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Les parties de la génération du rat musqué femelle, sont semblables à celle du rat domestique femelle; elles ont six mamelles, savoir trois de chaque côté, & elles font jusqu'à cinq ou six petits.
Les follicules dont nous venons de parler, sont situées au - dessus de l'os pubis. On les trouve également au mâle & à la femelle. Les canadiens les appellent rognons du rat musqué; & les canadiennes, par modestie, les nomment boutons. Les uns & les autres croient que ce sont ses testicules. Les chasseurs arrachent les follicules des rats musqués, mâle & femelle, dans la saison du rut; ils leur coupent en même tems un peu de peau, dont ils les enveloppent pour les vendre; ces follicules ont la figure d'une petite poire renversée. Elles sont un composé de glandes conglomerées, envelopées de membranes garnies de vaisseaux & de conduits excrétoires, qui fournissent vraissemblablement l'humeur qu'elles contiennent.
Cette humeur ressemble au lait, tant par sa consistance, que par sa couleur. On ne peut douter un moment, que l'odeur de musc, qu'exhale le rat musqué, ne lui soit due. M. Sarrazin croyoit qu'elle lui etoit communiquée par le calamus aromatique, dont il se nourrit assez ordinairement. Clusius a aussi attribué à cette plante, l'odeur du musc du rat qu'il a décrit. Ce qui semble prouver qu'elle contribue beaucoup à celle du nôtre, c'est qu'il a plus d'odeur à la fin de l'hiver, où il n'a presque vêcu que de cette plante, que pendant l'été & l'automne, où il se nourrit indifféremment de diverses autres racines. Mais quelle que soit sa nourriture, il se fait vraissemblablement dans cet animal, lorsque la saison de ses amours arrive, une fermentation qui exhale cette odeur.
La verge est attachée par sa racine à la levre inférieure de l'os pubis. Le balanus a trois ou quatre os, qui peuvent remuer en tous sens. Les testicules ont la grosseur d'une noix muscade, & sont situées à côté de l'anus. Les vésicules séminales paroissent parfaitement dans le tems du rut; elles sont si engagées sous l'os pubis, qu'il faut le détruire pour les bien reconnoître; leur longueur est d'environ un pouce; ces vésicules servent probablement de prostates. Mais une chose bien singuliere, & peut - être particuliere au seul rat musqué, c'est qu'à mesure que son amour s'affoiblit, la plûpart de ses organes de la génération s'effacent, les testicules, l'épididime & les vésicules commencent à se flétrir.
Ses piés de devant sont semblables à ceux de tous les animaux qui rongent; ceux de derriere n'ont aucune ressemblance aux piés du rat domestique, non plus qu'à ceux du castor, & du rat musqué, décrit par Clusius. Il dit que ce dernier a les piés de derriere garnis de membranes; le nôtre a les doigts séparés les uns des autres, avec une membrane qui regne le long des côtés de chaque doigt, & qui est garnie de poils rudes; ensorte que les doigts, la membrane, & les poils arrangés d'une certaine maniere, forment un instrument propre à nager, mais qui ne vaut pas cependant le pié du castor; aussi ne nage - t - il pas si vîte. Il marche en canne, mais beaucoup moins que le castor & que les oiseaux de riviere; ce mouvement est aidé par un muscle qui tire la jambe & la cuisse en dehors. Sa force pour nager est augmentée, parce qu'il décrit avec sa patte une
Le rat des Alpes de M. Rey, est celui de l'Europe,
qui a plus de ressemblance pour la conformation exterieure,
avec le rat musqué d'Amérique. On nous
envoie quelquefois du Canada les rognons secs de
cet animal, qu'on nomme rognons de musc; mais nos
parfumeurs n'en font presque plus d'usage. (Le Chevalier
Ces rats demeurent dans les montagnes de la Lapponie, qui sont toutes criblées de trous qu'ils y font pour se loger. Chacun a le sien, ils ne sont pas coenobites; ce n'est pas pourtant qu'ils soient farouches, au contraire, ce sont des rats de société & d'ailleurs très - résolus; ils aboient comme de petits chiens, quand on en approche; & si on leur présente le bout d'un bâton, au lieu de s'enfuir, ils le mordillent & le tiraillent. Ils font ordinairement cinq ou six petits à la fois, mais jamais plus; aussi leurs femelles n'ont - elles que six tettes. Ils se nourrissent avec de l'herbe & de la mousse à rennes.
Ce qu'il y a de plus remarquable dans ces animaux, ce sont leurs émigrations; car en certains tems, ordinairement en dix ou vingt ans une fois, ils s'en vont en troupes nombreuses, & marchant par bandes de plusieurs milliers, ils creusent des sentiers de la profondeur de deux doigts, sur un demi - quart ou un quart d'aune de largeur. On voit même plusieurs de ces sentiers à la fois paralleles les uns aux autres, & divisés en droite ligne, mais toujours distanciés de plusieurs aunes. Chemin faisant, ils mangent les herbes & les racines qui sortent de terre, & font des petits en route, dont ils en portent un dans la gueule, un autre sur le dos, & abandonnent le surplus, si surplus il y a. Ils prennent en descendant des montagnes, le chemin du golfe de Bothnie; mais ordinairement ils sont dispersés, & périssent avant d'y arriver.
Une autre singularité dans la maniere dont ils font ce voyage, c'est que rien ne peut les obliger à se détourner de leur route, qu'ils suivent toujours en droite ligne. Qu'ils rencontrent, par exemple, un homme, ils tâchent de lui passer entre les jambes, plutôt que de se déranger de leur chemin, ou bien ils se mettent sur les piés de derriere, & mordent la canne qu'on leur oppose. S'ils rencontrent une meule de foin, ils se font un chemin au travers, à force de manger, & de creuser, plutôt que d'en faire le tour.
Le peuple qui n'a point su la demeure de ces animaux,
s'est imaginé qu'ils tomboient des nues. Wormius a fait un ouvrage pour l'expliquer par des raisons
probables; mais avant que d'examiner comment
il peut tomber des rats du ciel, il eût été bon
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