Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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Écrouer, élargir un prisonnier. On la retient prisonnière depuis longtemps.

Pain des prisonniers, Le pain que l'État fournit tous les jours aux prisonniers.

Prisonnier d'État, Celui qui est arrêté, qui est renfermé pour quelque action contraire à la sûreté de l'État.

Prisonnier de guerre, Celui qui a été pris à la guerre. Il a été fait prisonnier de guerre. On fit trois mille prisonniers. On a renvoyé ce prisonnier sur sa parole, on l'a renvoyé sans rançon. On fit l'échange des prisonniers. La garnison est prisonnière de guerre. Il est prisonnier sur sa parole, sur parole. Voyez PAROLE.

PRIVATIF, IVE. adj. T. de Gram. Qui marque privation. Particule privative. En français, la particule in est privative au commencement de plusieurs mots, comme Incorrigible, insoutenable, inaccessible, indigne, etc. L'a fait souvent le même effet dans la langue grecque, et on l'appelle Alpha privatif.

PRIVATIF s'emploie quelquefois substantivement. Un traité des privatifs.

PRIVATION. s. f. Perte, absence, manque d'un bien, d'un avantage qu'on avait, ou qu'on devait, qu'on pouvait avoir. La privation de la vue. La privation de l'ouïe. La privation du sentiment. C'est un homme qui est dans la privation de toutes choses. On châtia cette ville par la privation de ses priviléges. La privation des droits civils.

Il signifie, dans le langage de l'ancienne Philosophie, Absence d'une forme qu'un sujet peut avoir. Aristote reconnaît trois principes des choses naturelles, la matière, la forme, et la privation.

PRIVATION signifie aussi, L'action de se priver volontairement, de s'abstenir de quelque chose dont on pourrait jouir. Privation volontaire. S'exercer, s'habituer aux privations. S'imposer des privations. À force de privations, il a amassé un petit pécule.

Vivre de privations, Manquer de beaucoup de choses nécessaires.

PRIVATIVEMENT. adv. Exclusivement, à l'exclusion. Il n'est guère usité que dans cette locution, Privativement à tout autre. Ce qu'il demandait lui a été accordé privativement à tout autre.

PRIVAUTÉ. s. f. Familiarité extrême. Il vit dans cette maison avec beaucoup de privauté.

Prendre, se permettre des privautés, Prendre de grandes libertés: cela se dit surtout Des libertés prises avec les femmes. Il prend avec elle de certaines privautés.

PRIVÉ, ÉE. adj. Qui est simple particulier, qui n'a aucune charge publique. C'est un homme privé. Vivre en homme privé. Une personne publique est obligée à plus de circonspection qu'une personne privée.

Il se dit aussi Des choses, et il est opposé à Public. Il préfère les douceurs de la vie privée aux embarras de la grandeur. Ce prince a des vertus privées. Il faut sacrifier l'intérêt privé à l'intérêt public.

Autorité privée, se dit par opposition à Autorité publique, ou à Autorité légitime Il a mis cet homme en prison de son autorité privée. Ce jeune homme a fait telle action de son autorité privée, et sans l'aveu de son père.

Prison privée, ou, dans le style des anciennes ordonnances, Chartre privée, se dit par opposition à Prison publique. Il est défendu par les lois d'avoir des prisons privées. Tenir quelqu'un en chartre privée.

Acte sous seing privé, Acte fait sans l'intervention de l'officier public.

En son propre et privé nom, se dit en parlant Des dettes et des obligations personnelles que l'on contracte. Il s'est obligé dans le contrat en son propre et privé nom. Sous peine d'en répondre en son propre et privé nom.

Parler, agir en son propre et privé nom, Parler, agir de son chef, sans commission de personne.

Conseil d'État privé, ou Conseil privé, Le conseil où présidait le chancelier, et où se jugeaient les affaires des particuliers dans lesquelles le roi n'avait point d'intérêt. On l'appelait autrement Conseil des parties. --- Il se dit aujourd'hui d'Un conseil particulier, qui ne s'assemble que d'après une convocation expresse ordonnée par le roi, et faite par le président du conseil des ministres.

Vie privée, est Le titre de certains ouvrages où l'on raconte les actions particulières et privées d'un personnage public. La Vie privée de Louis XV.

PRIVÉ signifie aussi, Qui est apprivoisé. En ce sens, il est opposé à Farouche, sauvage, etc. Un oiseau privé. Un moineau privé. On se sert d'un canard privé pour attirer les canards sauvages.

Fig. et fam., C'est un canard privé, se dit D'un homme dont on se sert pour faire tomber dans le piége ceux qui se fient à lui. Défiez-vous de cet homme-là, c'est un canard privé. Cette manière de parler a vieilli.

PRIVÉ signifie aussi, Familier. En ce sens, il ne se dit guère que pour marquer un excès de familiarité. Ce domestique se rend un peu trop privé avec ses maîtres. Dans ce sens, il est peu usité.

PRIVÉ. s. m. Lieux d'aisances, l'endroit de la maison destiné pour y aller faire ses nécessités.

PRIVÉMENT. adv. Familièrement, d'une manière privée, libre et familière. Ils ont toujours vécu privément, fort privément ensemble. Il a vieilli.

PRIVER. v. a. Ôter à quelqu'un ce qu'il a, ce qu'il possède, l'empêcher de jouir de quelque avantage qu'il avait ou pouvait avoir, le dépouiller de quelque chose qui lui appartient. L'arrêt qu'on a rendu contre lui, le prive de tous ses biens, le prive de ses droits civils. On l'a privé de tous ses avantages. Sa dernière fluxion l'a entièrement privé de la vue. Priver un homme de la vue de ses enfants, de sa femme, de ses amis.

Il s'emploie quelquefois avec le pronom personnel. Par là ils se sont privés de toute sorte de secours. Il s'est privé de sa liberté.

PRIVER avec le pronom personnel, signifie aussi, S'abstenir. Se priver du plaisir de la comédie, de la chasse, de la promenade. Il faut savoir se priver des choses qui ne sont pas nécessaires.

PRIVER signifie quelquefois, Apprivoiser, rendre privé. Cette espèce d'oiseau est la plus difficile de toutes à priver.

PRIVÉ, ÉE. participe Corps privé de sépulture. Corps privé de vie. Homme privé de sa raison, privé de raison. Être privé de l'usage de ses membres. Voyez PRIVÉ, ÉE, adjectif.

PRIVILÉGE. s. m. Faculté accordée à un particulier ou à une communauté, de faire quelque chose, ou de jouir de quelque avantage qui n'est pas de droit commun. Privilége temporaire. Privilége perpétuel. Privilége exclusif. Un privilége fort étendu. Privilége nouveau. Privilége d'imprimer, pour imprimer. Privilége pour vingt ans. Privilége pour une manufacture. Demander un privilége. Obtenir, accorder, refuser un privilége. User, abuser de son privilége. Se servir de son privilége. Ôter un privilége. Un livre imprimé avec approbation et privilége. Privilége du roi. La plupart des priviléges sont abolis par nos lois actuelles.

Il signifie aussi, L'acte qui contient la concession d'un privilége. Un privilége signé en commandement. Un privilége scellé du grand sceau. Dresser un privilége. Enregistrer un privilége. Produire son privilége. Surprendre un privilége. Casser, annuler un privilége. Faire rapporter un privilége.

PRIVILÉGE se dit également de Toutes sortes de droits, de prérogatives, d'avantages attachés aux charges, aux emplois, aux conditions, aux états, etc. Les charges de secrétaire du roi avaient certains priviléges. C'est un privilége de sa charge. Privilége de l'âge. Les priviléges de la noblesse. Les priviléges de la pairie. Les princes du sang ont de grands priviléges. Privilége clérical.

PRIVILÉGE en termes de Jurisprudence, Titre à la préférence, droit que la qualité de la créance donne à un créancier d'être préféré aux autres créanciers, même hypothécaires. Priviléges sur les meubles. Priviléges sur les immeubles. La femme n'a point de privilége, pour la répétition de sa dot, sur les créanciers qui lui sont antérieurs en hypothèque. Distribuer le prix d'un immeuble suivant l'ordre des priviléges et hypothèques. Être payé par privilége et préférence sur le prix d'un immeuble. En cas de novation, les priviléges et hypothèques de l'ancienne créance ne passent point à celle qui lui est substituée.

PRIVILÉGE se dit aussi Des dons naturels, soit du corps, soit de l'esprit. La raison est un privilége qui distingue l'homme des animaux. La beauté est un heureux privilége.

PRIVILÉGE signifie quelquefois, Certaines libertés, certaines prérogatives que l'on s'attribue dans la société, ou que les autres vous accordent. Il a le privilége de faire et de dire dans cette maison tout ce qu'il lui plaît. C'est un homme qui a des priviléges que d'autres n'ont pas. La vieillesse donne des priviléges.

PRIVILÉGIÉ, ÉE. adj. Qui a un privilége, qui jouit d'un privilége. Il y avait autrefois des marchands privilégiés. Toutes les personnes privilégiées.

En Jurispr., Créancier privilégié, Celui qui a droit d'être payé préférablement aux autres. On dit de même, Créance privilégiée.

En Jurispr. can., Cas privilégié, Cas dans lequel le juge séculier prenait connaissance des crimes d'un ecclésiastique, et le jugeait

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