Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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On l'emploie avec le pronom personnel, soit comme verbe réfléchi, soit comme verbe réciproque. Il se juge lui-même très-sévèrement. Nous nous jugeons rarement comme les autres nous jugent. Ce poëte s'est jugé lui-même dans sa préface. Ils ne se jugeaient pas l'un l'autre bien favorablement.

Il s'emploie souvent aussi, dans le sens qui précède, avec la préposition de, ou un équivalent. Juger des gens sur l'apparence, sur la mine. Juger de la pièce par l'échantillon. Je ne pouvais pas bien juger de la distance. Pour mieux juger de la chose, pour mieux en juger. Il juge mal des événements, parce qu'il n'en connaît point les véritables causes. Juger sainement des choses. On dit dans un sens analogue: L'oeil juge des couleurs. L'oreille juge des sons. Etc.

Il signifie particulièrement, Décider du défaut ou de la perfection de quelque chose. Il juge bien de la poésie, de la peinture. Il juge mal de ces sortes de choses, il ne s'y connaît point. J'en jugerais comme un aveugle des couleurs.

Il signifie également, Décider en bien ou en mal du mérite d'autrui, de ses pensées, de ses sentiments, du motif de ses actions. Bien juger, mal juger de quelqu'un, ou de ses actions. Juger mal de son prochain. Il faut toujours bien juger de tout le monde. Vous en jugez légèrement, témérairement. Jugez favorablement de lui. Absolument: Ne jugez point, si vous ne voulez être jugé. Jugez équitablement.

Juger d'autrui par soi-même, Estimer les sentiments d'autrui par les siens. Jugez d'autrui par vous-même, et voyez si vous seriez bien aise qu'on se conduisît ainsi avec vous.

JUGER signifie aussi, Conjecturer. Si j'en juge par ce premier essai, nous réussirons. Je jugeai, à son air, qu'il était fort inquiet. Il n'est pas difficile de juger ce qui en arrivera. Je jugeai que telle chose arriverait. Que jugez-vous de cela? Je ne sais qu'en juger.

Au Jeu de paume, Juger la balle, Prévoir où la balle doit tomber; et, figurément et familièrement, Prévoir quel tour une affaire prendra.

JUGER signifie encore, Croire, estimer que, être d'avis, d'opinion que, etc. Si vous jugez qu'il puisse remplir cette mission. Si vous jugez qu'il en soit capable. Si vous l'en jugez digne. Le parti que vous jugerez le meilleur, le plus convenable. Que jugez-vous que je doive faire? Je juge qu'il conviendrait de partir. Il n'a pas jugé à propos de s'y trouver. Jugez-vous cela nécessaire? On a jugé nécessaire d'y pourvoir de bonne heure. On l'emploie aussi avec le pronom personnel, soit comme verbe réfléchi, soit comme verbe réciproque. Vous en jugez-vous capable? Ils se jugèrent faits l'un pour l'autre.

Il signifie aussi, Se figurer, s'imaginer. Vous jugez, vous pouvez bien juger qu'il n'en fut pas fort content. Jugez combien je fus surpris. Jugez un peu de ma surprise. Jugez si je fus ravi de le voir. Jugez quelle fut ma joie. Il est aisé de juger d'où cela part.

JUGÉ, ÉE. participe En Jurispr., La chose jugée, se dit d'Un point de contestation qui a été jugé par les tribunaux. Il y a chose jugée quand... Le respect dû à la chose jugée. L'autorité de la chose jugée.

Jugement passé en force de chose jugée, Décision qui ne peut plus être réformée par aucune voie légale, attendu que la partie condamnée ne s'est pas pourvue dans le délai fixé.

Bien jugé, mal appelé; mal jugé, bien appelé. Formules employées dans les arrêts, quand un juge supérieur confirme ou casse la sentence d'un juge subalterne. On dit substantivement, dans le même sens, Le bien jugé. Maintenir le bien jugé.

JUGULAIRE. adj. des deux genres T. d'Anat. Qui appartient à la gorge. Les glandes jugulaires. Fosse jugulaire. Veines jugulaires.

Il se prend quelquefois substantivement au féminin, et se dit Des veines jugulaires. Les jugulaires. On l'a saigné à la jugulaire.

JUGULAIRE, substantif se dit aussi, dans le langage ordinaire, Des mentonnières d'un shako, d'un casque, etc., qui sont de cuir, et recouvertes de lames de métal. Baisser, relever les jugulaires d'un shako.

JUIF, IVE. adj. et s. Celui, celle qui professe la religion judaïque. Il est juif. Elle est juive. Un marchand juif. Les juifs de Pologne, d'Allemagne, de France. Une juive.

Prov., Être riche comme un juif, Être fort riche.

Le Juif errant, Personnage imaginaire que l'on suppose condamné à errer jusqu'à la fin du monde.

Fig. et fam., C'est le Juif errant, se dit D'un homme qui change souvent de demeure, qui voyage sans cesse.

JUIF se dit aussi, figurément et familièrement, de Celui qui prête à usure ou qui vend exorbitamment cher, et en général de Quiconque cherche à gagner de l'argent par des moyens injustes et sordides. C'est un juif, il prête à quinze pour cent. Vous êtes un juif, un vrai juif.

JUILLET. s. m. (On mouille les L.) Le septième mois de l'année. Au mois de juillet. Le premier, le deux de juillet. Le premier, le deux juillet. Il est né en juillet. À la mi-juillet.

JUIN. s. m. Le sixième mois de l'année. Au mois de juin. Le premier, le deux de juin. Le premier, le deux juin. À la mi-juin.

JUIVERIE. s. f. Quartier d'une ville habité par les juifs. La juiverie de Metz.

JUIVERIE se dit aussi, familièrement, d'Un marché usuraire. C'est une vraie juiverie. Il m'a fait une juiverie.

JUJUBE. s. f. Le fruit du jujubier, qui consiste en un noyau à deux loges renfermé dans une enveloppe pulpeuse, et qui s'emploie fréquemment en médecine comme pectoral et adoucissant. Pâte de jujube.

JUJUBIER. s. m. T. de Botan. Arbre de la même famille que le houx et le fusain, dont le bois tortueux est armé de fortes épines. Le jujubier croît naturellement en Provence et dans les autres contrées méridionales.

JULE. s. m. T. d'Entomologie. Voyez IULE.

JULE. s. m. Nom d'une monnaie qui a cours en Italie, et surtout à Rome. Le jule vaut environ trente centimes, et tire son nom du pape Jules II.

JULEP. s. m. (On prononce le P.) T. de Médec. Potion adoucissante que l'on administre particulièrement la nuit. Julep rafraîchissant. Julep cordial. Julep somnifère. Donner, prendre un julep, des juleps.

JULIENNE. adj. f. T. de Chronologie. Il se dit De l'année commune de trois cent soixante-cinq jours, ou bissextile de trois cent soixante-six, ainsi que De la correction qui a introduit les années bissextiles, suivant le calendrier de Jules César. Année julienne. Correction julienne.

Période Julienne, Espace de temps qui renferme sept mille neuf cent quatre-vingts ans, et qui résulte de la multiplication des trois cycles ordinaires, c'est-à-dire, le cycle solaire, le cycle lunaire, et l'indiction. Scaliger est l'inventeur de la période Julienne.

JULIENNE. s. f. T. de Botan. Genre de plantes crucifères, qui se rapprochent beaucoup des giroflées, et dont plusieurs espèces sont employées en médecine, ou cultivées dans les jardins d'agrément.

JULIENNE. s. f. T. de Cuisine. Potage fait avec plusieurs sortes d'herbes et de légumes. Servir une julienne. On dit aussi, Potage à la julienne.

JUMART. s. m. Animal qu'on supposait engendré soit d'un taureau et d'une ânesse, ou d'un âne et d'une vache, soit d'un cheval et d'une vache, ou d'un taureau et d'une jument.

JUMEAU, ELLE. adj. Il se dit De deux ou de plusieurs enfants nés d'un même accouchement. Deux frères jumeaux. C'est sa soeur jumelle. On le dit quelquefois en parlant Des animaux. Deux chiens jumeaux.

Il est souvent substantif. Elle accoucha de deux jumeaux, de trois jumeaux. C'est un jumeau.

JUMEAU se dit aussi Des fruits quand il s'en trouve deux joints ensemble; et alors il ne s'emploie jamais que comme adjectif. Une pomme jumelle. Des abricots jumeaux. Des cerises jumelles. Cette noix est jumelle. Amande jumelle. Des grains de raisin jumeaux.

Lits jumeaux, Deux lits de même forme et de même dimension, placés parallèlement dans la même pièce.

En termes d'Anat., Muscles jumeaux, ou substantivement, Jumeaux, se dit de Deux petits muscles qui concourent au mouvement de la jambe; et, Artères, veines jumelles, nerfs jumeaux, de Certaines artères, etc., qui aboutissent, qui se perdent dans les muscles jumeaux.

JUMELÉ, ÉE. adj. T. de Blason. Il se dit D'un sautoir, d'un chevron, de toute pièce formée de deux jumelles.

JUMELLES. s. f. pl. T. de Charpenterie. Il se dit de Deux pièces de bois montantes qui entrent dans la composition d'un pressoir.

Il se dit en général, dans presque tous les Arts, de Deux pièces de bois ou de métal qui sont semblables, et qui entrent dans la composition d'une machine ou d'un

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