Dictionnaire de l'Académie Française, 8th edition (1932-5)

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des noms compléments d'objet, dans des
locutions toutes faites, comme : Rendre justice,
Perdre pied, Reprendre haleine, Demander
pardon,
et aussi devant des noms compléments
avec préposition : Lutter de vitesse,
Aller à pied, Boîte à lait, Table de marbre.

Il s'omet encore devant deux noms unis
par et, formant une locution : Remuer ciel
et terre, Être couvert de même, hiver et été,
Travailler nuit et jour;
Lorsqu'un nom est
accompagné de deux adjectifs unis par et,
on dit aussi bien : L'histoire ancienne et moderne
que L'histoire ancienne et la moderne; ù
dans les énumérations : Femmes, moines, vieillards,
tout était descendu;
ù devant les noms
désignant des choses uniques de leur espèce :
Il viendra dimanche, lundi; Avril a été beau
cette année;
ù devant les mots mis en apostrophe :
Amis, il faut partir. On dit toutefois
familièrement : Il faut partir, les amis.

Avec les noms propres, l'article se trouve
dans beaucoup de noms géographiques, comme
le Japon, la France, le Danemark, le Tibre,
le Rhône;
ù devant des noms de famille d'origine
italienne, le Tasse, l'Arioste, et des noms
désignant des familles princières : les Bourbons,
les Stuarts;
ù devant des noms de cantatrices
célèbres : la Malibran, la Patti. On dit aussi
familièrement et quelquefois avec dénigrement :
la Julie, la Louise.

Parfois l'article a une valeur particulière :
démonstrative, dans à l'instant, exclamative
dans : Le bel enfant!

LE. pron. pers. masc. (fém. : LA. Devant
une voyelle ou une h muette : L'. Pluriel des
deux genres : LES.) Il sert, comme complément
d'objet direct ou attribut, à rappeler
un être ou une chose dont il a été question.
Il se place devant le verbe dont il est complément
ou attribut, sauf quand ce verbe est à
l'impératif présent. Voilà un bon livre, je
vous engage à le lire. Dès que ma soeur sera
arrivée, j'irai la voir. Il avait mille francs, et
il les a dépensés. Vous avez mon chapeau,
rendez-le-moi. Ces livres sont dérangés, mettez-
les chacun à sa place. Je me regarde comme la
mère de cet enfant; je la suis de coeur, je la
suis par ma tendresse pour lui.

Quand LE fait partie d'une locution composée
d'un verbe à un mode personnel, et d'un
infinitif, il se place entre le verbe et l'infinitif
s'il est complément de l'infinitif : Je vais le
chercher.
Si, au contraire, LE est le complément
du premier verbe, il se place entre le
sujet et le verbe : Nous le voyons venir.

LE s'emploie aussi comme pronom neutre
invariable quand il rappelle un adjectif ou
une proposition déjà exprimés. Cette femme est
belle et le sera longtemps. Je n'ai pas été enrhumé
de l'hiver, et je le suis depuis les chaleurs.
Nous devons défendre l'honneur et l'intérêt de
nos parents, quand nous le pouvons sans injustice.
Il a vécu plus longtemps qu'on ne l'aurait
cru.
La présence de LE dans ce cas n'est
pas toujours obligatoire. As-tu raison? Je ne
sais. Je ne serais pas venu si j'avais su. Vous
voudriez, j'imagine, être à ma place.

Il peut servir encore à annoncer une proposition
qui suit. Tu l'as vu, comme il m'a traité.

Uni à certains verbes, il sert à indiquer un
sens plus ou moins distinct, plus ou moins
différent de celui du verbe seul. L'emporter.
Le céder. Le disputer.
Voyez ces mots.

LÉ. n. m. Largeur d'une étoffe entre ses
deux lisières. Un lé de velours, de taffetas, de
toile. Draps de lit de deux lés.

LEADER. (On prononce lideur.) n. m. Mot
emprunté de l'anglais. Il se dit, dans le langage
parlementaire, de Celui qu'un parti politique
met à sa tête et qu'il charge ordinairement
de porter la parole en son nom.

LÈCHE. n. f. Tranche fort mince de pain,
de viande, de fruit, etc. Il est familier.

LÈCHEFRITE. n. f. Ustensile de cuisine,
ordinairement de fer, qu'on met sous la broche,
pour recevoir la graisse et le jus de la viande
que l'on fait rôtir.

LÉCHER. v. tr. Passer la langue sur quelque
chose par gourmandise ou par caresse.
Lécher un plat. Quand les chats ont mangé de
quelque chose qu'ils trouvent bon, ils se lèchent
les barbes, ils s'en lèchent les barbes. Les chiens
guérissent leurs plaies en les léchant.
Par extension,
Le chien lèche son maître. Un chat qui se
lèche.

Fig. et fam., Un ours mal léché, Un homme
mal élevé, grossier.

Fam., On s'en lèche les doigts, c'est à s'en
lécher les doigts,
Cela est excellent à manger.

Il signifie figurément, Finir un ouvrage avec
un soin excessif et minutieux. Ce peintre a le
tort de lécher, de trop lécher ses tableaux. Cet
ouvrage est trop léché.
Dans cette acception, il
est familier.

À LÈCHE-DOIGTS, loc. adv. et fam. On
l'emploie en parlant de Choses qui se mangent,
et qui sont offertes en trop petite quantité.
Il nous a fait servir d'assez bonnes choses,
mais il n'y en avait qu'à lèche-doigts.

LÉCHEUR, EUSE. n. Celui, celle qui lèche.
Un lécheur de plats.

LÉCITHINE. n. f. T. de Chimie. Substance
phosphorée et grasse qui se trouve dans la
fibrine animale.

LEÇON. n. f. Enseignement qu'on donne,
ordinairement dans une classe et du haut
d'une chaire, à ceux qui veulent apprendre
quelque science, quelque langue. Leçon de
droit, de théologie, de médecine, de chimie,
de botanique, de littérature, d'arabe, de latin,
de grec. Ce professeur a commencé, a repris
hier ses leçons; il a fait aujourd'hui une leçon
sur Spinoza. Suivre les leçons, aller entendre
les leçons d'un professeur.

Il se dit aussi d'un Enseignement donné en
particulier à un seul élève ou à peu d'élèves
à la fois. Donner, prendre des leçons de dessin,
de musique, de danse, d'équitation, d'escrime,
de géographie, d'histoire, d'orthographe. Il sait
suffisamment danser, il n'a plus besoin de leçons.

Il se dit, par extension, des Instructions,
des conseils donnés à une personne relativement
à sa conduite dans la vie ou dans quelque
affaire. Un ami sage lui avait donné de bonnes
leçons, dont il a mal profité. Je me passerai
bien de vos leçons. Avant de l'envoyer traiter
pour moi de cette affaire, je lui ai fait la leçon.

LEÇON signifie figurément Avertissement
salutaire ou correction qu'on reçoit des personnes
ou des choses. Il me parlait malhonnêtement;
mais je lui ai bien fait sa leçon.
On
dit aujourd'hui dans le même sens Donner
une leçon, une bonne leçon à quelqu'un. Recevoir
une leçon. Les leçons de l'expérience sont
perdues pour la plupart des hommes. Cet événement
a été pour moi une bonne leçon. Mettre
à profit la leçon du malheur. Les leçons de
l'histoire. Le théâtre peut offrir des leçons profitables.

Il signifie aussi Ce que le maître donne à
l'écolier à apprendre et que celui-ci doit répéter,
généralement par coeur. Cet écolier apprend
étudie, récite sa leçon. Il sait sa leçon, il sait
sa leçon par coeur. Retenir bien sa leçon.

Fig., Réciter sa leçon, Répéter fidèlement
ce qu'on vous a recommandé de dire.

Il se dit aussi du Texte d'un auteur, par
comparaison à une ou plusieurs autres copies
du même texte. Il y a deux leçons différentes
de ce texte. Voici la bonne leçon. Confronter les
diverses leçons d'un passage.

Il se dit, figurément et familièrement, d'un
Récit qui diffère d'un autre relatif au même
fait. Vous racontez ainsi l'aventure; mais il
y a une autre leçon, une leçon différente.

Il se dit, en termes de Liturgie catholique,
de Certains petits chapitres de l'Écriture ou
des Pères, qui font partie du bréviaire, et
que l'on récite ou que l'on chante à matines.
Il y a trois leçons à chaque nocturne.

LECTEUR, TRICE. n. Celui, celle qui lit
à haute voix et devant d'autres personnes.
C'est un bon lecteur. C'est un mauvais lecteur,
sa voix est monotone.

Il désigne aussi Celui, celle dont la fonction
est de lire. Lecteur du roi. Lectrice de la reine.
Dans les maisons d'éducation religieuses, il y
a ordinairement un lecteur ou une lectrice de
semaine pour lire au réfectoire.

Il se dit, particulièrement, de Celui qui
lit seul et des yeux quelque ouvrage; et, en
ce sens, il est surtout usité au masculin. L'essentiel
pour un écrivain est de plaire à son lecteur,
à ses lecteurs. Cet ouvrage a peu de lecteurs,
a beaucoup de lecteurs. Ce livre a eu plus
de lectrices que de lecteurs. Le lecteur français
veut de la clarté dans le style.

Avis au lecteur. Voyez AVIS.

Il se disait autrefois, dans quelques ordres
religieux, des Régents, des docteurs qui enseignaient
la philosophie, la théologie. Un tel,
lecteur en théologie, lecteur en philosophie.
Il
se dit encore, dans les Universités de divers
pays, des Répétiteurs auxiliaires adjoints au
professeur d'une langue ou d'une littérature
étrangère et chargés spécialement de l'enseignement
pratique de la langue parlée ou
écrite. Lecteur français, lecteur en langue française
à l'Université d'Upsal.

LECTEUR est, dans l'Église romaine, Un
des quatre ordres qu'on appelle Les quatre
mineurs.

LECTISTERNE. n. m. T. d'Antiquité
romaine
. Festin sacré que l'on offrait aux
principaux dieux dont les statues étaient
placées sur des lits magnifiques autour d'une
table dressée dans un de leurs temples. On
ordonnait les lectisternes dans les calamités
publiques.

LECTURE. n. f. Action d'une personne qui
lit à haute voix. Sa lecture est parfaite. Sa
lecture est monotone.

Il se dit le plus souvent de la Reproduction
par la voix d'un texte écrit ou imprimé. On
fit la lecture du contrat de mariage en présence
de tous les parents. J'ai assisté hier à la lecture
d'une belle pièce. Ce discours est moins
intéressant à la lecture qu'à l'audition. Cette
pièce est de celles qui gagnent à la lecture.

Comité de lecture, Assemblée devant laquelle
on lit les ouvrages destinés à un théâtre et
qui juge s'ils méritent d'être représentés. Le
Comité de lecture de la Comédie-Française.

Il désigne aussi l'Action, l'habitude de
lire seul et des yeux, pour son instruction
ou pour son plaisir. La lecture de cet ouvrage
est très attachante. Il aime beaucoup la lecture.
S'attacher à une lecture, s'adonner à la lecture.
Il a beaucoup acquis par la lecture des bons
auteurs. La lecture forme l'esprit.

Il s'emploie surtout au pluriel pour désigner
Ce qu'on lit, ce qu'on a lu. Les bonnes lectures,
les mauvaises lectures. Il a bien profité de ses
lectures.

Cabinet de lecture, Lieu où, moyennant une
rétribution, on lit sur place ou l'on emprunte
des journaux et des livres.

Il se dit encore de l'Instruction qui résulte
de la lecture. C'est un homme qui n'a point
de lecture, qui n'a aucune lecture, qui a beaucoup
de lecture, qui est d'une prodigieuse lecture.
Il est rempli, nourri de la lecture des
anciens.

Il désigne aussi l'Enseignement qui rend
les enfants ou les illettrés capables de lire.
Nouvelle méthode de lecture. Cette mère a appris
à ses enfants la lecture et l'écriture.

Par extension, il se dit de Textes particulièrement
choisis pour développer l'art et le
goût de la lecture chez les enfants. Premier
livre de lecture. Lectures enfantines. Lectures
pour les adolescents.

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