Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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Page C277b

"Excês prodigieux de débaûche.
   PRODIGIEûSEMENT, d'une manière prodigieûse. "Il est prodigieûsement riche.
   REM. Prodige se disait aûtrefois comme le portentum des Latins, en mauvaise, comme en bone part. "Ce prodige de doctrine, l'ubiquité, dit Bossuet: "Manès... tâcha d' introduire ce prodige dans la Religion Chrétienne. Il veut parler des deux principes. Il dit âilleurs, monstre de doctrine, et c'est comme il faut dire. Il dit aussi, prodigieux, pour monstrueux: cette prodigieûse doctrine. — Prodige et prodigieux, pour être pris en mauvaise part, doivent être acompagnés de noms qui en déterminent le sens: prodige d'impiété; excês prodigieux de libertinage. Mais prodige tout seul, ou prodige de doctrine, de science, et doctrine prodigieûse, ne peuvent se prendre qu'en bone part.
   Faire à quelqu'un des prodiges; le combler de civilités, est une expression de Mde. de Coulanges. "On présenta hier la nouvelle mariée au Roi et à toute la Cour. Mde. de Maintenon lui fit des prodiges. — Ce sont-là de ces locutions éphémères, qui règnent quelque tems dans les sociétés, et qui s'évanouissent ensuite.
   M. l'Abé de Fontenai done à prodigieûsement le sens et le régime d'infiniment, extrêmement. "Il y a prodigieûsement de siècles que cet état du ciel a été dressé. — Ce régime est un néologisme: on ne l'emploierait pas même avec les deux adverbes cités ci-dessus. On dit: il a infiniment, extrêmement d'esprit, plutôt que de l'esprit: mais on ne dirait pas: il y a infiniment ou extrêmement de siècles que, etc.

PRODIGUE


PRODIGUE, adj. et subst. PRODIGUER, v. act. [Prodighe, ghé: dern. e muet au 1er, é fer. au 2d; l'u est muet, il n'est là que pour doner au g un son fort qu'il n'a pas devant l'e.] Prodigue, qui dissipe son bien en folles dépenses. — Adj. Il se dit, ou sans régime: il n'est pas libéral, mais il est prodigue: cette femme est trop prodigue: — Enfant prodigue, jeune homme de famille débauché, qui retourne dans la maison paternelle. st. fig. famil. Allusion à la parabole de l'Évangile: ou il régit la prép. de: il est prodigue de son bien, de son sang, de sa vie; il ne les ménage pas assez: il est prodigue de paroles, de promesses; il promet beaucoup, mais il n'exécute pas. Il n'est pas prodigue de louanges: il ne loûe pas volontiers. Voyez un

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