LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇOISE
1ère Edition, 1694

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Page 45

Appeller, Se dit particulierement des inspirations que Dieu nous envoye, & des marques, soit exterieures soit interieures, par lesquelles il nous fait connoistre qu'elle est sa volonté. Il ne faut pas resister quand Dieu nous appelle. Dieu appella S. Paul à l'Apostolat. il a voulu appeller les idolastres à la foy. Dieu l'appelle à l'estat Ecclesiastique. Dieu ne vous veut point dans le monde, il vous appelle dans la solitude, dans un Monastere.

On dit dans un sens particulier, que Dieu a appellé une personne, qui l'a appellée à soy, pour dire, qu'Elle est morte.

Appeller, signifie aussi, Faire venir devant le Juge pour quelque chose que ce soit. On l'a fait appeller pour se voir condamner à payer une somme. appeller en tesmoignage. appeller en garentie.

En ce sens, On dit absolument Appeller. Je vous feray appeller si vous ne me payez. le Juge a ordonné que les parties seroient appellées.

Appeller, signifie aussi, Faire venir devant le Juge superieur, y porter sa cause, comme ayant esté mal jugé par le Juge subalterne, en ce sens il est neutre. Il a appellé. de cette sentence. il a appellé du Presidial au Parlement. appeller comme de Juge incompetent. Appeller comme d'abus, C'est appeller à un tribunal laïque, d'un jugement Ecclesiastique qu'on pretend avoir esté mal & abusivement rendu.

On dit aussi, Appeller au jugement de Dieu, Quand on est mal jugé par des Juges superieurs & sans appel. Cet innocent condamné en appella publiquement au jugement de Dieu.

On dit figur. dans le discours familier, qu'On en appelle, Quand on ne consent pas à quelque chose, à quelque proposition. Vous me condamnez à cela, j'en appelle.

On dit encore figur. qu'Un homme en a appellé, Quand il est revenu d'une grande maladie. Il ne se dit que par maniere de raillerie.

On dit prov. C'est le chien de Jean de Nivelle, il s'enfuit quand on l'appelle, pour dire, qu'Une personne ne fait rien de ce qu'on luy demande.

Appellé, [appell]ée

Appellé, [appell]ée. partic. Il a les significations de son verbe.

Il se dit quelquefois substantivement. Beaucoup d'appellez, & peu d'Elus.

Appellant, [appell]ante

Appellant, [appell]ante. adj. verbal. Qui appelle d'un jugement. Il est appellant de cette Sentence. elle est appellante. se rendre appellant. estre receu appellant.

Il est quelquefois subst. L'appellant & l'intimé.

Visage d'appellant, Se dit de celuy qui est triste d'avoir perdu son procez, & qui en a appellé. Il avoit un vrai visage d'appellant.

Il se dit figur. de tous ceux qui ont le visage abbatu par quelque maladie ou quelque autre affliction. Il est tousjours triste, c'est un visage d'appellant.

Appellant, Se dit de ces oiseaux qui servent pour appeller les autres, & les faire venir dans les filets. Un bon appellant.

Appel

Appel. sub. m. Recours au Juge superieur, action d'appeller d'un Juge subalterne à un Juge superieur. Acte d'appel. relief d'appel. causes & moyens d'appel. appel comme d'abus. appel simple. fol appel. par appel. Juge d'appel. interjetter appel. relever son appel. Juger sans appel. il y a appel.

Appel, Se dit aussi pour exprimer cette action, par laquelle on prononce n haute voix les noms des personnes qui se doivent trouver à une reveuë, à une montre, ou à quelqu'autre comparution. Cet ouvrier n'estoit pas à l'appel, il a esté rayé. pour estre payé des rentes sur l'Hostel de Ville, il faut estre à l'appel. se trouver à l'appel. l'appel ne se fera que dans une heure.

Appel, Se dit aussi d'un bruit de guerre, qui se fait avec le tambour ou la trompette, pour assembler les soldats. Battre l'appel.

Appel, Signifie aussi le deffi qu'on fait à quelqu'un de se battre en duel. Faire un appel. recevoir un appel. on ne fait plus d'appel.

Appellation

Appellation. s. f. Les deux l se prononcent. Appel d'un jugement, ne se dit guere que dans ces formules. La Cour a mis l'appellation au neant, nonobstant oppositions ou appellations quelconques.

Appeau

Appeau. s. m. Sorte de sifflet avec lequel on contrefait la voix des oiseaux pour les faire tomber dans les filets. Un appeau pour prendre des cailles.

Appellatif

Appellatif. adj. Les deux l se prononcent. Terme de Grammaire. Il ne se joint qu'avec le nom appellatif. C'est le nom de l'espece opposé au nom propre qui est le nom de l'individu. Homme, arbre, lion sont des noms appellatifs.

Rappeller

Rappeller. v. act. Appeller plusieurs fois. Je l'ay appellé & rappellé sans qu'il ait respondu.

Il signifie plus ordinairement faire revenir la personne qui s'en va, encore que l'on ne l'eust point desja appellée. Je m'en allois & il m'a rappellé, il m'a fait rappeller.

Il se dit aussi, Pour marquer qu'on fait revenir ceux qui ont esté disgraciez, chassez, ou exilez. Il avoit esté disgracié, mais le Roy l'a rappellé. il a esté rappellé à la Cour, on l'a rappellé d'exil.

Il s'employe aussi, pour dire, Se representer les idées des choses passées. Rappeller le temps passé. rappeller sa jeunesse. rappellez un peu le souvenir de nostre ancienne amitié. rappeller dans sa memoire.

On dit, Rappeller sa memoire, pour dire, Tascher de se ressouvenir.

On dit aussi, Rappeller ses esprits, rappeller ses sens, pour dire, Reprendre ses esprits, reprendre ses sens.

Rappellé, [rappell]ée

Rappellé, [rappell]ée. part. Il a les significations de son verbe.

Rappel

Rappel. s. m. v. Action par laquelle on rappelle. Ne se dit qu'en parlant de ceux qui ont esté disgraciez ou exilez. Aprés son rappel à la Cour.

Rappel de ban, Se dit des lettres du Prince, par lesquelles il rappelle quelqu'un de bannissement. Obtenir un rappel de ban.

APPENTIS

APPENTIS. s. m. Bastiment bas & petit qui est appuyé contre un plus haut. Il a fait bastir un petit appentis. se mettre à l'abry de la pluye sous un appentis.

APENS

APENS. Vieux mot qui vient du verbe Appenser, qui n'est plus en usage. Il ne se dit qu'en cette phrase, Guet à pens, pour dire, Un assassinat medité, deliberé. C'est un guet à pens.

APPERCEVOIR. &brace; Voy PERCEVOIR.

APPESANTI, APPESANTIR, APPESANTISSEMENT. &brace; Voy PESANT.

APPETER

APPETER. v. act. Desirer par inclination naturelle independemment de la raison. Chaque chose appete le centre, appete ce qui luy est convenable. l'estomac appete les viandes. la nature appete cela. la femelle appete le masle. Dans ce verbe & dans tout ce qui en derive, l'é est masculin & se prononce comme dans le mot. Bonté.

Appeté, [appet]ée

Appeté, [appet]ée. part.

Appetit

Appetit. s. m. v. Inclination, faculté de l'ame par laquelle elle est capable de desirer. Appetit sensuel, charnel, brutal. appetit dereglé, desordonné. contenter, satisfaire ses appetits. il se laisse entraisner, gourmander par ses appetits. il a un appetit insatiable des richesses, des honneurs.

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