Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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APPARTENANCE. s. f. Dépendance, ce qui appartient à une chose, ce qui dépend d'une chose. Vendre une maison avec toutes ses appartenances et dépendances. Cette métairie est une des appartenances de ma terre. Ce village était une appartenance de telle châtellenie.

APPARTENANT, ANTE. adj. Qui appartient de droit. Le bien appartenant à un tel. Une maison à lui appartenante. Il n'est guère usité que dans ces sortes de phrases.

APPARTENIR. v. n. (Il se conjugue comme Tenir.) Être la propriété légitime de quelqu'un, soit que celui à qui est la chose dont on parle la possède, soit qu'il ne la possède pas. Les biens qui appartiennent à des particuliers. Il retient injustement un objet qui m'appartient. La part et portion qui lui appartient dans cette succession. Il m'en appartient une moitié. Cette maison, ce domaine m'appartient. Cela nous appartient de droit.

Il signifie aussi, Être le droit, le privilége, la prérogative de quelqu'un. Le droit de faire grâce appartient au roi. Le droit de battre monnaie appartient au souverain. Les honneurs qui vous appartiennent. Ces droits appartiennent à ma charge. La connaissance de cette affaire appartient à tel juge.

Il signifie également, Être le propre, le caractère particulier de. Ils ont attribué à la matière ce qui n'appartient qu'à l'esprit, à l'âme. La perfection n'appartient qu'à Dieu seul.

Il signifie encore, Faire partie de. Un membre séparé du corps auquel il appartient. On a trouvé le bras qui appartient à cette statue mutilée. Cet animal, cette plante appartient à tel genre.

Il signifie aussi, Avoir une relation nécessaire ou de convenance. Cette question appartient à la philosophie. Cela appartient à la matière que je traite. Cela appartient à la grammaire. Cela n'appartient pas à mon sujet.

Il signifie en outre, Être parent de. Il appartient à d'honnêtes parents. Il appartenait aux plus grands seigneurs du royaume. L'honneur que j'ai de vous appartenir. Il y a toujours quelque sorte de supériorité du côté de ceux à qui l'on dit que l'on appartient.

Il signifie aussi, Être attaché à quelqu'un, être à son service. Je ne savais pas que ce laquais, vous appartînt.

APPARTENIR s'emploie impersonnellement, et signifie, Convenir, être de droit, de devoir, de bienséance. Il appartient aux pères de châtier leurs enfants. Il appartient à l'évêque d'instruire ses ouailles. Il ne vous appartient pas de le reprendre. Il n'appartient qu'à un prince de faire une si grosse dépense. C'est à vous qu'il appartient de traiter ce sujet, de faire cette entreprise.

Il n'appartient qu'à peu de gens de sentir, de comprendre cela, Il n'est donné qu'à peu de gens, etc. Il n'appartient qu'au génie de concevoir une telle pensée, Le génie seul est capable de concevoir une telle pensée. Etc.

Par manière de reproche, Il vous appartient bien de... Vous êtes bien hardi de... Il vous appartient bien de vous plaindre après tout ce que vous avez fait.

Ainsi qu'il appartiendra. Formule qui signifie, Selon qu'il sera convenable. On dit de même: Pour être statué ce qu'il appartiendra. Pour être pris telles mesures qu'il appartiendra. On dit également, À tous ceux qu'il appartiendra, À tous ceux qui y auront intérêt, ou qui voudront en prendre connaissance.

APPAS. s. m. pl. Il se dit principalement Des attraits, des charmes, des agréments extérieurs d'une femme. Cette femme a des appas. Être séduit par les appas d'une femme.

Il se dit figurément de Certaines choses qui attirent, qui séduisent, qui excitent le désir. Les appas de la volupté. Les appas de la gloire, de la vertu, etc. Le jeu a de grands appas pour lui.

APPÂT. s. m. Pâture, mangeaille qu'on met, soit à des piéges, pour attirer des quadrupèdes ou des oiseaux, soit à des hameçons, pour pêcher des poissons. Appât friand. Appât trompeur. Le sel est un excellent appât pour attirer les pigeons. Les vers, les moucherons, sont de bons appâts pour prendre des poissons. Mettre l'appât à un piége. Mettre l'appât à la ligne, à l'hameçon. Le poisson a avalé l'appât, a mordu à l'appât.

Il se dit figurément de Tout ce qui attire, qui engage à faire quelque chose. L'appât du gain. L'intérêt est un grand appât pour beaucoup d'hommes. Ce bon accueil, ces paroles obligeantes ne sont autre chose qu'un appât, ne sont qu'un appât pour l'engager à faire ce que l'on souhaite de lui.

APPÂTER. v. a. Attirer avec un appât. Il faut appâter les oiseaux, les poissons.

Il signifie aussi, Mettre le manger dans le bec des petits oiseaux, ou Donner à manger à quelqu'un qui ne peut pas se servir de ses mains. Appâter de petits oiseaux. Il faut l'appâter comme un enfant.

APPÂTÉ, ÉE. participe

APPAUMÉ. adj. T. de Blason. Il se dit D'un écu chargé d'une main qui est étendue et qui montre la paume.

APPAUVRIR. v. a. Rendre pauvre. Ses procès l'ont fort appauvri. L'interruption du commerce appauvrit un pays. Prov., Donner pour Dieu n'appauvrit jamais.

Fig., Appauvrir une langue, En retrancher des mots ou des façons de parler, et la rendre ainsi moins abondante, moins expressive. Il faut prendre garde d'appauvrir la langue à force de vouloir la polir.

Fig., Appauvrir un terrain, un sol, Les épuiser, ou en diminuer beaucoup la fertilité. La mauvaise culture a fort appauvri ce terrain.

APPAUVRIR s'emploie avec le pronom personnel, et signifie, tant au propre qu'au figuré, Devenir pauvre. Ce pays-là s'appauvrit tous les jours. Il s'est appauvri en peu de temps par ses dépenses excessives. Un État s'enrichit par la paix, et s'appauvrit par la guerre. Les langues vivantes s'enrichissent et s'appauvrissent selon la différence des temps et des esprits.

APPAUVRI, IE. participe Un sol appauvri. Une terre appauvrie.

Un sang appauvri, Un sang qui a perdu une partie de ses principes constituants, qui est pâle, décoloré, sans consistance, abondant en sérosité.

APPAUVRISSEMENT. s. m. L'état de pauvreté, d'indigence où l'on tombe peu à peu par la diminution des choses nécessaires à la vie. L'appauvrissement d'une famille. De là vient l'appauvrissement du pays, de la province. L'appauvrissement des peuples.

Il se dit figurément de L'état d'une langue devenue moins abondante, moins expressive. L'appauvrissement d'une langue vient de ce que l'usage en rejette des termes et des tours de phrases.

L'appauvrissement du sol, L'état d'un sol épuisé, d'un sol qui a beaucoup perdu de sa fertilité. On dit aussi, L'appauvrissement du sang.

APPEAU. s. m. Sorte de sifflet avec lequel on contrefait la voix des oiseaux pour les faire approcher, ou pour les attirer dans quelque piége. Un appeau pour prendre des cailles.

Il se dit également Des oiseaux dont on se sert pour appeler et attirer les autres oiseaux.

APPEL. s. m. Action d'appeler avec la voix, ou autrement. Il n'a pas entendu votre appel. Ce cri est un appel. L'appel de la femelle pour faire venir le mâle.

En termes de Chasse et de Manége, Appel de la langue, Action d'appeler, d'exciter un chien ou un cheval en donnant de la langue. Voyez LANGUE.

APPEL se dit particulièrement de L'appellation à haute voix que l'on fait des personnes qui se doivent trouver à une revue, à une assemblée, etc., afin de s'assurer qu'elles sont présentes. Appel militaire. Ce soldat ne se trouva pas à l'appel. Cet ouvrier n'était pas à l'appel, il a été rayé. Répondre à l'appel. Manquer à l'appel. L'appel ne se fera que dans une heure. L'heure de l'appel. Il y a deux, trois appels par jour. Faire l'appel des jurés, des témoins, etc.

Dans les Assemblées politiques, Appel nominal, Action d'appeler chaque membre à haute voix, pour qu'il exprime son opinion ou donne son vote.

Au Palais, L'appel d'une cause, L'action d'appeler une cause, pour qu'elle soit plaidée.

APPEL se dit aussi d'Un signal qui se fait avec le tambour ou la trompette, pour assembler les soldats. Battre l'appel. Sonner un appel.

APPEL en matière de Recrutement, signifie, L'action d'appeler sous les drapeaux. L'appel de cette classe n'aura lieu qu'à telle époque. Il n'y a point eu de réfractaires, tous les jeunes gens ont répondu à l'appel qui leur a été fait.

APPEL en termes d'Escrime, Attaque qui se fait d'un simple battement du pied, à la même place.

APPEL signifie aussi, Une provocation en duel, un cartel. Faire un appel. Recevoir un appel. Les appels sont défendus comme les duels. On dit plus ordinairement, Cartel ou Défi.

En termes de Finance et de Commerce, Faire un appel de fonds, Demander de nouveaux fonds aux associés ou actionnaires d'une compagnie, d'une entreprise, quand les premières mises n'ont pas suffi pour les dépenses, ou qu'un événement imprévu nécessite des dépenses extraordinaires.

Faire un appel à la générosité de quelqu'un,

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