Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 2:390

Il s'emploie aussi figurément et signifie Presser,
attaquer, choquer quelqu'un. Vous me
poussez trop. Si vous le poussez davantage, il
sera obligé de se défendre. Il l'a poussé vivement
dans la dispute.

Pousser quelqu'un à bout, Le mettre en colère
à force d'abuser de sa patience. Vous me poussez
à bout.
On dit de même Pousser à bout la
patience de quelqu'un.

Pousser quelqu'un dans ses derniers retranchements,
Le forcer, dans une discussion, à donner
ses derniers arguments, à avouer ce qu'il avait
réussi à cacher ou à réserver jusque-là.

POUSSER signifie aussi Engager fortement,
inciter quelqu'un. On l'a poussé à se fâcher, à
se battre, à déshériter son fils. Je ne voulais pas
faire cette acquisition, c'est lui qui m'y a poussé
.

Il signifie encore, figurément, Porter en
avant quelqu'un, le faire avancer. C'est un tel
qui l'a poussé. Pour réussir dans cette carrière,
il faut être poussé par des gens influents. Se
pousser dans l'industrie, dans les finances
.

Pousser quelqu'un dans le monde, Lui faciliter
les moyens d'y faire sa fortune, d'accéder
à une situation supérieure.

Pousser un écolier, un élève, Lui faire faire
des progrès. Ce maître ne pousse pas assez ses
élèves. Il l'a poussé assez loin dans les mathématiques
.
Il se dit plus particulièrement des
Sujets que l'on distingue. Il ne s'occupe guère
de sa classe, mais il pousse les premiers
.

Pousser un cheval, Lui faire donner tout
l'effort dont il est capable. On dit, par analogie,
Pousser sa voiture, en parlant d'une Automobile.
Il ne faut pas pousser à fond le moteur.

POUSSER s'emploie aussi figurément en parlant
des Choses et signifie Porter, étendre.
Pousser la raillerie trop loin. Pousser l'impudence,
l'effronterie, la fourberie à l'extrême. Pousser
bien loin la patience. Pousser un raisonnement
jusqu'au bout. Il pousse la valeur jusqu'à
la témérité, la libéralité jusqu'à la profusion.
Il a poussé loin sa fortune. Pousser les choses
à l'extrême. Pousser un raisonnement jusqu'au
bout.

Pousser ses succès, Les augmenter, les continuer.
On dit dans le même sens : Pousser son
avantage. Pousser sa pointe.

Pousser son travail, Le faire avancer. On
dit de même Pousser des travaux, les pousser
avec activité.

Pousser une affaire, La poursuivre avec activité.
Pousser le siège d'une place, etc.

Pousser jusqu'au bout l'aventure, Suivre jusqu'à
son dénouement, jusqu'à sa conclusion
une aventure dans laquelle on s'est engagé.

Pousser les choses au noir, Avoir un parti
pris de pessimisme.

Pousser une chose aux enchères, Porter l'enchère
jusqu'à un certain prix. Il a poussé ce
tableau jusqu'à cent mille francs
.

Absolument et familièrement, Poussez! Allez
toujours, continuez. Il est vieux.

POUSSER se dit en outre des Arbres et des
plantes, dont les racines, les branches, les
fleurs, etc., croissent, se développent. Les
arbres commencent à pousser des boutons, des
feuilles. Cet arbre pousse ses racines entre deux
terres. Cet arbre ne pousse que du bois
.

POUSSER est aussi intransitif et signifie
Croître, se développer. Il se dit particulièrement
de Toute croissance qui a lieu dans les
arbres et dans les plantes. Les arbres commencent
à pousser. Ces fleurs poussent déjà.
Les blés ont bien poussé.

Il se dit aussi de la Barbe, des cheveux,
du poil, des dents, des ongles, etc. Sa barbe,
ses cheveux, ses ongles ont beaucoup poussé
pendant sa maladie. Le poil des chevaux pousse
pendant l'hiver. Il a poussé une nouvelle dent
à cet enfant
.

POUSSER, intransitif, signifie aussi Exercer
une poussée, une pression. Il se dit spécialement,
en termes d'Architecture, des Terres,
des voûtes, etc., qui font effort, par leur poids,
contre les constructions destinées à les soutenir.
Les terres ont poussé contre le mur du
quai, de la terrasse. L'arche a poussé contre
les culées du pont
.

Ce mur pousse en dehors, Une pression le
porte en dehors, il subit une déformation et
menace ruine.

Fig. et fam., Pousser à la roue, Aider. Il
aurait obtenu cette grâce si quelqu'un avait
poussé à la roue
.

POUSSER signifie encore Se porter en avant,
s'avancer. Il a poussé droit à son adversaire.

Pousser aux ennemis, Aller aux ennemis
pour les charger. Il est vieux et ne se disait
que de la Cavalerie.

Fam., Pousser jusqu'à tel endroit, Continuer
sa route, sa marche jusqu'à tel endroit. Nous
poussâmes jusqu'à la ville. Poussons jusqu'à
ce village, et là nous ferons une halte
.

Ce tableau pousse au noir, Ses couleurs noircissent.

POUSSER, intransitif, se dit aussi des Chevaux
qui ont la respiration difficile. Un cheval
qui pousse. Ce cheval pousse beaucoup.

Vin poussé, Vin gâté par une chaleur qui
le fait fermenter hors de saison.

POUSSETTE. n. f. Nom de divers jeux
d'enfants.

Il désigne aussi une Petite voiture que l'on
pousse.

POUSSIER. n. m. Menu charbon, poussière
de charbon qui demeure au fond d'un bateau,
d'un sac, d'un coffre, d'un seau à charbon.
Du poussier d'anthracite. Du poussier de coke.

POUSSIÈRE. n. f. Particules très fines de
terre ou de toute autre matière réduite en
poudre. Le vent soulève la poussière. La poussière
vole partout, pénètre partout. Il fait beaucoup
de poussière. Il s'éleva des tourbillons de
poussière. Un nuage de poussière. La poussière
entre dans les yeux. Des meubles tout
couverts de poussière. La poussière d'une bibliothèque.
Des livres pleins de poussière. Secouer
la poussière de ses souliers. La pluie a abattu
la poussière. Un grain de poussière.
Fig.,
L'homme n'est que cendre et poussière.

Fig., Réduire en poussière, mettre en poussière,
Détruire, anéantir.

Poétiquement, Mordre la poussière, Être
tué dans un combat. Il fit mordre la poussière
à son ennemi.

Fig. et par une sorte de mépris, La poussière
du greffe, la poussière de l'école, la poussière
des bibliothèques, etc
., Le greffe, l'école, les bibliothèques,
etc. Il est vieux.

En termes de Botanique, Poussière fécondante,
Corpuscules qui sont réunis comme
une poussière dans les anthères des étamines
et qui sont le principe de la fécondation. On
dit plutôt Pollen.

POUSSIÉREUX, EUSE. adj. Qui est plein
de poussière, couvert de poussière. Ce livre
est bien poussiéreux. La route est poussiéreuse
.

POUSSIF, IVE. adj. Qui a la pousse. Il
ne se dit proprement que des Chevaux. Un
cheval poussif.

Il se dit, par extension et familièrement, des
Personnes qui ont quelque peine à respirer.
Substantivement, C'est un gros poussif.

POUSSIN. n. m. Petit poulet nouvellement
éclos. La poule et les poussins. Une poule qui
appelle ses poussins, qui rassemble ses poussins.

POUSSINIÈRE. n. f. Grande cage pour élever
les poulets; Couveuse artificielle.

POUSSOIR. n. m. T. de Mécanique. Il se
dit généralement d'une Pièce destinée à transmettre
une poussée.

Il se dit spécialement, en termes d'Horlogerie,
d'un Cylindre terminé par un bouton
qu'on pousse pour faire sonner une montre à
répétition.

Il se dit, en termes de Chirurgie, de Tout
instrument servant à pousser hors de l'oesophage
ou d'ailleurs les corps étrangers.

POUT-DE-SOIE. n. m. Voyez POU-DE-SOIE.

POUTRE. n. f. Grosse pièce de bois équarri,
qui sert à soutenir les solives d'un plancher et
qu'on emploie encore dans diverses sortes de
constructions. Poutre de chêne. Poutre de sapin.
Équarrir une poutre. Une poutre à vive arête.
Mettre une poutre en place.

Fig., dans le style de l'Écriture, Voir une
paille dans l'oeil de son prochain et ne pas voir
une poutre dans le sien
, Remarquer jusqu'aux
moindres défauts d'autrui et ne pas voir les
siens, quelque grands qu'ils soient.

POUTRE se dit aussi, dans les constructions
modernes, de Grosses barres de fer en forme
de double T, d'éléments en ciment armé, etc.,
servant au même usage que les poutres de bois.
Une poutre en fer. Une poutre en béton armé.

POUTRELLE. n. f. Petite poutre. Il se dit
spécialement des Solives de fer en forme de
double T.

POUVOIR. (Je puis ou je peux, tu peux, il
peut; nous pouvons, vous pouvez, ils peuvent.
Je pouvais. Je pus, tu pus, il put; nous pûmes,
vous pûtes, ils purent. J'ai pu. Je pourrai. Je
pourrais. Que je puisse. Que je pusse. Que j'eusse
pu. Pouvant.
) v. intr. Avoir la faculté, être
en état de. Pouvoir marcher. Je pourrais sortir.
Je ne puis vous répondre. Je ne peux pas
dormir. Il n'a pu réussir dans cette affaire
.
Quand le pronom je doit suivre le verbe, on
préfère puis à peux. Puis-je vous être utile?

Sauve qui peut, Se sauve qui pourra, se
tire du péril qui pourra. Le cri de sauve qui
peut se fit entendre.

Prov., Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait!
Si la jeunesse avait de l'expérience et
que la vieillesse eût de la force!

POUVOIR s'emploie au subjonctif présent par
une manière de voeu, de souhait. Puisse le ciel
vous donner de longs jours! Puissiez-vous réussir
dans vos projets! Puissent vos projets réussir!
Puisse-t-il arriver bientôt!

POUVOIR se dit encore pour marquer la possibilité
de quelque événement, de quelque dessein.
Un accident pourrait arriver. Cela se peut
faire. Cela pourrait bien être. Cela se peut. Cela
ne se peut pas. Il pourrait bien en mourir
.

Il s'emploie impersonnellement soit seul,
soit avec le pronom Se, dans cette acception.
Il se peut que votre projet réussisse. Il pourra
venir un temps meilleur. Il pourra, il pourrait
arriver que... Il se pourrait que...

Peut-être. Voyez cette expression à son rang
alphabétique.

POUVOIR s'emploie aussi transitivement et
signifie Avoir l'autorité, le crédit, le moyen,
la faculté, etc., de faire. Vous pouvez tout sur
lui, sur son esprit. Si je puis quelque chose pour
votre service, je m'y emploierai avec joie. C'est
un homme qui peut beaucoup dans l'affaire
dont il s'agit. Je ne puis rien en cela. Il peut
tout ce qu'il veut. Je ne puis pas y aller.

On ne peut plus, on ne peut mieux, Il n'est
pas possible de faire ou d'être plus, de faire
ou d'être mieux. Il est on ne peut plus aimable.
Il s'y conduisit on ne peut mieux.

N'en pouvoir plus, N'en plus pouvoir, Être
dans un accablement causé soit par la vieillesse,
soit par la maladie, soit par la fatigue,
le travail, la faim, la soif, ou encore par la
souffrance morale, l'inquiétude, le chagrin. Je
n'en puis plus. Il est fatigué à n'en pouvoir
plus. Il est accablé de travail, il n'en peut plus.
Je n'en puis plus de soif, de lassitude. Quand
il est arrivé chez lui, il n'en pouvait plus. J'ai
trop souffert, je n'en puis plus. Après tout ce
qu'il a enduré, il n'en peut plus. Ce cheval n'en
peut plus.

N'en pouvoir mais, Ne pouvoir plus ou N'y
rien pouvoir. Je suis désolé de ce qui arrive : je
n'en peux mais, je n'en puis mais
.

POUVOIR. n. m. Faculté de faire. En ce
sens il ne se dit qu'au singulier. Je n'ai ni le
pouvoir ni la volonté de vous nuire. Je n'en
ai pas le pouvoir. Il est en pouvoir d'obliger.

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.