Dictionnaire de l'Académie Française,
6ème edition (1835)

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Il se dit, par extension, De toute personne qui, sans formes légales, prend soin d'un enfant comme si c'était son fils ou sa fille. Il m'adopta et me servit de père.

ADOPTER signifie figurément, Considérer et regarder comme sien un sentiment, un avis, un projet. J'adopte vos sentiments. Je n'adopterai jamais une pareille opinion. J'adopte cet avis, ce projet.

Il signifie aussi, Choisir de préférence un genre de travail, une manière de faire quelque chose. Après avoir essayé des différents genres de peinture, il adopta le paysage. Cet écrivain a adopté depuis peu une mauvaise manière. Le plan que vous avez adopté me paraît vicieux.

ADOPTÉ, ÉE. participe Il s'emploie quelquefois substantivement. L'adoptant et l'adopté.

ADOPTIF, IVE. adj. Qui est, qui a été adopté. Enfants adoptifs. Fils adoptif. Fille adoptive.

Il signifie aussi, Qui a adopté. Père adoptif.

ADOPTION. s. f. Action d'adopter. Tibère n'était fils d'Auguste que par adoption. Déterminer les formes et les effets de l'adoption. L'adoption confère le nom de l'adoptant à l'adopté.

ADORABLE. adj. des deux genres Digne d'être adoré. Dieu seul est adorable. Les mystères de la religion sont adorables. La providence de Dieu est adorable en toutes choses.

Il se dit, par exagération, De ce que l'on estime ou que l'on aime extrêmement. Cette femme est adorable. Cet homme est d'un caractère adorable. Une bonté adorable.

ADORATEUR. s. m. Celui qui adore. Les adorateurs du vrai Dieu. Les vrais adorateurs. Les Guèbres ou adorateurs du feu.

Par exagérat., Il est adorateur de cet homme, Il est prévenu d'une estime extraordinaire pour lui, il l'admire en tout ce qu'il fait. Il est adorateur de cette femme, il est au nombre de ses adorateurs, Il l'aime passionnément. On dit dans un sens analogue, Cette femme a beaucoup d'adorateurs.

ADORATION. s. f. Action par laquelle on adore. L'adoration proprement dite n'est due qu'à Dieu seul. L'adoration de la croix est une des cérémonies de l'Église, dans la semaine sainte. Aller à l'adoration de la croix.

ADORATION se dit aussi de La cérémonie qui se pratique à l'égard d'un pape nouvellement élu, lorsqu'il est mis sur l'autel après son élection, et que les cardinaux lui vont rendre honneur. Aller à l'adoration du pape.

Dans la même acception, Ce pape a été fait par voie d'adoration, Tous les cardinaux sont allés le reconnaître pour pape, sans avoir fait de scrutin auparavant.

ADORATION signifie, par exagération, Amour, attachement extrême. Son amour pour cette femme va jusqu'à l'adoration. Cette femme a de l'adoration pour son mari, est en adoration devant son mari.

ADORER. v. a. Rendre à la Divinité le culte qui lui est dû. Il ne faut adorer que Dieu. Adorer le vrai Dieu en esprit et en vérité. Adorer JÉSUS-CHRIST dans l'eucharistie.

Adorer la croix, se dit, par extension et par relation à JÉSUS-CHRIST, en parlant D'une des cérémonies du culte catholique. C'était le vendredi saint, à l'heure où les fidèles vont adorer la croix.

Adorer les faux dieux, les idoles, etc., Rendre à de faux dieux, à des idoles, etc., le culte dû à la Divinité. Les Israélites adorèrent le veau d'or. Ce peuple adorait le soleil.

Prov. et fig., Adorer le veau d'or, Faire la cour à un homme de peu de mérite, à cause de ses richesses, de son crédit.

ADORER s'emploie quelquefois sans régime. Les Juifs adoraient à Jérusalem, et les Samaritains à Samarie. Le peuple d'Israël allait adorer sur les montagnes.

ADORER signifie aussi quelquefois, Rendre des respects extraordinaires en se prosternant. La reine Esther adora le roi Assuérus. Les rois de Perse se faisaient adorer.

ADORER signifie encore, par exagération, Aimer avec une passion excessive. Il ne l'aime pas, il l'adore. Cette mère est folle de son fils, elle l'adore. Ce pédant adore l'antiquité sans discernement.

ADORÉ, ÉE. participe

ADOS. s. m. T. de Labourage et de Jardinage. Terre qu'on élève en talus, ordinairement le long d'un mur bien exposé, pour y semer quelque chose qu'on veut faire venir plus tôt qu'on ne le pourrait en pleine terre.

ADOSSER. v. a. Mettre, appuyer le dos contre quelque chose. Adosser un enfant contre la muraille pour l'empêcher de tomber. On l'emploie avec le pronom personnel. Attaqué par trois hommes, il s'adossa contre la muraille, et se défendit.

Il signifie aussi, figurément, Placer une chose contre une autre qui lui sert d'appui ou d'abri. Adosser un bâtiment contre une montagne, contre un rocher. Adosser un appentis contre un bâtiment, contre une maison. On dit dans un sens analogue, Adosser une troupe, une armée.

ADOSSÉ, ÉE. participe Il se dit, en termes de Blason, De deux pièces d'armoiries, comme deux lions, deux poissons, mis dos à dos. Il porte de gueules à deux lions adossés.

En termes de Dessin et d'Antiquités, Têtes adossées, Deux têtes mises sur une même ligne en sens opposé.

ADOUBER. v. n. Il n'est guère usité qu'au Trictrac et aux Échecs, dans cette locution, J'adoube, par laquelle on indique qu'on touche une pièce pour l'arranger, non pour la jouer.

ADOUCIR. v. a. Rendre doux; tempérer l'âcreté de quelque chose d'aigre, de piquant, de salé. Adoucir l'acide du citron avec le sucre. Adoucir une sauce trop salée en y ajoutant de l'eau. On dit dans un sens analogue, en Médecine, Adoucir l'âcreté des humeurs, l'âcreté du sang.

La pluie adoucit le temps, Elle le rend moins froid.

Adoucir sa voix, Parler d'un ton moins aigre ou moins élevé.

ADOUCIR signifie aussi, Polir, ôter les aspérités. On adoucit le bois avec la prêle. On adoucit les glaces avec l'émeri.

Il signifie figurément, Rendre moins fâcheux, plus supportable. Cela adoucira un peu votre mal. Si quelque chose pouvait adoucir ma peine. Adoucir l'ennui, l'amertume, le chagrin, etc. On dit dans le même sens, Adoucir l'humeur, le caractère, Rendre l'humeur, le caractère plus traitable.

Adoucir les traits, adoucir l'air du visage, Les rendre moins rudes. La manière de se coiffer adoucit l'air du visage, ou le rend plus rude.

Adoucir une expression, La corriger, la tempérer par une autre moins dure. On dit dans le même sens: Cette critique est trop sévère, il faut l'adoucir. Adoucir des reproches, des remontrances, un refus, etc.

En Peinture et en Sculpture, Adoucir les formes, les contours, Diminuer ce qu'ils ont de trop prononcé, de trop ressenti. On dit de même, Adoucir les traits d'une figure, Les rendre plus délicats. On dit aussi, en Peinture, Adoucir les teintes d'un tableau, Graduer avec plus de délicatesse le passage de l'une à l'autre.

ADOUCIR signifie encore, Apaiser. Adoucir la colère de quelqu'un. Adoucir un esprit irrité.

Il s'emploie avec le pronom personnel, et signifie, Devenir plus doux. Le temps commence à s'adoucir. Son humeur s'est adoucie. Tous les maux s'adoucissent avec le temps. Sa voix s'adoucit.

ADOUCI, IE. participe

ADOUCISSANT, ANTE. adj. T. de Médec. Il se dit De toutes les substances médicamenteuses ou alimentaires capables de diminuer la douleur ou l'irritation. Élixir adoucissant. Tisane adoucissante. Le lait d'ânesse est adoucissant.

Il s'emploie très-souvent comme substantif, au masculin. Donnez-lui des adoucissants.

ADOUCISSEMENT. s. m. Action par laquelle une chose est adoucie; État d'une chose adoucie. On l'emploie surtout au figuré. L'adoucissement de l'humeur, du caractère. Sa critique est tempérée par quelques adoucissements. Il a rendu son tableau beaucoup plus agréable par l'adoucissement du coloris, des contours.

Il signifie plus particulièrement, Soulagement, diminution de peine, de douleur. Ce fut un bien faible adoucissement au sort du prisonnier. Il y a quelque adoucissement dans ses maux. Rien ne peut apporter le moindre adoucissement à sa douleur.

Il y a quelque adoucissement dans le temps, Le temps n'est plus si rude, si fâcheux, il ne fait plus si froid.

ADOUCISSEMENT se dit de même en parlant Des choses morales, des affaires; et il signifie, Accommodement, tempérament, restriction, expédient propre à concilier. Ne saurait-on trouver d'adoucissement à cela? On trouve des adoucissements à toutes choses. Leur querelle s'est fort aigrie; on y cherche quelque adoucissement. Cette proposition, quoique vraie en elle-même, demande quelque adoucissement.

ADOUCISSEMENT en Architecture, se dit Du procédé par lequel on rattache un ornement saillant et anguleux au nu du mur. On le dit également de La moulure même employée à cet effet.

ADOUÉ, ÉE. adj. T. de Chasse. Accouplé, apparié. Les perdrix sont adouées.

AD PATRES (On prononce Patrèsse.) Locution latine, qui s'emploie dans quelques

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