Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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lustre d'une étoffe. Cette étoffe n'a point de lustre, a perdu son lustre. Elle a bien du lustre. La moindre pluie ôte à ces chapeaux tout leur lustre.

Il signifie aussi, La composition même dont les fourreurs, les chapeliers et autres fabricants se servent pour donner du lustre aux fourrures, aux chapeaux, etc.

LUSTRE signifie figurément, L'éclat que donne la parure, la beauté, le mérite, la dignité, etc. Les pierreries donnent du lustre à la beauté des femmes. Elle parut au bal dans tout son lustre. Cette charge lui donne un peu de lustre. Le malheur a donné un nouveau lustre à sa gloire. La vertu emprunte de la modestie son plus beau lustre.

Servir de lustre, se dit De ce qui, par le contraste de son imperfection, rehausse ou fait valoir l'agrément, le mérite d'une personne ou d'une chose. La laideur de cette femme sert de lustre à celles qui l'entourent. Ce tableau sert de lustre à ceux entre lesquels il est placé.

Dans toutes les acceptions qui précèdent, Lustre n'a point de pluriel.

LUSTRE se dit aussi d'Un chandelier de cristal ou de bronze, à plusieurs branches, qu'on suspend au plafond pour éclairer. Un lustre de cristal. La salle était éclairée de douze lustres.

Il se dit particulièrement Du grand lustre garni de lampes qu'on suspend au milieu d'une salle de spectacle. Le lustre de l'Opéra. Se placer au parterre, sous le lustre.

LUSTRE. s. m. Espace de cinq ans. Il n'est guère usité qu'en poésie. Après trois lustres, Après quinze ans. Il est dans son huitième lustre, Son âge est entre trente-cinq et quarante ans.

LUSTRER. v. a. Donner le lustre à une étoffe, à une fourrure, à un chapeau, etc. Lustrer une étoffe, un chapeau.

LUSTRÉ, ÉE. participe Étoffe lustrée.

LUSTRINE. s. f. Étoffe, espèce de droguet de soie.

LUT. s. m. (On prononce le T.) Matière molle que l'on applique sur les bouchons des vases, pour mieux fermer ceux-ci, ou autour des cornues, des tubes de verre, de porcelaine, pour les préserver de l'action trop vive du feu. Lut de terre grasse. Lut de blanc d'oeuf et de chaux. Lut de farine de graine de lin et d'empois. Lut gras ou d'argile et d'huile lithargirée. Faire un lut.

LUTER. v. a. Fermer avec du lut, enduire de lut les vaisseaux qu'on met au feu. Luter un vase. Il faut luter cette cornue.

LUTÉ, ÉE. participe

LUTH. s. m. (On prononce le T.) Instrument de musique à cordes, qui n'est plus en usage. Accorder un luth. Jouer du luth. La guitare a remplacé le luth.

LUTH de même que le mot Lyre, s'emploie dans certaines phrases figurées, où il désigne L'inspiration, le talent poétique, mais dans des genres moins élevés. Prendre son luth. Chanter sur son luth. Accorder son luth. Un luth harmonieux.

LUTHÉRANISME. s. m. Doctrine de Luther, religion des luthériens.

LUTHÉRIEN, IENNE. adj. Conforme à la doctrine de Luther. Opinion luthérienne. Sentiments luthériens.

Il se dit substantivement d'Un sectateur de Luther. Plusieurs princes d'Allemagne protégèrent les luthériens. Il avait épousé une luthérienne.

LUTHIER. s. m. Ouvrier qui fait des instruments de musique à cordes. C'est un bon luthier.

LUTIN. s. m. Suivant l'opinion populaire et superstitieuse, Espèce de démon ou d'esprit follet qui vient la nuit tourmenter les vivants. On prétend qu'il y a un lutin dans cette maison. On dit que ce vieux château est plein de lutins.

Fig. et fam., C'est un lutin, c'est un vrai lutin, se dit D'une personne excessivement vive, pétulante, et particulièrement D'un enfant. On dit dans un sens analogue, Faire le lutin.

Fam., Il ne dort non plus qu'un lutin, se dit D'un homme fort agissant, qui donne très-peu de temps au sommeil.

LUTIN s'emploie quelquefois adjectivement pour Éveillé, agaçant, piquant; et alors il fait au féminin Lutine. Cet enfant a un air lutin. Cette actrice a la figure lutine. Ce jeune homme est d'une humeur lutine.

LUTINER. v. a. Tourmenter quelqu'un comme le ferait un lutin. Il nous a lutinés toute la nuit. Il est familier.

Il s'emploie aussi figurément. J'ai une affaire qui me lutine sans cesse.

LUTINER est quelquefois neutre, et signifie alors, Faire le lutin. Il n'a fait que tempêter, que lutiner toute la nuit.

LUTINÉ, ÉE. participe

LUTRIN. s. m. Pupitre élevé dans le choeur d'une église, sur lequel on met les livres dont on se sert pour chanter l'office. Chanter au lutrin. Cet homme a une voix de lutrin.

Il se dit aussi, collectivement, de Ceux qui chantent au lutrin. C'est lui qui dirige le lutrin, qui donne le ton au lutrin.

LUTTE. s. f. Sorte d'exercice, de combat, où deux hommes se prennent corps à corps, et cherchent à se terrasser l'un l'autre. L'exercice de la lutte. S'exercer à la lutte. Un bon tour de lutte. Être fort adroit à la lutte.

Il signifie figurément, Guerre, dispute, controverse, conflit. La paix mit fin à la lutte sanglante qui existait depuis vingt ans entre ces deux nations. La doctrine de Luther occasionna une lutte violente entre les théologiens. La lutte du jour et de l'ombre. La lutte du pouvoir arbitraire et de la liberté.

Fig. et fam., Emporter quelque chose de haute lutte, Venir à bout de quelque chose par autorité, par force. Faire quelque chose de bonne lutte, Sans employer de fraude.

LUTTER. v. n. Se prendre corps à corps avec quelqu'un, pour le terrasser. Lutter avec quelqu'un, contre quelqu'un. Il est adroit, il lutte bien.

Il se dit figurément, en parlant De toute espèce de combat. Les deux armées luttèrent avec un égal courage. Il n'est pas de force à lutter contre un si habile dialecticien.

Fig., Lutter contre la tempête, contre les vents, contre les flots, contre les obstacles, contre la mort, contre la destinée, etc., Faire effort pour surmonter la tempête, les vents, les flots, les obstacles, la mauvaise fortune; se défendre contre la mort, contre la destinée, etc.

LUTTEUR. s. m. Celui qui combat à la lutte. Les lutteurs qui combattaient aux jeux Olympiques. C'est un bon lutteur.

LUXATION. s. f. T. de Chir. Déboîtement des os, sortie de la tête d'un os de la cavité où elle doit être.

LUXE. s. m. Somptuosité, excès de dépense dans le vêtement, la table, l'ameublement, etc. Le luxe des habits, de la table, etc. Un luxe ruineux, scandaleux. Étaler, déployer un grand luxe. Luxe d'ostentation.

Il se dit figurément, au sens physique et au sens moral, pour Grande abondance, profusion, superfluité. La nature déploie ici un grand luxe de végétation. Il y a dans ce poëme un grand luxe de figures, de comparaisons, etc.

Il signifie aussi, Parure, ornement, décoration. La beauté du linge et du drap est aujourd'hui le luxe des gens de bonne compagnie. Cet ouvrage est imprimé avec un grand luxe typographique.

LUXER. v. a. T. de Chir. Faire sortir un os de la place où il doit être naturellement. Sa chute lui a luxé l'os de la cuisse. On peut l'employer avec le pronom personnel. Il y a des os plus sujets à se luxer que d'autres.

LUXÉ, ÉE. participe Os luxé. Membre luxé.

LUXURE. s. f. Incontinence, lubricité. Le péché de luxure. La luxure est un des sept péchés capitaux. Il n'est guère usité que dans le style de la morale chrétienne.

LUXURIEUSEMENT. adv. Avec luxure. Il est peu usité.

LUXURIEUX, EUSE. adj. Lascif, qui est adonné à la luxure; qui peut exciter à la luxure. Un homme luxurieux. Une femme luxurieuse. Des pensées, des paroles luxurieuses. Des regards luxurieux. Des peintures luxurieuses.

LUZERNE. s. f. Plante légumineuse à feuilles en trèfle et à gousses en spirale, qui est employée comme fourrage. Semer, couper de la luzerne. Un champ de luzerne.

LUZERNIÕRE. s. f. Terre semée en luzerne, champ de luzerne.

LYCANTHROPE. s. m. Homme atteint de lycanthropie.

LYCANTHROPIE. s. f. Maladie mentale de celui qui se croit métamorphosé en loup, et qui imite le cri de cet animal. Par extension, La manie de ceux qui se croient métamorphosés en quelque autre animal.

LYCÉE. s. m. Lieu public où les Grecs s'assemblaient pour les exercices du corps.

Il signifie figurément, L'école d'Aristote, comme le Portique signifie, L'école de Zénon, parce que ces deux philosophes enseignaient leurs doctrines, l'un dans le Lycée d'Athènes, et l'autre sous le Portique.

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