Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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Page C760b


   Vous allez donc en cornets de papier,
   Enveloper le poivre ainsi que Pelletier,
   Et faire un foible homage à la typomanie.

TYRAN


TYRAN, s. m. TYRANNIE, s. f. TYRANNIQUE, adj. TYRANNIQUEMENT, adv. TYRANNISER, v. act. ou TYRANIE, TYRANIQUE, etc. avec une seule n. [Tiran, ranie, nike, nikeman, nizé: 4ee muet au 2d, 3e et 4e. é fer. au dern.] Tyran, 1°. Qui a usurpé la puissance souveraine. = 2°. Prince légitime, qui gouverne avec cruauté et avec injustice. = 3°. Particulier qui abuse de son autorité contre le droit et la raison; ou, qui, dans la compagnie où il est, s'atribue plus d'autorité qu'il ne lui apartient; ou qui exerce durement son autorité dans sa famille, ou dans la société.
   Oui, nous verrons bientôt de petits conquérans,
   Du Parnasse François audacieux tyrans,
   De leurs maitres fameux proscrire les merveilles
   Et leur orgueil briser le sceptre des Corneilles.
       Le Franc. 1739.
* Balzac avait employé et inventé même tyrane: l'usage l'a rejeté. = Tyranie a tous les sens de tyran. La tyranie d'un Prince, d'un Gouvernement. "Gémir sous la tyranie. Exercer la tyranie. = Figurément. "La tyranie de la coutume, de la mode, des passions. = Tyranique, qui tient de la tyranie. — Il ne se dit régulièrement que des chôses: action, ordre, gouvernement tyranique. "Tant l'amour déréglé est aveugle et tyranique dans un coeur qui n'a pas la force de s'en rendre le maitre. Maimb. * Voltaire dit du Cardinal de Richelieu, qu'il était ambitieux et tyrannique. Hist. du Parlement de Paris.
   Ce Fierenfat est par trop tyrannique.
       Enfant Prodigue.
Je ne crois pas qu'on le dise des persones. = Tyraniquement, d'une manière tyranique. "Gouverner tyraniquement. = Tyraniser, traiter tyraniquement. "Prince, Gouverneur, Magistrat, Seigneur, père, mère qui tyranise les peuples, ses vassaux, ses enfans. "Les passions tyranisent l'âme.
   On m'a, pour le choisir, presque tyrannysée,
   Et mon ame jamais n'y fut moins disposée.
       PIRON. Métrom.

TYRSE


TYRSE. Voy. TIRSE. {C761a~} 


U



U


U, s. m. La 21e Lettre de l'Alphabet, et la 5e des voyèles. On prononce u, et non pas vu: on dit un u, et non pas un vu. = 1°. La prononciation de l'u voyèle nous est venue des anciens Gaulois. Les Romains lui donaient le son d'ou, et c'est celui que lui donent encôre les aûtres Nations de l'Europe: c'est à quoi les étrangers doivent prendre garde. Les Allemands ont un exemple de cette prononciation dans la manière dont on prononce en Saxe l'u du mot fuhren. BUF. Les Italiens de la Lombardie prononcent aussi l'u voyèle comme nous, en quoi ils difèrent du reste des Italiens. = 2°. Dans les mots étrangers ou latins, devenus français, où l'u est suivi d'une m ou d'une n, il prend le son de l'o nasal. Usuncassan, un factum, un factotum. Prononc. Uzoncassan, fakton, fuktoton. — 3°. L' u est muet et ne se prononce pas dans presque toutes les syllabes où il est aprês q, et dans toutes celles où ils est après g. Aprês le q, l'u est presque toujours une lettre inutile, que l'usage a introduite: quelque, quand; pron. kelke, kan. Aprês le g, l'u n'est nécessaire que pour doner au g un son fort qu'il n'a pas devant l'e et l'i. Ainsi l'on écrit guerre, guide, etc. qu'on pron. gherre, ghide, et qu'on prononcerait jerre, gide, si l'u ne s' y trouvait pas.

UBERTÉ


*UBERTÉ, s. f. Abondance. Pur latinisme. Un jeune Orateur, amateur du néologisme et des synonymes, craignant avec raison que ce mot ne fût pas entendu de tout le monde, y a acolé le mot abondance, qui a le même sens. C'est joindre le pléonasme à l'afectation du néologisme.

UCE


UCE; pénultième brève: puce, aumuce, etc.

UCHE


UCHE; finale, dont la pénult. est longue dans bûche, embûche, on débûche; mais elle devient brève dans bucher, débucher, etc.

UE


UE, diphtongue, ne se trouve que dans écuelle, où elle est aussi brève que peut l'être une vraie diphtongue. = Dans cueil, cercueil, cueillir, recueil, orgueil, et leurs dérivés, elle a le son d'eu, contre l'analogie. Il serait convenable d'ajouter un u aprês l'e, et d'écrire acueuil, cercueuil, orgueuil, etc. Ue, dissyllabe, a la pénultième toujours longue: {C761b~} il convient de mettre un accent circonflexe sur l'u: vûe, tortûe, cohûe, je distribûe, etc.

UGE


UGE: la pénult. est douteuse: déluge, réfuge, juge, ils jugent; mais elle est brève devant la syllabe masculine; juger, réfugier.

ULCÉRATION


ULCÉRATION, s. f. ULCèRE, s. m. ULCÉRER, v. act. [Ulcéra-cion, cère, céré; 2e é fer. au 1er et au 3e: è moy. et long au 2d, 3e e muet au 2d, é fer. au dern.] Ulcère, ouvertûre dans les chairs ou dans quelques autres parties du corps, causée par la corrosion des humeurs âcres et malignes. "Il a un ulcère à la jambe, au poumon, à la vessie, au fondement. "Cette plaie a dégénéré en ulcère. = On le faisait autrefois féminin, et quelques-uns lui donent encôre ce genre; mais ce ne devrait pas être des Médecins. "Ces ulcères ne furent point si rébelles que les premières. M.... à A.... en P.... Il falait dire, que les premiers. Le P. Charlevoix, ou son Imprimeur, a dit aussi une ulcère. Voy. FRAPPER. "Des ulcères aux jambes si dangereuses, qu'on fut obligé de faire à plusieurs l'amputation des doigts des pieds ou des jambes. Anon. Dites, si dangereux. = Ulcérer, causer un ulcère. "Des humeurs malignes lui ont ulcéré les jambes. "Le poison ulcère les intestins. = Figurément Causer de la haine. "Je ne sais qui l'a ulcéré contre moi. "Ce faux raport l'a fort ulcéré. = Conscience ulcérée, chargée de crimes: coeur ulcéré, qui garde du ressentiment.

ULTÉRIEUR


ULTÉRIEUR, EURE, adj. [Ulté-ri-eur, eure; 2e é fer.] Qui est au-delà, comme citérieur signifie, qui est au deçà. "La Calabre Ultérieure est plus prês de la Sicile que la Calabre Citérieure. = Qui vient aprês, en parlant des demandes, des propositions qu'on fait dans une négociation.

ULTRAMONTAIN


ULTRAMONTAIN, AINE, adj. et subst. [Ultramon-tein, tène, 3e lon. 4e è moy. au 2d.] Qui est situé au delà des monts: on entend par là les Alpes. C'est un terme relatif: nous sommes ultramontains, par raport aux Italiens; et ils le sont par raport à nous. "Pays, Auteur ultramontain. Les Ultramontains; principes ultramontains: maximes ultramontaines. = Il est à remarquer qu'il ne se dit guère (par raport à nous) que quand nous parlons de ceux d'entre les Italiens qui ont écrit sur la Puissance Êclésiastique. Académie.

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