Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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quatre mendiants, ou, plus souvent, Une assiette
de mendiants.

MENDICITÉ. n. f. État d'indigence qui
amène à mendier. Il est réduit à la mendicité.

Il désigne aussi le Fait de mendier et les
mendiants pris collectivement. La mendicité
est interdite. Dépôt de mendicité.

MENDIER. v. intr. Demander l'aumône. Il
est défendu de mendier dans cette ville.

Il s'emploie aussi transitivement et signifie
Solliciter à titre d'aumône. Mendier son
pain.

Fig., Mendier son pardon. Mendier le secours,
l'assistance, la protection de quelqu'un. Mendier
des lettres de recommandation. Mendier des
compliments. Il va mendier les suffrages des
uns et des autres.

MENEAU. n. m. T. d'Architecture. Montant
ou traverse de bois, de pierre ou de fer
qui partage l'ouverture d'une croisée. Les
meneaux d'une fenêtre gothique.

MENÉE. n. f. Pratique secrète et artificieuse
dont on se sert pour faire réussir quelque dessein.
Menée sourde. Dangereuse menée. Menées
souterraines. J'ai épié, j'ai découvert ses menées.
Il a tant fait par ses menées, que...

En termes de Chasse, Suivre la menée, être
à la menée de la bête,
Prendre la route de la
bête qui fuit.

MENER. v. tr. Conduire quelqu'un vers un
être ou une chose. Vous savez le chemin, menez-nous.
Si vous n'y êtes jamais allé, je vous
y mènerai. Mener un enfant à l'école. Mener
la mariée à l'autel. Mener un aveugle par la
main. Menez-moi chez lui. Mener des troupes
au combat, à l'assaut, au feu.

Par extension, Ce chemin mène à tel endroit,
On va, par ce chemin, à tel endroit.

Prov., Tout chemin mène à Rome. Voyez
CHEMIN. Cela ne mène à rien, On n'en saurait
espérer aucun avantage.

Prov. et fig., C'est un aveugle qui mène l'autre.
On dit aussi C'est un aveugle qui en conduit
un autre.
Voyez AVEUGLE.

MENER signifie aussi Conduire par force en
quelque endroit. Mener en prison. On le menait
au supplice.

Mener le deuil, dans une cérémonie funèbre,
Être à la tête des parents, des amis, de toutes
les personnes qui forment le cortège. On dit
plutôt aujourd'hui Conduire le deuil.

Mener la danse, Être à la tête de ceux qui
dansent. On a dit dans le même sens Mener
le branle.

Fig., Mener la danse, Entraîner les autres,
prendre l'initiative et la direction d'un mouvement.
Une terrible rébellion s'organise : c'est
ce fameux agitateur qui mène la danse.
On dit
aussi Mener le branle, mener le jeu.

MENER se dit aussi des Animaux. Mener les
bêtes aux champs. Mener paître des vaches.
Mener les chevaux boire, les mener à l'abreuvoir.
Mener les chevaux au marché. Mener un cheval
à la main. Mener des chiens en laisse.

Fig., Mener de front. Voyez FRONT.

MENER signifie également Diriger un véhicule,
une embarcation. Mener une charrette.
Mener un bateau, une barque.
Absolument, J'ai
un cocher qui mène grand train.

Fig., Mener bien sa barque. Voyez BARQUE.

MENER signifie aussi Voiturer quelqu'un
ou quelque chose. Mener du blé au marché,
des marchandises à la foire, du bois par bateau.
J'ai là ma voiture, voulez-vous que je vous mène
quelque part?

MENER signifie en outre Se faire accompagner
de ou par. Il mène bien des gens à sa
suite. Il mena tout son monde avec lui.

MENER signifie au figuré Faire agir, gouverner
quelqu'un à sa guise. Il le mène comme
il veut. C'est un pauvre homme, il se laisse mener
par sa femme.

Fig. et fam., Mener quelqu'un à la baguette.
Voyez BAGUETTE.

Fig. et fam., Mener quelqu'un par le nez,
par le bout du nez, Abuser de l'ascendant
qu'on a sur quelqu'un pour lui faire faire
tout ce qu'on veut. C'est un homme à mener
par le nez,
C'est un homme faible, crédule,
sans caractère.

Fig. et fam., Mener quelqu'un en lisière,
tenir en lisières,
Tenir sous sa dépendance.

Fig. et fam., Mener quelqu'un en laisse. Voyez
LAISSE.

Mener doucement quelqu'un, Le conduire avec
ménagement, l'épargner, éviter de le fâcher,
de le révolter. C'est un enfant timide, menez-le
doucement. Mener rudement quelqu'un,
Le forcer
à faire ce qu'on veut.

Fig. et fam., Mener quelqu'un tambour battant,
le mener bon train, grand train.
Voyez
BATTRE et TRAIN.

Mener loin quelqu'un, L'engager dans une
affaire plus qu'il ne lui conviendrait; l'entraîner
dans une démarche dont on ne peut
prévoir les conséquences. Si vous prenez ses
paroles pour des vérités, il vous mènera loin.

Dans un sens un peu différent, Mener loin
quelqu'un,
Lui donner bien de la peine, lui
susciter bien des ennuis.

Il signifie, en termes de Chasse, Forcer à
suivre. Le cerf a mené bien loin la chasse; il
l'a menée jusqu'à tel endroit.

MENER se dit aussi figurément de Ce qui
dirige, de ce qui détermine les hommes. L'ambition,
l'intérêt le mène. Le talent mène plus
souvent à la réputation qu'à la fortune. Le jeu
mène loin.

MENER signifie encore, en parlant des Choses,
Administrer, diriger. Mener la maison, le ménage.
Mener une négociation, une affaire. Une
affaire bien menée.

Fam., Mener rondement une affaire, La traiter
avec activité, avec promptitude, sans trop
s'attacher aux détails.

Mener une vie sainte, une vie honnête, une
vie exemplaire, une vie scandaleuse,
Vivre saintement,
honnêtement, de manière exemplaire,
scandaleusement, etc.

Mener un train, un grand train, grand train.
Mener la vie à grandes guides.
Voyez TRAIN,
GUIDE.

Fig., Mener grand deuil de quelque chose,
En être fort attristé.

Fam., Mener grand bruit, Faire grand fracas.

Par extension, Mener loin quelqu'un, lorsqu'il
s'agit de choses qui se dépensent ou se
consomment, signifie Fournir longtemps aux
besoins de quelqu'un, lui durer longtemps.
Ces provisions peuvent encore nous mener loin.
Il s'emploie plus ordinairement avec la négation.
Cet argent ne le mènera pas loin, pas bien
loin, guère loin. Ces munitions ne nous mèneront
pas loin, ne peuvent nous mener bien loin.

On dit absolument Cela ne mène pas loin.

MÉNESTREL. n. m. Poète et musicien qui
allait, au moyen âge, de châteaux en châteaux,
chantant des vers composés par lui
ou par d'autres.

MÉNÉTRIER. n. m. Violoniste de village
qui escorte les noces et fait danser les invités.
Deux ménétriers précédaient le cortège. Faire
jouer les ménétriers.

MENEUR, EUSE. n. Celui, celle qui mène.
Meneur d'ours, Celui qui mène un ours dans
les rues et qui gagne sa vie à lui faire faire des
tours pour le plaisir des passants.

MENEUR se dit aussi de Celui qui amène
les nourrices aux bureaux qui se chargent de
leur procurer des nourrissons.

Il se dit, figurément et familièrement, de
Celui qui, dans une société, une réunion, une
entreprise, prend de l'ascendant sur les autres,
les guide et met toutes gens en mouvement
et toutes choses en train. Il est le meneur infatigable
de toutes les fêtes, de toutes les réjouissances.

Il se dit particulièrement des Chefs d'une
intrigue, d'une faction. Cette sédition a été
l'oeuvre de quelques meneurs. On arrêta les meneurs.

MENHIR. n. m. Il se dit des Blocs de pierre
de forme allongée, d'une hauteur quelquefois
considérable, dressés par les populations
préhistoriques, que l'on trouve en France,
notamment en Bretagne.

MÉNIANE. n. f. T. d'Architecture. Petite
terrasse ou balcon en avant-corps, ménagé
pour jouir de la vue du dehors et ordinairement
fermé de jalousies. Il n'est guère usité
qu'en parlant des Constructions d'Italie.

MÉNIANTHE. n. m. T. de Botanique. Plante
de la famille des Gentianes, à fleurs en bouquets
et à feuilles semblables à celles du trèfle,
qui croît dans les marais et dont on fait usage
en médecine. On la nomme aussi Trèfle d'eau.
On écrit aussi MINYANTHE.

MENIN. n. m. Jeune homme qui, dans l'ancienne
France, était attaché particulièrement
à la personne du Dauphin.

MÉNINGE. n. f. T. d'Anatomie. Chacune des
trois membranes qui enveloppent le cerveau
et qui se nomment la Dure-mère, la Pie-mère
et l'Arachnoïde.

MÉNINGITE. n. f. T. de Médecine. Nom
générique donné aux diverses inflammations
des méninges.

MÉNISQUE. n. m. T. d'Optique. Verre
convexe d'un côté et concave de l'autre.

Il désigne aussi la Surface terminale du
liquide dans la chambre barométrique, concave
ou convexe, suivant la nature de ce
liquide.

MÉNOLOGE. n. m. Traité sur le système
de la division en mois adoptée par tel ou tel
peuple.

Il se dit, par extension, du Martyrologe, ou
calendrier de l'Église grecque, divisé en douze
parties, pour les douze mois de l'année.

MÉNOPAUSE. n. f. T. de Médecine. Cessation
de la fonction menstruelle chez la femme.

MENOTTE. n. f. Mains d'un enfant. Prends
ce joujou dans tes gentilles petites menottes.

Il se dit, au pluriel, du Lien de fer ou de
corde qu'on met aux poignets d'un prisonnier,
d'un malfaiteur, pour lui ôter l'usage
des mains. Mettre les menottes à un prisonnier.
On dit plus spécialement CABRIOLET.

MENSE. n. f. Il se disait du Revenu d'une
abbaye, d'un évêché, etc. Mense abbatiale.
Mense conventuelle. Mense épiscopale.

MENSONGE. n. m. Propos contraire à la
vérité, tenu avec dessein de tromper. Un mensonge
impudent. Dire, faire, inventer, forger un
mensonge. Débiter des mensonges. Soutenir, réfuter,
combattre un mensonge. Être dupe d'un
mensonge. Discerner le mensonge d'avec la vérité.

Mensonge innocent, Mensonge sans conséquence,
qui ne peut nuire à personne. Le
mensonge que je vous ai fait est bien innocent
et ne mérite pas tant de reproches.

Mensonge pieux, Mensonge fait dans l'intention
d'être utile ou agréable à quelqu'un.
Plutôt que de l'alarmer sur son état, j'ai cru
devoir lui faire un mensonge pieux.

Dans le langage de l'Écriture, L'esprit du
mensonge, le père du mensonge,
Le diable.

Dans le langage poétique, il signifie Fable,
fiction, invention. La poésie vit de mensonges.
Les aimables mensonges de la Fable.

MENSONGE signifie aussi, figurément, Erreur,
vanité, illusion. Le monde n'est que mensonge.

MENSONGER, ÈRE. adj. Qui repose sur
un mensonge. Histoire mensongère. Discours
mensonger. Les plaisirs mensongers. Promesse
mensongère. Caresses mensongères.

MENSONGÈREMENT. adv. D'une manière
mensongère.

MENSTRUATION. n. f. T. de Médecine.
Ensemble des phénomènes qui, à des intervalles

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