Dictionnaire de l'Académie Française, 4ème edition (1762)

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À, sert aussi à marquer le Temps. Se lever à six heures. Dîner à midi. On l'attend à toute heure, à tout moment. Revenir à heure indue. À la fin du mois. À jour préfix. À l'arrivée du courrier. À perpétuité. À l'avenir. Il y parviendra à la longue.

Il sert aussi marquer le Lieu. Se tenir à l'entrée du bois. Il demeure à deux lieues d'ici, à vingt lieues de là. Être à l'écart, à l'abri, à découvert.

La Situation. À droite. À gauche. À côté. À pied. À cheval.

La Posture, le Geste. Être à genoux. Prier à jointes mains. Recevoir à bras ouverts.

La Manière de vivre, de s'habiller, de se mettre, de marcher, &c. Vivre à la Françoise. S'habiller à l'Espagnole. Un homme à soutane, à cheveux courts. Marcher à petits pas. Courir à toutes [alt p. 2] jambes, à toute bride. S'embarquer à la hâte.

La qualité d'une chose. De l'or à vingt quatre carats. Du velours à trois poils.

La Quantité. Il en a à foison, à milliers.

Le Prix & la Valeur d'une chose. Du vin à vingt sous, à trente sous la pinte. Du drap à vingt francs l'aune.

La Mesure ou le Poids dont on se sert pour la débiter. Vendre du vin à la pinte. Vendre du drap à l'aune, Vendre de la viande à la livre.

À, s'emploie aussi pour désigner la cause mouvante, le moyen qui fait agir. Moulin à vent. Moulin à eau. Moulin à bras. Arme à feu.

Le Motif avec lequel on agit. Il l'a dit à bonne intention. Il ne l'a pas fait à mauvais dessein.

L'État & la disposition d'une chose. Des fruits à garder. Des fleurs à cueillir.

L'Usage auquel une chose est propre. Terre à froment. Moulin à blé. Moulin à poudre. Moulin à papier. Mouchoir à moucher. Bassin à laver les mains. Bassin à barbe. Bois à brûler. Bois à faire du merrain.

Ce qu'une chose est propre à contenir. Un étui à peignes. Une boîte à mouches. La bouteille à l'encre. Un pot à l'eau, pour dire, Un étui à mettre des peignes, Une boîte à mettre des mouches, Une bouteille à mettre de l'encre, Un pot à mettre de l'eau.

Ce qu'il est convenable de faire; & Le bon ou le mauvais traitement qu'un homme, qu'une chose mérite. C'est un avis à suivre. C'est une partie à remettre. C'est une affaire à accommoder. C'est une occasion à ne pas laisser échapper. C'est un cheval à garder. C'est un homme à récompenser. Il en est plus à craindre. Il n'en est que plus à estimer. C'est un homme à noyer. C'est un homme à nasardes. C'est un livre, non seulement à lire, mais à retenir par coeur.

Ce qui peut arriver d'une chose, à quoi elle peut servir, & de quoi une personne est capable. C'est une affaire à vous perdre. C'est un procès à ne jamais finir. C'est une entreprise à vous faire honneur. C'est un homme à réussir dans tout ce qu'il entreprendra. Il est homme à se fâcher, à vous jouer d'un mauvais tour.

À, joint avec un nom, sert à former des adverbes ou des façons de parler adverbiales. À tort & à travers. Parler à propos. Mal à propos. Crier à tue-tête, à pleine tête. Tirer à brûle-pourpoint. Haïr à mort, à la mort. Être blessé à mort. Marcher à tâtons. Aller à reculons. Travailler à bâtons rompus. Déchirer à belles dents. Traiter à forfait. Battre du fer à froid. Mâcher à vide. Mettre de l'argent à intérêt. Donner à bon compte. Vendre à l'encan. Vivre à peu de frais.

À, joint avec un verbe à l'infinitif, s'explique quelquefois par le gérondif du même verbe. Ainsi: On diroit à le voir, à l'entendre, se resout par, On diroit en l'entendant, en le voyant. Et toutes les autres semblables façons de parler se peuvent résoudre de même.

Quelquefois aussi il s'explique par de quoi. Verser à boire. Il n'a pas à manger. Il ne trouve pas à travailler.

Il se joint encore à l'infinitif des verbes dans divers autres sens. Il s'emporta à lui dire, jusqu'à dire. Il s'abaissa à le prier. S'amuser à causer. Trouver à redire. Il est encore à venir. Je suis ici à l'attendre. C'est à faire à lui donner des fêtes. Je sais, à n'en point douter, que. C'est à vous à parler. C'est à lui à se taire. C'est à savoir s'il le voudra. Il n'y a rien à gagner avec lui, &c.

À, remplace le Datif des Latins, étant mis après un mot, par lequel il est régi, & dont il détermine l'objet. Après un verbe, Donner à un pauvre. Rendre à César. Après un substantif, La soumission à la loi. Après un adjectif, Attentif à la lecture. Après un adverbe, Conformément à vos ordres.

À, s'emploie aussi dans les phrases suivantes, & dans une infinité d'autres, qui seront expliquées chacune en son lieu. Arriver à bord. Se résoudre à tout. Mettre à l'air. Mettre à la voile. Appliquer à la question. Crier à l'aide. Attacher à la muraille. Atteler à la charrue. Coucher à la belle étoile. Jouer à la paume. Jouer à quitte ou à double. Valet à gages. Pension à vie. Ils se prosternèrent à ses genoux. Ils tombèrent à ses pieds. Se tourner à bien, à mal. Se mettre à l'étude. Aller à l'armée, à Rome, à l'Eglise.

On verra les différens sens de ses phrases, & de celles des articles précédens, aux mots dont elles sont composées.

ABAISSE. s.f. Pâte qui fait le fonds de toute espèce de pâtisserie.

ABAISSEMENT. s.m. Diminution de hauteur. L'abaissement des eaux. L'abaissement d'un mur. L'abaissement du Mercure dans le baromètre.

On dit, L'abaissement de la voix, par opposition à l'élévation de la voix.

Il est plus en usage au figuré. Abaissement de fortune. Abaissement de courage.

Quelquefois il signifie Humiliation volontaire, ou l'état dans lequel on se met quand on s'abaisse volontairement. Se tenir dans l'abaissement devant Dieu. Un parfait Chrétien doit se plaire dans l'abaissement.

Il se prend aussi pour l'Humiliation forcée, pour l'état de bassesse où l'on est mis malgré foi. C'est un esprit altier, qu'il faut tenir dans l'abaissement.

ABAISSER. v.a. Faire aller en bas. Abaisser un store. Abaisser une lanterne.

Il signifie quelquefois, Diminuer de la hauteur. Abaisser une muraille. Abaisser une table. On dit, Abaisser la voix, Abaisser le ton de la voix, pour dire, Parler plus bas.

Il se prend aussi pour Déprimer, humilier, ravaler. Dieu abaisse les superbes. S'abaisser devant quelqu'un. S'abaisser à des choses indignes de soi.

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