Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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   4°. En Gramaire, on apelle article une particule ajoutée à un nom, pour marquer de quel genre, et quelquefois en quel câs et en quel nombre il est. Voy. Câs, Genre, Nombre.
   I. Nos plus illustres Gramairiens modernes sont du sentiment que nous n'avons qu'un article, qui est le pour le masc. la pour le fém. et les pour le plur. des deux genres; du, des, au, aux, n'étant que la contraction des prép. de et à avec l'article; du signifiant à le; au, à le; des, de les; aux, à les, etc. Qu'ainsi il n'y a point de câs dans notre Langue; et que nous exprimons avec des prépositions, et sur-tout avec de et à, les raports que les Grecs et les Romains exprimaient par les diverses terminaisons de leurs noms. Cette notion de l'article paraît plus nette, plus simple, plus conforme au génie de notre langue. Nous ne l'avons pourtant pas prise pour guide, malgré les raisons et les autorités imposantes qui l'apuyent. Nous avons pensé que les Gramaires étrangères, et plusieurs même des françaises, qui ne sont point abandonées, étant travaillées suivant l'anciène méthode, qui a aussi ses avantages, ce Dictionaire serait moins utile et aux Étrangers et à beaucoup de Français, s'il s' en écartait. Ceux qui ne conaissent qu'un article et des prépositions, les retrouveront dans ce que nous allons dire. Les autres y trouveront aussi des notions exprimées dans les termes auxquels ils sont acoutumés.
   Il me paraît même que ces Gramairiens modernes se sont trop échaufés sur ce sujet, assez peu important dans le fond. Quand il le serait, il n'est pas aisé de changer l'ancien langage. Et puisqu'on veut que tous les peuples de l'Europe parlent notre Langue, ne vaut-il pas mieux continuer à leur doner des notions gramaticales, analogues à celles de leur propre langue, que de les dérouter par un nouveau langage et des idées qui leur sont étrangères. — Faisons pour l'article ce que font le Physiciens pour le mouvement de la Terre. Après avoir démontré qu'elle se charge de toutes les révolutions diurne et annuelle; ils ne laissent pas de parler comme le peuple, et de les attribuer au Soleil: ils disent comme le vulgaire, que le Soleil se leve, qu'il se couche, qu'il s'avance d'un tropique à l'autre. Ainsi, après avoir averti que nous entendons par article défini ce que

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