Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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Page C827a

l' e.] Vogue est, au propre, un terme de Marine. Moûvement d'une galère, ou aûtre bâtiment semblable, causé par la force des rames: "Vogue lente, faible, ou, pressée et forte. = Au Fig. Crédit, réputation. "Avoir la vogue; être en vogue. "Cela l'a mis en vogue.
   C'est souvent du hasard que nait l'opinion;
   Et c'est l'opinion qui fait toujours la vogue.
       La Fontaine.
"MAIMBOURG eut d'abord trop de vogue, on l'a trop négligé ensuite. Il y a encore quelques unes de ses histoires qu'on lit avec plaisir. Volt. Comme on dit, pâsser de mode, l'Ab. Sabatier a cru pouvoir dire pâsser de vogue. "Des bagatelles qui pâssent bientôt de vogue. Trois Siècles. Je ne crois pas cette expression reçue.
   Mode, Vogue, (synon.) La mode est un usage régnant et passager, introduit dans la société par le goût, la fantaisie, le caprice. La vogue est un concours, excité par la réputation, l'estime, et par préférence aux aûtres objets du même genre. Une marchandise est à la mode: on en fait un grand usage. Un tel Marchand, qui la vend, a la vogue: on y court de toutes parts. On prend la coifure, le ton et jusqu'au remède, qui est à la mode: on prend le Médecin, l'Ouvrière, qui a la vogue. On suit la mode: la vogue entraîne, etc. Extr. des Synon. Fr. de M. l'Ab. Roubaud.

VOGUER


VOGUER, v. n. [Voghé: 2eé fermé.] Être poussé sur l'eau à force de rames. "Les galères començaient à voguer. = On le dit quelquefois des vaisseaux, qui vont à force de voiles. "Ils voguaient en pleine mer. = Ramer. "Ces forçats voguent bien ou mal. Voy. GALèRE.

VOGUEUR


VOGUEUR, s. m. [Vo-gheur.] Rameur. "Il avait de bons vogueurs. — Rameur est plus usité.

VOICI


VOICI, VOILâ, prép. Le premier sert à montrer, à désigner un objet plus proche; et le second un objet plus éloigné "Voici mon livre, voilà le vôtre. — Ils se disent aussi des chôses qui ne s'aperçoivent pas par les sens; et alors voici se dit de ce qu'on va dire; et voilà de ce qu'on vient de dire. "Voilà ce qu'on objecte: voici ce qu'on peut répondre. Ils régissent ordinairement l'acusatif, et quelquefois le génitif: "Voilà de mes gens: en voici bien d'une aûtre. On sous-entend aventûre. st. famil. = 1°. Les [C827b} pronoms personels doivent précéder ces prépositions et non pas les suivre. On ne dit point, voici moi, voici lui; mais on dit: me voici, le voilà. = 2°. Précédés de l'article le, la, les, ils doivent être suivis de qui, pronom relatif, indéclinable, et non pas de la conjonction que. On n'emploie cette conjonction que quand voici et voilà sont employés sans article. Ainsi l'on dira: le voici qui vient; et voici qu'il vient: le voilà qui arrive, et voilà qu'il arrive. "Le voilà qui se jette, ou voilà qu'il se jette. "Le voilà qui se jette aux pieds d'Hégésipe. Télém. = 3°. Aûtrefois on faisait régir à voici et à voilà l'infinitif sans préposition. "Voici venir ma soeur Corn. "Voilà savoir faire un digne usage de ses richesses. Roll. On dirait aujourd'hui: voici ma soeur, qui vient: c'est là savoir faire, etc. M. l'Ab. Monnier a encôre dit, tout récemment: voici venir Fuscus Aristius, mon ami. Traduct. d'Horace. = 4°. On met aussi le que entre des noms, et voici ou voilà. "Monsieur que voici; Madame que voilà. = Celui-ci régit quelquefois la prép. de: "Déesse curieuse et inquiéte, voilà toujours de vos soupçons. Mde Dacier, Iliade. = 5°. Voilà ne modifie point les verbes, sans être suivi de que: "Allez, enseignez, baptisez; et voilà je suis avec vous, jusqu'à la fin du monde. Bossuet. On en trouve mille exemples dans les anciènes traductions de la Bible; et l'éloquent Saurin le dit toujours ainsi. L'on dit aujourd'hui: voilà que je suis, etc. = 6°. Voilà est quelquefois précédé d'un ou de plusieurs infinitifs: "Abaisser l'orgueuil, soulager les malheureux, protéger l'inoncence et punir le crime, voilà leurs destins. Jér. Dél. Les infinitifs tiènent lieu de nominatif, et voilà de verbe. C'est comme si l'on disait: ce sont là leurs destins. Voy. NOMINATIF, IV. n°. 2°. = 7°. Nous y voici, c. à. d. voici ce que j'avais prévu que vous diriez.
   Comme te voilà fait! je t' ai vu si joli.
   Ah! vraiment nous y voici,
   Repris l'ours à sa manière.
   Comme me voilà fait! comme doit être un ours.
       La Font.
= 8°. Voici et voilà sont quelquefois redoublés.
  Voici, voici le tems, où, libres de contrainte,
  Nos voix peuvent pour lui signaler leurs accens.
       Rouss.

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