Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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se dit en parlant De la conversion des âmes. Ce missionnaire a fait, dans l'Inde, une grande moisson.

MOISSONNER. v. a. Faire la récolte des blés et autres grains. Moissonner les froments, les orges, les avoines.

Moissonner un champ, Faire la moisson des grains qu'il a produits.

MOISSONNER s'emploie quelquefois absolument. On ne moissonne pas encore chez nous. On a moissonné ici.

Fig. et poét., Moissonner des palmes, des lauriers, Avoir de nombreux succès, remporter beaucoup de victoires.

Prov., d'après la Bible, Celui qui sème le vent moissonnera la tempête, Celui qui veut exciter des troubles, sera lui-même victime de troubles plus grands encore.

MOISSONNER signifie aussi figurément, Détruire, faire périr. La mort a moissonné un grand nombre d'hommes, des milliers d'hommes. La guerre, le fer, la peste a moissonné la plus grande partie des habitants de ce pays. Leur vie a été moissonnée dans sa fleur.

MOISSONNÉ, ÉE. participe

MOISSONNEUR, EUSE. s. Celui, celle qui moissonne, qui coupe les blés et autres grains. Bon moissonneur. Louer, payer des moissonneurs, des moissonneuses. On a mis des moissonneurs dans ce champ.

MOITE. adj.des deux genres Qui a quelque humidité, qui est un peu mouillé. Il a le front moite. Avoir les mains moites. Être tout moite de sueur. Ces draps ne sont pas bien séchés, ils sont encore moites. Durant le dégel, les murailles sont moites.

MOITEUR. s. f. Légère humidité, qualité de ce qui est moite. Ces draps ne sont pas bien secs, il y a encore de la moiteur. Il faut les chauffer pour en ôter la moiteur. Il a une petite moiteur aux mains. Il n'a plus de sueur, il ne lui reste qu'une légère moiteur. Après l'accès de la fièvre, il reste d'ordinaire un peu de moiteur.

MOITIÉ. s. f. L'une des parties d'un tout divisé, partagé également en deux. Les deux moitiés d'un cercle, d'un carré. Il a acheté trop cher de moitié. Il a été trompé de moitié, de plus de la moitié du juste prix. Il y a lésion d'outre moitié. Ce marchand surfait toujours de moitié, de la moitié. L'un est plus grand que l'autre de moitié. Il y a déchet de moitié. Il en faut retrancher la moitié. La majorité absolue des suffrages se compose de la moitié des voix, plus une. La moitié de cette succession lui appartient. Il a moitié dans cette succession. Il a sa moitié dans cette maison, il y a sa moitié. Il a moitié dans tous les meubles, il lui en appartient la moitié. Il a moitié partout.

Il signifie assez ordinairement, dans une acception moins rigoureuse, Une portion, une part qui est à peu près de la moitié. La moitié d'un pain, d'un poulet. Une moitié d'agneau. Mettre la moitié d'eau, moitié d'eau dans son vin. Faire bouillir de l'eau jusqu'à ce qu'elle soit réduite à la moitié, à moitié. La moitié de la vie se passe à souffrir. Passer la moitié du temps à la campagne. La moitié du temps il est sans argent. La moitié de son discours ne valait rien. Il a mangé la moitié de son bien. Il n'a fait encore que la moitié de son ouvrage. Il est plus beau de moitié. Je l'ai trouvé crû de moitié, rapetissé de moitié. Venez auprès de moi, je vous donnerai la moitié de ma place.

Couper, partager une chose par la moitié, La couper, la partager en deux moitiés. Le diamètre coupe le cercle par la moitié. Scier une pierre par la moitié.

Partager un différend, le différend par la moitié, se dit en parlant D'un marché, et signifie, Se relâcher des deux côtés sur ce qui empêche de conclure.

Partager quelque chose par moitié, Prendre chacun la moitié d'une chose qui était à partager. Partager les revenus, les bénéfices par moitié.

Offrir la moitié de son lit à quelqu'un, Offrir place dans son lit à quelqu'un. On dit, dans un sens analogue, Prendre la moitié du lit de quelqu'un.

À moitié, se dit en parlant De terres et d'affaires commerciales, pour signifier que le produit doit être partagé par moitié entre le propriétaire et le fermier, ou entre les deux associés. Donner, prendre des terres à moitié. Il laboure cette terre à moitié. Il fait ces vignes-là à moitié. Donner à moitié fruits. Prendre un marché avec quelqu'un à moitié de perte et de gain, à moitié perte et gain.

À moitié chemin, À la moitié du chemin. Il est resté à moitié chemin.

À moitié prix, Pour la moitié du prix ordinaire.

Être de moitié, se mettre de moitié avec quelqu'un, Faire avec lui une société dans laquelle la perte et le gain se partagent par moitié. Ils sont de moitié dans cette affaire. Si vous voulez jouer, je serai de moitié avec vous, dans votre jeu. Je me mettrai de moitié avec vous. Ils sont de moitié ensemble.

Prov. et fig., En rabattre de moitié ou de la moitié, en parlant D'une personne, signifie, L'estimer bien moins qu'on ne faisait. Je le croyais honnête homme; mais s'il a fait ce que vous dites, j'en rabats de moitié. On dit aussi, pour donner à entendre qu'un récit, un éloge, une plainte sont exagérés, Il en faut rabattre la moitié, il faut en rabattre moitié.

Pour les autres emplois des expressions À moitié et De moitié, voyez à la fin de l'article.

MOITIÉ se dit, figurément et familièrement, d'Une femme à l'égard de son mari. Comment se porte votre moitié? Il a perdu sa chère moitié.

MOITIÉ s'emploie aussi adverbialement pour signifier, À demi. Du pain moitié seigle, moitié froment. C'est une étoffe moitié soie, moitié laine. Il boit toujours moitié eau, moitié vin. Moitié l'un, moitié l'autre.

Vaisseau moitié guerre, moitié marchandise, Vaisseau chargé de marchandises, qui est armé et en état de se défendre.

Prov. et fig., Moitié guerre, moitié marchandise, se dit en parlant D'une conduite, d'un procédé équivoque et douteux. Cet homme a fait sa fortune moitié guerre, moitié marchandise. Il signifie aussi, Moitié de force, moitié de gré. On l'a fait consentir à cet arrangement moitié guerre, moitié marchandise.

Prov. et fig., Moitié figue, moitié raisin, Partie à contre-coeur, partie de bonne volonté; Partie bien, partie mal; Moitié sérieusement, moitié en plaisantant; etc.

Fig. et fam., Cet homme est moitié chair, moitié poisson, On a peine à dire de quelles moeurs, de quel naturel il est, ce qu'il aime, ce qu'il hait, ce qu'il veut, ce qu'il ne veut pas.

À MOITIÉ. loc. adv. En partie, à demi. Cela est à moitié pourri. Le tonneau est à moitié vide. La bouteille n'est qu'à moitié pleine. Il est à moitié ivre. Une maison à moitié ruinée, à moitié découverte. De l'argent plus d'à moitié dépensé. Notre vin est à moitié bu.

DE MOITIÉ. locution adverbiale usitée dans certaines phrases, comme, Il a été trop long de moitié dans son discours; cette sauce est trop poivrée de moitié; etc., Il a été beaucoup plus long qu'il ne fallait; cette sauce est beaucoup trop poivrée; etc.

MOKA. s. m. Le café qui vient de Moka, ville d'Arabie. Du café de Moka, ou simplement, Du moka. Du bon moka. Du vrai moka.

MOL, OLLE. adj. Voyez MOU.

MOLAIRE. adj. f. Il se dit Des grosses dents qui servent à broyer les aliments, et qu'on appelle autrement Mâchelières. Les dents molaires.

Il s'emploie aussi substantivement. Les petites molaires. Les grosses molaires.

MÔLE. s. f. Masse informe et inanimée, dont les femmes accouchent quelquefois, au lieu d'accoucher d'un enfant. Cette femme, que l'on a crue grosse pendant six mois, n'est accouchée que d'une môle.

MÔLE. s. m. Jetée de pierres fondée dans la mer, à l'entrée d'un port, pour rompre l'impétuosité des vagues, et pour mettre les vaisseaux plus en sûreté. Il n'est guère usité qu'en parlant De quelques ports de la Méditerranée. Les môles de Gênes. Le môle de Naples, de Barcelone. Les vagues passaient par-dessus le môle.

MOLÉCULAIRE. adj.des deux genres Qui appartient, qui a rapport aux molécules.

MOLÉCULE. s. f. Petite partie d'un corps. Les molécules de l'air, du sang. Molécules organiques, élémentaires, intégrantes.

MOLÈNE. s. f. T. de Botan. Genre de plantes laineuses dont une espèce, le Bouillon blanc, est employée en médecine comme pectorale.

MOLESTER. v. a. Vexer, tourmenter de quelque manière que ce soit, inquiéter par des embarras suscités mal à propos. Molester quelqu'un en lui suscitant des procès. Il les a fort molestés par ses chicanes, par ses propos, par ses sarcasmes.

MOLESTÉ, ÉE. participe

MOLETTE. s. f. Partie de l'éperon qui est ordinairement faite en forme d'étoile, et qui sert à piquer le cheval. Une molette d'éperon.

MOLETTE se dit aussi d'Une maladie des chevaux, qui consiste en une tumeur molle à la jambe.

MOLETTE se dit encore d'Un morceau de marbre, de verre, etc., taillé ordinairement en cône, dont la base est plane, et sert à broyer des couleurs ou d'autres corps, sur le marbre, le verre, le porphyre, etc.

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