Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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Il signifie aussi Ce qui vient de nous. Ne
mettons rien, n'ajoutons rien du nôtre dans le
rapport que nous avons à faire, dans le récit de
l'événement.

LES NÔTRES s'emploie de même substantivement
et désigne Ceux qui sont de notre
famille, nos parents. Nous et les nôtres. C'est
un devoir pour nous d'avoir soin des nôtres,
d'aider les nôtres.

Il désigne aussi Ceux qui sont de notre pays,
de notre parti, de notre compagnie. Celui-là
est-il des nôtres? Il n'est pas des nôtres, il s'entend
avec nos ennemis. Les nôtres se sont bien
comportés dans le combat. Ne serez-vous pas
des nôtres
?

Fam., Nous avons bien fait des nôtres, Nous
avons fait beaucoup de folies, de bons tours,
nous nous sommes bien divertis. Il est alors
féminin.

NÔTRE, sans article, s'emploie quelquefois
comme adjectif. Nous pouvons compter sur lui,
il est nôtre,
Il est de notre parti, il nous est
dévoué. Ces meubles sont nôtres, Ils nous appartiennent.
On dit plutôt aujourd'hui : Ces meubles
sont à nous.

NOTRE-DAME. n. f. Nom sous lequel on
désigne la Vierge Marie. Une prière à Notre-
Dame.
La dévotion à Notre-Dame.

Il se dit, par extension, de Certaines fêtes
de la Vierge. La Notre-Dame d'août, de septembre.

Il se dit surtout des Églises qui lui sont
consacrées. Notre-Dame de Paris. Notre-Dame
d'Amiens. Le bourdon de Notre-Dame.

NOTULE. n. f. Courte note.

NOUE. n. f. T. d'Arts. Endroit où se rencontrent
les surfaces inclinées de deux combles.

Il se dit aussi d'une Lame de plomb, de zinc
ou de cuivre placée à cet endroit.

Il se dit également d'une Tuile creuse servant
à l'écoulement des eaux. Les noues d'une
lucarne.

NOUE. n. f. Ancien lit d'un cours d'eau où
les eaux ont une tendance à revenir en cas de
débordements.

Par analogie, il se dit d'une Terre grasse
et humide, d'une sorte de pré servant à la
pâture des bestiaux.

NOUER. v. tr. Lier au moyen d'un noeud.
Nouer un ruban, une cravate.

Pop. et fig., Nouer l'aiguillette. Voyez AIGUILLETTE.

Fig., Nouer une alliance, Conclure une alliance.
Nouer une intrigue, Former une intrigue.
Nouer amitié, Lier amitié.

NOUER se dit figurément en parlant des
Pièces de théâtre et signifie Former le noeud,
l'obstacle qui donne lieu à l'intrigue. Il a noué
fortement l'action, l'intrigue de sa pièce.

En termes d'Arts, il signifie Rattacher les
fils de la chaîne ou de la trame quand ils se
cassent.

NOUER signifie, par extension, Envelopper
dans quelque chose, en faisant un noeud. Nouer
de l'argent dans le coin d'un mouchoir.

SE NOUER ou NOUER, intransitif, signifie,
en termes d'Arboriculture, Passer de l'état de
fleur à celui de fruit. Les pommes, les citrons,
les poires commencent à se nouer. Les abricots
ne nouent pas encore.

Cet enfant se noue, cet enfant est noué, Il
présente à ses articulations des épaississements
semblables à des noeuds, qui sont des
signes de rachitisme.

Fig., Un esprit noué, une intelligence nouée,
Un esprit, une intelligence qui ne se développent
pas.

Cet homme est noué de goutte, La goutte s'est
fixée dans les jointures de ses membres. Avoir
les articulations nouées par la goutte.

NOUET. n. m. Linge noué, dans lequel on a
mis quelque substance pour la faire infuser ou
bouillir. Un nouet de rhubarbe. Mettre un nouet
de fines herbes dans une sauce.

NOUEUX, EUSE. adj. Qui a beaucoup de
noeuds, en parlant du Bois. Le hêtre n'est pas
si noueux que le chêne. Un bâton noueux.

Il signifie aussi Qui présente des nodosités.
Doigts noueux. Par extension, il se dit de Ce
qui produit des nodosités. Rhumatisme noueux.

NOUGAT. n. m. Sorte de pâte faite d'amandes
et de sucre.

NOUILLES. n. f. pl. Sorte de pâte faite avec
de la farine et coupée en lanières étroites et
minces. Un plat de nouilles.

NOULET. n. m. T. d'Arts. Canal pour l'écoulement
des eaux, fait avec des noues, c'est-à-
dire avec des tuiles creuses, des lames de
cuivre ou de plomb recourbées, etc.

Il se dit aussi des Petits chevrons qui forment
le fond de la noue entre deux combles.

NOUMÈNE. n. m. T. de la philosophie de
Kant qui désigne l'Objet en soi, par opposition
à Phénomène, qui désigne l'objet tel qu'il nous
apparaît en passant par notre esprit.

NOURRAIN. n. m. Le fretin, le petit poisson
qu'on met dans un étang pour le repeupler. Il
est synonyme d'Alevin.

NOURRICE. n. f. Mère qui allaite son enfant.
Elle a été la nourrice de tous ses enfants.

Il se dit aussi d'une Femme qui allaite
l'enfant d'une autre. Le médecin a recommandé
une nourrice pour cet enfant.

Mettre un enfant en nourrice, Le donner à
une nourrice hors de chez soi. Retirer un enfant
de nourrice,
Le retirer de chez la nourrice.

Cet enfant a été changé en nourrice, La nourrice
l'a substitué à celui qu'elle avait reçu des
parents.

Prov., Il faut qu'il ait été changé en nourrice.
Voyez CHANGER.

Les mois de nourrice, Le temps qu'un enfant
est resté en nourrice. Il se dit, familièrement
et par plaisanterie, en parlant des Personnes
qui veulent se rajeunir. Cette femme se donne
vingt-cinq ans, mais elle ne compte pas les mois
de nourrice.

Fig., Battre sa nourrice, Attaquer les personnes
ou les choses auxquelles on est redevable
de son éducation, de sa fortune. Les
écrivains modernes qui attaquent les anciens
sont des enfants qui battent leur nourrice.

NOURRICIER, IÈRE. adj. Qui sert à la
nutrition, qui nourrit. Le suc nourricier. La
sève nourricière.
Spécialement, Père nourricier,
Le mari d'une nourrice.

NOURRIR. v. tr. Sustenter, servir d'aliment.
Les aliments propres à nourrir l'homme.
Cette fertile région produit tout ce qui est nécessaire
pour nourrir hommes et animaux.

Absolument, Le pain nourrit beaucoup. Certaines
viandes nourrissent trop.

Cet enfant, cet animal se nourrit bien, se
nourrit mal,
Les aliments lui profitent bien,
ne lui profitent pas.

Par analogie, Cet arbre n'a pas de quoi se
nourrir,
Il est planté dans une mauvaise terre
où il ne trouve pas un suc convenable et suffisant.

Fig., Ce blé, ce grain est bien nourri, Il est
bien plein, bien rempli.

Fig., Un style nourri, Un style riche, plein,
abondant. Un ouvrage nourri de pensées, de
réflexions,
Un ouvrage où les pensées justes,
les réflexions judicieuses abondent. On dit
aussi Un écrivain nourri des bons auteurs, Un
écrivain qui fait preuve d'une grande connaissance
des bons auteurs.

En termes de Peinture, Une couleur nourrie,
Une couleur bien empâtée. Un trait nourri,
Un trait qui n'est pas trop fin.

En termes de Calligraphie, Cette lettre est
bien nourrie,
Les traits qui la forment ont
beaucoup de corps. Elle n'est pas bien nourrie,
Elle est plus déliée qu'il ne faut.

En termes de Musique, Nourrir les sons,
Faire qu'ils soient pleins et les soutenir pendant
leur durée.

En langage militaire, Feu nourri, fusillade
nourrie,
Fusillade violente.

NOURRIR signifie aussi Élever un nouveau-
né on l'allaitant. Elle a nourri ses trois enfants.
Absolument, Cette femme nourrit.

Il signifie encore Entretenir d'aliments. Je
l'ai vêtu et nourri pendant dix ans. Les enfants
sont obligés de nourrir leur père et leur mère
dans le besoin. Je lui donne tant par an pour me
loger et pour me nourrir. On est bien nourri, on
est mal nourri dans cette pension, dans cet hôtel.
Être logé et nourri. Les oiseaux de proie se nourrissent
de chair. L'homme se nourrit de pain,
de viande, de légumes, etc. Cet anachorète ne se
nourrit que de racines sauvages.

Fig., N'être pas nourri, N'être pas suffisamment
nourri, être mal nourri. Les enfants ne
sont pas nourris dans cette pension, dans ce
collège. Les domestiques ne sont pas nourris
dans cette maison.

Par plaisanterie, Cet homme est bien nourri,
Il a beaucoup d'embonpoint.

NOURRIR signifie au figuré Instruire, élever.
Ce jeune homme a été nourri dans l'amour de la
vertu, dans la haine du vice. Il a été nourri aux
lettres latines.

Fig., Il nourrit un serpent dans son sein, Il
élève, il protège, il assiste un ingrat, un méchant
qui le perdra, qui le ruinera quelque
jour.

NOURRIR se dit aussi d'un Pays qui ordinairement
en fournit un autre de vivres, d'une
terre, d'un domaine qui donne au propriétaire
de quoi le faire subsister, d'une profession qui
procure de quoi vivre à celui qui l'exerce. La
Sicile nourrissait Rome. Cette terre le nourrit,
lui et toute sa famille. Ce métier ne nourrit pas
son homme.

Il signifie quelquefois Produire, porter, renfermer.
L'Afrique nourrit beaucoup d'animaux
féroces. Cette terre nourrit une race d'hommes
forts et courageux. Cette mer nourrit des poissons
voraces et destructeurs.
En ce sens, il vieillit.

NOURRIR signifie, au figuré, Donner un aliment.
Nourrir son imagination de chimères. Se
nourrir de la parole de Dieu. Il se nourrit d'idées
tristes.

Il signifie aussi, figurément, Entretenir, faire
subsister, faire durer. Nourrir l'espoir, le mécontentement,
l'orgueil de quelqu'un. Nourrir
dans son âme une passion malheureuse, un
amour sans espérance, des souvenirs pleins de
charmes. Nourrir en soi une illusion.

Nourrir un numéro à la loterie, Mettre sur
le même numéro à chaque tirage, en augmentant
toujours la mise.

NOURRIR se dit également de Certaines choses
qui en entretiennent d'autres, qui les font
profiter. La bonne terre nourrit les plantes, les
arbres. Mettre du fumier au pied d'un arbre pour
le nourrir. Le bois nourrit le feu
.

Fig., Nourrir un dossier. Les services mutuels
nourrissent l'amitié. L'étude, la lecture, la conversation
des hommes éclairés nourrit l'esprit.

NOURRISSAGE. n. m. T. d'Économie rurale.
Il n'est usité que dans cette locution : Le
nourrissage des bestiaux,
Le soin et la manière
de nourrir et d'élever les bestiaux. On dit dans
le même sens et plus souvent L'élève des bestiaux
ou L'élevage des bestiaux.

NOURRISSANT, ANTE. adj. Qui sustente,
qui nourrit beaucoup. Cette viande contient des
principes très nourrissants. Un régime trop peu
nourrissant.

NOURRISSEUR. n. m. On appelle ainsi,
à Paris et dans les autres grandes villes, Celui
qui nourrit des vaches pour faire commerce de
leur lait.

NOURRISSON. n. m. Enfant qu'une femme
nourrit de son lait. La nourrice et son nourrisson.
Il se dit aussi d'un Enfant qu'une
femme a nourri de son lait. C'est mon nourrisson.

Il se dit aussi, figurément, pour Élève, dans

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