Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

RECHERCHE Accueil Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page 28

On dit aussi dans cette même acception, qu'Un Pape est fait par voie d'adoration, lorsque tous les Cardinaux le vont reconnoître pour Pape, sans avoir fait de scrutin auparavant.

ADORER. v.a. Rendre à Dieu le culte qui lui est dû. Il ne faut adorer que Dieu. Dieu seul mérite d'être adoré. Adorer le vrai Dieu en esprit & en vérité. Adorer la sainte Trinité. Adorer Jesus-Christ dans l'Eucharistie. Les Païens adoroient de faux Dieux. Les Israëlites adorèrent le veau d'or.

On dit aussi, Adorer la Croix: mais c'est dans un autre sens qu'adorer Dieu, & seulement par relation à Jesus-Christ.

ADORER Se met quelquefois sans régime. Les Juifs adoroient à Jérusalem, & les Samaritains à Samarie. Le peuple d'Israël alloit adorer sur les montagnes.

ADORER ne signifie quelquefois que Rendre de très-profonds respects, en se prosternant. La Reine Esther adora le Roi Assuérus. Les Rois de Perse se faisoient adorer.

ADORER Se dit encore par exagération, pour dire, Aimer avec une passion excessive. Il ne l'aime pas, il l'adore. Cette mère est folle de son fils, elle l'adore.

On dit proverbialement & figurément, Adorer le veau d'or, pour dire, Faire la cour à un homme de peu de mérite, à cause de ses richesses, ou à cause de son crédit.

ADORÉ, ÉE, participe .

ADOS. s.m. Terme de jardinage. Terre qu'on éleve en talus le long de quelque mur bien exposé, pour y semer quelque chose qu'on veut faire venir plutôt qu'on ne le pourroit en pleine terre.

ADOSSER. v.a. Mettre le dos contre quelque chose. Adosser un enfant contre la muraille pour l'empêcher de tomber. Il s'adossa contre la muraille, & se défendit long-temps de la sorte.

Il se dit aussi figurément en parlant d'un bâtiment qu'on place contre une montagne, contre un rocher; d'un appentis qu'on appuie contre un bâtiment.

ADOSSÉ, ÉE, participe En termes de blason, il se dit de deux pièces d'armoirie, comme deux lions, deux poissons, mis dos à dos. Le Duché de Bar a pour armes deux bars adossés. Il porte de gueules à deux lions adossés. Les Peintres, les Sculpteurs & les Antiquaires se servent du même terme, en parlant de deux têtes mises sur une même ligne en sens opposé.

ADOUBER. v.a. Qui ne s'emploie qu'absolument, & qui n'a guère d'usage qu'au Trictrac & aux Échecs, dans cette phrase, J'adoube, par laquelle on marque qu'on ne touche une piéce que pour l'arranger, & non pour la jouer.

ADOUCIR. v.a. Rendre doux. Tempérer l'âcreté de quelque chose d'aigre, de piquant, de salé. Adoucir l'acide du citron avec le sucre. Adoucir avec de l'eau une sausse trop salée. Cela adoucit l'âcreté des humeurs. Adoucir l'âcreté du sang.

On dit, Adoucir sa voix, pour dire, Parler d'un ton moins aigre ou moins élevé. Adoucir une expression, pour dire, La corriger, la tempérer par une autre moins dure & plus convenable.

On dit, que La pluie adoucit le temps, pour dire, qu'Elle le rend moins froid.

ADOUCIR Signifie aussi, Rendre moins fâcheux & plus supportable. Cela adoucira un peu votre mal. Si quelque chose pouvoit adoucir ma peine. Adoucir l'ennui, l'amertume, le chagrin, &c.

On dit dans le même sens, Adoucir l'humeur, le caractère.

On dit, Adoucir les traits, Adoucir l'air du visage, pour dire, Les rendre moins rudes. La manière de se coëffer adoucit l'air du visage, ou le rend plus rude.

On dit en termes de Peinture, Adoucir les traits d'une figure, pour dire, Les rendre plus tendres, plus délicats. Il faut un peu adoucir les contours de cette figure, qui sont trop marqués, trop ressentis.

Il signifie encore, Appaiser. Adoucir la colère de quelqu'un. Adoucir un esprit irrité.

Il est aussi réciproque, & signifie Devenir plus doux. Son humeur s'adoucit. Le temps commence à s'adoucir. Tous les maux s'adoucissent avec le temps. Sa voix s'adoucit.

ADOUCI, IE, participe .

ADOUCISSEMENT. s.m. Action par laquelle une chose est adoucie. L'état d'une chose adoucie. Il paroît quelque adoucissement dans son état. Il a rendu son tableau beaucoup plus beau par l'adoucissement des contours.

Il se prend aussi figurément pour Soulagement, diminution de peine, de douleur. Il y a quelque adoucissement dans ses maux. Rien ne peut apporter le moindre adoucissement à sa douleur.

Il se dit encore du temps. Il y a quelque adoucissement dans le temps. C'est-à-dire, Le temps n'est plus si rude, si fâcheux, il ne fait plus si froid.

Il se dit aussi figurément en parlant des choses morales, des affaires; & il signifie, Accommodement, tempérament, expédient propre à concilier. Ne sauroit-on trouver d'adoucissement à cela? On trouve des adoucissemens à toutes choses. Les affaires sont fort aigries entre eux, on y cherche quelque adoucissement.

ADOUÉ, ÉE. adj. Terme de chasse, qui signifie Accouplé, apparié. Les perdrix sont adouées.

ADRESSANT, ANTE. adj. Qui s'adresse, qui est adressé. Il n'est guère d'usage que dans cette phrase. Lettres patentes adressantes au Parlement.

ADRESSE. s.f. Indication, désignation, soit de la personne à qui il faut s'adresser, soit du lieu où il faut aller ou envoyer. Donner une adresse pour faire tenir des lettres. Une bonne adresse. Une adresse sûre. Une fausse adresse. Je vous donnerai mon adresse. Envoyer une lettre à son adresse.

On dit, Faire tenir des lettres à leur adresse, à leurs adresses, pour dire, Envoyer des lettres à ceux à qui elles sont adressées.

On appelle Bureau d'adresse, un lieu où l'on s'adresse pour diverses choses qui regardent la société & le commerce. Il est principalement en usage en parlant du lieu où l'on reçoit les nouvelles pour la Gazette, & où on la débite. Et on dit figurément d'une maison [alt p. 21] où l'on débite ordinairement beaucoup de nouvelles, que C'est un vrai Bureau d'adresse.

Next page


PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.