Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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manteau royal était rattaché par une agrafe de
diamants. Un vêtement qui vient se rattacher
sur l'épaule.

Il s'emploie aussi figurément et signifie Relier.
Rattacher une question à une autre. Cette
question se rattache à de grands intérêts.

RATTRAPER. v. tr. Reprendre, ressaisir.
On a rattrapé ce prisonnier.

Il signifie aussi Rejoindre quelqu'un à qui
on a laissé prendre les devants. Allez toujours
devant, je vous aurai bientôt rattrapé.
Fig., Cet
enfant a si bien travaillé depuis sa maladie qu'il
a rattrapé ses camarades.
Dans cette acception
et dans la suivante, il est familier.

Il signifie encore Regagner ce qu'on avait
perdu. Il avait perdu d'abord cinq cents francs,
mais il les a rattrapés. On ne peut pas toujours
rattraper le temps perdu.
Par extension, Il a
rattrapé le mot imprudent qui lui avait échappé.

Il signifie également, tant au propre qu'au
figuré, Attraper de nouveau, attraper une
seconde fois. Quand un renard s'est échappé
d'un piège, il est bien rare de l'y rattraper. Il
avait déjà perdu beaucoup d'argent dans cette
maison de jeu; comment s'y est-il laissé rattraper?

Fam., On ne m'y rattrapera plus; Bien fin
qui m'y rattrapera,
Je serai tellement sur mes
gardes qu'on ne me trompera plus en pareil
cas. Ces locutions signifient aussi : Je ne risquerai
plus pareille chose, je ne m'exposerai
plus à semblable aventure.

SE RATTRAPER signifie Se retenir, se raccrocher.
Il s'est rattrapé à une branche.

Il signifie au figuré Atténuer, compenser
une erreur, une faute qu'on était en train de
commettre. Il allait faire un impair, mais il
s'est adroitement rattrapé.

Il signifie également Se dédommager, regagner
ce qu'on a perdu. Il avait perdu une
grosse somme d'argent, mais il s'est presque
entièrement rattrapé. J'ai laissé passer beaucoup
de temps; je vais me rattraper en travaillant
davantage chaque jour.

RATURE. n. f. Action d'éffacer par des
traits de plume ce qu'on à écrit ou Résultat
de cette action. Faire des ratures. Un écrit
tout plein de ratures, chargé de ratures. Un
acte plein de ratures. Le notaire et les parties
ont approuvé les ratures de l'acte. Dans les
manuscrits de cet auteur on trouve à peine quelques
ratures.

RATURER. v. tr. Effacer ce qui est écrit,
en passant dessus des traits de plume. Il rature
tout ce qu'il écrit.
Absolument, Cet écrivain est
si soucieux de la correction qu'il n'a jamais
fini de raturer.

Le participe passé s'emploie adjectivement.
Un manuscrit très raturé, Où il y a beaucoup
de ratures.

RAUQUE. adj. des deux genres. Il se dit,
en parlant de la Voix, d'un Son rude, âpre et
comme enroué. Une voix rauque. Cet homme
a une voix forte, mais le son en est rauque. Il
a quelque chose de rauque dans la voix.

RAVAGE. n. m. Dommage, dégât fait avec
violence et rapidité. Les ennemis font de grands
ravages dans la campagne. Les sangliers, les
renards ont fait de grands ravages, beaucoup de
ravage dans ce pays.

Il se dit également des Dommages que
causent les tempêtes, les orages, les pluies,
les vents, etc. Les orages ont fait d'énormes
ravages. Le débordement de la rivière a fait
beaucoup de ravages. La tempête a fait d'affreux
ravages sur la côte. La gelée, la grêle a
fait bien du ravage dans les vignes.
Fig., Rien
n'est à l'abri des ravages du temps.

Il se dit de même en parlant des Maladies.
Cette épidémie a fait de grands ravages dans
la contrée.

Il se dit, figurément, du Désordre que les
passions causent. Les passions font de grands
ravages dans le coeur des hommes. La soif du

pouvoir et des richesses fait de grands ravages
dans les États.

RAVAGER. v. tr. Faire du ravage. Les ennemis
ont ravagé toute la province. Ces enfants
ont ravagé mon verger. Les sangliers ont ravagé
cette pièce de blé. Les pluies, les orages ont
ravagé ces contrées. Le débordement des eaux
a ravagé la campagne. La grêle a ravagé ces
vignes.

Le participe passé s'emploie adjectivement.
Un visage ravagé.

RAVAGEUR. n. m. Celui qui ravage. Il est
peu usité.

Il s'emploie aussi adjectivement. Un sanglier
ravageur. Les insectes ravageurs du blé.

RAVALEMENT. n. m. T. d'Architecture.
Travail qu'on fait à un mur, à une façade,
etc., lorsque, après les avoir élevés, on les
crépit de haut en bas; Résultat de ce travail.
Faire le ravalement d'un mur. Le ravalement
de cette maison est de plâtre.

Il se dit aussi du Nettoyage extérieur d'une
construction. On vient de terminer le ravalement
de cette maison.

RAVALER. v. tr. Avaler de nouveau.

Ravaler sa salive, La retirer en dedans de
sa gorge, en dedans de son gosier.

RAVALER se dit, figurément et familièrement,
en parlant de la Contrainte qu'on se
fait lorsque, étant sur le point de dire quelque
chose, on se retient par quelque considération.
Il a bien fait de ravaler ce qu'il voulait dire.
Ravaler un reproche, une observation.

Fig. et fam., Je lui ferai bien ravaler ses
paroles
se dit pour exprimer qu'on empêchera
quelqu'un de se servir de paroles offensantes,
ou qu'on le fera repentir de s'en être servi.

RAVALER signifie encore Rabaisser. On parlait
de lui trop avantageusement, mais vous
l'avez trop ravalé. Il veut ravaler le mérite de
tout le monde. Ravaler la gloire d'une belle
action.
Ce Philosophe voudrait ravaler l'homme
jusqu'à la condition des brutes. Comment peut-
il se ravaler à des actions si honteuses?

En termes d'Architecture et de Maçonnerie,
il signifie Faire le ravalement d'un mur d'une
construction. Ravaler un mur, une façade.

RAVALEUR. n. m. Ouvrier qui travaille
au ravalement.

RAVAUDAGE. n. m. Action de rapiécer,
de repriser à l'aiguille. Le ravaudage de vieux
bas.

Il se dit figurément et familièrement d'une
Besogne mal faite, faite grossièrement. Vous
n'avez fait là que du ravaudage.

Il se dit aussi, familièrement, des Ouvrages
de l'esprit qui ne sont faits que d'emprunts,
de pièces et de morceaux.

RAVAUDER. v. tr. Raccommoder, rapiécer,
repriser à l'aiguille. Ravauder des bas.

Il s'emploie souvent absolument. Elle s'occupe
à ravauder tout le long du jour. Elle gagne
sa vie à ravauder.

RAVAUDEUR, EUSE. n. Celui, celle dont
le métier est de raccommoder des bas, de
vieux habits; il est principalement d'usage
au féminin. Envoyer quelque chose chez la ravaudeuse.

RAVE. n. f. Pliante crucifère dont la racine
est une sorte de gros navet rond, large
et aplati.

Céleri-rave, Variété de céleri à racine renflée,
ronde et blanche.

RAVENELLE. n. f. T. de Botanique. Nom
vulgaire du radis sauvage et de la Moutarde
des champs.

RAVIER. n. m. Petit plat oblong où l'on
sert des radis, des hors-d'oeuvre.

RAVIGOTE. n. f. T. de Cuisine. Sauce piquante,
faite principalement de civette, d'estragon,
de pimprenelle, de cerfeuil, etc.

RAVIGOTER. v. tr. Remettre en force, en
vigueur une personne, un animal qui semblait
faible, exténué. Il se sentait faible, on lui a
fait prendre un cordial qui l'a ravigoté.
Il est
familier.

RAVIN. n m. Forte dépression de terrain,
vallon étroit et raide. Il y a beaucoup de ravins
dans ces montagnes. Le bord d'un ravin. Passer
un ravin profond. La cavalerie se trouva arrêtée
par un ravin impraticable. La voiture est tombée
dans un ravin.

RAVINE. n. f. Petit ravin. Avant d'arriver
à ce village, il faut passer une ravine.

RAVINEMENT. n. m. Action de raviner ou
Résultat de cette action. Le ravinement d'un
terrain.

RAVINER. v. tr. Creuser de sillons profonds.
Les pluies d'orage ont raviné les campagnes.
Des champs ravinés par l'orage.

Fig., Un visage raviné.

RAVIOLI. n. m. pl. T. emprunté de l'italien.
Petits carrés de pâte, renfermant de la
Viande hachée et bien assaisonnée, et que l'on
cuit dans du bouillon.

RAVIR. v. tr. Enlever de force, emporter
avec violence. Ravir une femme. Ravir le bien
d'autrui.

Il s'emploie aussi figurément et signifie
Enlever, ôter, priver de. Ravir l'honneur à une
jeune fille. Ravir à un général la gloire d'une
action.

RAVIR signifie encore Charmer l'esprit ou le
coeur de quelqu'un, faire éprouver un transport
d'admiration, de plaisir, etc. Les merveilles
que vous me racontez me ravissent. C'est
une beauté qui ravit tous ceux qui la voient,
qui ravit tous les coeurs. Cette musique a ravi
tous ceux qui l'ont entendue. Ce prédicateur,
cet avocat a ravi tout son auditoire.

Un homme ravi de joie, ravi d'admiration,
Un homme transporté de joie, d'admiration.

Par exagération et fam., Être ravi de quelque
chose,
En éprouver un vif plaisir, en être
bien aise. Je suis ravi de vous voir. Je suis
ravi de vos succès. Je suis ravi qu'il ait gagné
son procès. J'apprends que vous avez fait un
heureux mariage, j'en suis ravi.

RAVIR, dans le langage religieux, signifie
Transporter au ciel. Saint Paul fut ravi jusqu'au
troisième ciel.

Dans le langage mystique, Être ravi en extase,
Être transporté hors de soi par une forte
contemplation et par l'effet d'une grâce particulière.
Ce saint a été plusieurs fois ravi en
extase.

Fig., Être ravi en extase, Être transporté
hors de soi par un sentiment très vif d'admiration.
À la vue de ce grand monument, il fut
ravi en extase.

À RAVIR, loc. adv. De façon admirable.
Elle chante à ravir. Cette femme est belle à
ravir. Elle est mise à ravir, coiffée à ravir.

RAVISEMENT. n. m. Action de se raviser.
Par un ravisement soudain, il accorda ce qu'il
avait d'abord refusé.
Il est peu usité.

RAVISER (SE). v. pron. Changer d'avis.
Il voulait faire telle acquisition, mais il s'est
ravisé.

RAVISSANT, ANTE. adj. Qui enlève par
force. Un loup ravissant.

Il signifie au figuré Qui transporte d'admiration.
Une beauté ravissante. Un concert ravissant.
Cela est d'un goût ravissant. Cette femme
est ravissante.

RAVISSEMENT. n. m. Enlèvement qu'on
fait avec violence. Il n'est guère en usage
que dans ces locutions : Le ravissement d'Hélène,
le ravissement de Proserpine, le ravissement
d'Europe.

Il désigne aussi l'État de l'âme lorsqu'elle
est transportée de joie, d'admiration, etc. Il
était dans le ravissement.

Dans le langage mystique, il désigne l'État
d'une âme transportée hors d'elle-même par
l'extase.

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