LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798

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Page 360

PRÉT, ÉTE

PRÉT, ÉTE. adj. Qui est en état de faire, de dire, de recevoir, d'entendre quelque chose, qui est disposé, préparé à quelque chose. Je suis prêt à faire tout ce qu'il vous plaira. Il est prêt à partir. Tenez--vous prêt pour partir dans deux heures. C'est un homme qui est toujours prêt à bien faire, qui est prêt à tout faire. Le dîner est--il prêt? Le dîner est prêt à servir. Le canon étoit prêt à tirer. Les armées étoient prêtes à en venir aux mains. Il est toujours prêt à parler. Je suis prêt à vous entendre.

On dit absolument, C'est un homme qui n'est jamais prêt, en parlant d'Un homme qui n'a jamais fait à temps ses préparatifs pour les choses qu'il doit faire.

On dit communément dans la conversation, on écrit même quelquefois, L'eau est prête à bouillir, une maison prête à tomber, au lieu de, Près de bouillir, près de tomber. Cette première manière de parler est incorrecte.

PRÊT

PRÊT. subst. masc. Action par laquelle on prête de l'argent. Ce n'est pas une vente, une aliénation, ce n'est qu'un prêt. Il n'est guère d'usage qu'en parlant De l'argent qui se prête par contrat ou par obligation, et en style de Pratique ou de Finance.

Il signifie plus souvent, La chose prêtée. Prêt gratuit. Prêt qui ne porte point intérêt, point de profit. Prêt usuràire. Pour sûreté du prêt qu'il lui àvoit fait. Le prêt que font les gens d'affaires. On leur a donné tant pour leurs prêts et avances.

On appelle Prêt, Une certaine somme d'argent qui se paye ordinairement au renouvellement du bail du droit annuel, et dont le paiement se répartit par portions égales sur les trois premières années de ce renouvellement.

On appelle aussi Prêt, Ce qui est payé aux Soldats pour leur solde ordinaire. On donne tant aux Soldats par cinq jours, et on appelle cela faire le prêt. Il est dû aux Soldats quatre prêts.

PRETANTAINE

PRETANTAINE ou PRETANTÈNE. sub. f. Il n'est guère d'usage que dans cette phrase du style familier, Courir la pretantaine, pour dire, Aller, venir, courir çà et là, sans sujet, sans dessein.

On dit, qu'Une femme court la pretantaine, pour dire, qu'Elle fait des promenades, des voyages contre la bienséance, ou dans un esprit de libertinage.

PRÊTE--JEAN

PRÊTE--JEAN. Voy. Négus.

PRÉTENDANT, ANTE

PRÉTENDANT, ANTE. s. Celui ou celle qui prétend, qui aspire à une chose. Il y a plusieurs prétendans à cette Charge, à ce Bénéfice. Tant de prétendans se nuisent les uns aux autres.

PRÉTENDRE

PRÉTENDRE. v. a. Croire avoir droit sur quelque chose, à quelque chose. Je prétens un dixième, une moitié dans cette société. Il a prétendu le remboursement de ses avances. Il prétend le pas sur un tel. Il prétend marcher avant lui. Il prétend donner la loi partout. Que prétendez--vous à cela? Je n'y prétens rien.

Il signifie aussi simplement, Aspirer à une chose; et alors il est neutre. Il prétend à cette Charge, à ce Bénéfice. Il n'y a rien de si élevé à quoi il ne puisse prétendre.

Prétendre

Prétendre, signifie aussi, Soutenir affirmativement, être persuadé. Je prétens que cela n'est pas vrai. Je prétens que mon droit est incontestable.

Il signifie encore, Avoir intention, avoir dessein. Je prétens faire ce voyage en tel temps. Je n'ai point dit cela sérieusement, j'ai prétendu plaisanter.

Prétendu, ue

Prétendu, ue. participe.

Il est aussi adjectif, et se dit Des choses dont on ne veut pas convenir, des qualités fausses ou douteuses. Ce prétendu Gentilhomme. C'est un prétendu bel esprit. On appelle en France la Religion des Calvinistes, La Religion prétendue Réformée.

Il se prend aussi substantivement, dans le style familier, pour Celui et celle qui doivent s'épouser. Voilà mon prétendu. Voici ma prétendue.

PRÊTE--NOM

PRÊTE--NOM. sub. mas. Celui qui prête son nom à quelqu'un pour tenir un bail, un bénéfice, un office. Il est titulaire de cette charge, mais il n'est que prête--nom.

PRETENTAINE

PRETENTAINE. subs. fém. Voyez Pretantaine.

PRÉTENTION

PRÉTENTION. subst. fém. Droit que l'on a, ou que l'on croit avoir, de prétendre, d'aspirer à une chose; espérance, dessein, vue. Il a réussi dans sa prétention, dans ses prétentions. Venir à bout de ses prétentions. J'ai renoncé à cette prétention. Prétention juste, légitime, téméraire, extravagante.

On dit, qu'Un homme a des prétentions, que c'est un homme à prétentions, pour dire, qu'Il prétend à l'esprit, aux talens, à la naissance, à la considération; et l'on dit dans le sens contraire, que C'est un homme sans prétentions. Il se dit toujours au pluriel.

PRÊTER

PRÊTER. v. a. Donner, à la charge que celui à qui l'on donne, rende ce qu'on lui a donné. Prêter des meubles. Prêter des livres. Prêter de l'argent. Prêter un cheval. Prêter son carrosse.

Il s'emploie quelquefois absolument, comme dans ces phrases, Prêter à intérêt, préter à usure, prêter sur gage; et alors le mot Argent est toujours sousentendu. C'est un homme qui n'aime pas à prêter.

On dit, Prêter secours, aide, faveur, etc. pour dire, Secourir, aider, favoriser quelqu'un en quelque chose; Prêter main--forte, pour dire, Appuyer par la force l'exécution des ordres de la Justice; Prêter la main, pour dire, Aider à faire quelque chose, être complice de quelque chose: Il a prêté la main à ce vol, à ce meurtre. On dit aussi, Prêter la main, Lorsqu'il est question d'aider à porter quelque chose de pesant, à remuer, à soulever quelque fardeau. Prêtez -- moi un peu la main.

On dit dans le même sens, Prêter l'épaule. Prêtez--moi l'épaule.

On dit, Prêter l'oreille, prêter audience, prêter attention, prêter silence, pour dire, Écouter, donner audience, avoir attention, faire silence.

On dit, Prêter serment, pour dire, Faire serment devant quelqu'un. Prêter serment de fidélité au Roi. Prêter serment de fidélité entre les mains duChancelier. Et, Prêter foi et hommage, se dit d'Un vassal qui rend foi et hommage au Seigneur duquel il relève.

On dit, qu'Un homme prête son nom à un autre, Lorsque pour faire plaisir à un autre, il veut bien passer en son nom un acte où il n'a point d'intérêt. On dit aussi, qu'Un homme a prêté son nom à un autre, Lorsqu'il lui permet de se servir de son nom en quelque occasion. Et on dit d'Un homme sous le nom duquel un autre tient ou poursuit un Bénefice, que C'est un homme qui prête son nom.

On dit, Prêter son crédit, prêter ses amis à quelqu'un, pour dire, Lui rendre service, soit par son crédit, soit par le moyen de ses amis.

On dit encore, Prêter sa voix, prêter son ministère à quelqu'un, pour dire, Parler pour lui, s'employer pour lui.

On dit, Prêter à quelqu'un des discours, une action, un ouvrage, une chanson, une plaisanterie, pour dire, Les lui attribuer. On dit proverbialement, Prêter des charités à quelqu'un; c'est une charité qu'on lui prête, pour dire, qu'On lui suppose quelque fait ou intention repréhensible. On dit aussi, Prêter des torts, prêter un ridicule, un travers, etc.

On dit familièrement, Prêter le collet à quelqu'un, pour dire, Se présenter pour lutter ou combattre corps à corps contre lui. Il est aussi fort que lui, il lui prêtera le collet quand il voudra.

Il se dit aussi figurément et famil. pour dire, Être prêt à résister à quelqu'un, à disputer, à combattre contre lui. Il est homme à lui prêter le collet.

On dit encore, Prêter le flanc à l'ennemi, pour dire, Se poster ou marcher avec si peu de précaution, que l'ennemi puisse vous prendre par le flanc.

On dit aussi figurément et familièrement, Prêter le flanc, pour dire, Donner prise sur soi.

On dit a peu près dans le même sens, Prêter à la censure, à la critique, au ridicule, etc.

Prêter

Prêter, s'emploie quelquefois avec le pronom personnel, et signifie, S'adonner pour quelque temps à quelque chose: alors il est en quelque sorte opposé à, S'abandonner, se livrer entièrement. On peut se prêter au plaisir, mais il ne faut pas s'y abandonner.

Il signifie aussi, Consentir par complaisance à quelque chose. Je me prêterai à cet accommodement. C'est un homme qui se prête à tout, qui ne se prête à rien.

On dit absolument, Il faut savoir se prêter, pour dire, qu'Il faut savoir user de complaisance à propos.

Prêter

Prêter, se met quelquefois avec l'article, comme si c'étoit un nom substantif. Ainsi on dit proverbialement, Ami au prêter, ennemi au rendre, pour dire, que Quand on veut retirer son argent des mains de celui à qui on l'a prêté, il arrive souvent qu'on s'en fait un ennemi. Et en parlant de ce qu'on prête à un homme insolvable, on dit, que C'est un prêter à ne jamais rendre.

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