Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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Cacher, couvrir sa marche. Dérober sa marche à l'ennemi. Il fatigua son ennemi par ses marches et contre-marches.

Marche forcée, par opposition à Marche ordinaire, Marche dans laquelle on fait faire à des troupes beaucoup plus de chemin qu'elles n'ont coutume d'en faire dans le même espace de temps.

Fausse marche, Le mouvement que fait une armée qui feint de marcher sur un point, et qui se porte sur un autre. Il trompa les ennemis par une fausse marche.

Sonner, battre la marche, Donner aux troupes, par le son des trompettes ou des tambours, le signal pour se mettre en marche.

Gagner une marche sur l'ennemi, Le devancer de quelque temps; et, figurément et familièrement, Obtenir sur son adversaire, par quelque manoeuvre habile, un avantage de temps et de position.

En termes de Marine, Ordre de marche, se dit de Certains ordres ou arrangements dans lesquels les bâtiments de guerre se placent pour éviter les abordages en faisant route. L'armée naviguait sur tel ordre de marche.

MARCHE se dit encore Des processions et des cérémonies solennelles. L'ordre de la marche fut fort beau. Un corps de troupes ouvrait, fermait la marche. La marche dura trois heures. Marche triomphale.

La marche d'un vaisseau, Le degré de sa vitesse. La marche d'un vaisseau s'évalue en lieues marines ou en degrés. Ce bâtiment a une marche avantageuse, il file dix noeuds à l'heure.

La marche des astres, des corps célestes, Leur mouvement réel ou apparent. Calculer, mesurer la marche des corps célestes.

En Musique, Marche harmonique, marche de l'harmonie, La succession des différents accords, et la manière dont la modulation passe d'un ton à un autre.

MARCHE au Jeu des échecs, se dit Du mouvement particulier auquel chaque pièce est assujettie. Je ne sais pas le jeu des échecs, je n'en sais que la marche.

Il se dit aussi, dans un sens analogue, au Jeu de dames et à quelques autres Jeux.

MARCHE signifie figurément, Conduite, manière d'agir, de procéder. Cet homme a une marche équivoque, incertaine, tortueuse, souterraine. Il cache habilement sa marche. La marche de la nature. La marche du coeur humain, de l'esprit humain. Il ne tient pas à certaines gens que la raison humaine n'ait une marche rétrograde. Observer, étudier la marche des passions, la marche des affaires.

La marche d'un poëme, d'un ouvrage, etc., Le progrès de l'action dans un poëme, la progression des idées dans un ouvrage.

MARCHE se dit encore d'Un air de musique composé pour régler et animer la marche des troupes. On le disait plus spécialement autrefois de Certains airs affectés à certains corps de troupes. La marche des Gardes-Françaises. La marche des Suisses.

Il se dit aussi d'Un air de musique qui a le mouvement d'un air militaire.

MARCHE. s. f. Degré, partie d'un escalier sur laquelle on pose le pied pour monter ou pour descendre. Marche d'escalier. Les marches d'un perron. Marche d'autel. Marche de pierre, de marbre, de bois, de gazon. Vous avez encore deux marches à monter, deux marches à descendre.

Fig., Être sur les marches du trône, être assis, être placé sur les marches du trône, se dit D'un prince appelé par sa naissance à remplacer celui qui règne.

MARCHE se dit aussi Des pièces de bois sur lesquelles les tourneurs, les tisserands, etc., posent les pieds pour faire mouvoir leurs métiers.

MARCHÉ. s. m. Lieu public où l'on vend les choses nécessaires pour la subsistance et pour les différents besoins de la vie. Cette ville a un beau marché. On a abattu les maisons pour faire un marché. Le grand, le petit marché. Le marché au blé, aux chevaux, aux herbes, aux veaux, au poisson, etc. Portez cela au marché. Fournir le marché. Aller au marché. Revenir du marché.

Marché franc, Marché où l'on ne paye pas de droit pour vendre.

MARCHÉ signifie aussi, La réunion de ceux qui vendent et qui achètent dans le marché. Il y a marché dans cette ville deux fois la semaine. Le marché du mercredi, du samedi. Il y a grand marché. C'est demain jour de marché. Le marché tient chaque jeudi.

MARCHÉ signifie encore, La vente de ce qui se débite dans le marché. Le marché a été bon, n'a rien valu aujourd'hui. C'est le prix courant du marché. Nous verrons le cours du marché.

MARCHÉ se dit quelquefois de Ce qu'on a acheté, de ce qu'on rapporte du marché. Cette cuisinière gagne toujours sur son marché. Montrez-moi votre marché, que je voie si l'on ne vous a pas trompé.

MARCHÉ se dit en outre de Toute convention verbale ou écrite, renfermant les conditions d'une vente. J'en ai fait marché par écrit. Cela n'est pas de votre marché. Ils ont rompu le marché qu'ils avaient fait ensemble. Il n'a point voulu tenir le marché. Ce marché tiendra. C'est lui qui a fait notre marché. C'est un homme qui fait bien ses marchés. Si vous ne faites cela, marché nul. J'étais en marché avec lui pour son cheval. Conclure un marché. Faire un marché avantageux, un mauvais marché. Il fait souvent des marchés fous.

Aller, courir sur le marché d'un autre, Enchérir sur les offres d'un acheteur; et, figurément, Faire des démarches pour obtenir une place, un avantage qu'un autre sollicite.

Prov., Boire le vin du marché, Boire ensemble après la conclusion d'un marché, en signe de ratification.

Prov. et fig., Mettre à quelqu'un le marché à la main, Lui donner le choix de tenir ou de rompre un engagement, de le conclure ou d'y renoncer, et lui témoigner qu'on est indifférent sur le parti qu'il prendra. J'aurais traité avec lui, s'il ne m'eût mis le marché à la main. Il a un valet qui lui met le marché à la main, dès qu'il le gronde.

Fam., C'est un marché d'or, C'est un marché très-avantageux.

En termes de Bourse, Marché à prime. Voyez PRIME.

MARCHÉ signifie également, Le prix de la chose qu'on achète ou qu'on vend; et alors il ne s'emploie guère qu'avec les mots Bon, grand, meilleur, pour exprimer Un prix peu élevé, ou un prix inférieur à un autre. Avoir une chose à bon marché. Donner sa marchandise à bon marché, à trop bon marché. Cela ne vous coûte que dix francs, c'est bon marché, c'est grand marché. Vous avez eu, on vous a fait bon marché. Le bon marché m'a tenté. Je l'ai eu à meilleur marché.

Vivre à bon marché, Vivre sans qu'il en coûte beaucoup d'argent. On vit à bon marché dans cette ville.

Fam., C'est un marché donné, se dit D'une chose qui a été vendue à très-bas prix.

Prov., On n'a jamais bon marché de mauvaise marchandise, La mauvaise marchandise coûte toujours trop cher relativement à ce qu'elle vaut.

Prov., Les bons marchés ruinent, On dépense trop d'argent lorsque, tenté par le bon marché, on achète des choses dont on n'a pas besoin.

Fig. et fam., En être quitte, en sortir à bon marché, Sortir d'un danger avec moins de perte, de dommage qu'on n'en avait à craindre.

À bon marché, s'emploie, figurément, dans plusieurs autres phrases, où il signifie, À peu de frais, sans beaucoup de peine. Ne donner que son superflu, c'est être généreux à bon marché. Dans ce temps-là, on se faisait une réputation d'esprit à bon marché.

Fig. et fam., Faire bon marché d'une chose, La prodiguer, ne pas l'épargner. Il ne craint aucun danger, il fait bon marché de sa vie. Il fait bon marché de sa peine.

Fig. et fam., Avoir bon marché de quelqu'un, Avoir facilement sur lui l'avantage. S'il trouve les ennemis en rase campagne, il aura bon marché d'eux. Vous aurez bon marché de lui à tel jeu. Cet avocat a mal plaidé, son adversaire aura bon marché de lui.

Prov., À grand marché faire, À mettre les choses au plus bas. À grand marché faire, il n'en sera pas quitte pour vingt mille francs.

Fam., Par-dessus le marché, En outre, de plus. Il m'a refusé ce que je lui demandais, et par-dessus le marché il m'a dit des injures.

MARCHEPIED. s. m. Degrés plus ou moins nombreux qui conduisent à une estrade. Marchepied du trône. Marchepied de l'autel.

Il se dit aussi d'Un escabeau, d'un petit meuble à deux ou trois degrés, dont on se sert pour atteindre à quelque chose. Il vous faut un marchepied pour atteindre à ce rayon de bibliothèque.

Marchepied d'une voiture, Espèce de degrés, ordinairement de fer, qui sont le plus souvent brisés, de manière à se replier l'un sur l'autre, et qui servent à monter dans une voiture.

MARCHEPIED se dit quelquefois, figurément, d'Un moyen de parvenir à un poste plus élevé. Cette place lui a servi de marchepied pour arriver au ministère.

MARCHEPIED se dit encore d'Un petit chemin sur le bord d'une rivière pour le halage des bateaux.

MARCHER. v. n. Aller, s'avancer d'un lieu à un autre par le mouvement des pieds.

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