Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

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Page C017a

d'excepté que monoie, qu'on prononce aujourd'hui monê, et non pas mo-noâ, comme on prononçait aûtrefois. = Plusieurs écrivent cette terminaison avec un y: oye, et prononcent oa-ie; joye, que je voye; jo-aie, voa-ie. Cette prononciation est certainement contraire à l'usage; et c'est pour ne pas prononcer de la sorte, qu'on doit substituer l'i à l'y.
   Rem. Dans les mots terminés en aie et oie, l'e est totalement muet; de sorte que ces mots ont une terminaison masculine dans la prononciation. Plaie se prononce comme paix; et j'emploie, comme l'emploi: la syllabe est seulement un peu plus longue. Il semble donc que les Poètes ne devraient pas employer ces sortes de rimes, qui ne sont féminines qu'à l'oeil, et ne le sont pas à l'oreille. Qu'on récite cette strophe de Rousseau:
   Qui marchera dans cette voie,
   Comblé d'un éternel bonheur,
   Un jour, des Elus du Seigneur,
   Partagera la sainte joie.
On croit réciter quatre vers masculins, à moins qu'on ne prononce voa-ie et joa-ie, ce qui n'est point de l'usage actuel. = C'est pis encôre, quand on mêle les rimes en oie avec celle qui se terminent en oi.
   Mais, hélas! à quel prix mon destin m'y renvoie?
   Et quel acablement empoisone ma joie?
   D'un malheureux himen qui me glace d'éfroi,
   Le bruit, depuis une heure, arrivé jusqu'à moi.
       Rouss. Ayeux chimér.
À~ consulter l'oreille, voilà quatre rimes du même son. = On ne devrait pas, non plus employer ces mots, ainsi terminés en oie ou en aie, au milieu du vers, ni devant une consone, cela est déjà défendu; ni même devant un voyèle, puisque l'e muet n'étant nullement sensible, la diphtongue qui le précède fait un hiatus avec la voyèle qui comence le mot suivant.
   Reviens de ta patrie, en proie à la tristesse,
   Calmer les déplaisirs.
       Rousseau.
  Qu'on l'entrevoie à travers des rameaux.
      De Lille.
On est forcé de prononcer, an proa a; an--trevoa a; hiatus bien désagréable, formé par la rencontre de deux a.

OIE


OIE, s. f. [Pron. , monos. long.] Oiseau aquatique, plus grôs qu'une cane.

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