LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798

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Page 23

s'y livrer habituellement. Il s'adonne à l'étude, aux plaisirs, à la chasse. Il s'est adonné à boire.

On dit aussi, S'adonner à un lieu, à une société, à une personne, pour, Fréquenter habituellement un lieu, une société, voir fréquemment, familièrement une personne.

On dit aussi, qu'Un chien s'est adonné à un homme, Lorsqu'il s'est attaché à suivre quelqu'un qu'il a rencontré par hasard; et on dit qu'Il s'adonne à la cuisine, pour, qu'Il y est continuellement.

s'Adonner, se dit aussi en parlant De chemin. Ainsi on dit, Je vous prie de passer chez moi, si votre chemin s'y adonné, pour, Si c'est votre chemin d'y passer en allant ailleurs. En ce sens il est familier.

Adonné, ée

Adonné, ée. participe. Un homme adonné à l'étude. Une femme adonnée au jeu. Être adonné aux femmes.

ADOPTER

ADOPTER. v. a. Choisir quelqu'un pour fils ou pour fille, le faire entrer dans tous les droits et dans toutes les obligations de ses propres enfans: ce qui n'étoit en usage que chez les Anciens. Auguste adopta Tibère. Chez les Romains, ceux qu'on avoit adoptés passoient dans la famille et sous la puissance de celui qui les avoit adoptés.

Adopter

Adopter, se dit au figuré, et signifie, Considérer et regarder comme sien. J'adopte vos sentimens. Je n'adopterai jamais une pareille opinion.

Il se dit aussi pour Choisir de préférence. Après avoir essayé des différens genres de Peinture, il a adopté le Paysage. Cet Ecrivain a adopté depuis peu une mauvaise manière.

Adopté, ée

Adopté, ée. participe.

ADOPTIF, IVE

ADOPTIF, IVE. adj. Qui est adopté. Enfans adoptifs. Fils adoptif. Fille adoptive. Dans le langage de l'Écriture, Jésus--Christ nous a fait enfans adoptifs de son Père.

ADOPTION

ADOPTION. s. f. Action d'adopter. Tibère n'étoit fils d'Auguste que par adoption.

Il se dit aussi au sens de Choix, préférence. Je ne sais pas ce qui a pu motiver une adoption aussi bizarre. C'est son goût d'adoption.

ADORABLE

ADORABLE. adj. des 2 g. Digne d'être adoré. Dieu seul est adorable. Les mystères de la Religion sont adorables. La Providence de Dieu est adorable en toutes choses.

Adorable

Adorable, se dit par exagération, De ce que l'on estime ou que l'on aime extrêmement. Ainsi, un amant dit De sa maîtresse, qu'Elle est adorable. Un caractère adorable. Une bonté adorable.

ADORATEUR

ADORATEUR. sub. mas. Celui qui adore. Les adorateurs du vrai Dieu. Les vrais adorateurs.

On dit par exagération, qu'Un homme est adorateur d'une femme, qu'Il est au nombre de ses adorateurs, pour, qu'Il lui est fort attaché; et qu'Un homme est adorateur d'un autre homme, pour, qu'Il est prévenu d'une estime extraordinaire pour lui, qu'il l'admire en tout ce qu'il fait.

ADORATION

ADORATION. sub. f. Action par laquelle on adore. L'adoration n'est dûe quà Dieu seul.

On dit aussi, L'adoration de la Croix, aller à l'adoration de la Croix: mais cela ne se dit que par relation à Jésus--Christ.

On se sert aussi du mot d'Adoration, en parlant De la cérémonie qui se pratique à l'égard d'un Pape nouvellement élu, lorsqu'il est mis sur l'Autel après son élection, et que les Cardinaux lui vont rendre hommage. Et c'est en ce sens qu'on dit, Aller à l'adoration du Pape.

On dit aussi dans cette même acception, qu'Un Pape est fait par voie d'adoration, lorsque tous les Cardinaux le vont reconnoître pour Pape, sans avoir fait de scrutin auparavant.

ADORER

ADORER. v. a. Rendre à Dieu le culte qui lui est dû. Il ne faut adorer que Dieu. Adorer le vrai Dieu en esprit et en vérité. Adorer Jésus -- Christ dans l'Eucharistie. Les Païens adoroient de faux Dieux. Les Israélites adorèrent le veau d'or.

On dit aussi, Adorer la Croix: mais c'est dans un autre sens qu'adorer Dieu, et seulement par relation à Jésus--Christ.

On dit en ce sens, Adorer les Reliques. On adore les Reliques de St. Janvier dans une très--belle Chapelle à Naples.

Adorer

Adorer, se met quelquefois sans régime. Les Juifs adoroient à Jérusalem, et les Samaritains à Samarie. Le peuple d'Israël alloit adorer sur les montagnes.

Adorer

Adorer, ne signifie quelquefois, que Rendre des respects extraordinaires, en se prosternant. La Reine Esther adora le Roi Assuérus. Les Rois de Perse se faisoient adorer.

Adorer

Adorer, se dit encore par exagération, pour, Aimer avec une passion excessive. Il ne l'aime pas, il l'adore. Cette mère est folle de son fils, elle l'adore.

On dit proverbialement et figurément, Adorer le veau d'or, pour, Faire la cour à un homme de peu de mérite, à cause de ses richesses, ou à cause de son crédit.

Adoré, ée

Adoré, ée. participe.

ADOS

ADOS. s. m. Terme de Labourage et de Jardinage. Terre qu'on élève en talus le long de quelque mur bien exposé, pour y semer quelque chose qu'on veut faire venir plutôt qu'on ne le pourroit en pleine terre.

ADOSSER

ADOSSER. v. actif. Mettre le dos contre quelque chose. Adosser un enfant contre la muraille pour l'empêcher de tomber. Il s'adossa contre la muraille, et se défendit long--temps de la sorte.

Il se dit aussi figurément en parlant d'Un bâtiment qu'on place contre une montagne, contre un rocher; d'un appentis qu'on appuie contre un bâtiment.

Adossé, ée

Adossé, ée. participe. En termes de Blason, il se dit De deux pièces d'armoiries, comme deux lions, deux poissons, mis dos à dos. Le Duché de Bar a pour armes deux bars adossés. Il porte de gueules à deux lions adossés. Les Peintres, les Sculpteurs et les Antiquaires se servent du même terme, en parlant De deux têtes mises sur une même ligne en sens opposé.

ADOUBER

ADOUBER, v. n. qui ne s'emploie qu'absolument, et qui n'est guère d'usage qu'au Trictrac et aux Echecs, dans cette phrase, J'adoube, par laquelle on marque qu'on ne touche une pièce que pour l'arranger, et non pour la jouer.

Il se dit aussi, mais activement, en fait de Marine. Adouber un vaisseau, C'est y faire les réparations nécessaires pour qu'il puisse soutenir la mer. Ces réparations se renouvellent de temps en temps, et alors elles s'appellent Radouber. Voyez ce mot.

Adouber

Adouber. v. a. Boucher des trous dans une machine, dans une fontaine, etc.

ADOUCIR

ADOUCIR. v. act. Rendre doux, tempérer l'âcreté de quelque chose d'aigre, de piquant, de salé. Adoucir l'acide du citron avec le sucre. Adoucir avec de l'eau une sauce trop salée. Cela adoucit l'âcreté des humeurs. Adoucir l'âcreté du sang.

On dit, Adoucir sa voix, Parler d'un ton moins aigre ou moins élevé; Adoucir une expression, La corriger, la tempérer par une autre moins dure. Cette critique est trop sévère, il faut l'adoucir.

On dit, que La pluie adoucit le temps, pour, qu'Elle le rend moins froid.

Adoucir

Adoucir, signifie aussi, Rendre moins fâcheux et plus supportable. Cela adoucira un peu votre mal. Si quelque chose pouvoit adoucir ma peine. Adoucir l'ennui, l'amertume, le chagrin, etc.

On dit dans le même sens, Adoucir l'humeur, le caractère.

On dit, Adoucir les traits, adoucir l'air du visage, pour, Les rendre moins rudes. La manière de se coiffer adoucit l'air du visage, ou le rend plus rude.

On dit, en termes de Peinture, Adoucir les traits d'une figure, pour, Les rendre plus tendres, plus délicats. Il faut un peu adoucir les contours de cette figure, qui sont trop marqués, trop ressentis. Adoucir l'effet d'une couleur, La tempérer par le mélange d'une teinte, ou l'opposition d'une couleur amie.

Il signifie encore, Apaiser. Adoucir la colère de quelqu'un. Adoucir un esprit irrité.

Il s'emploie avec le pronom personnel, et signifie, Devenir plus doux. Son humeur s'adoucit. Le temps commence à s'adoucir. Tous les maux s'adoucissent avec le temps. Sa voix s'adoucit.

Adouci, ie

Adouci, ie. participe.

ADOUCISSANT

ADOUCISSANT. sub. m. Remède qui adoucit. Donnez--lui des adoucissans. Il est aussi adjectif. Elixir adoucissant. Tisane adoucissante.

ADOUCISSEMENT

ADOUCISSEMENT. s. m. Action par laquelle une chose est adoucie. L'état d'une chose adoucie. Il paroît quelque adoucissement dans son état. La censure est tempérée par quelques adoucissemens. Il a rendu son tableau beaucoup plus beau par l'adoucissement descontours.

Il se prend aussi figurément, pour, Soulagement, diminution de peine, de douleur. Il y a quelque adoucissement dans ses maux. Rien ne peut apporter le moindre adoucissement à sa douleur.

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