LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
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s'y livrer habituellement. Il s'adonne
à l'étude, aux plaisirs, à la chasse. Il
s'est adonné à boire.
On dit aussi, S'adonner à un lieu, à
une société, à une personne, pour, Fréquenter
habituellement un lieu, une
société, voir fréquemment, familièrement
une personne.
On dit aussi, qu'Un chien s'est adonné
à un homme, Lorsqu'il s'est attaché
à suivre quelqu'un qu'il a rencontré
par hasard; et on dit qu'Il s'adonne à
la cuisine, pour, qu'Il y est continuellement.
s'Adonner, se dit aussi en parlant
De chemin. Ainsi on dit, Je vous prie
de passer chez moi, si votre chemin s'y
adonné, pour, Si c'est votre chemin
d'y passer en allant ailleurs. En ce sens
il est familier.
Adonné, ée
Adonné, ée. participe. Un homme
adonné à l'étude. Une femme adonnée au
jeu. Être adonné aux femmes.
ADOPTER
ADOPTER. v. a. Choisir quelqu'un
pour fils ou pour fille, le faire entrer
dans tous les droits et dans toutes les
obligations de ses propres enfans: ce
qui n'étoit en usage que chez les Anciens.
Auguste adopta Tibère. Chez les
Romains, ceux qu'on avoit adoptés passoient
dans la famille et sous la puissance
de celui qui les avoit adoptés.
Adopter
Adopter, se dit au figuré, et signifie,
Considérer et regarder comme
sien. J'adopte vos sentimens. Je n'adopterai
jamais une pareille opinion.
Il se dit aussi pour Choisir de préférence.
Après avoir essayé des différens
genres de Peinture, il a adopté le Paysage.
Cet Ecrivain a adopté depuis peu
une mauvaise manière.
Adopté, ée
Adopté, ée. participe.
ADOPTIF, IVE
ADOPTIF, IVE. adj. Qui est adopté.
Enfans adoptifs. Fils adoptif. Fille
adoptive. Dans le langage de l'Écriture,
Jésus--Christ nous a fait enfans adoptifs
de son Père.
ADOPTION
ADOPTION. s. f. Action d'adopter.
Tibère n'étoit fils d'Auguste que par
adoption.
Il se dit aussi au sens de Choix, préférence.
Je ne sais pas ce qui a pu motiver
une adoption aussi bizarre. C'est son
goût d'adoption.
ADORABLE
ADORABLE. adj. des 2 g. Digne
d'être adoré. Dieu seul est adorable.
Les mystères de la Religion sont adorables.
La Providence de Dieu est adorable
en toutes choses.
Adorable
Adorable, se dit par exagération,
De ce que l'on estime ou que l'on aime
extrêmement. Ainsi, un amant dit De
sa maîtresse, qu'Elle est adorable. Un
caractère adorable. Une bonté adorable.
ADORATEUR
ADORATEUR. sub. mas. Celui qui
adore. Les adorateurs du vrai Dieu. Les
vrais adorateurs.
On dit par exagération, qu'Un homme
est adorateur d'une femme, qu'Il est
au nombre de ses adorateurs, pour,
qu'Il lui est fort attaché; et qu'Un
homme est adorateur d'un autre homme,
pour, qu'Il est prévenu d'une estime
extraordinaire pour lui, qu'il l'admire
en tout ce qu'il fait.
ADORATION
ADORATION. sub. f. Action par
laquelle on adore. L'adoration n'est dûe
quà Dieu seul.
On dit aussi, L'adoration de la Croix,
aller à l'adoration de la Croix: mais
cela ne se dit que par relation à Jésus--Christ.
On se sert aussi du mot d'Adoration,
en parlant De la cérémonie qui
se pratique à l'égard d'un Pape nouvellement
élu, lorsqu'il est mis sur
l'Autel après son élection, et que les
Cardinaux lui vont rendre hommage.
Et c'est en ce sens qu'on dit, Aller à
l'adoration du Pape.
On dit aussi dans cette même acception,
qu'Un Pape est fait par voie
d'adoration, lorsque tous les Cardinaux
le vont reconnoître pour Pape,
sans avoir fait de scrutin auparavant.
ADORER
ADORER. v. a. Rendre à Dieu le
culte qui lui est dû. Il ne faut adorer
que Dieu. Adorer le vrai Dieu en esprit
et en vérité. Adorer Jésus -- Christ
dans l'Eucharistie. Les Païens adoroient
de faux Dieux. Les Israélites adorèrent le
veau d'or.
On dit aussi, Adorer la Croix: mais
c'est dans un autre sens qu'adorer
Dieu, et seulement par relation à
Jésus--Christ.
On dit en ce sens, Adorer les Reliques.
On adore les Reliques de St. Janvier
dans une très--belle Chapelle à Naples.
Adorer
Adorer, se met quelquefois sans
régime. Les Juifs adoroient à Jérusalem,
et les Samaritains à Samarie. Le peuple
d'Israël alloit adorer sur les montagnes.
Adorer
Adorer, ne signifie quelquefois,
que Rendre des respects extraordinaires,
en se prosternant. La Reine Esther
adora le Roi Assuérus. Les Rois de
Perse se faisoient adorer.
Adorer
Adorer, se dit encore par exagération,
pour, Aimer avec une passion
excessive. Il ne l'aime pas, il l'adore.
Cette mère est folle de son fils, elle
l'adore.
On dit proverbialement et figurément,
Adorer le veau d'or, pour, Faire
la cour à un homme de peu de mérite,
à cause de ses richesses, ou à cause
de son crédit.
Adoré, ée
Adoré, ée. participe.
ADOS
ADOS. s. m. Terme de Labourage
et de Jardinage. Terre qu'on élève en
talus le long de quelque mur bien exposé,
pour y semer quelque chose
qu'on veut faire venir plutôt qu'on ne
le pourroit en pleine terre.
ADOSSER
ADOSSER. v. actif. Mettre le dos
contre quelque chose. Adosser un enfant
contre la muraille pour l'empêcher de
tomber. Il s'adossa contre la muraille,
et se défendit long--temps de la sorte.
Il se dit aussi figurément en parlant
d'Un bâtiment qu'on place contre une
montagne, contre un rocher; d'un
appentis qu'on appuie contre un bâtiment.
Adossé, ée
Adossé, ée. participe. En termes
de Blason, il se dit De deux pièces
d'armoiries, comme deux lions, deux
poissons, mis dos à dos. Le Duché de
Bar a pour armes deux bars adossés. Il
porte de gueules à deux lions adossés.
Les Peintres, les Sculpteurs et les Antiquaires
se servent du même terme,
en parlant De deux têtes mises sur une
même ligne en sens opposé.
ADOUBER
ADOUBER, v. n. qui ne s'emploie
qu'absolument, et qui n'est guère d'usage
qu'au Trictrac et aux Echecs,
dans cette phrase, J'adoube, par laquelle
on marque qu'on ne touche une
pièce que pour l'arranger, et non pour
la jouer.
Il se dit aussi, mais activement, en
fait de Marine. Adouber un vaisseau,
C'est y faire les réparations nécessaires
pour qu'il puisse soutenir la mer.
Ces réparations se renouvellent de
temps en temps, et alors elles s'appellent
Radouber. Voyez ce mot.
Adouber
Adouber. v. a. Boucher des trous
dans une machine, dans une fontaine,
etc.
ADOUCIR
ADOUCIR. v. act. Rendre doux,
tempérer l'âcreté de quelque chose
d'aigre, de piquant, de salé. Adoucir
l'acide du citron avec le sucre. Adoucir
avec de l'eau une sauce trop salée. Cela
adoucit l'âcreté des humeurs. Adoucir l'âcreté
du sang.
On dit, Adoucir sa voix, Parler
d'un ton moins aigre ou moins élevé;
Adoucir une expression, La corriger,
la tempérer par une autre moins dure.
Cette critique est trop sévère, il faut
l'adoucir.
On dit, que La pluie adoucit le temps,
pour, qu'Elle le rend moins froid.
Adoucir
Adoucir, signifie aussi, Rendre
moins fâcheux et plus supportable.
Cela adoucira un peu votre mal. Si quelque
chose pouvoit adoucir ma peine.
Adoucir l'ennui, l'amertume, le chagrin,
etc.
On dit dans le même sens, Adoucir
l'humeur, le caractère.
On dit, Adoucir les traits, adoucir
l'air du visage, pour, Les rendre moins
rudes. La manière de se coiffer adoucit
l'air du visage, ou le rend plus rude.
On dit, en termes de Peinture,
Adoucir les traits d'une figure, pour,
Les rendre plus tendres, plus délicats.
Il faut un peu adoucir les contours
de cette figure, qui sont trop marqués,
trop ressentis. Adoucir l'effet d'une couleur,
La tempérer par le mélange
d'une teinte, ou l'opposition d'une
couleur amie.
Il signifie encore, Apaiser. Adoucir
la colère de quelqu'un. Adoucir un
esprit irrité.
Il s'emploie avec le pronom personnel,
et signifie, Devenir plus doux.
Son humeur s'adoucit. Le temps commence
à s'adoucir. Tous les maux s'adoucissent
avec le temps. Sa voix s'adoucit.
Adouci, ie
Adouci, ie. participe.
ADOUCISSANT
ADOUCISSANT. sub. m. Remède
qui adoucit. Donnez--lui des adoucissans.
Il est aussi adjectif. Elixir adoucissant.
Tisane adoucissante.
ADOUCISSEMENT
ADOUCISSEMENT. s. m. Action
par laquelle une chose est adoucie.
L'état d'une chose adoucie. Il paroît
quelque adoucissement dans son état. La
censure est tempérée par quelques adoucissemens.
Il a rendu son tableau beaucoup
plus beau par l'adoucissement descontours.
Il se prend aussi figurément, pour,
Soulagement, diminution de peine,
de douleur. Il y a quelque adoucissement
dans ses maux. Rien ne peut apporter le
moindre adoucissement à sa douleur.
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