Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 2:226

porte cochère, d'une devanture de boutique. Les montants d'une grille, d'une porte de fer.

Les montants d'une raquette, Les cordes qui vont du haut en bas.

MONTANT signifie aussi, Le total d'un compte, d'une recette, d'une dépense, etc. Le montant de ces sommes, de la recette, de la dépense, est de deux cent mille francs.

MONTANT se dit en outre d'Un ecclésiastique, d'un magistrat, d'un officier militaire, etc., à qui, par droit d'ancienneté, il appartient de monter à quelque place, à quelque charge, à quelque emploi, en cas de vacance. C'est un tel qui est le premier montant. Le premier montant à la grand'chambre. Ce lieutenant est le premier montant. Dans cette acception, il a vieilli.

MONTANT se dit encore Du goût relevé de certaines choses, de la vapeur qui sort de certaines substances. Ce vin a du montant. Donner du montant à une sauce. Ce tabac a beaucoup de montant.

MONTANT, ANTE. adj. Il se dit De tout ce qui monte. Un bateau montant. Il y a dans ce puits un seau montant et descendant. Un chemin montant. La marée montante.

En Maçonnerie, Joint montant, Le joint vertical de deux pierres. On ne voit aucun joint montant à la façade du Louvre.

En termes de Guerre, Garde montante, Celle qu'on place dans un poste, par opposition à Celle qu'on relève, et qu'on appelle Garde descendante.

MONTE. s. f. L'accouplement des chevaux et des cavales. Ce cheval, cet étalon a fait la monte.

Il signifie aussi, Le temps de cet accouplement. La monte commence en avril, et finit en juin.

MONTÉE. s. f. Endroit par où l'on monte à une montagne, à un coteau, à une éminence, etc. La montée de ce coteau est fort roide, est extrêmement roide. La montée en est rude, pénible, douce, aisée.

Il se dit, particulièrement, d'Une rampe douce au devant d'un édifice. La montée du Capitole, à Rome, a beaucoup de majesté.

Il signifie quelquefois, L'action de monter. Les chevaux ont ordinairement plus de peine à la descente qu'à la montée.

MONTÉE se dit encore d'Un petit escalier, dans une maison de pauvres gens. Montée étroite, roide, aisée. Monter, descendre la montée. Nettoyer, balayer une montée.

Il signifie en outre, populairement, Chacune des marches d'un escalier, d'un degré. Prenez garde, il y a là une montée rompue. Il monte, il descend les montées trois à trois, quatre à quatre.

Pop., Faire sauter les montées à quelqu'un, Le chasser honteusement de chez soi, et avec violence. S'il lui arrive de venir encore chez moi, je lui ferai sauter les montées.

MONTÉE se dit aussi, en Architecture, de La hauteur d'une voûte. Cette voûte surbaissée a pour sa largeur peu de montée.

MONTER. v. n. Se transporter dans un lieu plus haut que celui où l'on était. En ce sens, il se dit Des hommes et des animaux. Monter vite, facilement. Monter avec peine. Monter lentement. Monter plus haut, bien haut. C'est un pays inégal, on ne fait que monter et descendre. Monter sur un arbre, à un arbre, au haut d'un arbre. Monter à une tour, au haut d'une tour, au haut d'une maison. Monter à une échelle. Notre-Seigneur est monté au ciel. Il a monté quatre fois à sa chambre pendant la journée. Il est monté dans sa chambre, et il y est resté. Monter dans une voiture, en voiture. Monter à l'autel. Monter sur une hauteur, sur une montagne. Monter sur un escabeau, sur une chaise. Les écureuils montent au haut des arbres. Les chamois montent au haut des rochers. Monter à cheval, sur un cheval.

Fig., Monter à cheval, signifie aussi, Manier un cheval, lui faire faire le manége. Ce jeune homme apprend à monter à cheval. Cet écuyer montre bien à monter à cheval.

Monter en croupe, Se placer à cheval derrière quelqu'un. (Voyez vers la fin de la colonne suivante, Monter un cheval.)

Monter à l'assaut, Attaquer une place afin de l'emporter de vive force. Monter à la brèche, Faire tous ses efforts pour entrer par la brèche dans une place assiégée.

Monter sur un vaisseau, monter sur mer, S'embarquer sur un vaisseau. Nous montâmes sur tel vaisseau pour faire le trajet.

Monter en chaire, Prêcher. C'est une chose très-pénible que de monter tous les jours en chaire.

Monter sur le théâtre, sur les planches, Se faire comédien; et, Monter sur les tréteaux, Se faire bateleur.

Monter dans les carrosses du roi, ou simplement, Monter dans les carrosses, Être admis à l'honneur de monter dans les carrosses du roi.

Fig., Monter au faîte des honneurs, Parvenir aux plus grandes dignités. Monter au trône, sur le trône, Devenir roi ou reine.

Fig., Monter sur le Parnasse, Composer des vers, se livrer à la poésie.

Prov. et fig., Monter sur ses grands chevaux, Prendre les choses avec hauteur, montrer de la fierté, de la sévérité dans ses paroles.

Prov., fig. et pop., Monter sur ses ergots, Élever sa voix et son geste avec chaleur et audace.

Prov. et fig., Monter aux nues, Se mettre en colère. Quand on lui parle de cela, il monte aux nues. Vous me feriez monter aux nues.

MONTER signifie aussi, figurément, Passer à un poste, à un degré au-dessus de celui qu'on occupait. Il était sergent, et il est monté à la sous-lieutenance. Il était lieutenant, et il est monté au grade de capitaine, ou, par ellipse, quand l'avancement a lieu dans le même corps, Il est monté capitaine. On dit dans le même sens: Cet officier est monté en grade. Cet écolier était en troisième, il est monté en seconde.

MONTER signifie encore, S'élever. Il n'y a point d'oiseau qui monte plus haut que l'aigle. En ce sens, il se dit plus ordinairement De certains corps, tels que l'eau, le feu, les vapeurs, le son, etc. L'eau monte jusqu'au niveau de sa source. La flamme montait au-dessus des plus hautes maisons. Les vapeurs, les fumées du vin montent au cerveau. Ce vin monte à la tête. Il lui monte des chaleurs à la tête. Le feu, le sang, la rougeur, me montent au visage. La séve monte aux arbres. Le brouillard monte. La voix monte par tons et par demi-tons.

Il s'emploie figurément, dans le même sens. Les prières du juste, les cris des innocents qu'on persécute, montent au ciel. Le cri de son peuple est monté jusqu'à lui.

Le soleil, les astres montent sur l'horizon, Ils s'élèvent ou paraissent s'élever sur l'horizon.

Le soleil monte tous les jours, se dit Lorsque le soleil s'approche tous les jours de plus en plus de notre zénith.

Le baromètre monte, Le mercure qui est dans le tube du baromètre, monte. On dit de même, Le thermomètre monte.

Cette plante monte en graine, Elle n'est plus bonne à manger, et dans peu elle produira de la graine.

Fig. et fam., Cette fille monte en graine, Elle avance en âge, et ne trouvera bientôt plus à se marier.

Cet arbre monte trop haut, On le laisse trop croître. Ce mur monte trop haut, Il a trop d'élévation. Ce collet d'habit, cette robe, montent trop haut, Ils ont trop de hauteur. On dit dans le sens contraire, Cet arbre, ce mur, ce collet, etc., ne montent pas assez haut.

MONTER signifie aussi, Croître, s'accroître. Tout à coup la rivière monta de plusieurs pouces.

Il est plus usité au sens moral. Le luxe est monté au plus haut degré. Sa dépravation, sa cruauté, montèrent au comble. Sa vanité, depuis ce petit succès, monte à un tel point, qu'il en est ridicule. Son orgueil, son insolence, montèrent à un tel excès, que ses meilleurs amis furent forcés de l'abandonner.

MONTER signifie, en outre, Hausser de prix, croître en valeur. Le blé est monté jusqu'à trente francs l'hectolitre. Faire monter bien haut des meubles, des livres, en les enchérissant. Les actions ont monté beaucoup. Les effets publics monteront, à la paix.

MONTER se dit aussi D'un total composé de plusieurs sommes, de plusieurs nombres. Toutes ces sommes montent à cent mille francs. Les mémoires de ces ouvriers montent à tant. Son armée monte à vingt mille hommes. Les frais de son procès monteront bien haut. Dans la supputation d'un compte: Le tout montant à tant. Toutes les sommes montant à celle de tant.

Il s'emploie, dans le même sens, avec le pronom personnel. Toutes ces sommes se montent à cent mille francs. Son armée se montait à vingt mille hommes. Etc.

Ce mémoire monte bien haut, Il en coûtera beaucoup pour l'acquitter. Cette dépense n'a pas monté haut, Elle a peu coûté.

MONTER se prend activement dans plusieurs acceptions; par exemple, dans le sens de Se transporter en un lieu plus haut que celui où l'on était. Monter une montagne. Monter les degrés. Il a monté l'escalier. Etc.

Monter un cheval, Être monté sur un cheval. Il monte un cheval blanc. Ce cheval ne se laisse pas monter facilement.

Monter un cheval, signifie aussi, S'en servir habituellement. Voilà le cheval que je monte. Il signifie encore, Instruire, dresser un cheval. C'est ce piqueur qui a monté mon cheval. Je monte moi-même mes chevaux.

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.