'un vaisseau à un autre. On dit plus communément, Porte-voix.

Trompette marine, Instrument de musique qui n'a qu'une corde. Jouer de la trompette marine.

TROMPETTE en termes de Conchyliologie, se dit d'Un genre de mollusques à coquille univalve tournée en spirale, qu'on nomme autrement Buccin.

TROMPETTE. s. m. Celui dont la fonction est de sonner de la trompette. Bon trompette. Le trompette de telle compagnie. Il est trompette dans les hussards. Le cheval d'un trompette. Brigadier-trompette. Trompette-major. On envoya un trompette sommer la place.

Prov., fig. et pop., Il est bon cheval de trompette, il ne s'étonne pas du bruit, se dit D'un homme qui ne s'effraye pas des menaces, qui ne s'émeut pas de ce qu'on lui dit, soit pour l'intimider, soit pour l'embarrasser.

TROMPEUR, EUSE. adj. Qui trompe. Homme trompeur. Femme trompeuse. Valet trompeur. Guide trompeur. Visage trompeur. Il a la mine trompeuse. Dehors trompeurs. Discours trompeurs. Promesses trompeuses. Marchandises trompeuses. Apparence trompeuse.

Il est aussi substantif. C'est un trompeur. C'est une trompeuse. Il est reconnu pour un trompeur, pour un trompeur public. Souvent les trompeurs sont trompés.

Prov., À trompeur, trompeur et demi, Un trompeur mérite de trouver, ou trouve un trompeur plus fin que lui.

TROMPILLON. s. m. Diminutif. T. d'Archit. Petite trompe.

Trompe de voûte, Pierre ronde faisant partie des voussoirs d'une niche.

TRONC. s. m. (Le C ne se prononce pas.) Le gros d'un arbre, la tige considérée sans les branches. Un tronc d'arbre. On a coupé toutes les branches, il ne reste plus que le tronc. Le tronc de cet arbre est creux. Le tronc est pourri.

En termes d'Anat., Le tronc d'une artère, d'une veine, Leur partie la plus considérable qui n'a pas encore formé de branche.

TRONC se dit aussi, surtout en termes d'Anatomie, de La partie principale du corps, à laquelle les membres sont attachés, et qui comprend la tête, le thorax et le bassin.

Il se dit également Du buste du corps humain, dont on a séparé la tête, les bras et les cuisses. Un cadavre dont il ne reste que le tronc.

En Archit., Tronc de colonne, Fragment d'un fût de colonne.

TRONC se dit figurément, en Généalogie, de La ligne directe des ascendants et des descendants, d'où partent les branches ou lignes collatérales. Ces deux familles sont de deux branches qui sortent du même tronc.

TRONC signifie encore, Une boîte, un coffre de bois ou de fer posé ordinairement dans les églises, et qui a une fente pour recevoir l'argent des aumônes. Tronc pour les prisonniers, pour la fabrique de l'église, pour les enfants trouvés. Le tronc des pauvres. Mettre un tronc dans une église. Mettre dans le tronc. Vider le tronc.

Prov. et fig., Voler le tronc des pauvres, Faire des profits illégitimes aux dépens de ceux qui sont dans la nécessité.

TRONCHET. s. m. Gros billot de bois qui porte sur trois pieds.

TRONÇON. s. m. Morceau coupé ou rompu, de quelque objet plus long que large. Tronçon de pique, de lance, d'épée. Des tronçons de colonnes. Des tronçons de câble.

Il se dit particulièrement Des morceaux que l'on coupe de certains poissons, de certains reptiles qui ont plus de longueur que de largeur. Tronçons d'anguille, de brochet, etc. Couper par tronçons. Les tronçons de ce serpent remuent encore.

TRONÇONNER. v. a. Couper quelque chose par tronçons. Tronçonner une anguille, un brochet, etc.

TRONÇONNÉ, ÉE. participe

TRÔNE. s. m. Siége élevé où les rois, les empereurs, etc., sont assis dans les fonctions solennelles de la souveraineté. Trône magnifique. Trône superbe. Trône éclatant de pierreries. Le trône de Salomon. Le trône d'Assuérus. Le trône du roi était placé au bout de la galerie. Le roi, l'empereur se plaça sur son trône pour recevoir les ambassadeurs. Le roi étant sur son trône. La salle du trône.

TRÔNE s'emploie dans plusieurs phrases figurées, pour signifier, La puissance souveraine des rois, des empereurs, etc. Monter sur le trône, monter au trône, Prendre possession de la royauté. Prendre possession du trône. Chasser un prince du trône. Alexandre renversa le trône des Perses, s'empara du trône des Perses. Les bons ministres sont les appuis du trône, les soutiens du trône. Soutenir un trône chancelant. Relever un trône abattu. Le prince légitime fut chassé du trône par l'usurpateur. Cette victoire servit à affermir le nouveau prince sur le trône, à affermir le trône du nouveau prince. Tomber du trône. Descendre du trône. Aspirer au trône. L'héritier du trône. La majesté du trône. Trône héréditaire. Trône électif. Il avait des droits au trône.

Le discours du trône, Le discours que le roi prononce à l'ouverture de chaque session des chambres législatives.

TRÔNE se dit également Du siége élevé où le pape se met dans certaines cérémonies publiques. Le pape étant dans son trône.

Trône épiscopal, Le siége qui est au haut du choeur, dans les églises cathédrales, et où l'évêque se met quand il officie pontificalement. L'évêque étant dans son trône.

TRÔNES au pluriel, en termes de Théologie, est le nom d'Un des neuf choeurs des anges. Anges, Archanges, Trônes, Dominations, etc.

TRONQUER. v. a. Retrancher, couper une partie de quelque chose. Au propre, il ne se dit guère qu'en parlant Des statues. Les Goths ont tronqué la plupart des statues de Rome.

Il se dit figurément en parlant Des ouvrages d'esprit. Il a tronqué ce livre, il en a ôté deux chapitres. Il a tronqué ce passage. On ne l'emploie guère qu'en mauvaise part.

TRONQUÉ, ÉE. participe Statue tronquée.

Fig., Cet ouvrage est tronqué, Quelque partie essentielle de cet ouvrage a été évidemment omise ou retranchée.

TRONQUÉ se dit, particulièrement, De certaines choses dont l'extrémité ou la partie supérieure manque, soit qu'on l'ait retranchée, ou qu'elles ne l'aient jamais eue. Colonne tronquée. Placer des bustes sur des colonnes tronquées. Cône tronqué. Pyramide tronquée.

Il se dit, en Botanique, De ce qui est terminé brusquement à son extrémité, comme si on l'avait coupé transversalement. Les feuilles du tulipier sont tronquées.

TROP. adv. de quantité Plus qu'il ne

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