LE DICTIONNAIRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
5ème Edition, 1798
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foyer d'un verre ou d'un miroir, les
rayons qui n'y sont pas exactement
réunis.
ABÉTIR
ABÉTIR. v. actif. Rendre stupide.
Vous abétirez cet ensant. Il est aussi
neutre. Il abétit tous les jours, Il devient
bête. Il est familier.
Abéti, ie
Abéti, ie. participe. Rendu bête.
Deyenu bête.
ABH
AB HOC ET AB HAC
AB HOC ET AB HAC. Mots empruntés
du Latin, dont on ne se sert
que dans le style familier. Confusément,
sans ordre, sans raison. Il ne
sait ce qu'il dit, il en parle, il en raisonne
ab hoc et ab hac.
ABHORRER
ABHORRER. v. act. (On prononce
les deux R.) Avoir en horreur. Les
honnêtes gens abhorrent les fripons. L'Eglise
abhorre le sang.
Abhorré, ée
Abhorré, ée. participe. Le tyran est
abhorré de ses sujets.
ABI
ABIGÉAT
ABIGÉAT. s. m. Vol de troupeaux.
ABÎME
ABÎME. s. m. Gouffre très--profond.
Horrible abîme, effroyable abîme. Par
un tremblement de terre, il s'est fait là un
abîme. Ne vous baignez pas en tel endroit
de la rivière, il y a un abîme. Il est
tombé dans un abîme.
Abîme
Abîme, dans le langage de l'Écriture,
signifie quelquefois l'Enfer. Les
Anges rebelles ont été précipités dans
l'abîme. Les puits de l'abîme.
On dit figurément, Un abîme de malheur,
un abîme de misère, pour dire,
Un extrême malheur, une extrême misère.
Il est tombé dans un abîme de malheur,
dans un abîme de misère.
Abîme
Abîme, se dit aussi figurément, Des
choses qui engagent à une excessive
dépense, et qui sont capables de ruiner.
Le jeu, les procès, les bâtimens sont
des abîmes.
Il se dit aussi figurément Des choses
qui sont impénétrables à la raison. La
divisibilité de la matière à l'infini est un
abîme pour l'esprit humain.
Il se dit aussi figurément Des sciences
difficiles, et qui demandent une
très--grande étude. La Métaphysique est
un abîme.
On dit familièrement et populairem.
d'Un mets qui consume une grande
quantité de sucre ou d'autre chose,
C'est un abîme de sucre, etc.
Il se dit encore particulièrement Des
secrets et des jugemens de Dieu. Les
abîmes de la sagesse, de la miséricorde
de Dieu.
On dit d'Un homme très--savant, que
C'est un abîme de science.
Abîme
Abîme, se dit en termes de Blason,
Du milieu de l'écu; et il n'est d'usage
qu'en cette phrase, En abîme. Ainsi on
dit d'Une pièce qui est posée au milieu
de l'écu sans être chargée d'aucune autre
pièce, et sans toucher à aucune
autre pièce de l'écu, qu'Elle est en
abîme. Il porte d'azur à une fleur--de--lis
d'or en abîme.
ABÎMER
ABÎMER. v. a. Renverser, précipiter
dans un abîme, Les cinq Villes que
Dieu abîma.
Il signifie figurément, Perdre, ruiner
entièrement. Cet homme est puissant
et vindicatif, il vous abîmera. Cette affaire
l'a abîmé. Des dépenses excessives l'ont
abîmé. Prenez garde à cette porte qu'on
vient de peindre, elle abîmera votre habit.
Abîmer
Abîmer. v. neutre. Tomber dans un
abîme. Cette Ville abîma en une nuit.
Il signifie figurément, Périr. C'est un
méchant homme, il abîmera avec tout son
bien. Toute sa fortune abîmera quelque
jour.
Abîmer
Abîmer, se dit aussi au figuré avec
le pronom personnel; et alors il signifie,
S'abandonner tellement à quelque
chose, qu'on ne songe à aucune autre.
S'abîmer dans ses pensées. S'abîmer
dans la contemplation des merveilles de
Dieu. S'abîmer dans l'étude. S'abîmer
dans sa douleur. S'abîmer dans la débauche.
S'abîmer dans les plaisirs.
Il signifie aussi, Se ruiner, se perdre.
Il s'est abîmé par son luxe, par sesdébauches.
Abîmé, ée
Abîmé, ée. participe. Une Ville abîmée
par un tremblement de terre. Un
homme abîmé dans la mer. On dit figurément: Une femme abîmée dans sa douleur.
Un homme abîmé de dettes. Ce meuble
est abîmé de taches.
AB INTESTAT
AB INTESTAT. Voyez Intestat.
AB IRATO
AB IRATO. Locution latine qui
signifie, Par un homme en colère. Il
se dit d'Un testament fait dans cette
disposition. Testament ab irato. Les
Lois le condamnent.
ABJ
ABJECT, ECTE
ABJECT, ECTE. adject. (On prononce
le C en K.) Méprisable, bas,
vil, dont on ne fait nulle estime. Un
homme vil et abject. Un esprit abject.
Une créature abjecte. Une physionomie
abjecte. Des emplois, des usages vils et
abjects. Des sentimens abjects.
ABJECTION
ABJECTION. s. f. Abaissement,
état de mépris où est une personne.
Il est tombé dans une telle abjection,
que.... Vivre dans l'abjection. Il signifie
aussi, Bassesse méprisable. L'abjection
de ses sentimens et de ses moeurs.
Il signifie aussi Rebut, en cette
phrase de l'Écriture--Sainte, L'opprobre
des hommes, et l'abjection du peuple.
ABJURATION
ABJURATION. s. f. Action par laquelle
on renonce à une fausse Religion.
Il se dit en parlant De celui qui
abjure, et de la chose qu'il abjure.
Abjuration publique, solennelle. Il fit
son abjuration entre les mains de l'Évêque.
Abjuration de l'hérésie. Recevoir
l'abjuration de quelqu'un. Depuis sonabjuration.
ABJURER
ABJURER. v. a. Renoncer à une
fausse Religion, ou à une mauvaise
Doctrine par serment et acte public.
Abjurer son erreur. Abjurer le Judaïsme.
On le met quelquefois absolument.
Il a abjuré dans l'Église de Notre--Dame.
Depuis qu'il eut abjuré entre les mains
d'un tel Évêque.
Il s'emploie aussi figurément, pour
dire simplement, Renoncer à. Abjurer
une opinion, un sentiment. Il a abjuré
Aristote, Descartes, pour, Il a abjuré
la Doctrine d'Aristote, de Descartes.
Abjuré, ée
Abjuré, ée. participe.
ABL
ABLATIF
ABLATIF. s. m. Terme de Grame
maire. Le sixième cas dans la Langue
latine. Ablatif singulier. Ablatif pluriel,
Ce verbe régit l'ablatif.
ABLATIVO
ABLATIVO. Terme adverbial et
populaire, qui ne s'emploie que dans
cette phrase, Ablativo tout en un tas,
pour dire, Tout ensemble, avec confusion
et désordre. Il a mis cela ablativo
tout en un tas.
ABLE
ABLE ou ABLETTE. s. mas. Petit
poisson plat et mince, qui a le dos
vert et le ventre blanc.
ABLERET
ABLERET. sub. m. Espèce de filet
carré attaché au bout d'une perche,
avec lequel on pêche des Ables et
autres petits poissons.
ABLUER
ABLUER. v. a. Laver. Il est vieux
en ce sens. Il signifie ordinairement,
Passer légèrement une liqueur préparée
avec de la noix de galle sur du
parchemin ou du papier, pour faire
revivre l'écriture.
Ablué, ée
Ablué, ée. participe. Lavé, effacé.
Il est vieux. Cependant on peut dire
dans le style de la Chaire, Nos péchés
peuvent être ablués par le repentir et les
bonnes oeuvres.
ABLUTION
ABLUTION. s. f. Action d'abluer.
Ce mot est particulièrement consacre
aux cérémonies de la Messe. Il signifie
Le vin que le Prêtre prend après la
communion, et le vin et l'eau que l'on
verse sur ses doigts et dans le calice
après qu'il a communié. Avant l'ablution.
Après l'ablution. Quand le Prêtre
prend l'ablution.
ABN
ABNÉGATION
ABNÉGATION. subs. fém. Terme
de dévotion qui n'est guère en usage
qu'en cette phrase, L'abnégation de soimême,
pour dire, Le renoncement à
soi--même, et le détachement de tout
ce qui n'a point de rapport à Dieu.
ABO
ABOI
ABOI. s. m. Bruit que fait le chien
en aboyant. L'aboi de ce chien est fort
importun.
Abois
Abois, au pluriel, se dit proprement
De l'extrémité où le cerf est réduit
quand il est sur ses fins. Le cerf est aux
abois, tient les abois.
On dit figurément d'Une personne
qui se meurt, qu'Elle est aux abois. On
le dit aussi d'Une Place qui ne peut
plus se défendre.
ABOIEMENT
ABOIEMENT. s. m. (On prononce
Aboîment, et quelques--uns l'écrivent.)
Aboi, cri du chien. L'aboiement d'un
chien. De longs aboiemens.
ABOLIR
ABOLIR. v. act. Annuller, mettre
hors d'usage, mettre à néant. Il n'appartient
qu'à ceux qui font les Lois de
les abolir. Les nouvelles coutumes ont
aboli les anciennes. Le Roi a aboli les
duels. Le non--usage a aboli peu à peu
cette Loi trop sévère. Cette Loi a été abolie
par le fait, sans être formellementrévoquée.
Abolir un crime, se dit Lorsque le
Prince, par des Lettres qu'il donne,
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