Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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nom singulier. Peuple, multitude, armée, forêt sont des noms collectifs. Les deux premiers font concevoir plusieurs hommes, le 3e plusieurs soldats, le 4e plusieurs arbres.
   M. de Wailly distingue fort bien deux sortes de noms collectifs, les collectifs généraux (nous les avons cités) et les collectifs partitifs, qui n'expriment qu'une partie de la collection, la plupart, partie, nombre, amas, etc. 1°. Quand le collectif général est suivi d'un pluriel, l'adjectif, le pronom et le verbe s'acordent, non avec ce pluriel, mais avec le collectif. "L'armée des infidèles fut entièrement défaite. Au contraire, le pluriel, qui suit le collectif partitif, inflûe sur le nombre du verbe, du pronom et de l'adjectif. "Une partie des Infidèles y furent tués, et non pas y fut tuée. "Une partie du pain mangé, et non pas mangée. Buf. — La raison que done M. de Wailly de cette diférence, c'est que le collectif partitif et le pluriel qui le suit, ne font qu'une expression; au lieu que le collectif général présente une idée indépendamment de ce qui peut suivre. On dit, armée, peuple, forêt tout seuls. On ne peut dire nombre, partie, sans les acompagner de quelqu'aûtre mot. — Remarquez pourtant qu'après les collectifs généraux, quoiqu'ils soient au singulier, on met souvent les pronoms personels au pluriel.
   Tout ce peuple captif, qui tremble au nom d'un Maitre,
   Soutient mal un pouvoir, qui ne fait que de naître;
   Ils ont, pour s'afranchir, les yeux toujours ouverts.
       Racine.
Le P. Bufier, de qui M. de Wailly a emprunté sa règle, qu'il a, à la vérité, mieux présentée, pense que peut être ce ne serait pas une faûte de dire: une partie des Soldats s'enfuit, au lieu de s'enfuirent. Je crois même que dans cette ocasion, le premier vaut beaucoup mieux. Ainsi, sur cet article, il faut un peu consulter l'oreille et le goût. — Je ne suis pas de l'avis du même P. Bufier, quand il dit qu'il faudrait, ce semble, faire acorder le verbe avec d'aûtres noms collectifs, et qu'il est mieux de dire: le tiers des vignes est gelé, que sont gelées; les trois quarts du Château furent brûlés, et non pas fut brûlé. Avec la permission de cet habile Gramairien, tiers et trois quarts ne sont pas des noms collectifs;

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