ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous section

Porte (Page 13:135)

Porte, (Litt.) en latin janua, parce que Janus présidoit aux portes des temples & des maisons particulieres. Ovide le fait même portier des cieux. l. I. fastor.

Proesideo foribus coeli, cum mitibus horis Et redit officio Jupiter, itque meo.

Dans le propre, la porte est l'ouverture par laquelle on entre ou l'on sort d'une maison; & dans le figuré ce terme signifie le commencement d'une chose. On dit ouvrir la porte à la licence. Souvent les Latins se sont servi du mot limen, pour signifier une maison. Virg. AEnéïd. VII.

Reserat stridentia limina consul, &c.

Les Jurisconsultes on dit in limine litis, dans le commencement du procès, dès que la porte est ouverte à la chicane; & c'est dans le sens figuré qu'ils ont fait le terme postliminium, qui signifie le retour d'une personne dans sa patrie, dans ses biens & dans sa maison, dont on avoit perdu la propriété en changeant d'état & de condition, par la perte de sa liberté ou du droit de cité.

Les portes des grands étoient toujours fermées à Rome; ils avoient des portiers: celles des tribuns étoient au contraire toujours ouvertes, afin que la peuple pût en tout tems leur parler. Ceux qui briguoient des charges, affectoient de tenir de même leurs premieres portes ouvertes. Les Grecs & les Romainsy mettoient des marteaux, dont Pollux & Eustathius ont fait mention; Lucrece les appelle marculi, l. I. v. 317. & l'on croit que Plaute a entendu dans ses Menech. act. I. sc. ij. v. 64, par cantharum, le marteau de la premiere porte.

Le portier avoit une petite chambre où il se retiroit; & c'étoit dans ce même endroit que l'on tenoit de grands chiens enchaînés pour garder la maison pendant la nuit; & afin qu'on ne s'approchât de trop près de ces animaux pendant le jour, on écrivoit sur la muraille ces mots, cave canem, dont Pétrone a fait mention, ainsi que Virgile dans son églogue huitieme.

Bylax in limine latrat.

Au reste les Grecs & les Romains ouvroient leurs portes en les poussant sur la rue; & de crainte de blesser les passans, le portier avoit coutume de frapper en - dedans la porte avant que de l'ouvrir, pour avertir ceux qui passoient. A l'égard des portes de l'intérieur des maisons, on y mettoit des voiles que nous nommons aujourd'hui portieres.

On entroit d'abord dans un vestibule, où l'on plaçoit les statues, les portraits & les armes des ancêtres, dont ils tâchoient par ce moyen de conserver & d'honorer la mémoire; ils y plaçoient même des statues de leurs dieux. OElien rapporte dans le ch. xlj. du second livre de ses histoires, que Xénocrate de Chalcédoine revenant vainqueur d'un festin qu'on avoit donné au public, mit sur la tête d'une statue de Mercure qui étoit dans son vestibule, la couronne qu'il venoit de gagner.

On peignoit les portes de différentes couleurs: on les ornoit par des inscriptions, par l'exposition des dépouilles des ennemis que l'on avoit vaincus, par quelques animaux qu'on avoit tués à la chasse, selon le témoignage de Manilius:

Hoc habet, hoc studium portas ornare superbis Pellibus, & captas manibus proefigere proedas. usage qui subsiste encore parmi les gentilshommes.

Enfin, dans les occasions de fête & de réjouissance, on couronnoit les portes avec des guirlandes de toutes sortes de fleurs, avec des feuillages, & des arbres entiers qu'on plantoit à la porte solemnellement; & dans les occasions de deuil, on se servoit d'un cyprès.

Et fronde coronas Funereâ, dit Virgile, 4 AEneïd. lib. VI.

Ferales ante cupressos Constituunt.

Les plaintes que les amans font contre les portes qu'ils trouvent fermées, ne sont guère raisonnables. Ovide étoit de ces chantres nocturnes, élegie iij, lib. III.

Ille ego musarum purus Phoebique sacerdos Ad rigidas canto carmen inane fores. Sans doute qu'il ne se souvenoit pas, quand il fit ces vers, d'avoir fait celui - ci:

Ebrius ad durum formosoe limen amicoe Cantat. (D. J.)

Next section


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.