Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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Page 2:407

C'est un homme qui n'est jamais prêt, C'est
un homme qui est toujours en retard, qui
n'a jamais fait à temps ses préparatifs.

PRÊT. n. m. Action par laquelle on prête.
Il est usité surtout en parlant de l'Argent.
Ce n'est pas une vente, une aliénation, ce n'est
qu'un prêt. Prêt à intérêt. Prêt qui ne porte
pas intérêt. Prêt d'honneur. Prêt usuraire. Prêt
sur gages, sur nantissement. Prêt sur dépôt
d'effets publics, sur consignation de marchandises.
Il leur demanda une hypothèque pour
sûreté du prêt qu'il leur consentait.

Il se dit aussi de la Somme prêtée. Prêt
considérable.

Il se dit en parlant d'Autres choses que de
l'argent. Je ne vous donne pas ce livre, ce n'est
qu'un prêt.

En termes d'Administration militaire, il
désigne la Somme allouée aux sous-officiers
et aux soldats pour leurs menus besoins. On
paie le prêt tous les dix jours. Toucher, recevoir
le prêt.

Prêt franc, Somme allouée aux sous-officiers
et aux hommes dispensés de vivre à
l'ordinaire, et qui leur sert non seulement
comme argent de poche, mais aussi pour
leur nourriture.

PRETANTAINE. n. f. Il n'est usité que dans
cette phrase familière : Courir la pretantaine,
Être toujours par voies et par chemins, faire
des escapades suspectes. On écrit plutôt aujourd'hui
PRETENTAINE.

PRÉTENDANT, ANTE. n. Celui, celle qui
prétend, qui aspire à une chose. Il y a plusieurs
prétendants à cette place, à cet emploi
.

PRÉTENDANT se dit spécialement d'un
Prince qui prétend à un trône.

Il se dit aussi de Celui qui aspire à la main
d'une femme. La fortune de cette veuve lui
attire beaucoup de prétendants.

PRÉTENDRE. v. tr. Soutenir, affirmer, être
persuadé de. Est-ce là ce que vous prétendez?
Prétendez-vous cela? Je prétends que cela n'est
pas vrai. Je prétends que mon droit est incontestable.
Et moi je vous prétends que mes vers
sont bons.

Il signifie aussi Vouloir, entendre. Si je
vous fais ce plaisir, je prétends que vous m'en
fassiez un autre. Je prétends bien qu'il me cède.
Je prétends faire ce voyage, rien ne m'en empêchera.

Il signifie encore Demander, réclamer comme
un droit. Je prétends un dixième, une moitié
dans cette société. Ce corps prétend le pas sur
tel autre. Il prétend marcher avant lui.

PRÉTENDRE est aussi intransitif et signifie
Aspirer à une chose. Il prétend à cette
charge, à cette place. Il n'y a rien de si élevé
à quoi il ne puisse prétendre. Il prétendait à la
main de cette jeune fille.

Le participe passé PRÉTENDU s'emploie
comme adjectif et se dit des Choses dont on
ne veut pas convenir, des qualités fausses ou
douteuses. Ce prétendu gentilhomme. C'est un
prétendu bel esprit. Il a allégué un prétendu
droit.

La religion prétendue réformée, On appelait
ainsi, autrefois, le Calvinisme.

PRÉTENDU, UE, s'emploie aussi substantivement,
dans le langage familier, en parlant
de Celui, de celle qui doit épouser la
personne dont on parle. Voilà mon prétendu.
Voilà sa prétendue
.

PRÊTE-NOM. n. m. Celui qui prête son
nom dans quelque acte où le véritable contractant
ne veut point paraître. Le fermier
nommé dans le bail de cette terre n'est qu'un
prête-nom. Cet étranger a employé un prête-
nom pour acquérir ce domaine
.

PRETENTAINE. n. f. Voyez PRETANTAINE.

PRÉTENTIEUX, EUSE. adj. Qui a des
prétentions. C'est un homme prétentieux. Substantivement,
Un prétentieux.

Il se dit aussi des Choses et signifie Où il
y a de la prétention, de l'affectation, de la
recherche. Il a le ton bien prétentieux. Un
style prétentieux.

PRÉTENTION. n. f. Droit que l'on a, ou
que l'on croit avoir, de prétendre, d'aspirer à
une chose; espérance, dessein, vue. J'ai renoncé
à cette prétention. Prétention juste, légitime,
téméraire, extravagante. Sa prétention n'est pas
fondée. Il ne sait pas borner ses prétentions.
Il a de grandes prétentions. Je n'ai pas
prétention de l'emporter sur vous. Rabattre de
ses prétentions.

Il signifie spécialement Exigences. On n'a
pu s'entendre avec lui, il a de trop grandes prétentions.

Il signifie encore Visée à l'esprit, au talent,
à la considération; affectation, recherche. Il
n'a pas de prétentions. Il n'a aucune prétention.
Elle est remplie de prétentions. C'est un
homme sans prétentions. Un exposé, un style
sans prétentions.

Cette femme a encore des prétentions, Elle
se croit encore jeune, jolie, elle veut plaire
par des qualités qui ne sont plus de son âge.

PRÊTER. v. tr. Fournir, donner. Si Dieu
lui prête vie. La nuit lui prêtait son ombre.

Prêter secours, aide, faveur, etc., Secourir,
aider, favoriser quelqu'un en quelque chose.

Prêter main-forte, Appuyer par la force
l'exécution des ordres de la justice. Il s'emploie
aussi dans un sens figuré. Il m'a prêté
main-forte dans cette polémique.

Prêter la main à quelque chose, Aider à faire
quelque chose, être complice de quelque chose.
Il s'emploie surtout en mauvaise part. Il a
prêté la main à ce vol, à ce meurtre.

Prêter la main à quelqu'un, L'aider à porter
quelque chose de pesant, à remuer, à soulever
quelque fardeau; et, figurément, L'aider à
réussir dans une entreprise. Prêtez-moi un
peu la main.
On dit de même Prêter l'épaule.

Prêter l'oreille, prêter attention, prêter silence,
Écouter, donner son attention, faire silence.

Prêter serment, Faire serment devant témoins.
Prêter serment devant un tribunal. Il
fut admis à prêter serment.

Prêter foi et hommage se disait d'un Vassal
qui rendait foi et hommage au seigneur duquel
il relevait.

Prêter son nom, Laisser faire en son nom
un acte où l'on n'a point d'intérêt, dont un
autre a les avantages et les charges. Il se
dit aussi de Celui qui autorise un autre à se
servir de son nom en quelque occasion.

Prêter sa voix, prêter son ministère à quelqu'un,
Parler pour lui, s'employer pour lui.

Prêter le flanc à l'ennemi, Se porter ou marcher
avec si peu de précaution qu'on puisse
être pris en flanc par l'ennemi.

Fig. et fam., Prêter le flanc, Donner prise.
Prêter le flanc à une accusation, à des soupçons.

PRÊTER s'emploie spécialement dans le sens
de Fournir une chose sous condition que celui
qui la reçoit la rendra; Permettre l'usage temporaire
d'une chose. Prêter de l'argent. Prêter
sa voiture. Prêter des meubles. Il nous a prêté
sa maison. Prêtez-moi cette brochure. Il ne rend
jamais les livres qu'on lui prête.

Il s'emploie absolument dans ce sens; c'est
alors le plus souvent d'argent qu'il s'agit.
C'est un homme qui n'aime pas à prêter. Prêter
à intérêt. Prêter sur gages.

Prêter à la petite semaine, Prêter pour un
temps très court et à un intérêt très élevé.

Prov., On ne prête qu'aux riches, On prête
plus volontiers à ceux qui sont en fonds et en
état de rendre; et, figurément et par extension,
On attribue volontiers de bonnes. ou de
mauvaises qualités, des traits d'esprit ou des
sottises à certaines personnes, d'après la réputation
qu'elles se sont faite.

PRÊTER signifie aussi Attribuer, imputer.
Prêter à quelqu'un des propos, des opinions, des
projets, des intentions, une action, un ouvrage,

une chanson, une plaisanterie. Prêter à une
personne des torts, un ridicule, un travers.

PRÊTER est aussi intransitif et signifie Fournir
matière à, donner lieu à. Prêter à la censure,
à la critique. Cette action prête à de fâcheuses
interprétations. Ce discours prête à la plaisanterie.
Sa conduite prête à rire. Ce que vous me
dites prête à penser.

Il s'emploie absolument en parlant du Cuir,
des étoffes, et autres choses de même nature,
qui s'étendent aisément quand on les tire. Du
cuir qui prête. Un bas qui prête. Une étoffe qui
prête.

Fig., C'est un sujet qui prête, se dit, en
parlant des Ouvrages de l'esprit, d'un Sujet
qui peut fournir des développements brillants,
suggérer des idées intéressantes.

SE PRÊTER signifie S'adonner, se laisser aller
momentanément à quelque chose. Se prêter à
l'espérance, à l'illusion.

Il signifie aussi Consentir par complaisance
à quelque chose, se plier à. Je me prêterai à
cet accommodement. Il se prête a tout ce qui fait
plaisir aux autres. Il s'est prêté à de vilaines
manoeuvres.

Le participe passé PRÊTÉ s'emploie substantivement
dans ces locutions : C'est un prêté
pour un rendu,
La victime de ce mauvais procédé
saura prendre sa revanche; C'est un prêté
rendu,
C'est une juste représaille.

PRÉTÉRIT. (On prononce le T final.) n. m.
T. de Grammaire. Il se disait des Temps
passés et ne se dit plus guère aujourd'hui que
du Passé simple.

PRÉTÉRITION. n. f. T. de Rhétorique. Figure
par le moyen de laquelle on parle d'une
chose en feignant de n'en vouloir pas parler.

En termes de Droit écrit, il se dit de l'Omission
que faisait un testateur, dans son testament,
d'un de ses fils ou d'un autre héritier
nécessaire. La prétérition annulait le testament.

On le dit aussi d'une Omission analogue
dans un contrat.

PRÉTERMISSION. n. f. Synonyme, moins
usité, de PRÉTÉRITION.

PRÉTEUR. n. m. T. d'Antiquité romaine.
Magistrat qui rendait la justice dans Rome ou
qui gouvernait une province : Un édit du préteur.
Le préteur de telle province
.

PRÊTEUR, EUSE. n. Celui, celle qui prête
à un autre de l'argent ou quelque autre chose.
Il n'est pas prêteur de son naturel. C'est un
prêteur sur gages. C'est un prêteur à gros intérêt.

Prov. et fig., La fourmi n'est pas prêteuse,
se dit en parlant d'une Personne qui n'aime
point à prêter.

PRÉTEXTE. n. m. Cause simulée, supposée;
raison apparente dont on se sert pour
cacher le véritable motif d'un dessein, d'une
action. Prétexte spécieux, plausible. Servir de
prétexte. Donner prétexte. Cela lui a fourni
un prétexte pour s'en aller. Il prend prétexte
de sa santé pour refuser toutes les invitations.
Il n'attend qu'un prétexte pour s'en aller. Il
cherche querelle sous le moindre prétexte.
L'amour du bien public n'est pas le véritable
motif de leur conduite, il n'en est que le prétexte.
Il ne cherche qu'un prétexte à se plaindre. Il ne
demande qu'un prétexte pour rompre. Il a pris
là un mauvais prétexte.

Il n'y a pas de prétexte à cela, il n'y a aucun
prétexte à cela,
Il n'y a pas même de raison
apparente pour dire ou pour faire la chose
dont il s'agit.

SOUS PRÉTEXTE DE, loc. prép. Sous prétexte
de justice, il poursuit une vengeance. Sous
prétexte de mener une enquête, il s'est offert un
agréable voyage.

SOUS PRÉTEXTE QUE, loc. conj. Sous prétexte
qu'il a besoin de se ménager, il refuse de venir.

PRÉTEXTE. n. f. T. d'Antiquité romaine.
Robe blanche bordée d'une large bande de
pourpre, et qui était une marque de dignité.

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