Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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Page 752

source. La Champagne & la Bourgogne sont les sources des bons vins. Le Pérou est une source inépuisable de richesse.

SOURCE signifie figurément, Le principe, la cause, l'origine, le premier auteur de quelque chose, d'où quelque chose procède. La source de tous les biens. Le coeur est la source de la vie. Le péché originel est la source de tous nos maux. Cette humeur mélancolique est la source de vos maladies. Il faut aller à la source. Remonter à la source. D'où vient tel bruit? Il faut aller à la source. Il sait toujours de bonnes nouvelles, il est à la source, il puise à la source. Il ne s'arrête ni aux versions, ni aux commentaires, il va droit aux sources, il puise dans les sources.

Figurément, en parlant De ce qu'une personne dit ou écrit d'une manière facile & naturelle, ou conformément à son génie, au caractère de son esprit, aux sentimens de son coeur, on dit, que Cela coule de source. Il écrit facilement, cela coule de source.

SOURCIL. s.m. Le poil qui est en manière d'arc au bas du front, au-dessus de l'oeil. Sourcil noir, clair, épais, touffu. Hausser, baisser, froncer les sourcils. Se faire les sourcils, pour dire, Les accommoder, les ajuster.

On dit figur. Froncer le sourcil, pour dire, Se fâcher, montrer qu'on n'est pas content. Aussitôt qu'on lui parle de cela, il fronce le sourcil.

SOURCILLER. v.n. Remuer le sourcil. Il ne s'emploie ordinairement qu'avec la négative. Écouter une Harangue, un Sermon sans sourciller.

Et on dit, qu'Un homme a écouté une mauvaise nouvelle sans sourciller, qu'il n'a pas sourcillé quand on lui a prononcé son Arrêt, pour dire, qu'Il n'a laissé paroître alors aucune marque d'altération sur le visage.

SOURCILLEUX, EUSE. adj. Il ne s'emploie que figurément & poëtiquement, pour dire, Haut, élevé: & il n'est guère en usage que dans ces phrases. Monts sourcilleux. Montagnes sourcilleuses. Rochers sourcilleux. Roches sourcilleuses.

SOURD, OURDE. adj. Qui ne peut ouïr, par le vice, le défaut, l'obstruction de l'organe de l'ouïe. Il est devenu sourd. Cette maladie l'a rendu sourd. Sourd de nature. Il est sourd & muet.

On dit figurément, qu'Un homme est sourd aux prières, aux cris, aux raisons, aux remontrances, pour dire, qu'Il est inexorable, insensible, inflexible aux prières, aux cris, &c.

On dit proverbialement, en parlant [alt p. 524] d'Un homme qui fait semblant de ne pas entendre une proposition qu'il entend trè-bien, mais qui lui déplaît, qu'Il n'est pire sourd, qu'il n'est point de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

On dit proverbialement, Faire le sourd, faire la sourde oreille, pour dire, Ne vouloir pas entendre à quelque proposition, ne vouloir point se rendre à une remontrance. Quand on lui parle de cela, il fait la sourde oreille.

Il se prend aussi substantivement. Un sourd. Une sourde.

On dit familièrement, qu'Un homme frappe comme un sourd, pour dire, qu'Il frappe sans mesure & sans pitié.

SOURD se dit aussi De certaines choses, pour marquer qu'elles ne retentissent pas autant qu'elles devroient, qu'elles ne rendent pas un son aussi fort qu'elles devroient. Cette Église est sourde. Ce luth est sourd. Une voix sourde.

On appelle Bruit sourd, Un bruit qui n'est pas éclatant. Il sort un bruit sourd, on entend un bruit sourd qui sort de cette caverne. Et on dit figurément, Il court un bruit sourd, pour dire, qu'On se dit à l'oreille une nouvelle qui n'est pas encore publique ni certaine.

On appelle Douleur sourde, Une douleur interne qui n'est pas aigüe.

On appelle Lime sourde, Une lime faite exprès pour limer ou couper le fer sans faire beaucoup de bruit. Et figurément on appelle Lime sourde, Une personne qui parle peu, & qui cache quelque malignité dans son ame.

On appelle Lanterne sourde, Une sorte de lanterne faite de telle façon, que celui qui la porte voit sans être vu, & qu'il en cache entièrement la lumière quand il veut.

On dit, Sourdes pratiques, pratiques sourdes, sourdes menées, menées sourdes, pour dire, Pratiques cachées, menées secrètes. Il se prend toujours en mauvaise part.

En Mathématique, on appelle Quantités sourdes, Les quantités incommensurables, c'est-à-dire, Qui ne peuvent être exprimées exactement, ni par des nombres entiers, ni par des fractions. La racine carrée de deux, est une quantité sourde.

SOURD Reptile. Voyez SALAMANDRE.

SOURDAUD, AUDE. s. Celui, celle qui n'entend qu'avec peine. C'est un sourdaud. Il est du style familier.

SOURDEMENT. adv. D'une manière sourde, peu retentissante, qui fait peu de bruit. Le tonnerre grondoit sourdement.

Il signifie figurément, D'une manière secrète & cachée. Il a fait cela sourdement. Négocier sourdement. Traiter une affaire sourdement.

SOURDINE. s.f. Ce qui se met dans une trompette, & à certains instrumens de musique, pour en affoiblir le son. Il y a des airs qu'on fait jouer aux violons avec des sourdines. Il faut mettre une sourdine dans cette trompette.

Dans une montre à répétition, on appelle Sourdine, Un ressort qui, étant poussé, retient le marteau, & l'empêche de frapper sur le timbre ou sur la boîte de la montre.

À LA SOURDINE Façon de parler adverbiale & figurée. Avec peu de bruit, secrètement. Les ennemis ont délogé à la sourdine. Il s'est marié à la sourdine. Il s'en est allé à la sourdine. Négocier une affaire à la sourdine. Il est du style familier.

SOURDRE. v.n. Sortir de terre. Il ne se dit que Des eaux. C'est un pays fort aquatique, l'eau y sourd par tout. L'eau sourd de la terre, sourd d'un rocher. On voit l'eau sourdre de tous côtés. Il n'est guère en usage qu'à l'infinitif & à la troisième personne du présent de l'indicatif.

Il se disoit aussi quelquefois au figuré, mais seulement à l'infinitif. C'est une affaire, une entreprise dont on vit sourdre mille malheurs, mille inconvéniens, pour dire, Dont il arriva mille malheurs. Il est vieux.

SOURICEAU. s.m. Le petit d'une souris. Un souriceau. Un petit souriceau.

SOURICIÈRE. s.f. Piège, instrument pour prendre des souris. Souricière de bois. Souricière de fil d'archal. Tendre une souricière.

SOURIRE. v.n. (Il se conjugue comme Rire.)

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