Jean-François FÉRAUD: Dictionaire critique de la langue française. Marseille, Mossy,  1787-1788, 3 vol. Fol. 

RECHERCHE Accueil Aide-Mémoire GEHLF ATILF ARTFL Courriel

Previous page

Page B235b


   FÉROCE aime à suivre le substantif. Il peut pourtant le précéder élégamment. "Le féroce amour des conquêtes. J. J. Rouss.
   De féroces vainqueurs égorgeront leurs femmes,
   Leurs filles, leurs vieillards et leurs tendres enfans.
       Le Franc.

FERRâILLE


FERRâILLE, s. f. FERRâILLER, v. n. FERRâILLEUR, s. m. [Fêrâ-glie, glié, glieur, 1re ê ouv. Pron. l'r fortement. 2e lon. Mouillez les ll; 3ee muet au 1er, é fer. au 2d.] Ferrâille, vieux morceaux de fer, usés ou rouillés. "Vendeur de vieille ferrâille. = Ferrâiller, s'escrimer, se batre. — Figur. (st. plaisant ou critique) Disputer. "Maintenant on s'amûse (au Parlem. d'Angl.) à ferrâiller avec les Ministres sur le nombre des soldats et des matelots. Linguet. = Ferrâilleur, Bretteur, qui fait profession de se battre.

FERRANT


FERRANT, adj. m. [Fêran: 1reê ouv. 2e lon. l'r a le son fort.] Il se joint toujours au mot Maréchal. Qui ferre les chevaux.

FERREMENT


FERREMENT, s. m. [Fêreman: 1reê ouv. l'r doit être prononcée fortement. 2ee muet.] Outil de fer. "On trouva sur ce voleur toute sorte de ferremens. Ce mot est peu usité. L'Acad. dit. "Les ferremens d'un chirurgien. On ne pourrait le dire que par mépris. On dit, instrumens.

FERRÉ


FERRÉ, ÉE, adj. FERRER, v. act. [Fêré, ré-e, : 1re ê ouv. l'r est forte; 2eé fer. long au 2d.] l'adj. a plusieurs sens suivant les noms auxquels il se joint. Chemin ferré, dont le fond est ferme et pierreux. — Style ferré, qui a de la dûreté. — Eau ferrée, où l'on a plongé un fer ardent ou rouillé. — Fig. (st. famil.) Homme ferré, qui possède parfaitement la matière dont on parle; ferré à glace, capable de se bien défendre si l'on l'ataque sur un sujet. — Gueule ferrée, qui mange le potage extrêmement chaud, ou, qui dit facilement des injûres et des dûretés. — Avaleur de charrettes ferrées, fanfaron, ou grand mangeur.
   FERRER, est 1°. Garnir de fer. "Ferrer une porte, une fenêtre, un lit, une armoire, etc. = 2°. Garnir de fers les pieds des chevaux; de quelque métal que soient ces fers. Ainsi, dans la magnificence des triomphes on a dit ferrer d'or, d'argent. Quand on dit ferrer tout seul, on l'entend des fers ordinaires, qui ne sont que de fer. — Ferrer à glace, mettre des fers cramponés. = 3°. Ferrer {B236a~} des aiguillettes, en garnir les extrémités, soit de fer blanc, soit de cuivre ou d'argent. = On dit, dans le st. fig. famil. d'une persone dificile à gouverner, à persuader, qu'elle n'est pas aisée à ferrer. "Ce Mr. de Nevers, si dificille à ferrer... Il épouse enfin. Sév. = Ferrer la mule, faire des profits illicites; il se dit sur-tout des domestiques ou commissionaires, qui font payer plus qu'ils n'ont doné ce qu'ils ont acheté pour le compte d'autrui. Cette expression proverbiale vient de l'Empereur Vespasien, qui s'étant aperçu que son muletier avoit arrêté sa litière, sous prétexte de faire ferrer sa mule, pour doner le tems à un solliciteur de présenter sa suplique, demanda au muletier combien valait le fer de sa mule, et voulut en avoir sa part. Le Gendre.

FERRET


FERRET, s. m. FERREUR, s. m. [1re ê ouv. 2e è moy. au 1er.] Ils ne se disent qu'avec aiguillettes. "Ferret (fer) d'aiguillettes. "Ferreur d'aiguillettes, qui les ferre. Voy. FERRER, n°. 3°.

FERRON


FERRON, s. m. FERRONERIE, s. f. FERRONIER, IèRE, s. m. et f. [1re ê ouv. 3e e muet au 2d, é fer. au 3e, è moy. et long au 4e.] Le premier se dit d'un marchand de fer en bârres. (L'Acad. ne le met pas.) Le second du lieu où l'on fabrique et l'on vend les grôs ouvrages de fer ou de cuivre. Le 3e de celui et de celle qui vend des ouvrages de fer.

FERRUGINEUX


FERRUGINEUX, EûSE, adj. [Férugi--neû, neû-ze: 1reê ouv. l'r a le son fort: 4e lon.] Qui tient de la natûre du fer, qui a des parties de fer. "Terre ferrugineûse. Eaux (minérales) ferrugineûses.

FERRûRE


FERRûRE, s. f. [1re ê ouv. 2e lon. 3e e muet.] 1°. Garnitûre de fer des portes des fenêtres, des roûes, etc. * En Provence, on dit ferremente: c'est un mot du pays et du patois. = 2°. Action de ferrer les chevaux et le fer qu'on y emploie. "Tant pour la ferrûre de quatre chevaux. "3°. La manière de ferrer un cheval. "Ferrûre à la française, à la hongroise, à la polonaise.

FERTILE


FERTILE, adj. FERTILEMENT, adv. [fêrtile, tileman: 1re ê ouv. 3e e muet.] Fertile, qui produit, qui raporte beaucoup. Fertilement. Abondamment; avec fertilité.
   FERTILE, suit ou précède le nom qu'il modifie. "Champ, terre, pays fertile.
   De fertiles cailloux semant d'afreux déserts.
       De Lille.
  Et les arbres plantés sous son fertile auspice. {B236b~}
  Auront encor des fruits pour nos derniers neveux.
       Gresset.
Rousseau parlant des Dieux dit,
  Et sans cette bonté fertile
  Leur foudre souvent inutile,
  Gronderoit en vain dans leurs mains.
Je ne sais si auspice fertile et bonté fertile sont des expressions bien propres. En tout câs ellles ne sont que de la haûte poésie. = En général, fertile aime à suivre. "fertile champ, fertile terre, formeraient des inversions dures à l'oreille. = Cet adjectif régit quelquefois la prép. en. "Terre fertile en blé, en vin. "Les aûtres îles sont fertiles en plusieurs sortes de vivres excellens. Voy. D'ANSON. "Il est fertile en ressources, en inventions, en expédiens. = On dit figurément, esprit fertile, qui produit beaucoup et facilement; sujet ou matière fertile, qui fournit beaucoup de chôses.

FERTILISATION


FERTILISATION, s. f. FERTILISER, v. act. [Fêrtiliza-cion, : 1reê ouv. dern. é fer. au 2d.] Action de fertiliser, de rendre fertile. Ces mots ne sont pas anciens dans la langue, sur-tout le substantif; mais ils sont bien établis. Le verbe sur-tout est très-beau et fort usité. "Le fumier fertilise les terres. "Le Nil fertilise toute l'Égypte. — L'Acad. ne met point fertilisation.

FERTILITÉ


FERTILITÉ, s. f. Qualité de ce qui est fertile. Il se dit au propre et au figuré. "La bonne cultûre est ce qui contribue le plus à la fertilité de la terre. "Fertilité d'esprit, d'imagination.
   REM. Fertilité, ne se dit que de la terre et des plantes: pour les animaux on doit dire fécondité. Mme de Coulanges faisant compliment de condoléance à Mme de Grignan, sur la mort du petit Marquis de Simiane, dit: "La jeunesse et la fertilité du père et de la mère doivent doner de grandes espérances de voir bientôt cette perte réparée. — Fécondité vaudrait mieux pour la mère; mais pour le père, il serait aussi ridicule que fertilité. = M. Beauzée compâre ces deux mots. Il semble, dit-il, que la fécondité vienne de la natûre, et que la fertilité tienne plus de l' art. "La chaleur du soleil, la pluie du ciel fécondent la terre; le labour, les engrais la fertilisent. "Un esprit, heureûsement né, peut être fécond en grandes idées: un esprit naturellement moins fécond, peut devenir fertile par la cultûre, l'étude et le travail.

FÉRU


FÉRU. Voy. FÉRIR

Next page


Copyright © 2003 GEHLF, École normale supérieure de Paris
Direction scientifique du projet: Philippe Caron (Université de Poitiers) et Louise Dagenais (Université de Montréal)
PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.