Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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subjonctif avec une négation. Si ce n'est que. Il n'en fera rien, à moins que vous ne lui parliez. À moins que vous ne preniez bien votre temps, vous n'en viendrez pas à bout.

Il se construit, dans le même sens, avec l'infinitif et la préposition de, sans négation. Je ne pouvais pas lui parler plus fortement, à moins que de le quereller. On peut aussi supprimer le que. À moins d'être fou, il n'est pas possible de raisonner ainsi.

AU MOINS, DU MOINS. locutions conjonctives qui servent à marquer quelque restriction dans les choses dont on parle. Si vous ne voulez pas être pour lui, au moins ne soyez pas contre. S'il n'est pas fort riche, du moins il a, du moins a-t-il de quoi vivre honnêtement. On dit à peu près de même, Tout au moins, tout du moins, pour le moins. Donnez-lui tout au moins de quoi vivre.

AU MOINS signifie quelquefois, Sur toutes choses, et sert à avertir celui à qui l'on parle de se souvenir particulièrement de ce qu'on lui dit. Au moins prenez-y garde, c'est votre affaire. Au moins je vous en avertis. Au moins je m'en lave les mains. Au moins ne manquez pas de venir. N'y manquez pas au moins.

DE MOINS. loc. adv. De manque. Il y avait dix écus de moins dans ce sac.

Il sert aussi à exprimer quelque diminution, quelque rabais. On vous demande cinq francs de ce volume, vous l'aurez pour quelque chose de moins.

EN MOINS DE, DANS MOINS DE. loc. prépositives Dans un moindre espace de temps. J'aurai achevé en moins d'un an, d'un mois, d'une heure, d'un jour. Dans moins d'une demi-heure je serai à vous.

EN MOINS DE RIEN. loc. adv. Très-promptement, en fort peu de temps. J'aurai fini en moins de rien. Il a mangé son bien en moins de rien.

RIEN MOINS précédé du verbe Être, et suivi d'un adjectif, a le sens de la négation. Il n'est rien moins que sage, Il n'est point sage. --- Suivi d'un substantif, il peut avoir le sens positif ou négatif, selon la circonstance. Vous lui devez de la reconnaissance, car il n'est rien moins que votre bienfaiteur, Il est votre bienfaiteur. Vous pouvez vous dispenser de reconnaissance envers lui, car il n'est rien moins que votre bienfaiteur, Il n'est pas votre bienfaiteur.

RIEN MOINS ou plutôt RIEN DE MOINS, employé avec un verbe impersonnel, a aussi un sens négatif. Il n'y a rien de moins vrai que cette nouvelle, Cette nouvelle n'est pas vraie. --- Avec un verbe actif ou neutre, le sens de Rien moins serait équivoque, s'il n'était déterminé par ce qui précède. Vous le croyez votre concurrent; il a d'autres vues, il ne désire rien moins, il ne se propose rien moins que de vous supplanter, il n'aspire à rien moins qu'à vous supplanter, Il n'est point votre concurrent. Vous ne le regardez pas comme votre concurrent; cependant il ne désire rien moins, il ne se propose rien moins que de vous supplanter, il n'aspire à rien moins qu'à vous supplanter, Il est votre concurrent. Dans le premier sens, Il n'aspire à rien moins qu'à vous supplanter, et les phrases semblables, veulent dire, Vous supplanter est la chose à laquelle il aspire le moins; et dans le second sens, Il n'aspire à rien moins qu'à vous supplanter, veut dire, Il n'aspire pas à moins qu'à vous supplanter. --- Au reste, il est bon d'éviter cette façon de parler, à cause de l'équivoque qu'elle entraîne.

MOIRE. s. f. Apprêt que reçoivent, à la calandre ou au cylindre, par l'écrasement de leur grain, certaines étoffes de soie, de laine, de coton ou de lin, et qui leur communique un éclat changeant, une apparence ondée et chatoyante. Moire à grands, à riches effets. Moire à petites ondes. Cette popeline a bien pris la moire.

Il se dit aussi d'Une étoffe qui a reçu ce genre d'apprêt. Moire de soie, de laine, de coton, de fil. Moire grise, bleue. Habit, robe de moire.

MOIRER. v. a. Donner à une étoffe, par la pression de la calandre ou du cylindre, un éclat changeant, une apparence ondée et chatoyante. Moirer un gros de Naples, des rubans, des popelines.

MOIRÉ, ÉE. participe Ruban moiré. Robe de soie moirée. Étoffe de laine moirée.

Substantiv., Moiré métallique, Fer-blanc auquel on a donné, par le moyen de quelque acide, une apparence cristalline et chatoyante. Des plateaux de moiré métallique.

MOIS. s. m. Une des douze parties de l'année, dont chacune contient trente ou trente et un jours, excepté la seconde (février), qui est de vingt-huit jours seulement dans les années ordinaires, et de vingt-neuf dans les années bissextiles. Le mois de janvier, de février, de mars, d'avril, de mai, de juin, de juillet, d'août, de septembre, d'octobre, de novembre, de décembre. Le premier, le second, le troisième jour du mois, ou absolument, Le premier, le second du mois, le deux, le trois du mois. Quel quantième du mois avons-nous? Sa lettre est écrite, est datée du mois dernier. Les plus beaux mois de l'année.

Il se dit, en général, de L'espace de trente jours consécutifs, de quelque jour que l'on commence à compter. Il y a un mois et demi qu'il est parti. On lui a donné deux mois de congé, à compter du quinze janvier. Le mois est expiré. Il en a pour un mois à déménager. Il a gardé le lit deux mois durant. Il lui tarde d'être majeur, il compte les mois et les jours. Payer par mois, mois par mois, au mois. Il gagne tant par mois. Ils servent par mois. Il a servi son mois. Louer une chambre au mois.

En termes de Palais, Les parties viendront au mois, Il a été ordonné qu'elles viendraient plaider dans un mois.

MOIS signifie aussi, Le prix convenu pour un mois d'allaitement, de location, de leçons, de travail, etc. Payer le mois, les mois d'une nourrice, d'un enfant. Payer les mois d'une chambre garnie. Il doit un mois, deux mois au maître à danser, etc. Je lui ai avancé le mois. Je lui ai donné son mois.

Il se dit absolument Des mois de grossesse d'une femme. Cette femme est dans son septième mois. Elle a accouché avant le neuvième mois.

En Astronom., Mois solaire, L'espace de temps que le soleil met à parcourir un des signes du zodiaque. Mois lunaire, L'espace de temps qui s'écoule d'une nouvelle lune à une autre.

Fig., Mois romains, L'imposition qu'on levait sur les États de l'Empire dans les besoins extraordinaires.

Prov., On a tous les ans douze mois, On vieillit malgré qu'on en ait, ou On vieillit sans s'en apercevoir.

MOIS au pluriel, se dit absolument de L'écoulement périodique des femmes. Cette femme a ses mois.

MOISE. s. f. T. de Charpent. Il se dit de Certaines pièces de bois plates assemblées deux à deux avec des boulons, et servant à maintenir la charpente.

MOISER. v. a. T. de Charpent. Mettre des moises. Moiser les fermes d'un comble.

MOISÉ, ÉE. participe

MOISIR. v. a. Faire qu'une matière se couvre d'une certaine mousse qui marque un commencement de corruption. C'est l'humidité qui a moisi ce pâté.

Il s'emploie plus ordinairement avec le pronom personnel. Des confitures qui se moisissent. Un fromage qui se moisit. Tout se moisit dans les lieux humides.

Il s'emploie aussi comme neutre. Ce pâté commence à moisir.

MOISI, IE. participe Du pain, du fromage moisi. Confitures moisies. Vieux parchemins moisis.

Il s'emploie substantivement, au masculin, et signifie, Ce qui est moisi. Cela est à demi gâté, il en faut ôter le moisi.

Il signifie aussi, La moisissure. Cela sent le moisi.

MOISISSURE. s. f. Espèce de végétation qui naît sur les corps où se trouve une matière végétale unie à une certaine quantité d'eau, et qui se développe surtout quand cette matière commence à entrer en putréfaction. C'est la moisissure qui a gâté tout cela. La moisissure s'y mettra.

Il signifie aussi, L'endroit moisi, le moisi. Ôtez la moisissure.

MOISSINE. s. f. Faisceau de branches de vigne où les grappes sont encore attachées. Les paysans suspendent des moissines au plancher.

MOISSON. s. f. Récolte des blés et autres grains. Belle, bonne, riche, grande, ample, abondante moisson. Le temps de la moisson. Faire la moisson. Le temps est bon pour la moisson. Voilà une belle espérance de moisson. La campagne se couvre de riches moissons.

Il se prend aussi pour Le temps de la moisson. La moisson approche. Pendant la moisson.

Prov. et fig., Il ne faut pas mettre la faucille dans la moisson d'autrui, Il ne faut point empiéter sur les attributions, sur les droits d'autrui.

MOISSON s'emploie au figuré dans plusieurs phrases. Ainsi on dit: Ce savant a fait une riche moisson dans les archives du royaume, Il y a recueilli des matériaux précieux. Ce gouverneur avait fait dans sa province une riche moisson, Il s'y était enrichi par ses concussions. Cette quêteuse a fait une abondante moisson, Sa quête a produit beaucoup d'argent.

Fig. et poét., Une moisson de lauriers, Beaucoup de succès, un grand nombre de victoires. On dit dans le même sens, Une moisson de gloire.

MOISSON dans le langage de l'Écriture,

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